Je suis de retour de Berlin.
Le silence d'une semaine c'est ça. Mon voyage.
Mes amis je ne sais par où commencer pour vous dire les merveilles attendues et bien là et les découvertes superbes que la ville semble posséder à n'en plus finir.
Des cartes postales plein la besace.
Des photographies numériques, des stéréoscopiques et des 110 au Pentax. Des images.
Comme pour beaucoup de villes, Berlin possède deux types de cartes postales d'architectures modernes. Celles vendues sur les tourniquets et qui représentent la ville telle qu'elle croit être et telle qu'elle est parfois, moderne, sauvagement changeante, incroyablement moderne. Puis la catégorie des cartes postales de musées, galeries et autres lieux culturels où le client comme moi est satisfait soit par des vues de bâtiments plus rares soit par des points de vue plus... artistiques et originaux.
J'ai toujours tendance à aimer la première catégorie, celle que Serge Daney cherchait en voyage pour comprendre comment la ville se donnait à voir mais je ne boude pas le plaisir des autres.
On peut aussi d'une manière bien cavalière faire la différence entre les deux catégories. Il y en a une (et c'est la première) à 50 centimes d'euros disponible partout et l'autre à 1 euro plus rare.
Je commencerai par une petite sélection de la première catégorie et je commencerai fort :
Un chef-d'œuvre attendu, rêvé, imaginé surtout depuis que j'avais découvert du même auteur celui de Copenhague. Le Musée Juif de Berlin par Daniel Libeskind.
L'une des plus belles peaux de bâtiment que je connaisse, une théâtralité pondérée et des espaces intérieurs invraisemblables de beauté déconstruite.
Un cheminent intérieur qui vous fait vaciller, les fonctions de l'oblique sous les yeux et les décors de Murnau évoqués. Un expressionnisme blanc dedans et froid métal dehors. Ne pas oublier les sols et leurs traitements graphiques. Le corps soumis à l'épreuve du dérobement.
Le pied cherche l'appui et les yeux ne tiennent plus l'horizon. Les contrastes appuyés entre lieux de recueillements clos et durs percés à peine de lignes lumineuses au rasoir contrastent avec la blancheur des murs que des coups de cutter géants ont obligeamment ouvert au jour. D'ailleurs y aller le soir tombant et laisser la nuit vous prendre.
Se souvenir.
La carte postale est une édition Skowronski et Koch qui ne donne pas le nom de l'architecte mais le nom du photographe monsieur Günter Schneider.
Du même photographe pour le même éditeur voici le dome du Reichtag par Norman Foster.
Bon.
Je ne sais pas. C'est un peu évident, un rien symbolique. Je ne vais pas bouder mon plaisir, l'ascension est superbe, la vue sur la ville remarquable et le cheminement qui vous mène d'un portique de sécurité de 50 cm de large à une coupole de verre au-dessus du fleuron de la pensée démocratique allemande ne manque certainement pas de sens architectural mais...
L'espèce de vortex vertigineux, syphon de lavabo Higth-Tech en dessous, tout de miroirs pour bien dire que le peuple c'est nous et que notre image est comme aspirée vers les députés en contrebas...
Les écailles de verre, le dessin de la structure, la qualité des matériaux non tout cela ne m'enthousiasme pas outre mesure. Oui on grimpe. Oui, en pente douce. Non on ne doit pas se croiser. Non. Deux escaliers indépendants nous en empêchent. Sûrement là aussi une image de la démocratie.
Mais comme vous pouvez le voir sur cette image la coupole est ouverte aux intempéries. Son oculus laisse la pluie et les étoiles passer au travers. Elle ne touche pas non plus le sol. En fait elle est plus un igloo à la Mario Merz qu'une coupole architecturale. Et là, il faut le dire c'est assez étonnant la suspension d'une telle masse.
Cette autre carte postale un peu plus rare nous montre la salle des députés allemands juste sous la coupole. Ils sont menacés en permanence donc par cette pointe provenant de celle-ci. Grande luminosité du lieu de la démocratie qui confère là aussi une idée de la transparence du jeu politique (c'est ouvert donc c'est justice). Pas d'ambiance feutrée à la française. Comme une immense salle des marchés libéraux, une salle des sports.
Sur cette image, j'aime beaucoup à l'extrême droite l'objectif d'un appareil photographique ce qui laisse penser que Peer Grimm n'a pu finalement prendre son cliché que depuis ce point de vue, celui du public. Regardez bien les codes couleur : les sièges des députés sont bleus, les sièges des visiteurs sont gris. Mais où est le drapeau européen ?
Une vue multiple un peu criarde nous montre les nouveaux horizons berlinois.
Là, pas grand chose à sauver. Je n'aimais pas le Sony Center vu sur une de mes cartes postales. Je ne l'aime toujours pas depuis ma visite. Pourtant la place centrale joue bien sont rôle de lieu de rencontre et sous le soleil écrasant, elle sait adoucir l'atmosphère et la détente y est propice pour peu qu'on aime les jets d'eau gringalets et les écrans géants pour grandes images.
Voici aussi comment se définit le panorama de la ville :
J'aime surtout sur cette carte postale Schöning voir au fond presque en bordure l'immense et magnifique I.C.C (en dessus du 11) et deviner la cité de Le Corbusier (juste sous le 12).
Mais Berlin m'apparut moins tassée.
Toujours chez Schöning éditeur voici la visite d'Alphonse Allais :
On retrouve le Reichtag. En noir et blanc par Ute et Bernd Eickemeyer. Il ne rentre pas dans le cadre, pas assez de recul sans doute sur la terrasse et un autre objectif aurait déformé les lignes. Seul un éclat blanc sur un pan de verre brise la monotonie grise du dôme. Les visiteurs donnent l'échelle. C'est immense.
Toujours en noir et blanc mais chez Net-Work Company cette fois, vous pouvez enfin voir l'intérieur de la coupole. On voit parfaitement l'entonnoir de miroirs, son pare-soleil à droite et les plans inclinés à gauche. La nuit le spectacle des ombres chinoise sous le verre est superbe.
L'architecte Norman Forster n'est toujours pas nommé...
Le Sony center en noir et blanc avec bord blanc. Le grand chic de la carte postale d'architecture.
On retrouve Ute et Bernd Eickermeyer photographes. Encore un truc pointu qui tombe des cieux. Ce morceau est assez beau, ce qui l'est beaucoup moins c'est l'enceinte de verre et d'acier bleu si typique des architectures grandiloquentes. Le point de vue accuse la chute de la pointe de métal qui sert de tenseur aux câbles des velums. Comme une fleur, une éolienne.
Toujours pas le nom de l'architecte qui est Helmut Jahn.
Je finirai avec cette dernière carte postale de Bernd et Ute Eickemeyer. On retrouve les trois immeubles de la carte postale couleur, les photographes choisissent de nous les montrer un peu en retrait d'une passerelle. Ils ne photographient pas depuis la passerelle et nous indiquent ainsi un point de vue sans le prendre à leur compte, faisant finalement de celui-ci un spectacle. Ce pas de côté est typique. Montrer LE point de vue bien plus que ce qu'il permet de voir...
On remarquera d'ailleurs qu'une femme y prend une photographie comme certainement beaucoup des visiteurs de ce lieu certainement constitué pour saisir ainsi la ville. Je n'ai pour ma part, pas eu l'occasion de l'arpenter.
Nous aurions, sauf erreur de ma part sur cette carte postale de gauche à droite : Messieurs Piano, Kollhoff et Jahn.