En partant d'un détail rejoindre le paysage : le paysage nucléaire.
Il y a dans ces deux mots accolés tout l'effort à faire. Comment ce qui est de l'ordre de la plus minuscule particule peut côtoyer ce qui est de l'ordre du paysage ?
Partons de cette carte postale nous montrant le Centre de Production Nucléaire du Bugey (Ain) en cours de construction.
On nous dit aussi : construction 2/3, 2X925 MWe Filière REP (sic).
Mon œil a glissé il y a longtemps sur cette image de chantier. La forêt de grues, le béton frais, le bordel et le rangement associés me font toujours jubiler. J'aime les chantiers et cet état intermédiaire qui donne souvent à voir les structures des bâtiments. Mais là mon œil a aussi glissé à gauche, en bas de l'image. Regardez avec moi :
Vous reconnaissez cela ?
Il s'agit des petites cabines de chantiers dont je possède une version jouet sur un camion Majorette ! (voir article du 16 mai 2009)
C'est drôle non ?
Mais au-delà de ce détail me revient également que Monsieur Claude Parent a participé activement à la réflexion sur le paysage nucléaire. Et là j'entends grincer des dents...
D'ailleurs dans quelques-unes des Revues françaises de l'Electricité on trouve des textes de Monsieur Parent à ce sujet. Il y établit avec application la différence essentielle entre paysage et architecture.
Ce point de vue plaçant la réalisation d'espace à l'échelle du paysage est déjà présente dans son architecture en fonction oblique. Cette envie de créer le paysage au lieu de l'intégrer lorsque le programme est si vaste et l'utopie si grande est une nécessité. Mais c'est aussi, de tout temps une réalité historique de ce que l'on nomme la monumentalité. Donc, il est bon parfois de le redire. La masse est porteuse non pas d'un contresens paysagé mais bien d'un paysage. Dans un autre numéro de la Revue Française de l'Electricité on peut lire cela :
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Sur la page opposée on retrouve Bugey et ces incroyables tours de réfrigération magnifiques et en dessous un dessin de Monsieur Claude Parent.
Il est aussi question du rapport à l'industrie et de la marge de manœuvre des architectes. Il faut avouer que la lecture des types est un peu difficile, j'entends leur originalité. Mais l'effort est louable dans la mesure justement de l'étroitesse de cette marge de manœuvre.
Roger Taillibert
Paul Andreu
Claude Parent
Claude Parent
Claude Parent
collectif : messieurs Andreu, Dubuisson, Homberg et Parent.
collectif : messieurs Andreu, Dufau, Parent, Willerval
On devine une masse identique que chacun des architectes essaie de sculpter de manière différente et souvent subtile.
On retrouve aussi les belles maquettes de bois qui ne sont pas sans évoquer celle de Sainte Bernadette de Nevers. Sont-elles aussi réalisées par Monsieur Follenfant ? Le programme nucléaire offre à Monsieur Parent un registre formel qui lui convient parfaitement : échelle du paysage, traitement de volumes clos et masses tendues. On peut aussi y retrouver un versant quasi mystique et tellurique dans le contenu même des constructions. L'étrangeté scientifique et son secret renforce l'impression de puissance. C'est sourd.
On ressent cela très bien lorsque l'on perçoit au loin les centrales, un mélange de fascination (pour certains presque morbide) et une inquiétude devant une forme dont finalement on ne connaît pas réellement la nécessité des fonctions. Cela ressemble à des bunkers... Et c'est bien plus protégé.
Mais oui, les centrales nucléaires sont des paysages merveilleux au sens premier du terme générant une sensation inquiétante entre le Château de Kafka ou un tumulus celtique. J'ai eu la chance de voir il y a longtemps les tours de Bugey avec leur panache de vapeur. C'est tout bonnement fantastique quoi que l'on pense de l'énergie nucléaire. C'est fantastique.
J'ai dans mes classeurs "génie civil" deux autres cartes postales de centrales nucléaires.
Voici Flamanville en vue aérienne du 5/2/1985 chez Combier en photo Savary avec cette phrase : Le cœur sent ce que l'œil ne voit pas !
Voici Flamanville en vue aérienne du 5/2/1985 chez Combier en photo Savary avec cette phrase : Le cœur sent ce que l'œil ne voit pas !
La réponse idéale (ici pour un jeu-concours).
L'autre carte postale nous présente Paluel ; une carte postale EDF-Paluel que j'avais dû acheter lors de ma visite à cette centrale.
Revue Française d'Electricité N° 259 1977, N°266 1979, N°269 1980
Les dates échelonnées prouvent la persistance du travail de collaboration d'E.D.F et de Monsieur Parent.