mercredi 31 décembre 2008

en lisant Claude Parent, Ronchamp


Je poursuis l'exercice de lecture.
C'est aussi pour moi l'occasion de m'apercevoir que j'ai peu publié sur Le Corbusier. Il ne s'agit pas d'un manque d'intérêt mais c'est un peu le hasard des publications. J'ai surtout parlé du Maître au travers des autres architectes essayant ainsi de mesurer une influence.
Mais voici que Claude Parent en parle directement et je le suis. Il s'agit ici de Ronchamp car il n'est pas difficile d'y voir une influence pour Nevers.
Il s'agit du même programme, une église, il s'agit aussi d'un tournant important pour les deux architectes et formellement il s'agit aussi de magnifiques roches fracturées posées là indifférentes et fortes.
Monsieur Claude Parent nous apprend que grâce à son frère il a pu à quinze ans rencontrer le travail du Maître au travers de ses livres.
Il nous dit aussi qu'il a dû rompre avec l'héritage d'une manière dure mais vraie en n'oubliant jamais l'influence de ce dernier. (C'est avant tout peut-être avec les héritiers qu'il a dû rompre).
Mais comment ne pas faire le chemin de Ronchamp à Nevers ?
Comment ne pas voir dans la complète et totale compréhension des programmes et leur réinvention, comment ne pas sentir dans la masse protectrice formant à elle seule le site, comment ne pas saisir dans le cheminement même de l'extérieur vers l'intérieur et dans sa révélation lumineuse comment ne pas être troublé par l'inquiétude que procure une forme lorsqu'elle n'est pas immédiatement identifiée à son programme, comment donc ne pas voir le rapprochement strident entre Nevers et Ronchamp ?
L'un, sculpteur cherchant l'imitation obscure d'une coque de crabe, comme si le réel devait l'expliquer et l'autre sur une pression amicale trouvant sa référence dans l'impossible rachat d'une architecture de guerre, ces deux monuments profondément autres, se refusant totalement à tous rapprochements identitaires (faire "église") trouvent une expression formelle grâce également au lyrisme du verbe. Il s'agit aussi d'œuvre du langage.
La grotte sert d'abri au crabe et ici l'histoire nous dit le crabe sert d'abri à la grotte. Des carapaces.
Il faut dire que j'aime aussi de Sainte-Bernadette-du-Banlay sa manière de tenir et l'image qu'elle propulse. Cette église n'est pas un bunker. C'est une image de bunker. Il s'agit, je crois, d'un point de vue constructif de deux coquilles de béton séparées l'une de l'autre et formant une épaisseur pour les yeux, des fentes pour les corps et la lumière et une fragilité bien cachée. Je me délecte de cette idée. Faire masse, abri avec si peu de matière et leurrer l'œil c'est réjouissant.
J'ai arpenté des pentes et des obliques chez Le Corbusier à la Villa Savoye et à la Villa La Roche par exemple. Des promenades courtes mais où le corps fléchit sous l'angle. La promenade y est belle parce qu'on y redécouvre sa pesanteur sous l'inclinaison plane désespérément d'aile. Je l'ai redécouvert chez Libeskind dans l'incroyablement touchant petit musée juif de Copenhague où le sol et les murs se penchent, vous penchent...
Mais de Monsieur Libeskind nous en reparlerons plus tard.



Voici donc la grotte corbuséenne.
Cette photographie de Marcel Blanc éditée en carte postale nous montre des courbes tombant du toit vers le visiteur, une vague lourde retenue on ne sait comment, la blancheur des murs contrastant avec les gris du ciel et la modestie des ouvertures ressemblant à des portes de buffets massifs. Il fait jour à l'intérieur et la matière granuleuse accroche ce jour. Les bancs d'une si grande simplicité sont des reposoirs à peine équarris mais parfaitement dessinés sur le corps.



Retournons-nous et laissons nous prendre par la soudaine luminosité en faisceaux. Surtout voyons comment la fente entre le toit et le mur du fond semble un coup de rasoir produit par l'énergie lumineuse. Quelle idée ! Tout semble si lourd et tout flotte pourtant sur un rai de lumière ! L'incision dit bien soudain la légèreté du béton en voile, c'est comme une tenture posée sur de minuscules plots.
Regardez bien le sol, regardez bien sa pente douce infléchie. Rien ici ne dérange l'impétueuse nécessité de conduire le pélerin vers l'autel. Il glisse.
Mais il devra remonter légèrement sans violence pour atteindre l'autel. Tout doucement. Monsieur Parent a pratiqué cette pente c'est certain, il l'a vécue, l'a suivie. Il s'agit là d'une carte postale éditée par N.D. du Haut et une photographie des Studios Hubert.
Sortons de là, et sous l'œil de Lucien Hervé à ras du sol, le ciel égal donne toute la force à ce toit que j'ai toujours trouvé très... évocateur.
J'ai déjà proposé un cliché de Lucien Hervé sur ce blog. Il fait toujours venir le sol. J'aime le tas de terre à gauche, petite colline inévitable au cadrage ?
Non, affirmation des volumes, respect d'un état du lieu.
La carte est éditée par la société immobilière de N.D. du Haut et fut expédiée en 1957.
Au dos du numéro 1-2 de "l'Art Sacré" consacré à Ronchamp une photographie nous montre un homme arpentant le toit. Il est sur une colline douce et descend cette pente, sentant sûrement le poids de son corps le précipitant vers le sol. Dynamisme retrouvé du pélerin grimpant la butte vers l'église, oblique finale celle de la couverture...
C'est avec celui de l'église de Royan, l'un des toits que je rêve de pratiquer !



En lisant Claude Parent, le Goetheanum



J'ai commencé à lire l'autobiographie de Monsieur Claude Parent.
C'est lui qui me l'a envoyé. Oui. Merci.
Alors au fil des pages et des références, je vais tenter de trouver dans ma collection des cartes postales en rapport direct avec ce qu'il nous raconte.



Je commence avec cette carte postale un peu défraîchie du Goetheanum de Rudolf Steiner. Il s'agit en fait du second Goethaneum de l'architecte, le premier fut détruit par un incendie. Je vous signale que je n'ai jamais pour ma part visité ce bâtiment autrement que par mes yeux gourmands sur une carte postale en 10X15cm.
Je crois qu'on peut ainsi, par un phénomème de sidération, pourtant bien comprendre la raison de son inclinaison naturelle.
D'abord une masse incroyable, un caillou, un minéral à facettes un peu comme l'agrandissement d'une de ces belles pierres préhistoriques à facettes. Eclatée avec tact aux arêtes. Puis dans cette masse des ouvertures étrangement géométriques, planes et orthogonales alors que les alentours du bâti ne sont que courbes. Contraste.
Voyons aussi que les ouvertures, les percées sont occultées ! La transparence ici, sur cette image est bannie. On entre, semble-t-il par une fente au sol qui malgré sa finesse résiste au poids qui l'assiège. (La grotte ?)
L'ensemble est symétrique. La sensation étrange que le bâtiment nous regarde un peu menaçant comme dans les films expressionnistes. (Pas comme la villa Arpel !)
J'aime voir les minuscules menhirs sur le côté du chemin, petites pierres égarées de leur source, rangées comme des petits soldats sous les ordres de la machine-architecture. Ironie des jardiniers ?
La matière du béton est ici superbe, granuleuse sur le toit semble-t-il et lissée à peine sur les flans de la bête laissant deviner les planches du coffrage. Géniaux coffreurs qui fabriquent de tels moules, chantons leur des louanges !
Mettons les Blockhaus (Bunker), Ronchamp et Sainte Bernadette du Banlay les uns à côté des autres et il ne restera plus qu'à transporter le Goetheanum pour que la filiation soit complète ! 
Alors ces jalons articulent une phrase architecturale qui nous forme. Pourquoi ai-je finalement tiré cette carte postale de sa boîte à chaussures si dans une vibration impulsive, il n'était possible de rapprocher ce bâtiment de mon univers de formes. Cette puissance là est fondatrice et il est toujours signifiant de saisir qu'on ne la vit pas seul mais qu'elle est accompagnée par nos prédécesseurs dont le travail ouvert laisse filtrer leurs références. Leur histoire devient un peu la nôtre, nous n'avons qu'à nous souvenir et à tirer encore un peu le fil qui nous relie à eux.
La carte postale est une édition Photoglob.
Le livre de Claude Parent est une édition Robert Laffont, 1975.
Pour en savoir plus sur Rudolf Steiner si étrange et complexe personnage aux théories éducatives incroyables voyez là :
http://www.ibe.unesco.org/fileadmin/user_upload/archive/publications/ThinkersPdf/steinerf.pdf


mardi 30 décembre 2008

pour Cartorama, l'Espagne.

Cartorama est un lecteur de ce blog qui s'interroge à juste titre de l'absence de cartes postales de la Costa Brava et de Benidorm en particulier.
C'est un signe.
J'avoue que je vois souvent dans les boîtes à chaussures ce genre de cartes postales mais que je ne juge pas souvent qu'elles ont un intérêt particulier pour moi. Benidorm est l'exemple type (à ce titre c'est intéressant) du bétonnage des côtes, bousculade de tours et de barres de promoteurs ne cherchant qu'à offrir le maximum de vues sur mer et de balcons au soleil en grimpant un peu plus haut que le voisin, le tout dans une absence totale d'urbanisme et d'idée architecturale.
Mais certainement que je me trompe.
Vous connaissez mon goût pour un certain type de radicalité mais celle-ci est souvent l'œuvre d'une pensée qui parvient sans compromission à atteindre le stade de la construction. Cette radicalité produit des formes et ces formes parfois échouent dans des copies, styles, façades qui malheureusement ne sont pas aussi puissamment armées conceptuellement.
L'architecte qui a le plus, je crois, poussé la réflexion sur l'architecture des loisirs est Monsieur Georges Candilis dont les formes architecturales sont produites par une profonde réflexion sur les notions d'utilisation, de rationalisation de la construction, d'une égalité et d'un humanisme total. Sans oublier la Grande Motte de Monsieur Balladur ou le magnifique plan d'urbanisme de Royan.
Mais j'ai cherché dans mes classeurs et je vous propose trois cartes postales d'Espagne.


Je commence avec une vue de El Perello (Valencia) et un ensemble de trois tours sur dalle. J'aime les dalles. Celle-ci est réellement pratiquée par les piétons et sur une vue satellitaire on aperçoit la piscine derrière les immeubles ainsi qu'une large ouverture circulaire dans la dalle formant jardin. J'imagine que sous cette dalle se situe un centre commercial et de services mais que cache cette construction en pointe au bout de la dalle ? Je ne sais pas pourquoi mais je parierais pour une église. L'ensemble est assez bien dessiné, les immeubles en décrochement offrent un dynamisme relatif et l'espace entre eux réserve, je pense, pour les habitants, des vues bien dégagées sur la mer toute proche et sur les rizières derrière. Mais que fait-on sur cette dalle surchauffée l'été ? Cet espace est-il praticable et pratiqué ? On aperçoit quelques piétons qui doivent aller à la piscine par cet énorme balcon.


Nous voici maintenant à Platja d'Aro (Costa Brava). Cette carte postale est normalement rangée dans les cartes postales situées car Jean-Claude a marqué d'une croix son logement sur le grand immeuble gris à droite au douzième étage ! Il a l'air content !
Mais je m'intéresse plus au petit ensemble immobilier blanc tout en courbe. On admirera (c'est beaucoup) les cubes à l'extrême pointe, juste au-dessus de Beach Palace !


J'aime assez ce petit ensemble, la vue satellitaire nous informe qu'il est composé de trois petits immeubles devant une barre toute découpée. Mais l'ensemble vit à l'ombre de ces barres grises menaçantes...



Finissons avec une tour qui tente quelque chose, pas grand chose en vérité, à peine un dessin original des balcons...
Nous sommes à Playa de San Juan (Alicante). Pas grand-chose à en dire sinon ça. Faire ondoyer des balcons n'a jamais permis d'inventer ni de résoudre les questions de la surpopulation estivale. Par contre cela permet de camoufler cet échec en une esthétique clinquante qui charme les investisseurs.
Si vous voulez voir la belle et riche collection de cartes postales de Cartorama, allez là c'est saisissant et je suis jaloux parfois :
http://www.flickr.com/photos/cartorama

lundi 29 décembre 2008

de l'oblique sans Claude Parent



Je quitte un peu mes cartes postales.
J'ai la chance d'avoir des réponses à des questions alors je vous les fais partager d'autant plus que les réponses proviennent de Monsieur Claude Parent lui-même, ne nous en privons pas.
Je connais cette image publiée dans un livre intitulé "l'art d'installer les chambres d'enfants" aux éditions Alta Marie-Claire en 1979.
La référence à la fonction oblique saute aux yeux et pourtant aucune mention de Monsieur Claude Parent. Le titre de la page " les plans obliques" et le papa architecte de l'article laissent croire à une intervention du grand architecte.
Eh bien non !
Claude Parent ne connaît pas ce suiveur obliquonaute mais ne s'en offusque pas. J'étais si sûr de moi... Mais alors qui est ce papa architecte qui a construit ces plans obliques pour ses enfants ? On remarque si on observe bien que l'ensemble est construit dans un studio et non réellement dans un appartement. Il s'agit donc soit d'un modèle pris dans le réel, un appartement qui a existé et qui fut ainsi transformé soit d'une inclinaison (oui) à suivre la fonction oblique d'un architecte très au fait de l'œuvre de Monsieur Parent ayant trouvé là l'occasion de tester le modèle.
Reste le témoignage d'une influence qui aurait pu s'ancrer en proximité plus forte en nommant la source ! Alors si parmi mes lecteurs figurent l'un de ces enfants ou bien le papa architecte qu'il nous en disent plus sur cette expérience car on peut aussi se réjouir qu'il soit si simple de transformer n'importe quelle chambre en fonction oblique.
Merci à Monsieur Parent de répondre à mes questions.
Merci à mon frère Christophe pour ce document figurant dans sa collection d'ouvrages de décoration et de design.

V.V.F, ça dure.



Je vous reparle des V.V.F (Villages, Vacances, Familles).
Cette fois-ci nous sommes à Saint-Jean-de-Monts en Vendée, regardez cet immeuble de Jean Marty architecte. N'est-il pas intéressant ?
Dessiné au cutter, massif aux angles accentués, sorte de contre-fort hôtelier il mélange les formules et les références. On le dirait dessiné d'après les plaques de béton préfabriquées tentant l'amalgame entre contrainte structurelle et puissance formelle. Il est défensif. Ce qui lui donne cette allure c'est la base en pente surmontée d'un jeu d'ouvertures en saillies où les fenêtres sont à égalité avec les plaques de béton des balcons. C'est irrégulier, contre-dit, un peu hésitant mais fort dynamique et sculptural. L'escalier en vis derrière redonne encore un peu d'une image militaire, sorte de tour de vigie solide et continue. Implacable. On admirera l'auvent de l'entrée tout en pointe, sorte de pont-levis figé dans un béton aux pans colorés.
Donc du biais, du solide, du massif tout pour me plaire. Je ne trouve rien sur Jean Marty l'architecte de ce V.V.F mais le guide nous donne deux entrées. Il s'agit d'un barrage à Beaufort et de l'usine marée-motrice de la Rance. Un architecte du génie civil ?
Cela expliquerait peut-être le registre formel. La carte postale est une édition du V.V.F qui nomme l'architecte.



Mais à Saint-Jean-de-Monts Monsieur Jean Marty a aussi construit ces petits bâtiments des gîtes du V.V.F. Là encore, dans un registre plus traditionnel et régionaliste, on a droit à du pan coupé, du biais, du pointu. Les angles deviennent un élément décoratif et les murs s'avancent comme pour offrir des abris au vent. En symétrie les constructions sont reliées par des passerelles et escaliers. C'est dans le genre, assez réussi, je trouve. Pas de clôture, l'ensemble est posé sur le sable. Sur cette carte postale Artaud l'architecte est nommé.



Sur cette vue multiple on retrouve notre immeuble et on aperçoit la barre en construction sur le front de plage. Cette "Marina" est de l'architecte Monsieur Naulleau.


Là aussi, c'est pentu et en retraits successifs. Mais là c'est un peu dur. La volumétrie est pauvre, juste ce qu'il faut pour faire semblant d'éviter l'effet barre mais l'image du dos du bâtiment ne trompe pas, ça ferme le front de mer.


L'arrière est aussi pauvre que le devant. Aucune ouverture, pas de cheminement c'est un mur que nous propose cette carte postale Artaud
On peut comprendre facilement ce que la Grande Motte de Monsieur Balladur a évité. C'est l'antithèse absolue.
Monsieur Marty, signalons-le a travaillé avec Monsieur Arretche qui nous a offert la belle église de la place de la Pucelle à Rouen. Décidement ce V.V.F regorge de belles choses. Qui maîtrisait la politique architecturale de ce groupe ? Qui doit-on remercier ?

vendredi 26 décembre 2008

EcologiK, une revue


La boucle est bouclée.
Je trouve une carte postale d'une Caisse d'épargne à Bordeaux.
Je la publie sur mon blog.
J'apprends le nom de son architecte : Edmond Lay.
Un Monsieur m'écrit et m'envoie pleins de photographies et d'informations à son sujet.
J'en publie une partie et je le remercie vivement.
L'article est lu, vu par une journaliste de la revue Ecologik qui veut faire un article sur Edmond Lay.
Je la mets en contact avec le Monsieur (qui veut rester anonyme).
L'article est publié dans la revue EcologiK de décembre 2008/Janvier 2009.
Mention y est faite de mon blog.
La boucle est bouclée !
La revue propose en effet un bel article très complet sur la maison Auriol. L'article est signé Nadine Labedade et les photographies en noir et blanc sont de Arnaud Saint-Germès. C'est superbe. (Beau portrait de l'architecte et la maison est bien mise en valeur).
Dans ce numéro vous trouverez également des articles sur l'université technique d'Helsinki avec des projets et réalisations en bois incroyables, un article sur l'île de Nantes et sa restructuration, un article sur le chai du monastère de Solan par l'architecte Gilles Peraudin, et aussi une invraisemblable construction de l'italien Mario Cucinella en Chine sorte de lanterne toute de biais et bien d'autres choses encore.
L'ensemble est clair, parfaitement informé et luxueusement imprimé. Une revue à suivre donc.

Buckminster Fuller et l'Amérique




J'ai cherché ce matin dans mon classeur "Foires-Expositions" si je n'avais pas par hasard d'autres architectures de Monsieur Fuller.
J'ai trouvé ça : trois cartes postales du dôme Epcot Center en Floride. On peut définir ce que c'est grâce à ce que nous en dit un correspondant.
"Epcot Center est un parc d'attractions voisin de Disney World (4kms de distance par monorail aérien (on voit les lignes bétonnées sur piliers au milieu de la hauteur de la carte). Deux grandes parties : le monde du futur et l'équivalent d'une petite exposition universelle, onze pays dont la France, le Mexique, le Maroc, l'Italie, la G.B etc. ont construit leurs pavillons avec restaurants, boutiques et attractions (films en 360° par exemple)..."
Merci à ce correspondant.
Cette carte postale nocturne met bien en valeur la boule qui semble de métal blanc et flotte légèrement au-dessus du parc. Cette carte est une édition du centre et fut expédiée en 1982.
Les cartes postales de jour sont éditées par le centre également. Aucune mention de l'architecte. On retrouve le monorail de mon enfance. Mais où est-il passé ?
Tout cela est propre, artificiel. Je crois voir surgir à tout instant James Bond ou les Thunderbirds !
Ah ! je les aimais ces marionnettes !

jeudi 25 décembre 2008

Buckminster Fuller et l'Afrique


La ressemblance est troublante.
Lorsque j'ai déniché cette carte postale de Calabar au Nigéria, je l'ai choisie parce que les petites constructions bleues du premier plan me faisaient furieusement penser à des dômes du génial Buckminster Fuller. Puis j'ai oublié cette carte, pensant sans aucun doute qu'il ne s'agissait là que d'une proximité lointaine (c'est un oxymoron non ?) sans plus.
Mais...
Ce matin j'ouvre le livre "Buckminster Fuller scénario pour une autobiographie" de Robert Snyder aux éditions Images Modernes et je trouve page 137 des images très troublantes d'un dôme de l'inventeur : même taille, même dessin et placement des ouvertures, il s'agit d'un exemplaire qu'utilisaient les Fuller comme habitation privée. Mais que faisaient alors ces dômes en Afrique, étaient-ils commercialisés et exportés vers ce continent ? Qu'abritaient-ils ici ? Habitations, services ? Malheureusement aucune réponse dans l'ouvrage.
La carte postale ne nous renseigne pas non plus, le correspondant ne donne aucune piste sur qui il est et pourquoi il choisit cette image et ce qu'elle représente. Il y a un mât, un drapeau, peut-être un lieu officiel.
Donc si vous avez des idées...
Voyez la comparaison et l'image de l'intérieur tirée de l'ouvrage.


La carte postale est une édition Elisabeth Seriki envoyée en 1984.

mercredi 24 décembre 2008

Merci ArchiGuide

Parfois l'œil glisse sur la carte postale et déchiffre au loin une vibration, une géométrie, un frémissement qui permet de se dire que peut-être, là au fond de l'image se cacherait quelque chose d'intéressant. Mais comment savoir ? Comment reconnaître et entamer des recherches sur une construction représentée sur une carte postale par seulement deux ou trois centimètres carrés ?
Souvent je m'en sors grâce à un site internet génial pour tout ce qui est de l'architecture contemporaine et très contemporaine. Il s'agit d'ArchiGuide.
Les accès par pays, villes, architectes permettent rapidement et grâce également à la richesse iconographique de trouver ce que l'on cherche. C'est encore le cas aujourd'hui.

Voyez cette carte postale de Villejuif.
Au premier plan la verdure d'un parc municipal Pablo Neruda, puis au second l'Hôtel des impôts. C'est la carte postale qui nous renseigne, carte postale la Cigogne expédiée en 1986. Mais derrière cette institution, je remarque des jeux de façades à gauche et à droite qui me semblent particulièrement intéressants. C'est dynamique, sculpté et articulé avec un jeu de volumes en saillie et de vides.
Est-ce vraiment digne d'intérêt ?
Je vais sur Google Earth : rien. Je cherche en tapant Villejuif et architecture contemporaine mais rien. Alors je pense que dans ma liste de favoris figure le site ArchiGuide. En trois coups hop ! Madame Renée Gailhoustet ! Oui !
Il s'agit de logements dessinés par Madame Gailhoustet en deux temps.


Ici à droite construit en 1981.


Ici à gauche en 1988. Petit problème, ma carte est expédiée en 1986 donc soit la construction n'était pas achevée soit notre guide se trompe légèrement, peu importe à ce point-là car les images ne trompent pas elles et c'est bien la même construction.
Voilà donc une carte postale qui du classeur "boring postcard" passera à celui de cartes postales d'architectes et quelle architecte !
Madame Gailhoustet dont j'ai admiré les magnifiques barres à Ivry en compagnie de mes étudiants et de ma collègue.
Il est important de remercier ArchiGuide et la personne qui s'en occupe. Il reste anonyme et c'est encore plus généreux de sa part. Alors merci à vous pour ce travail gigantesque.
Je vous invite tous à aller y voir et à l'encourager.
www.archi-guide.com
pour en savoir plus sur Madame Renée Gailhoustet :
http://www.perspectivesurbaines.com/IMG/pdf_Renee_Gailhoustet_AMC.pdf

mardi 23 décembre 2008

A.U.A et les vacances


Bon, ça tourne en rond et le centre en serait l'A.U.A.
Me revoici avec une carte postale du Village de Vacances Provençal du Comité Central d'Entreprise d'Air France à Gassin dans le Var. Ici plus précisément, la Bastide halte d'enfants. En rangeant les cartes précédentes, je tombe dessus. C'est le ricochet...
Là encore, des matériaux pris pour ce qu'ils sont, des formes fortes et géométriques s'emboîtant avec rigueur. On devine pourtant un peu de tuile romane. L'ensemble coloré est harmonieux mais je crois que la photographie égalise un peu tout cela. La carte postale est une édition de la collection du comité central d'entreprise d'Air France imprimée en Eurolux. Je vous laisse lire l'article de notre guide vénéré :





Piqûre de rappel : Guide d'architecture contemporaine en France par messieurs Amouroux, Crettol et Monnet éditions AA Technic Union 1972. Je le redis encore : une merveille.

V.V.F et l'architecture

Les Villages Vacances Familles ont eu droit à deux beaux bâtiments. Je vous ai déjà évoqué mon goût pour la Chambre d'Amour à Anglet, magnifique fortification de loisir posée sur le sable.
Voici Grasse. On admire sur cette vue aérienne l'ensemble de petites constructions basses aux toits plats faisant furieusement penser à la fois à Monsieur Candilis et aux villages du Maghreb. On devine de la couleur sur les murs et une circulation automobile interdite compensée par un immense parking à l'entrée. C'est immense et étalé ! On regrettera que les toits ne soient pas en terrasse et pas végétalisés comme pour la Font des Horts à Hyères que j'aime également beaucoup. Mais c'est tout de même un bel ensemble. Notre guide vénéré nous indique :
Ces deux unités se divisent en huit hameaux qui s'articulent autour des installations communes : pavillon central, équipements sportifs, salle commune. La structure est en béton armé. Le remplissage en parpaings a été recouvert d'un enduit teinté dans la masse (Polychromie de Max Soumagnac). Les voutains en béton qui couvrent les cellules d'habitation et les voûtes en briques des salles communes ont été laissés apparents.
Architectes : A.U.A
J. Deroche, V. Fabre, J. Perrotet.
Ingénieurs : M. kostanjevac, S. Venturelli
Aménagements intérieurs : A. Tribel
Maître d'ouvrage S.C.I.C (tiens tiens...)
1966.
Donc pas de la caille !
Qui fera une étude sur les choix architecturaux des V.V.F ? Qui était responsable de cela au sein de l'association ? Car le guide nous indique un autre site intéressant à Gassin pour Air France dessiné par la même équipe. il y a là matière à une thèse, études, article, vidéo... Qui s'y colle ?
Je vais jeter une bouteille à la mer et écrire aux V.V.F. On verra bien.


La carte postale de la vue aérienne est une édition Gilletta photographiée par C. Geay, elle est datée de 1971.

La salle de jeu est une carte postale Gilletta également. Mais d'où est prise cette image ? D'ici ? D'ici ou bien d'ici ?


j'apprends à l'instant que l'ensemble a obtenu le Label patrimoine XXème siècle, voici la fiche :
http://www.paca.culture.gouv.fr/dossiers/xxeme_label/notices/06/grasse/village_clavary/village_le_clavary.pdf

Marseille un peu plus


Le 14 décembre je vous parlais d'un groupe urbain constitué d'immeubles, église, centre de congrès. Je ne sais pas pourquoi, alors que je me targue d'une mémoire visuelle infaillible, je ne m'étais pas souvenu de cette carte postale ! Nous revoici donc devant l'ensemble immobilier St-Georges à Marseille, vu de la place du 4 septembre. On comprend mieux en regardant les deux images l'incroyable et difficile imbrication de toutes les fonctions. On aperçoit parfaitement le clocher qui tente de dominer les cheminées du petit bâtiment très ensoleillé. Quelle concentration !
Dommage que plastiquement, il ne se passe pas grand chose. Le petit blason sur le mur aveugle est bien ridicule, ainsi que le dessin de guingois de la croix et l'étrange couleur rose sur un damier courbé ne changent que peu de chose. Reste une impression de puissance due à la masse qui n'est pas désagréable, du moins de ce point de vue mais le piéton lui ?
Je serais curieux de voir l'intérieur de l'église ainsi intégrée, presque discrète.
L'architecte n'est pas nommé sur cette carte postale expédiée le 3 janvier 1970 pour un jeu concours de l'O.R.T.F dont la réponse était semble-t-il pièce 6321 exécutée par Alexandre Lagoya.
Je vous rappelle donc que l'architecte est Monsieur Claude Gros.

Epinay-sous Sénart, encore.


Ce matin j'ai découvert dans ma propre collection des images nouvelles qui auraient dues être dans des messages antérieurs.
Alors je corrige.
Voici une autre carte postale d'Epinay-sous-Sénart dont je parle dans le message du 16 décembre 2008. Le photographe de cette carte postale Combier se place lui aussi un peu en milieu de chaussée laissant apparaître ainsi les canyons des immeubles. Au fond, le centre commercial, preuve de la modernité de l'ensemble. On devine qu'une grande place est faite aux automobiles rangées au bas des immeubles. Pas de parking en sous-sol ?
L'immeuble de droite est beau, ligné de noir et blanc.
J'aime le lampadaire qui semble vouloir éclairer le haut de la tour en face, raccourci photographique !
La carte postale nous informe qu'il s'agit des Nouvelles Résidences, réalisation : S.C.I.C.-Arcueil. Monsieur Maneval n'est ici pas nommé. Appartenait-il à ce groupement ?
La carte postale est une exclusivité M. Coulon.

dimanche 21 décembre 2008

retour sur terre



Ce matin, retour sur terre.
Voici deux exemples assez typiques de constructions des années 60.
Mais aussi deux exemples qui resteront anonymes car je n'ai pu trouver de piste pour leur donner un nom d'architecte.
On commence avec la Cité Champagne à Argenteuil. La carte postale Abeille nous montre l'immeuble en contre plongée ce qui accentue la courbe très longue de la construction. On regardera attentivement le dessin des piliers très beau et soigné ainsi que la rythmicité de la façade aux larges ouvertures plein sud. C'est une belle construction. Mais si on sait que Roland Dubrulle a participé à la restructuration d'Argenteuil, rien ne me permet d'affirmer que c'est lui l'architecte de cette courbe. Si vous avez des idées...


On change de région avec Le Grand Parc à Bordeaux. On change aussi de style. Beaucoup moins intéressant de dessin ces barres se résument en une grille implacable qui n'est elle que fractionnée par des verticales rayées finement qui doivent servir au séchage du linge. L'image est impressionnante et accentue la finesse de la barre du premier plan. On dirait un mur. Le noir et blanc également joue de cette réduction formelle, c'est terrible.
L'image est très forte. c'est une photographie véritable de chez M. Berjaud de Bordeaux. Les voitures nous indiquent la fin des années 50, le début des années 60. C'est l'image du chemin de grue...


Pour finir une nouvelle piscine Tournesol de Monsieur Schoeller, ici à Chantonnay. l'architecte est nommé sur cette très belle carte postale Artaud expédiée le 24 janvier 1979 par Yolande.
La jeunesse de Chantonnay bronze, se baigne, le ciel est bleu et le maître nageur arbore un magnifique chapeau de cow-boy. la soucoupe volante est ouverte. La belle vie quoi...

samedi 20 décembre 2008

conte de Noël

Ce matin, je ne me suis pas lavé.
Ce matin, je suis vite allé à la Poste où m'attendaient deux colis. Vous allez comprendre.
Mercredi, je reçois un message de Monsieur Claude Parent.
Oui, chers amis lecteurs, oui chères amies lectrices.
Monsieur Claude Parent.
Il m'écrit à moi. Oui.
Il me dit des choses si gentilles, si claires et si simples que j'en suis encore tout ému.
Puis il me promet un colis pour Noël. Oui. Pour Noël. Et puis je vais au Mans enseigner. Je raconte à qui veut l'entendre que, oui, Monsieur Claude Parent m'a écrit. Mes élèves et mes amis qui me connaissent bien savent à quel point c'est important pour moi. Ils le voient sur mon visage. Alors vendredi soir lorsque je découvre un avis de passage de la Poste je comprends de quoi il s'agit.
Alors ce matin, j'enfile vite des affaires propres et je fais la queue à la Poste, on me remet deux colis : une grosse enveloppe et un carton.
Dans l'enveloppe tout ça :

Chaque livre est dédicacé avec un petit mot (je garde ça pour moi). Quelle générosité ! Quelle simplicité de la part de Monsieur Parent ! Il aura aussi son envoi. J'ai plein de choses à lire, à apprendre et à rêver.



Deux cartes postales viennent justifier cette relation nouvelle. Elles seront mes piliers, le point central de ma collection. Elles nous montrent la maquette N°1 de Sainte Bernadette du Banlay datée de 1966. La photographie est de Martin-Gambier et c'est édité par le Fonds Régional d'Art Contemporain du Centre. Voyez ce que j'en dis le 9 novembre 2008.
L'autre colis est l'intégrale des films de Jacques Demy offerte par Claude. Oui. Il y a des matins comme ça. Je vais revoir Marcello Mastroianni enceint, je vais revoir Peau d'âne et les Demoiselles, je vais découvrir Lady Oscar...
Mais qu'allons faire de tout cet amour, il y en a, il y en a tant sur terre...
Merci Claude
Merci Claude aussi, je me permets.
Non vraiment, je rêve.
Je vais prendre une douche et me réveiller.
N'oubliez pas d'aller vite voir "Les plages d'Agnès" le dernier film d'Agnès Varda. C'est superbe, émouvant et éclairant. Allez-y vite !

mercredi 17 décembre 2008

un exercice d'analyse


Je fais une tentative dangereuse : analyser une œuvre d'après uniquement son image, sans l'avoir ni expérimentée, visitée, vue autrement que par sa reproduction en photographie.
Je choisis cette œuvre d'abord évidemment parce qu'elle se livre à la manière d'une carte postale. Distribuée gratuitement à l'entrée du Crédac d'Ivry cette petite carte au format postal n'est pourtant pas à dos divisé laissant planer un doute quant à son statut de communicant.
Pourquoi être si proche de l'objet carte postale et s'en échapper aussi vite ?
La peur de faire moins contemporain ?
Les cartons sont disposés à l'entrée et seule l'inclinaison naturelle pousse le visiteur à prendre ou non ces images. C'est déjà un signe, une manière de politesse, une générosité de la diffusion. Cela n'appauvrit rien, l'inclinaison naturelle est toujours une réactivité et elle est inépuisable tant que des nouveaux visiteurs passent, regardent et se servent. Non, vraiment, diffuser en grand nombre ne déstabilise rien de l'approche que l'on a d'une image quelle qu'elle soit. (suivez mon regard).
Souvent d'ailleurs on prend ces images d'une manière un peu rapide, parce qu'elles sont là et on les retrouve au fond d'un sac après une semaine en se demandant ce qu'elles sont. Et c'est souvent à ce moment que l'on se pose la question de leur statut. Quoi en faire ?
Elles sont des pense-bêtes, des manières de se rappeler la visite de l'exposition, de tenter de la comprendre sans l'avoir vue, un bloc-note pour un numéro de téléphone et une approche du travail d'un artiste dont on oublie aussi vite le nom. Mais il arrive que ces images traînent dans notre esprit d'une manière récurrente, qu'elles dérangent les rangements (tiens ?!).
C'est le cas pour cette carte nous montrant un travail de l'artiste contemporain Julien Pastor. Ce travail s'appelle "l'Ivryenne", est daté de 2007, la photographie est de André Morin du Crédac. Toutes ces informations sont sur le verso de la carte, désir d'informer au mieux et nécessité légale du droit d'auteur. Mention est faite également du soutien de quelques administrations culturelles : ville d'Ivry, D.R.A.C Ile-de-France, Conseil régional etc.
Il s'agit donc bien de communication et non d'une édition d'artiste.
Julien Pastor ne pose pas là d'idée de diffusion d'une œuvre originale. Il ne s'agit pas d'un travail mais de sa représentation. C'est fondamental comme nuance car il existe également des cartes postales d'artistes désirées comme telles. On remarque l'extraordinaire qualité de tirage et d'impression de cette carte lourde sur papier fort et brillant : un bel objet.
Que vois-je ?
Un objet étrange qui tient de la tente de camping militaire, parfaitement réalisée et qui reprend d'une manière évidente pour quiconque a visité Ivry les édicules posés au pied des immeubles de Renée Gailhoustet et qui servaient de kiosques à journaux par exemple. Ces édicules sont de Renée Gailhoustet. Il s'agit donc pour Julien Pastor de faire citation d'une architecture modeste mais superbe, vouée à l'extérieur, à l'intérieur d'un lieu d'exposition. Il s'agit également, et la translation est étonnante, de jouer avec l'image d'une architecture vouée au plein air (le camping) que l'on installe au sous-sol !
Les passages sont multiples : extérieur-intérieur, solide-souple (textile), public-privé, marchand-loisir, utile-artistique (là c'est plus complexe), architectural-sculptural, multiple-unique, dehors-dedans. L'échelle change également, Julien Pastor réduit la construction de Madame Gailhoustet je dirais de moitié. C'est difficile pour moi de mesurer mais ma connaissance du lieu d'exposition, ainsi je crois, que ma connaissance du désir des œuvres contemporaines me font penser qu'il n'est pas question ici d'une reproduction à l'echelle 1 ce qui est un peu une translation obligatoire (académique ?) des artistes envers l'architecture (voir Jordi Colomer, Didier Marcel, Marc Hamandjian etc.)
Pourquoi par exemple ne pas réaliser une reproduction à la taille réelle de ces édicules ?
Manière de se l'approprier, manière de l'éloigner du modèle (ne pas copier), manière de jouer avec nous de nos images mentales et de poser un trouble sur la citation. C'est toujours efficace. A contrario, allons voir au Palais de Chaillot la reconstitution à l'échelle 1 de l'appartement de la Cité Radieuse de Le Corbusier. Comprendre que pour le didactique, l'éducatif, on reprend soit l'échelle 1 soit la maquette. L'espace entre les deux est pour les artistes contemporains. Pour ma part j'aime beaucoup l'idée de visiter ainsi comme par télé-portation un lieu.
J'aime cette pièce de Julien Pastor. Le verbe aimer ici comprend donc cette inclinaison naturelle et ce besoin d'analyse. J'aime cette pièce parce qu'elle se pose pour moi dans un registre formel, culturel, citationnel qui est de mon monde. Elle ramasse en quelque sorte une masse incroyable de mes intérêts et mon cerveau, bien avant moi (mais c'est moi non ? aurais-je un inconscient ?) me fait pencher vers cette pièce bien plus vite que mon analyse. Il m'est permis tout de même de la trouver très connotée et tout à fait dans son époque presque sans surprise. Je dirais également que l'ironie, terrain si vivant et labouré, est aussi ce qui rend cette pièce abordable, aimable et ma foi fort réussie. Elle est (chers étudiants, chères étudiantes) aussi remarquablement réalisée ce qui est très important. Pas de bricolage apparent (image je vous dis), on sent une application réelle, un niveau de finition que je prends pour un hommage à l'œuvre citée. il serait insupportable qu'un relâchement tombe ici, ne laissant alors percevoir qu'une faiblesse face aux univers invoqués (architecture, industrie textile).
Voilà.
Il faut conclure en parlant du point de vue centré qui se veut le plus objectif possible, photographier l'œuvre sans faire œuvre d'art, le photographe ne se met pas en avant, il n'invente pas un regard, il sert et c'est son grand talent, il sert la sculpture de Julien Pastor. J'imagine l'artiste et le photographe, de concert décidant du point de vue, à hauteur d'homme, un peu au-dessus pour un lecture maximale du volume. L'espace d'art contemporain dénué de fioritures, décors, permet à l'objet de se détacher du fond dans un rituel de la boîte blanche si contemporain. Comment est cette pièce photographiée au camping des flots bleus, sur un terrain militaire ou devant son modèle dans la rue ? Là, les images des tentes des S.D.F seraient par trop lourdes je crois pour Julien Pastor.
Alors allez au Crédac à Ivry. Vous vous trouverez sous les étoiles de Monsieur Renaudie, sous les barres somptueuses de Madame Gailhoustet.
Vous verrez un lieu vivant et riche qui propose en ce moment une exposition de dessins de Dove Allouche qui sont merveilleux. Ne les manquez pas. Il y a également une araignée qui se promène sur le sol et qui offre à Guillaume le plaisir d'une rencontre les yeux dans les yeux. C'est déjà ça.
Si vous voulez en savoir plus sur Julien Pastor visitez son site :
http://www.julienpastor.com/julienpastor.com/julien_pastor.html
Si vous voulez en savoir plus sur la programmation du Crédac :
www.credac.fr

mardi 16 décembre 2008

l'autre ville nouvelle de Monsieur Maneval ?


Après Mourenx, voici Epinay-sous-Sénart. S'agit-il réellement d'une ville nouvelle ?
Non, plus certainement de la construction d'un nouveau quartier. La carte postale Combier nous renseigne bien. Les architectes sont nommés : Cabinet Maneval et Douillet, Paris VIème. On parle de nouvelles résidences et non de ville nouvelles.
J'aime beaucoup cette carte postale.
J'aime le réseau dru des lignes de façades, la coloration brun foncé et gris répondant au bitume étalé généreusement, j'aime le vide relatif de l'espace contre-balancé par un groupe d'enfants éparpillés. J'aime la croix franche qui marque le lieu de l'habitat faite d'un geste sûr et bien appuyé que l'on doit à Corinne qui remercie sa tata et son tonton et présente ses vœux d'une écriture ronde quittant l'enfance mais encore empreinte de maladresses.
Pour un tel vide, l'été est nécessaire, les autos sont sur les routes des vacances. 
Ce que j'ai pu voir de cette ville aujourd'hui c'est une couleur horrible entre rose saumon (un must de la réhabilitation en ce moment) et jaune. Dommage.

Mourenx sans bulle

Voilà une ville nouvelle qui a aimé se faire photographier et que les habitants ont aimé faire connaître.
Effectivement on trouve très facilement des cartes postales de Mourenx, ville nouvelle. Je regardais peu ces cartes postales ne trouvant pas l'ensemble assez palpitant mais une nouvelle fois le nom de l'architecte me fait regarder cela d'un peu plus près. Il s'agit du célèbre Monsieur Maneval le concepteur de la bulle six coques, petite construction en plastique moulé devenue le symbole pop de l'architecture des années 60.
Rien de bien commun donc avec des ensembles de bâtiments rectangulaires, blancs qui semblent posés sur une grille. Le dessin des fenêtres montre un souci de grande ouverture sur le paysage dans une régularité... efficace. Des petites tours viennent contredire le plan et apparaissent comme des vigies amicales de petites zones bien déterminées. Pour parfaitement comprendre le dessin de cette ville je vous conseille d'aller là :  

http://www.cc-lacq.fr/accueil
Ne manquez pas la petite animation.


Commençons notre promenade d'un peu haut avec cette carte postale éditée par le syndicat d'initiative en photo véritable de Monsieur C. Roux. Du ciel, de loin et en noir et blanc l'accent est mis sur le paysage. La tour centrale n'est pas achevée. Pas d'infrastructure routiére lourde visible, on devine trois zones : L'ensemble des tours et des barres et deux autres zones de pavillons blanc  posées sur les flans de collines et séparées par un bosquet d'arbres. Mais où est le village d'origine ?


Nouvelle vue aérienne en couleurs éditée par le photographe de la précédente Monsieur C. Roux en Lyoncolor. Encore un peu de travaux sur la gauche mais l'ensemble semble terminé. On remarque au premier plan les terrains de sport et la piscine ainsi que des jardins que l'on dirait ouvriers.


On descend un peu et on s'approche toujours avec Monsieur Roux avec cette carte postale expédiée le 1er juillet 1970. On devine les routes d'accès et le toit de l'église apparaît au pied de la grande tour.


On descend encore avec cette vue étonnante prise, j'imagine d'une des tours (17 étages ?). On aperçoit un peu mieux les ouvertures amples et les balcons encaissés dans la façade. Le dernier étage plus bas doit abriter pourtant des appartements car il y a des rideaux. L'immeuble au second plan n'est pas dessiné de la même manière. Grandes fenêtres, petits pilotis formant galerie, s'agit-il de boutiques ou d'un bâtiment administratif ? Le carré ouvert au centre est, je crois l'Hôtel de ville.


Cette vue multiple envoyée en juillet 1971 nous rapproche encore un peu. Piscine, église au toit si étrange, tour aux 17 étages nous montrent une ville plus colorée, ensoleillée. On aperçoit des enfants jouant dans les bassins de l'Hôtel de Ville. c'est une édition Yvon.

On termine avec la nuit tombant sur Mourenx. On nous indique qu'au loin on perçoit le complexe chimique d'Aquitaine-chimie. Quant les lumières de la ville retrouvent celles de l'entreprise dans un lyrisme lumineux assez étrange. La ligne de tulipes rouges permet à Monsieur C. Roux de poser encore sa signature.
La ville a cinquante ans cette année.