mardi 28 février 2012

un bouquet de Tournesol

Elles sont de retour avec le printemps qui arrive.
Les Belles Tournesol(s) de Monsieur Schoeller, architecte, reviennent dans ma collection en force ce mois-ci.
Que pourrions-nous dire encore que nous n'avons pas dit sur ces belles piscines ?
Que malgré leur nombre, il semble urgent d'en conserver quelques-unes dans leur état d'origine ?
Que la blancheur des quatre exemples ci-dessous prouve tout de même que c'est la couleur la plus répandue, que les photographes de cartes postales hésitent encore entre piscine ouverte ou fermée ne sachant comment rendre compte sur un même cliché de cette possibilité. Qu'il est bien difficile de savoir dans quelle ville nous sommes si le photographe ne se recule pas un peu pour voir la ville autour et que, parfois il vaut mieux faire une multi-vues...
On commence fort avec celle de Nangis qui est le prototype si je ne me trompe et qui est aujourd'hui détruite...



On retrouve cette piscine dans notre guide d'architecture contemporaine ici.
On remarquera la cheminée de la chaufferie qui est bien proche de l'entrée. Ce qui n'est pas très élégant. Reste une belle soucoupe volante posée sur la pelouse.
Et nous voici à Ambérieu en Bugey :



C'est le cliché parfait ! Merci les éditions La Cigogne pour ce bel exemple de carte postale objective. Trois zones : un ciel bleu, la piscine Tournesol et une prairie verte. Tout à l'horizontal sauf un bien frêle arbuste qui monte.
Et maintenant, la piscine Tournesol de Bar-sur-Aube :



Là aussi quel paysage ! La composition du photographe de chez Combier lui permet de mettre dans la même image deux signes de la ville : sa piscine et ses silos. Étrangement les deux architectures s'entendent bien et même se répondent. Regardez comme le bleu de l'intérieur de la piscine Tournesol contrebalance parfaitement la blancheur et la verdure du reste de l'image, comme si le ciel y était entré...
On devine aussi très bien les cabines jaunes à l'intérieur. Vraiment quelle belle carte postale !
Elle n'est pas datée mais l'éditeur est sérieux et nomme Monsieur Schoeller l'architecte.
Et pour finir...



Nous sommes à Mauguio et les éditions du Vieux Port nous offrent les aspects modernes de la ville. On retrouve bien notre piscine Tournesol qui semble donc apparaître souvent comme un signe de modernité dans les petites villes françaises. Mais ici, elle est en concurrence avec la Caisse d'Epargne, le Centre administratif et l'école Mixte Albert Camus !





dimanche 26 février 2012

Royan, les rumeurs de la Ville

Oh là !
Mais c'est que les cartes sur Royan s'accumulent sans que je vous les fasse partager ! Vite une petite (grande) cession de rattrapage !
Toujours à la recherche d'une vue de la maison Jean Prouvé à Royan, il semble que seules les cartes postales aériennes permettent de la deviner, voyez ici :



Notre ville aimée est un peu loin mais on aperçoit un peu la maison ici :



Encore une vue aérienne un peu particulière puisqu'il s'agit de la maquette de la ville :



Le Front de Mer est en place et l'Avenue Aristide Briand se perd dans le gris indéterminé ! Il s'agit d'une édition Berjaud dont nous avons déjà vu des exemples ici ou ici ou encore ici.



De la maquette on passe au chantier :



Cette belle carte postale Gaby pour Artaud est un cliché de Raymond Delvert, Pilote Photographe. La ville est vraiment en construction, le Casino n'existe pas, Notre-Dame non plus et le marché est également absent... Même le portique est en montage !









Alors regardons-les terminés !
Le marché :



Cette très belle carte postale Tito chez Berjaud nous montre le marché et son remblais en montage. On peut admirer aussi sa transparence car la lumière traverse les courbes de béton. Regardez bien la finesse de la coquille ! Les architectes Simon et Morisseau ne sont pas nommés.



Voici une vue rare du Casino :



Nous sommes à l'intérieur de sa rotonde. Nous devons ce très beau cliché à L. Chatagneau pour Elcé. L, C... L comme L. et C comme Chatagneau !
On admire l'audace du plafond et les luminaires de Mouille (?). On s'amuse du mobilier de jardin et des nappes blanches qui veulent apporter de la dignité à ce mobilier.





Quel espace, quelle lumière et encore ici la polychromie n'est pas rendue... Heureusement la reconstruction de ce chef-d'œuvre est programmée pour 2015. L'architecte Monsieur Ferret n'est pas nommé.
Vous voulez acheter un parasol ?
Alors...


Faites votre choix à la Galerie Botton ! Toujours par Elcé, ce lieu parmi les plus "brésiliens" de Royan devra à son tour retrouver toute sa dignité, tellement aujourd'hui son état est triste ! Regardez comme à l'époque les courbes de son dessin, les circulations en faisaient l'une des plus touchantes et belles réalisations du Royan 1950 par Messieurs Maillard et Jourdain, architectes. Allez nettoyons tout cela ! Vite !
Il faut dormir...



L'Hôtel Terminus est parfait ! Moderne, spacieux, accueillant, il reçoit le visiteur dans un grand confort pour des prix modérés ! Cette très rare carte postale promotionnelle est une photographie de Rondeaux. Vous ne trouvez pas que vraiment l'articulation des deux blocs avec la cage d'escalier est superbe ? L'architecte Marmouget n'est pourtant pas nommé. Malheureusement cet hôtel a subi un agrandissement dans sa partie supérieure qui brise sa belle casquette brésilienne. Les hôtels ont besoin d'eau sous pression...



Voici le très beau château d'eau de Royan par Elcé éditeur. Vous aviez cru que les Becher avaient réalisé ce cliché ?
Ils auraient par souci d'objectivité coupé les arbres, détruit le cabanon, attendu que les ombres disparaissent, que le temps tourne au triste et surtout auraient fait la photographie depuis l'autre côté pour échapper à l'antenne ! L'architecte de cette belle forme de vase est Mr Dartenuc.

samedi 25 février 2012

Radieuse Lorient

Pour ceux qui auraient loupé l'article ici et pour ceux qui, l'ayant lu, auraient aimé voir une autre image de plus près :

édition Gaby, Romacolor, pour Artaud.

Nous sommes devant l'immeuble du Moustoir à Lorient par l'architecte Henri Conan. La référence aux Cités Radieuses ne fait aucun doute même si on constate des différences dont, sans doute, la principale est la distribution des duplex par des coursives extérieures au lieu des rues intérieures chez Le Corbusier. L'immeuble est aussi beaucoup plus modeste en taille. Remarquez son étroitesse !
Il semble aussi ici difficile d'être nu sur son balcon sans déranger les voisins ! Mais vous me direz que le climat de Lorient et celui de Marseille...
Quoi que l'expérience pourrait être bien vivifiante !
Plus sérieusement il s'agit là d'un bel exemple d'habitat collectif qui poursuit la veine moderne. Le toit est également aménagé, l'orientation est pensée, les pilotis font ce qu'ils peuvent (manquent un rien de hauteur à mon gôut) et le dessin de la grille des façades est certes moins intéressant que les Cités Radieuses mais possède de belles qualités avec ses grandes horizontales.
C'est vraiment un bel objet.
L'immeuble a obtenu le Label du Patrimoine du XXème siècle. Je vous donne quelques détails...



... et pour les fainéants ne désirant pas retourner à l'article précédent, je vous redonne la carte postale de cet article ancien.


Editions Gaby, Romacolor, Michel Le Collen Pilote Photographe. Carte expédiée en 1962.


mercredi 22 février 2012

Corbusier ! Mets la table !

On va parler de Le Corbusier.
On va parler de la cuisine.
On va parler de la Femme Moderne.
Regardons pour cela cette incroyable carte postale :



Nous devons ce document à l'éditeur "Voyagence", le concessionnaire du Service des visites de la Cité Radieuse de Marseille. La photographie est de Mr Sciarli dont je sais depuis peu qu'il fit énormément de photos de la Cité Radieuse. (Merci Mr Drut)
Regardons de manière générale : nous sommes à n'en point douter dans la cuisine (revoir ici), devant le fameux meuble passe-plat qui permettait enfin à la ménagère de voir la salle à manger et de faire la cuisine. On notera ici qu'il n'était pas question à l'époque que ce soit quelqu'un d'autre qu'une femme qui ait besoin de cette libération. Aujourd'hui tout le monde est en mesure d'apprécier de pouvoir faire à manger et être en même temps dans l'espace de convivialité. Mais cette photographie reprend parfaitement le cliché, la femme est dans "son" espace et on appréciera que cet espace soit d'une certaine manière "enseigné à la petite fille qui va chercher dans le placard le plat. La maman et la fille sont à leur place, certes moderne, mais à leur place. Le papa doit soit fumer la pipe sur le balcon, soit ranger le train électrique du petit frère...
On remarque également au premier plan à gauche un triangle flou. Il s'agit sans doute du garde-corps de l'escalier nous indiquant que nous sommes dans un appartement par lequel on entre par la cuisine puis on descend vers les chambres. Les experts me confirmeront cela.
On remarque aussi que la porte d'entrée est ouverte, elle forme un angle. Le photographe a oublié de la fermer en entrant ? Sommes-nous dans un vrai appartement ou un appartement témoin ? Tout cela est bien sage, rangé, propre, rien ne dépasse. Pourtant une assiette décorative est accrochée au mur, des bibelots en étain à gauche et le placard bien rempli laissent penser à une vraie occupation.
Agrandissons l'action de la maman :







On remarque le rangement pour les éponges dans le mur et aussi l'importance d'une bonne bouteille pour un bon repas ! Cette jeune femme est-elle reconnue par un habitant de la Cité Radieuse ?
Pas de doute le photographe anime la scène. Il dicte l'action et agence le décor de manière à bien faire saisir cet espace. On ouvre les placards pour montrer tous les rangements et particulièrement celui des casseroles, la femme en ouvrant le réfrigérateur (garde-manger ?) dit qu'il y en a un et en même temps que l'espace est suffisant pour bien cuisiner.





La petite fille fait exactement le geste qu'il faut pour montrer la praticité du mobilier.


C'est donc une image à la fois totalement construite et totalement véridique. Un détail m'émeut tout particulièrement, regardez ici :



On devine le bras du poupon de la petite fille posé là sans doute pour pouvoir faire la photographie. Est-ce la même famille, la même maman, la même petite fille, le même jour que cette carte postale que nous avions ici déjà aimée ? Sans doute...
On pourra aussi s'interroger sur la raison de ce format étrange pour la photographie et la raison de ce rectangle blanc qui sert à inscrire " unité d'habitation "le Corbusier", Marseille".
J'ai une petite idée que je vous soumets : si on enlève ce rectangle blanc et que l'on prolonge notre image on s'aperçoit que le garde-corps de l'escalier viendra mourir jusqu'au bas droit de la photographie. Je pense que devant cet effet de composition, le photographe, Mr Sciarli a décidé de couper ainsi son cadrage allégeant sa composition d'une diagonale trop floue... Mais c'est juste une idée.
Mais amusons-nous encore avec la Femme Moderne et son intérieur... moderne !
Je trouve dans ma collection cette autre carte postale :



Dans une cuisine, à la même époque, une autre maman fait la vaisselle avec sa fille ! Cette carte postale superbe par sa qualité comporte au verso cette inscription en néerlandais :



le traducteur Google nous donne :
Travailler dans la cuisine même est vraiment un plaisir.
Les socialistes prospectifs gouvernantes femmes exigences pour toutes les cuisines fournir une rationnelle, l'équipement complet et peu coûteux afin qu'ilsne le font pas, comme autrefois, les esclaves de leur travail
J'essaie d'améliorer un peu :
Travailler dans une telle cuisine est un vrai plaisir ! Les femmes socialistes au foyer de l'avenir exigent d'être équipées de manière rationnelle avec un équipement complet et peu coûteux afin qu'elles ne soient plus, comme autrefois, les esclaves de leur travail !
Si vous traduisez mieux...
On remarquera qu'il n'est pas tellement question de libérer les femmes des tâches ménagères mais surtout qu'elles puissent faire ces tâches dans du matériel moderne comme si leur libération passait par ce changement ! On ne sait rien de ce que cette cuisine a de moderne. Ces matériaux (Formica ?), son agencement ? La présence d'électroménager ? Du téléphone ? Ou la lumière qui entre de plain-pied ?
Je ne sais rien sur l'origine de cette carte postale, pourquoi il y est question de socialisme... La photographie est de Uitgaven Est-Ouest.
On retrouve finalement Madame Arpel, sa maison moderne, sa cuisine magique. Et le seul qui semble libéré dans ce lieu est Mr Hulot qui aurait sans doute pu donner des leçons à Mr Le Corbusier !
Et je les imagine tous les deux à la table, serviettes à carreaux autour du cou, attendant le fricot en discutant de l'avenir, des aéroports, de la société Altra et des tuyaux de plastique dans l'architecture !



mardi 21 février 2012

la plus belle exposition de Beaubourg

Voici un cas intéressant.
D'abord parce que depuis une architecture un peu oubliée nous en regardons une autre beaucoup regardée :



Puis ensuite, il faut reconnaître que les images promotionnelles pour les ventes d'immobilier sont rarement aussi bien faites et aussi curieuses...
Avouez que la vue est belle !



En fait, je n'avais jamais vraiment réalisé que certains privilégiés vivaient avec ce type de paysage derrière leurs fenêtres !
De quoi est-il question au juste ?
Il s'agit d'une carte postale vantant l'investissement dans les logements du "Quartier de l'Horloge" à Paris donc. Au dos de la carte postale figure cette légende :
" Paris construit une place par siècle : après la place des Vosges, la place Vendôme, la place de l'Etoile, et la place de l'Opéra... au XXe siècle la Piazza Beaubourg "
L'adresse du bureau de vente est indiquée : "Quartier de l'Horloge, 56 rue Rambuteau" suit le téléphone...
Ce qui est amusant c'est aussi l'appellation Piazza, certainement un héritage de l'italien de nos deux architectes Rogers et Piano !
On rira également du jeu de mot sur "exposition" bien senti par les communicants.
Le Quartier de l'Horloge lui, ne démérite pas, et souvent j'aime à le regarder. Aujourd'hui, il présente encore certains beaux éléments même s'il semble enclavé et oublié... Je me souviens être allé voir la belle horloge automate à mon arrivée à Paris, elle marchait bien alors, et aujourd'hui ?
Le Quartier de l'Horloge est l'œuvre de Jean-Claude Bernard.
J'aime bien le résumé qu'en fait Eric Lapierre dans son guide de Paris : " Les bâtiments, alignés sur la rue et respectueux du gabarit parisien, ont une expression pittoresque mâtinée de lointaines références à l'architecture de Carlo Scarpa."
Tout est dit, tout tient dans le "mâtinée" et "lointaines".
Mais ce que nous aimons aussi dans cette illustration de E. Glushak c'est le fauteuil des Eames ! Cela ajoute à notre ambition Artie !



L'illustrateur a bien choisi son mobilier pour faire moderne mâtiné de classicisme et aux aspirations lointaines américaines...
Je retrouve dans ma collection de Flip Books (oui je sais... aussi ça...) ce très bel exemple où l'on assiste au montage de la Lounge Chair, bon film :

lundi 20 février 2012

Dessau Grautag

Depuis Dessau, deux cartes postales.
L'une pourrait être très banale, commune, ennuyeuse.
L'autre est sans doute l'une des plus étonnantes (mais finalement attendue) de cette collection.
La première :



Expédiée en 1973, cette multi-vues nous propose plusieurs aspects de la ville. Je me plais à penser que Nicolas Moulin les nommerait "Grautag" !
Une chaussée sur un pont, du logement social, une place un rien vide, un centre commercial devraient réjouir notre ami artiste.
En 73, nous sommes encore en R.D.A... Je vous fais profiter de l'ensemble sous agrandissement cela accentuera encore l'effet "Grautag" !





Mais... mais nous sommes à Dessau... vous me voyez venir ? Allez... Dessau...
Oui !



Voici la seule carte postale de ma collection montrant le Bauhaus !
Certes c'est un peu loin, certes c'est peu lisible la modernité depuis cette image ! Pourtant il s'agit bien de l'école d'art la plus célèbre de la modernité architecturale.
La photographie est signée de Melzer pour Planet Verlag (éditeur) à Berlin. La carte postale est nommée Bauhausplatz, simplement. D'ici rien de révolutionnaire, un bâtiment administratif dans un espace urbain vraiment d'une grande banalité. Difficile de lire la modernité à tel point que je n'ai reconnu le lieu que par son intitulé !
On pourrait donc depuis cette image dire que l'architecture du Bauhaus est digérée, acceptée comme un lieu commun.
On pourrait aussi dire que sa révolution est passée et que notre œil a depuis l'habitude de cette rigueur.
On pourra une fois de plus dire que l'image (et la photographie) fonde aussi la révolution des espaces au moins autant que les espaces eux-mêmes. Représenter c'est toujours interpréter et parfois l'interprétation est prise dans des grilles d'images bien trop familières dont même les constructions les plus pointues ont du mal à sortir.
C'est aussi l'originalité du point de vue des cartes postales : elles extirpent souvent les architectures de leur déclaration de monumentalité pour les ramener à une réalité certes triviale mais aussi sans doute plus apaisée.
On remarquera aussi qu'une ville comportant ainsi l'une des plus extraordinaires constructions du siècle passé n'a pas su essaimer cet héritage et que, au moins dans sa manière de se représenter, le Bauhaus est là comme le reste dans un gris, dans un noir, dans un blanc bien normalisés.
Nous reste à remercier Nicolas Moulin pour ce qualificatif qui lui appartient et qui colle si bien aux choses vues aujourd'hui : Grautag.
N'oublions pas non plus de rappeler que le Bauhaus est l'œuvre de Gropius.