dimanche 7 février 2010

Pierre Sonrel, classique


Ce matin mon œil s'arrête sur cette carte postale pas en très bon état d'ailleurs.
Mais je suis immédiatement séduit par les volumes, les ouvertures et le travail graphique sur les façades.
Au dos de la carte postale qui représente le casino de Boulogne-sur-Mer, je trouve le nom de l'architecte Monsieur Pierre Sonrel aidé de Monsieur Bonhomme.
Je connais bien ce nom et je trouve dans mes classeurs un petit nombre de cartes postales dédiées à cet architecte.
Chaque fois un grand classicisme, une netteté de dessin, des ouvertures généreuses et parfaitement proportionnées, des matériaux bien choisis et de qualité. Pas de fantaisie, pas d'esbroufe mais des machines qui semblent bien construites et orientées vers les fonctions et les nécessités.
Quelque chose de français, de classique tout dans une rigueur retenue mais sachant avec le jeu parfois subtil des espaces faire une œuvre remarquablement réjouissante.
Regardez à nouveau cette carte postale du casino de Boulogne-sur-Mer.
Un grand volume cubique accueille par un escalier de biais les piétons. A la fois fort et présent, aux arêtes massives, il est un vide superbe qui fait auvent. A sa gauche deux parallélépipèdes s'emboîtent juchés sur pilotis faisant un passage couvert et dégageant la masse qui ainsi ne s'écrase pas au sol. Dessins parfaits des ouvertures et la aussi des arêtes. Sur le toit une forme anguleuse se pose. A droite une grande façade de trois niveaux dont les proportions sont parfaites. Le rez-de-chaussée totalement ouvert allège ainsi la prise au sol, puis un niveau difficile à lire mais qui semble percé d'une multitude de fenêtres carrées, et au-dessus un passage couvert envoyant la façade en retrait et d'une grande hauteur retrouvant là le niveau du bâtiment avec une terrasse qui longe l'ensemble.
L'immense escalier sur l'image ajoute aussi beaucoup à ce plaisir de volumes. Un beau lieu sans aucun doute.
Les jeux de céramique (?) sur les pignons aveugles finissent de rendre l'ensemble toujours vibrant à l'œil.
Ce lieu n'existe plus, on verra plus loin ce qui le remplace.
Nous voici à Amiens :




La maison de la Culture est dessinée par messieurs Sonrel, Duthilleul, Sogois.
On retrouve le registre formel avec, je trouve là aussi un souci du détail remarquable. Regardez comme les grandes baies s'inscrivent dans la façade.
Avec une légère épaisseur, à la fois inscrites à l'intérieur mais également parfaitement alignés dans la façade elles offrent une surface lisse ouverte et brillante se jouant de la rigueur du béton qui les enchâsse.
Lorsque les rideaux sont ouverts voyez comme ils permettent de percevoir l'intérieur et nous disent que la construction semble transparente, fragile comme un plateau sur pilotis. J'aime beaucoup comment ce volume se termine ici.
On regrettera vraiment l'affreux et inutile accessoire qui lui fut greffé et qui orne sa façade actuellement visible sur Google Earth. Poursuivons avec deux autres constructions.



Ici Limoges et son grand théâtre.
Piere Sonrel est toujours nommé sur cette carte postale Cap expédiée en 1970.
J'avoue que je suis moins enthousiaste. Comme je le suis peu avec le Théâtre des Arts de Rouen que je connais mieux.


Monsieur Sonrel est ici associé par l'éditeur de carte postale Cap avec messieurs Maillard et Levasseur. Symétrie, géométrie et orthogonalité sérieuses forment une entrée un peu administrative. Moins sculptée que les autres constructions, l'entrée voudrait nous dire en même temps la majesté de la tâche culturelle et l'ouverture au public. Mais là aussi il faut bien regarder et finalement on peut dans les mesures trouver une jubilation de l'équerre et de la proportion.
Le Havre de Perret n'est pas très loin.
Reste donc la sensation d'une architecture formellement rigoureuse et consciente des espaces et des parcours sachant aussi garder la juste place de ces bâtiments en les traitant avec l'égard dû à leur fonction dans, semble-t-il, une grande qualité de matériaux.