Comme souvent d'ailleurs les expositions autour de cet architecte.
Pourtant...
Pourtant, tous les amoureux de Royan et de sa superbe, incroyable, merveilleuse, brutale, gothique église attendent une belle et grande et riche exposition consacrée à Guillaume Gillet.
Finalement la plus réussie fut celle que j'ai vue il y a bien 5 ou 6 ans à Royan même.
Il ne doit pas manquer de documents et d'images sur le travail de Monsieur Gillet. On dirait qu'on veut juste nous titiller et puis on nous laisse là, sur notre faim.
Ne mérite-il pas par exemple d'avoir une belle et grande affiche sur le Palais de Chaillot ?
Il faut demander aux gardiens pour finalement trouver le lieu de l'accrochage. On peut très bien passer à côté sans le voir...
C'est dommage.
La muséographie est tristounette et le lieu d'un sinistre qui ne convient pas à l'ampleur lyrique de Gillet.
Non vraiment...
Bon aller... Tout de même de beaux documents par exemple le projet pour Orsay que je ne connaissais pas ainsi que la Maison de la Magistrature de Bordeaux qui me donne envie d'y faire un tour. Mais la partie sur Royan est faible alors qu'il s'agit certainement de son chef-d'œuvre. Ai-je loupé des salles ?
Il existe pourtant de belles maquettes et il aurait été judicieux de creuser la relation ingénieur-architecte avec Messieurs Laffaille et Sarger.
Nous expliquer le fonctionnement de la paraboloïde hyperbolique, le V Laffaille...
Bon.
Pour combler mon vide et peut-être le vôtre, voici quelques cartes postales encore inédites sur ce blog.
Je ne peux pas tout mettre tant il y en a, au moins de l'église de Royan.
Mais commençons:
Caen, vue générale sur la Guérinière, le château d'eau. L'architecte est nommé, Monsieur Gillet bien entendu. Nous sommes chez C.A.P éditeur. C'est expédié en 1961.
On sait que les architectes et les châteaux d'eau c'est un vrai couple. Il suffit de voir le travail des Becher pour comprendre que souvent relégué à simple travail d'ingénieur (ce qui ne manque parfois pas de qualité) il arrive que les architectes fassent un véritable travail formel et constructif de cet objet incontournable de nos paysages. Ici Guillaume Gillet fait un véritable chef-d'œuvre alliant justement les qualités techniques du béton et un programme complexe : associer un château d'eau et un marché couvert !
En effet ce qui court au pied de l'édifice est bien une galerie pour un marché. L'ensemble joue du cercle et du déambulatoire. On tourne autour dans un espace aérien et aéré. Remarquons les vides qui constituent l'ensemble. Du béton découpé en fines feuilles !
Si je m'amuse à mesurer l'épaisseur d'un des piliers du château d'eau et sa largeur totale j'obtiens un rapport de 1 pour 70 !
On remarque aussi une échelle sur le côté gauche. Le chantier est encore en route. Aujourd'hui l'ensemble est totalement encombré et il serait grand temps de redonner à cette merveille toute sa beauté et sa légèreté. Si l'ensemble est en bon état, son rapport au sol est comblé par une hérésie architecturale, une verrue, un truc couvert de céramique marronnasse. Une horreur !
Oublions cela et retrouvons Royan.
voici une belle image de Notre-Dame de Royan :
Nous sommes rue Alsace-Lorraine et on aperçoit bien sur cette carte postale Elcé comment l'église prend la ville d'un peu en dessus, sur une petite colline. Il faut faire l'expérience de la visée de ce bâtiment dès qu'on arrive à Royan par exemple par la route de Saintes. Au loin, elle domine d'ailleurs d'une manière si j'ose dire un rien pataude et lourde. La distance trop longue la raccourcit et redessine les proportions en écrasant un peu sa hauteur par rapport à sa largeur. Il suffit de rouler un peu, de gagner le centre ville pour la voir s'élancer alors dans le ciel. Rien ne semble l'arrêter. Puis à nouveau à son pied, pris par les flancs on retrouve sa masse forte et puissante accusée par le plan oblique à sa base comme si elle en sortait. Le creux de la "selle de cheval" se forme alors exprimant toute la tension du toit si caractéristique du rêve des ingénieurs de l'époque. La carte nous montre une belle animation, 4cv, DS et Simca. Un vespa est garé nous sommes à la fin des années cinquante, au début des années soixante.
Nous sommes au pied de l'église :
Encore en Elcé édition et Elcécolor !
Du sable, des tréteaux, et un échafaudage devant le vitrail au pied du clocher. Le Maître-verrier serait-il au travail ? Les amateurs de véhicules anciens admireront une Panhard, une traction Citroën et un bus d'un rouge rutilant. Voyez aussi comme ce point de vue fait pencher vers l'intérieur le clocher.
Une curiosité :
Cette carte postale de Création "L'élan" nous propose un dessin de G. Gireaudeau bien sec en lignes claires. On dirait bien là un dessin d'architecte avec ce si typique traitement du végétal. J'aime beaucoup cela.
L'architecte est nommé ainsi que la date de construction 1955-1958. On nous donne aussi la hauteur : 65m. Je dirais qu'il s'agit d'une production de la fin des années soixante-dix.
Une vue de beaucoup plus loin mais très intéressante car on voit l'église couverte d'échafaudages. D'ailleurs cela est assez discret et l'éditeur a dû penser qu'il était possible et intéressant de montrer cet épisode de l'histoire de l'église. L'éditeur est Hélico-Phot, le cliché de Pierre Texier.
Mais en quelle année cette restauration a eu lieu ?
Une vue de l'intérieur :
Une édition C.A.P en Réal-photo. L'architecte est nommé. C'est une très belle carte postale, bien photographiée et éditée. Elle fait un tour de force en nous montrant à la fois le toit et le sol en un même cliché. Cela offre l'occasion de sentir le volume magnifique de l'église. On retrouve au fond le vitrail que l'on voyait en travaux tout à l'heure et l'autel. J'aimerais un jour arpenter la galerie qui se promène entre sol et ciel de béton. Cette carte fut expédiée en 1960.
Rapprochons-nous :
Cette carte postale Combier nous montre le Chœur. On perçoit le prêtre en train d'officier et deux enfants de chœur à ses côtés. Les identifier serait-il possible ?
La lumière traverse le béton d'une belle et généreuse manière écrasant presque le volume des triangles Laffaille. L'image est colorisée et il semble que le vitrail ait posé quelques difficultés !
Peut-être que les pellicules couleurs n'étaient encore assez rapides pour des vues intérieures à lumière aussi faible car ne nous méprenons pas, l'intérieur est bien moins lumineux et le temps de pose long a déjà un peu brûlé des détails...
Nous passons derrière le Chœur:
Une belle carte Théojac en Mexichrome expédiée en 1974 par Jeanine. L'architecte Monsieur Gillet est là aussi nommé. Nous voyons bien le superbe et célèbre orgue de Royan au fond et le spectaculaire autel en béton dont la base est d'une complexité lyrique bien de l'architecte ! Il a été coffré sur place. Je dois avoir une image de ce coffrage quelque part... J'aime beaucoup ce point de vue.
A nouveau dehors :
En Elcé édition, une énigme.
Voyez comme le point de vue en plongée écrase la construction et exagère la descente de la "selle de cheval". Et cela au point de nier l'autre moitié de la construction. Mais où est le clocher ? Pas construit ou invisible de cet endroit ? Je crois qu'il n'est tout simplement pas encore construit ce qui justifierait pour l'éditeur ce type d'image. Évitant le chantier, il concentre l'image sur la courbe et sur l'impressionnant portique d'une finesse et d'une envolée réjouissante ! A noter, je ne suis jamais entré par ce portique en 40 ans de fréquentation mais toujours par le bas de l'église ! La porte étant toujours fermée ici. J'aurai certainement plus de chance lors de ma prochaine visite...
L'éditeur nous informe bien et nous donne : Gillet architecte, Sarger ingénieur et Hébrard en architecte d'opération. Point de Laffaille...
Pour finir avec ce chef-d'œuvre aujourd'hui :
Une carte postale C.A.P qui, elle, nous montre bien l'ensemble construit cette fois. Le clocher dépasse ! C'est un beau document, une belle carte postale. La lumière met bien en valeur le principe constructif en creusant les flans des entailles de béton. Les ailes de papillon de l'entrée sont bien marquées.
Quittons Royan et voyageons en 1958 à Bruxelles.
On sait que l'architecte y construisit le pavillon français, bâtiment incroyablement technique, tour de force de portée qui formait un espace dégagé grâce à un système de compas et de contre-poids dont je ne saurais vous expliquer correctement le fonctionnement. Je crois en fait que l'ambition était de suspendre deux paraboloïdes hyperboliques au-dessus du sol et en symétrie. Les "P.H" sont à la mode et Monsieur Sarger a beaucoup de travail à Bruxelles cette année-là !
Si je suis admiratif du beau dessin du compas et des courbes du toit, je reste très dubitatif sur la liaison au sol des murs-rideaux réalisés par Monsieur Prouvé. Le biais qui leur est donné et la surface incroyable à réaliser donnent une masse au bâtiment qui semble réduire la belle envolée de l'ensemble. Mais... je ne le connais que par ses images et aussi par la très belle maquette de soufflerie de l'exposition, maquette qui a elle seule vaut le déplacement.
J'ai choisi deux cartes postales représentant la belle flèche du monstre technologique, les cartes postales de l'exposition de Bruxelles sont très communes mais aucune pour le moment ne m'a montré l'intérieur !
Voici deux cartes postales éditées chez Iris, aucun nom n'est indiqué :
Revenons sur Paris avec l'opération du Palais des Congrès de la porte Maillot.
Vue du ciel :
Une édition Yvon expédiée en 1985 nous montre la place de la porte Maillot, le centre international de Paris, l'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel et au fond à gauche la Tour Montparnasse. Ouf !
Pour moi, ce lieu est celui de mes retours vers la Normandie. J'aime passer là pour reprendre le périphérique. Sur cette image je peux dessiner mon parcours, toujours un peu anxieux de la circulation parisienne et aussi avec toujours ce risque de louper l'entrée ! L'ensemble aujourd'hui est agrémenté d'une construction sur le devant par Porzamparc dont... je n'ai rien à dire.
Une autre carte postale cette fois au niveau du sol par Raymon éditeur :
Puis d'un peu plus près par Yvon éditeur qui nous informe : Centre International de Paris, Palais des Congrès, architectes G. Gillet, H. Guibout, et S. Maloletenkov.
Pour finir sur une belle et fine construction :
La passerelle du Havre que j'aime beaucoup. Elle traverse le bassin devant la construction de Monsieur Niemeyer, offrant l'occasion de voir trois architectes pour moi importants : messieurs Perret, Niemeyer et Gillet.
Cette passerelle est de toute beauté, fine, tendue, arquée, presque fragile. C'est avec elle que je veux retrouver le Guillaume Gillet que j'aime, alliant technique et lyrisme, simplicité apparente et génie du dessin.
Si vous voulez poursuivre la balade Guillaume Gillet en cartes postales, sur cette page à droite dans "la gare de triage" vous pouvez aller à Guillaume Gillet ou à Royan. Il y a là encore des dizaines de cartes postales dont certaines superbes, communes ou mystérieuses...