On aime la démesure (souvent très calculée), on aime les géants bâtards oscillant entre monstre sans tête et Sisyphe épuisé.
On aime mieux la désintégration que l'intégration.
Alors :
Le Sillon de Bretagne à Nantes fait parfaitement l'affaire.
Sa taille, son ambition au-delà sans doute d'une raison architecturale en fait une sorte d'objet dont on se dit qu'il fut incontrôlé, débordant, autonome.
Son isolement dans le paysage fait de lui LE paysage. Il fabrique ses pentes, son horizon, sans laisser d'autre choix que de lever la tête pour le contempler, obligeant à une forme de soumission du regard.
Il est fort.
Sur cette carte postale La Cigogne par Gallon photographe on perçoit l'escalier géant bouffant presque totalement le ciel. Sur une ouverture au 21ème étage un point au stylo-bille vient situer la vie d'un habitant. Et même si d'un point de vue topographique, il est difficile depuis un sillon de voir un horizon, il est certain que depuis cette hauteur brutale cet habitant profite d'un dégagement ouvert. Un peu, presque comme ce qui suit mais de moins haut :
Cette carte postale Artaud nous montre bien le Sillon de Bretagne qui tente de fuir, de s'étendre dans son paysage. On sent qu'il pourrait ainsi poursuivre sa progression, croître encore et encore comme un projet de Superstudio (Continuous Monument), une architecture sans fin laissant autour d'elle un paysage intact.
On le voudrait seul ce sillon, seul progressant à l'infini sans les accessoires du centre commercial, du parking et des pavillons.
Il serait alors un être vivant, une forme de grappe poussant sans cesse, un lierre géant à la fois parasite et circulation organique.
Sur cette carte postale on nous donne les architectes : messieurs Maeder, Parois, Boquien et Ganuchaud.