dimanche 6 novembre 2011

Mériadeck décortiquée

Pour ma part, j'aime les dalles.
Non par esprit de contradiction avec la pensée commune sur l'échec de ce type d'urbanisme mais bien parce que je leur trouve souvent des qualités qui me réjouissent.
J'aime justement leur vide régulier lié aux horaires des bureaux, j'aime la minéralité volontaire et artificielle fabriquée par l'abandon des espaces verts et des bassins asséchés, j'aime les œuvres d'art du 1% laissées là sans égard, j'aime les courants d'air revigorants qui circulent dans les canyons entre les tours.
J'aime Beaugrenelle et j'aime Mériadeck.
Pour la dernière, Mériadeck, il semble que je ne sois pas le seul puisque je reçois ce lien vers un très riche et passionnant site qui lui est consacré. Toutes les informations sur l'histoire, les architectes et les constructions y sont décortiquées avec soin. Un beau travail.
Pour fêter ça, juste une carte postale La Cigogne qui nous montre la dalle au temps de sa splendeur.


Le photographe choisit de viser surtout les aménagements des espaces verts et les petits arbustes ainsi que le bleu du bassin. Au fond l'architecture contemporaine retrouve l'ancienne ville avec la visée sur le clocher de l'église comme si un espace avait été ménagé exprès pour la viser.



Il ne faut pas oublier lorsqu'on regarde ainsi nos cartes postales d'architecture de se dire qu'elles sont aussi des documents sur la manière dont la ville elle-même a décidé de les installer dans des espaces verts (ou pas). Souvent cette notion d'espace est révélée par les cartes postales démontrant ainsi que le paysage urbain aussi veut faire image. Il y a là matière à réflexion sur le rapport entre ce qui est construit et ce qui est laissé à la circulation. Ce qui est tout particulièrement intéressant avec les dalles c'est bien qu'elles sont également des espaces construits et souvent à plusieurs mètres de hauteur. Mais comme par miracle, l'image produite sur nos cartes postales (images sans doute désirées par les concepteurs) est celle d'un parc, d'un jardin suspendu, sorte de Babylone, laissant loin dessous les autos, les camions et les... utopies.
N'oubliez pas d'aller là :
http://meriadeck.free.fr/Meriadeck/Accueil.html et à droite de cette page dans ma gare de triage...

samedi 5 novembre 2011

Thomas Nègre à Hambourg.

Thomas Nègre ?
Je ne le connais pas et pourtant...
Je reçois cela par la Poste !





Si les lecteurs commencent à m'envoyer des cartes postales, il ne me restera plus grand chose à faire !
Merci Thomas pour ce bel envoi... mais comment diable avez-vous eu mon adresse ?
Alors remercions Thomas et regardons bien cette belle carte postale qui nous vient d'Allemagne et d'Hamb(o)urg en particulier.
On remarquera que les trois constructions résolument contemporaines sont photographiées dans des moments d'éclairages particuliers, à la nuit tombante, comme si par le jeu des lumières les constructions disaient encore plus leurs particularités.
Regardons en détail cette carte postale René Menges :


Ici le Dockland, grand prisme penché qui veut jouer au bateau. Une autre vision ici :


Voici le Berliner Bogen qui par cet éclairage nous dit bien sa transparence et sa structure High-tech.



Enfin :



Le Deichtorcenter semble toujours être photographié sous cet angle qui lui donne une image très particulière faisant jouer l'angle bien plus que de raison...
Les trois architectures sont des œuvres des architectes Bothe, Richter et Teherani.
Comme quoi, il est encore possible de trouver des cartes postales d'architectures contemporaines, peut-être plus facilement à l'étranger...
Merci encore Thomas et faites-nous encore partager votre voyage !

mercredi 2 novembre 2011

l'utopie s'est éteinte encore un peu

J'ai appris hier par Julien Donada la disparition de Pascal Haüsermann.
C'est une grande tristesse.
J'ai cherché comment rendre hommage à cet architecte à la fois si singulier et si représentatif d'une architecture libre, rêveuse et poétique.
Je crois que ma collection de cartes postales manque d'une image forte pouvant parler de cette absence avec laquelle nous allons devoir dorénavant regarder un pan de l'histoire de l'architecture.
Nous avions eu la chance en septembre de dormir à Raon-l'étape dans l'une de ses œuvres, de vivre ainsi un peu son architecture.
Je pense aussi également aujourd'hui à tous les passionnés de son travail, tous ses défenseurs qui ont su et savent encore croire en la réalité d'un héritage fort.
Je pense notamment à Julien Donada qui a travaillé, filmé, écrit un livre avec l'architecte. Ils avaient su tous les deux nous faire partager leur passion.
Cela restera.
Voici quelques belles photographies de Pierre Joly et Vera Cardot trouvées dans la revue L'œil de février 1967, N° 146.
La neige est tombée.




mardi 1 novembre 2011

Grenoble gris moderne

On pourrait démarrer comme ça par le ciel :


Le boulevard Joseph Vallier est visé par le photographe de carte postale. Il met l'accent sur la ville proche de l'horizon montagneux. Une ville grise.
Mon regard s'attache immédiatement à deux constructions qu'il reconnaît. En bas à gauche l'église St-Jean apôtre et en haut je reconnais à la fois le Palais des Sport et la tour de la houille blanche des frères Perret.
L'église a encore son très beau toit conique, nous verrons plus loin en détail cette construction.
Rapprochons-nous du centre :



Deux très beaux bâtiments dans un parc. Toujours le Palais des Sports et le nouvel hôtel de ville dont l'éditeur Iris nous donne les architectes : messieurs Novarina, Welti et Giovannoni.
En 1977 voici comment la ville se représente :



On retrouve les stars (icônes ? Ai-je le droit ?) de cette ville moderne : le stade de glace, les tours vues ici, la maison de la culture de Mr Wogensky, la gare et son stabile de Calder et la mairie ou l'hôtel de ville. La carte est une édition André.
Voici l'un d'eux :



Le Palais des Sports qui est donc aussi appelé le stade de glace est ici parfaitement photographié pour une carte postale typique. Un panache de branches et de feuilles au premier plan ouvre la vue vers la construction qui ne démérite pas face à ce modèle de la "nature"!
J'aime beaucoup cette construction que nous devons à Messieurs Demartini et Junillon.
Revenons au Boulevard Vallier :



Le canyon que produit cette artère nous offre encore une vision un rien sévère de la ville qui est accentué par la barrière de la Montagne au fond. Et malgré la largeur de ce boulevard, j'étouffe un peu.
Qui nous racontera l'histoire de cet urbanisme à Grenoble qui semble avoir poussé d'un coup et de manière si homogène ? Les jeux olympiques ne peuvent pas être les seuls responsables de cette sensation ?
Pour venir à Grenoble, vous arriverez par la gare :


Elle est avec son stabile de Calder (ici admirablement ignoré par le photographe), une carte postale très populaire.
En voici un autre exemple :


On pourra un peu mieux voir le beau stabile et aussi regarder la belle qualité du traitement graphique du sol. On regrettera sans doute les inévitables jardinières bourrées de fleurs qui atterrissent on ne sait comment comme s'il fallait absolument combler le vide. Je déteste toutes ces jardinières, petites poésies minables d'un manque probant de qualité paysagère.
Et voici la preuve :



La nuit aurait pu baigner la ville d'une étrangeté puissante et orange. La nuit serait tombée sur l'œuvre de Calder et l'aurait effacée doucement par le haut. Mais la jardinière emplie de fleurs droites et figées bien moins libres que la sculpture offrent l'occasion au photographe de s'agenouiller et de se planquer derrière ces plantations : un premier plan inutile.
La gare de Grenoble est donc photographiée à 11h45, 13h10, et... 21h50.
altitude urbaine :



La carte postale André nous donne : Tour de l'exposition, Parc et Place Paul Mistral. A l'angle du Boulevard et à gauche, le Park Hôtel. On a même le numéro de téléphone ce qui me fait penser à une carte postale promotionnelle pour cet hôtel.
Mais revenons un peu en arrière en retournant vers l'église Saint-Jean apôtre de l'architecte Maurice Blanc.





On a déjà conté l'histoire de sa couverture et de ses problèmes dans ce message mais ces deux cartes postales nous permettent de bien comprendre et regretter la grande beauté de ce toit disparu. Et je me permets de dire que ce très beau tressage n'avait rien à envier à ceux de Shigeru Ban...
La nuit tombe, nous devons quitter Grenoble et sa grande richesse architecturale. Certainement que nous y reviendrons bientôt.
Alors...


Dans une très belle lumière, les trois tours de Anger et Junillon font horizon. Le soleil chatouille encore un rien les montagnes de Belledonne.
Il ne fait aucun doute que je devrais revenir à Grenoble.

lundi 31 octobre 2011

génie civil, scientifique et religieux

Il m'arrive de perdre la tête, d'aimer des formes en oubliant leur raison d'être ou de comprendre leur fonction.
Il faut dire que parfois, les architectes, les ingénieurs et les techniciens se retrouvent pour brouiller les pistes.
L'église de Royan n'est-elle pas construite avec le système de l'ingénieur Laffaille pour des silos à grains ?
Alors je ne sais plus si ce que j'aime est une forme vidée de sa fonction, sa fonction même transcendée dans une plastique dépassant son cadre, voire le mystère même de cette forme et de sa raison d'être.
Vous me suivez ?
Je vous explique par l'image ?
Oui, allons-y !



Voici à Hamburg la Fernsehturm. Il s'agit d'un relais-antenne pour les télécommunications. Mais au-delà de cette fonction n'est-ce pas une très belle architecture ?
Ne pourrait-elle pas être tout autre chose ?
Ne me dites pas que vous n'êtes pas sensible à la grande qualité de son dessin, à l'équilibre de ses formes...
Et ici :



La grande oreille de Pleumeur-Bodou avec son antenne P.B.2 du type "Cassegrain" (1969) n'a-t-elle pas un sens plastique au-delà de sa fonction ?
A moins que, représentée, lisible, presque symbolisée cette fonction aussi clairement établie dans sa forme ne fasse toute la puissance de cette architecture, une forme de transparence fonctionnelle.
On écoute ou on voit ?
Et là alors, non mais là :



Pas de science, pas de fonction industrielle ici non.
Il s'agit d'un tout autre type d'outil que cette construction puisque c'est une église...
Nous sommes devant St Botvids Kyrka à Oxelösund.
L'architecte Rolf Bergh n'a-t-il pas fait un clin d'œil à quelques amis ingénieurs du génie civil ?
N'a-t-il pas un jour rêvé d'être astronaute ? De construire un radar pour la défense de son pays ?
Bâtiment aveuglé posé sur le sol avec fermeté voire lourdeur, il fait partir vers le ciel quelque chose qui pourrait à la fois recevoir ce ciel et tendre vers lui, un campanile.
Mais l'image est trompeuse car l'église est bien plus ouverte sur l'autre côté. Et si on regarde le beau travail d'appareillage du béton (?) on remarque un jeu subtil de teintes. Pourtant...
Comment ne pas perdre la tête devant la capacité des formes a évoquer d'autres champs, d'autres fonctions.
Ne serait-ce pas simplement la beauté ?

dimanche 30 octobre 2011

la donation Catherine Schwartz

Catherine Schwartz est une artiste.
Elle est aussi une amie.
Comme preuve évidente de ces deux choses, elle m'offre une série de cartes postales que j'avais d'abord décidé de publier séparément mais je n'ai pas le cœur à cela alors, ainsi rassemblées, elles forment un bouquet dont chaque fleur est la preuve de l'attention de Catherine à notre amitié.
Un très beau bouquet donc.
On démarre :



Les feux des voitures jouent avec le temps de pose de l'appareil photographique et forment des néons de couleur sur le sillage des automobiles allant et venant vers l'aéroport de Paris-Orly que nous avons déjà visité ici. Il s'agit là d'une édition Pi.
Prenons le chemin du sud :



Sur la plage de la Grande Motte, ville fétiche de ce blog, les vacanciers vivent heureux dans des couleurs vives à l'ombre de la belle architecture de Monsieur Balladur. Les corps bronzés et alanguis semblent avoir perdu toute pudeur pour une joie de vivre bien méritée.
Encore les vacances :



Certes c'est un peu loin le Golden Dolphin Holiday Resort à Izmir en Turquie, certes c'est un peu loin pour bien voir l'architecture des loisirs mais on peut bien si on le veut deviner une architecture très marquée, brutale et structurée. On trouvera bien à l'occasion, par une autre carte postale le moyen de s'en rapprocher.
Plus proche :



Sur cette carte postale de Lisieux, on voit bien l'horrible Basilique de Sainte Thérèse. Typiquement le genre d'architecture que je ne supporte pas comme Montmartre ou Notre-Dame de la Garde à Marseille. Mais je sais aussi que ce lieu fut souvent celui d'une enfance étrange ou dans certains moments compliqués, la vie nous poussait en famille vers cette construction afin d'y trouver quelque chose dépassant de très loin la question de l'architecture. Je pense encore que Sainte Thérèse aurait mérité mieux, plus fort, plus secret, plus discret aussi sans doute, quelque chose qui aurait accueilli une pluie de roses sans entreprendre de la faire oublier.
Au fond de l'image le quartier Hauteville vient rappeler la vraie vie ordinaire et terrestre. Certainement ici, dans cette image, on peut voir comme un raccourci saisissant d'une géographie spirituelle et politique. La carte postale est une édition La Cigogne par Henrard l'opérateur !
Toujours religieux :



La cité-secours Saint-Pierre à Lourdes est très commune en carte postale. Elle est un rien étrange offrant une volonté moderne qui a eu droit à un article dans Architecture d'Aujourd'hui en décembre 1958-Janvier 1959. L'architecte de ce bel ensemble est Pierre Laborde :




Partons en Afrique du Nord :



Magnifique non ?
Nous sommes à Tanger devant l'immeuble qui porte le nom de son architecte le " Toledano".
La carte postale La Cigogne nous indique en effet que ce très joli petit immeuble est dû à Toledano sans plus de précision. Quelle image !
Enore ?


Voici la place de l'Hôtel de Ville de Mostaganem grâce à cette carte postale Cap en real-Photo expédiée en 1962.
On admire les très beaux immeubles dans ce paysage urbain. Qui nous donnera leurs noms et leurs architectes ?
Finissons avec une autre merveille :



Nous sommes en Italie devant un très beau Palais du Tourisme à Cesenatico.
Et là on ne peut que rester sans voix devant le très beau travail du dessin des piliers comme des arbres de béton qui soutiennent la terrasse. Et regardez le beau dessin de l'étage !
Superbe !
J'arrive à trouver ce lien qui vous en dira plus sur ce " Palazzo del Turismo" dont l'architecte serait Saul Bravetti. Il faut lire l'italien !
Je me dois de remercier Catherine pour cette belle donation et je vous invite à mieux la connaître en allant voir par exemple son irresistible blog "tu sais l'artiste..."

samedi 29 octobre 2011

Souvenirs des années Art Déco



Je reçois cette semaine par le service de presse des éditions Thames & Hudson, un superbe livre intitulé Souvenirs des années Art Déco de Patricia Bayer. Merci à cet éditeur.
Le livre pourrait en quelque sorte être la prolongation du Moderne Grusse Modern Greetings vu ici.
Au fil des pages défile la collection de cartes postales de l'auteur aidée de quelques autres collectionneurs pour un panorama de l'architecture et de la décoration entre 1925 et 1930, période faste de ce style un rien étrange parfois : l'Art Déco.
Beaucoup de cartes postales américaines en couleurs pastel si caractéristiques de la production des U S A voisinent avec des cartes européennes ou d'autres pays.
L'ensemble est rangé par thématiques comme les bâtiments public ou les restaurants par exemple. Un petit texte introduit à la fois le style et la collection puis viennent les cartes postales parfaitement reproduites avec soin, parfois même des détails. C'est, il faut le dire, totalement jubilatoire et incroyablement appétissant !
On regrettera l'absence quasi-totale des noms des architectes. Un petit glossaire final eut été parfait.
Mais, tout au bout de la lecture, vous trouverez 8 fac-similés de cartes postales détachables à envoyer à vos amis.
Ce livre trouve donc sa place dans ma bibliothèque et vu son prix modique pour un tel ouvrage, pas de doute qu'il trouvera sa place dans la vôtre.
Une très belle idée de cadeau pour... Noël !
Bon, allez j'arrête la promotion, pour vous offrir quelques pages et vous donner envie de le voir et je tente dans ma propre collection de trouver quelques pépites Art Déco. Ca va être un peu dur...

Souvenirs des années Art Déco
Patricia Bayer
Thames & Hudson
22 euros !