C'est une sacrée ambition !
Voilà :
Lorsqu'on regarde et réunit les cartes postales consacrées à la Cité Radieuse de Le Corbusier et que l'on découvre la multitude de cartes produites, on pourrait un peu vite, dire que les éditeurs de cartes postales sont prolixes envers ce bâtiment parce que, d'une certaine manière, il est exceptionnel et que, à ce titre, il mérite d'être en cartes postales. Les éditeurs répondant finalement au désir des clients venant voir et désireux de communiquer cette visite à leur proche.
Sans aucun doute cela est vrai.
Mais...
Au regard de la carte postale Ryner nommée Marseille et sa banlieue, Saint Gabriel-lotissement " les rosiers" on peut tout aussi bien déclarer que La Cité Radieuse existe en carte postale comme n'importe lequel des logements sociaux de l'époque à Marseille et ailleurs, bien plus représentatif d'une carte postale servant à localiser l'expéditeur dans sa ville et son habitat qu'à faire une démonstration de particularité architecturale.
Ce blog le prouve souvent, le logement social entre 1945 et 1980 est représenté de manière récurrente et sans jugement de valeur architecturale en passant du chemin de grue le plus dur aux Cités Radieuses de Le Corbusier (toutes représentées), aux étoiles de Jean Renaudie (toutes représentées) ou encore par les errements géniaux de Bofill (tous représentés !)
Dans la même ville, Marseille ici, les éditeurs de cartes postales ont donc cru bon d'aller vers l'exceptionnel, le remarquable et le médiatiquement évoqué en photographiant la Cité Radieuse sous toutes les coutures mais ils ont aussi promené leurs photographes dans des quartiers bien moins connus du grand public mais au potentiel de clientèle bien plus vaste, c'est le cas des rosiers de Marseille.
Mais... (j'aime bien faire ça)
On découvre aussi finalement et grâce au travail de Monsieur Nicolas Mémain que si cette carte postale des rosiers nous donne une image d'une grande dureté que l'on pourrait bien vite ranger dans une catégorie "Boring Postcard", il suffit d'un regard plus affûté, du désir aussi d'aimer ce lieu au-delà des images, pour comprendre qu'il s'agit bien également là d'une architecture moderne digne d'intérêt.
Nicolas Mémain nous avait fait la joie de cette découverte avec l'édition d'une série de cartes postales mettant en avant ce lieu et son modernisme, lieu aujourd'hui portant le Label Patrimoine du XXe Siècle. Sans lui, je ne serais jamais allé voir ce quartier, sans lui, je n'aurais pas pu écrire cet article.
La grande différence éditoriale entre la Cité Radieuse et les rosiers vient aussi sans doute, de la multitude de cartes postales consacrées à la vie et au fonctionnement de la Cité du Fada alors que seules des cartes postales des façades de la cité des rosiers existent à ma connaissance.
Comme si la curiosité sur un lieu n'avait pas besoin de s'exercer sur un autre, comme si déjà l'un devenait une sorte d'icône dès la fin de son chantier alors que l'autre, malgré une vie riche et intense sombrait rapidement dans une indifférence des images.
Heureusement, un jour, un photographe envoyé par un éditeur de cartes postales est arrivé sur le parking, a choisi un point de vue, a cadré son image et ainsi dans un noir et blanc superbe nous a permis de maintenir les rosiers de Marseille dans leur éclatante et belle vérité architecturale.
Un détail qui permet de mieux comprendre l'existence d'étages ouverts, sorte de plate-forme ou de rue intérieure :