mercredi 18 décembre 2013

Traüme von Candida Höfer



Une petite fille allemande se réveille.
Les lits sont alignés suivant strictement la géométrie précise du carrelage. Aucun bruit à part celui qu'elle produit elle-même : froissement délicat des draps de coton tiédis et un peu rêches.
L'air ne passe pas par les fenêtres ouvertes. Et la petite fille ne veut même pas regarder dehors, ignore le ciel, ignore les arbres.
Candida c'est son prénom. Elle avance au milieu des autres lits qu'elle laisse derrière elle. Plis identiques des couvertures, glaçage parfait des peintures. Il lui faut aller vers la porte du fond simplement parce qu'une porte est toujours faite pour être ouverte. Candida n'a pas peur, elle est sûre d'elle, si sûre que ce vide ne l'effraie pas mais la rassure. C'et tout juste si elle est sensible à ses pieds nus sur le froid du sol.


La porte révèle une autre pièce pleine de lits cette fois les uns au-dessus des autres. Aucun corps, aucun enfant, aucune lettre, aucune photographie glissée sous les sommiers. Mais Candida dans sa candeur un peu sérieuse se permet pourtant d'analyser la lumière qui cette fois vient de la gauche. Comment les astres et le soleil ont-il pu ainsi tourner dans le ciel si vite, d'une porte à l'autre. Le temps d'y penser et voilà la petite fille à nouveau en train de pousser une porte.


Le damier du carrelage lui sert de repère pour poser les pieds chacun à leur tour dans cette pièce occupée dans sa moitié par des cages de verre. Chacune comporte un bureau, deux chaises, un évier, un lit d'auscultation.
Sur un dossier parfaitement aligné au rebords de la table Candida voit son nom d'écrit : Candida Höfer.
Le dossier est vide pourtant. C'est l'instant où elle remarque une tête qui dépasse, la tête d'un petit garçon de son âge qui la suit des yeux. Candida l'entend prononcer son nom, il s'appelle Thomas. "Thomas, Thomas Struth et toi ? " dit-il d'une voix si légère que Candida en est troublée, comme si cette voix elle l'avait déjà entendue. Mais rien ne peut arrêter Candida dans sa déambulation, pas même la voix fluette d'un petit garçon. Elle ignore alors l'enfant qui recommence à la suivre des yeux tout en battant de son pied gauche, dans un tic nerveux, le sol. Candida est déjà dans la pièce suivante.


Des tables et des tables et des tables alignées là aussi parfaitement attendent l'heure du repas. Les assiettes sont retournées les unes sur les autres, le vin tiédit dans les bouteilles. Candida n'a pas faim, n'a pas soif. Elle est comme toujours irrémédiablement attirée par la porte du fond, comme si la seule chose qu'elle puisse faire c'est passer ainsi dans le monde, passer devant, dedans, sans personne à rencontrer, à aimer, à suivre, à faire rire, à écouter. Personne. Pourtant tous les objets indiquent, dans l'enfer de leur solitude, la présence des autres. Et Thomas maintenant la suit d'un peu loin. La porte, vite, passer la porte.


Une église dans un paysage tourmenté, c'est ce quelle voit en premier, ce paysage quelle croit reconnaître : un diptyque de peinture entièrement en camaïeux de gris durcit par le blanc des néons des plafonniers. Elle ne regardera pas dehors, les fenêtres sont trop hautes. Et le triangle dessiné point à point par les boules de billard lui fait mal au ventre. La lourdeur de la table de billard lui fait mal au ventre, mais surtout, surtout le désordre de la chaise qui n'est plus à sa place lui fait mal au ventre. Le désordre... Qui ? Le mal au ventre c'est la peur ? Elle saisit alors la queue de billard et poursuit son chemin en regardant la chaise déplacée comme une ennemie. Et, toujours, quelques mètres derrière elle maintenant, la présence du petit Thomas Struth qui répète doucement entre ses lèvres son nom et le sien mélangés : "Thomas, Candida."


Candida pousse la porte de nouveau, une porte plus lourde, plus épaisse qu'elle laisse se refermer seule par son poids. Sa main sent le velours tendu lui échapper et la vison soudaine des sièges d'une salle de projection, d'une salle de cinéma, la rassure enfin. Le brillant du satin du rideau devant l'écran au fond de la salle aussi la rassure. Il n'a pourtant pas la couleur rouge d'un brocard. Pour pouvoir s'asseoir, elle doit basculer le siège et abandonner la queue de billard sur le sol. Elle le fait sans hésiter. Elle remarque alors qu'elle ne s'est pas assise sur le fauteuil directement au bord de l'allée mais qu'elle a laissé une place à sa gauche. Elle sait maintenant pour qui est ce fauteuil vide.
Le petit Thomas arrive et s'assoit à cette place sans hésiter, sans effrayer Candida. Tous deux se regardent intensément, Candida plonge dans l'iris de Thomas comme si leurs yeux allaient se toucher, comme s'ils devaient toujours ainsi projeter leur rayon l'un dans l'autre, comme s'ils devaient se perdre l'un dans l'autre. Mais déjà le rideau s'ouvre dans un bruit mécanique libérant l'écran de cinéma.

Candida Höfer se réveille à Cologne.
Thomas Struth se réveille à Berlin.
L'un et l'autre savent bien qui a organisé ce rêve, qui a construit ces espaces.
Et tous deux s'entendent prononcer très doucement en se frottant les yeux : "Bernd".

mardi 19 novembre 2013

Hyper Shogun


Hyogensha Co. éditions.


Revenir à Kyoto, parce que je n'y suis jamais allé...
Que par les images sur des cartes postales.
Le Kyoto International Conference Hall est bien ce genre de machine devant laquelle je me prosterne. Le béton brutaliste reprend pourtant ici l'héritage formel d'une architecture traditionnelle et c'est dans ce choc d'échelle et de composition que je trouve la plus belle expression de ce matériau capable d'envoyer des images dont la solidité résiste à mon étonnement.
Tout le Japon est là dans ce mélange d'une force sans retenue, même violente, sans concession et dans une subtilité presque tendre à l'esthétique impeccable. Un peu, comme la beauté effrayante, d'un Katana parfaitement aiguisé.
Ça fait mal bien.
Hyper dessiné, hyper tendu, hyper solide, hyper amoureux de son temps et de son histoire l'architecture de Sachio Otani me semble exister depuis des siècles et pour le reste des siècles alors que nous sommes sur une terre qui tremble et dont l'impermanence des formes fonde souvent la beauté.
Sachio Otani, l'architecte de cette merveille est aussi présent dans la collection de cartes postales trouvées par Claude Lothier et toutes adressées à Monsieur Alexandre Persitz dont on sait l'importance pour la revue Architecture d'Aujourd'hui.



Mais étrangement, peu de réalisations de cet architecte japonais ne figurent dans la revue, sauf un article publié en 1951 mais, qui pour une fois, manque à ma collection.
Alors je vous donne cette carte postale reçue par Monsieur et Madame Persitz et expédiée en 1972. On s'amusera surtout dans ce petit texte de la première question posée par la correspondante
 : "Do you agree ?"
Je laisse la famille de Monsieur Persitz nous révéler qui est ce Ysa ? Yra ?
Nous restons persuadés que la réponse à cette question posée à Alexandre Persitz devant l'œuvre de son confrère japonais fut positive.

lundi 4 novembre 2013

Trente tonnes



Daniel attendait la commande debout dans son costume.
Il essayait de rester à l'écoute des désirs de ses deux clientes mais, comme à son habitude, ses pensées vagabondaient. Enfin, il avait pris cette habitude depuis qu'il avait assisté à l'aménagement du nouveau Relais Top de Morainvilliers et qu'il avait discuté avec l'un des décorateurs.
Ce dernier avait ri aux éclats lorsque Daniel l'avait appelé ainsi et lui avait dit qu'il n'était pas décorateur mais designer. Ce mot avait sonné chez Daniel comme un objet précieux et exotique, quelque chose d'américain, de sérieux et de solide.
"une salade du chef avec une Evian"
"...et moi un plat du jour sans frites avec un Orangina"
Mais Daniel n'avait pas entendu.
Les gloussements des deux clientes le réveillèrent un peu mais surtout le sermon de la patronne, Madame Yvette qui était la nouvelle et fière propriétaire du Relais Top qu'elle avait voulu "dans l'esprit des Motels américains que j'ai vus l'an dernier pendant mon voyage aux chutes du Niagara."
Lampes blanches sur fine structure de métal brossé, faux plafond à vagues et grille géométrique avec des spots, sièges en moleskine imitant ceux des automobiles de sport et surtout "beaucoup de blanc, même si c'est salissant, c'est jeune et lumineux."
Daniel reprit son service, rangea à vingt-trois heures sa tenue dans le minuscule placard. Il y rangea aussi son rêve.
De toute manière, au printemps, il partait pour Metz faire son service militaire.
C'est là, qu'il apprit avec une certaine froideur que Madame Yvette fut écrasée par un Berliet de trente tonnes alors qu'elle expliquait sur le parking à sa future belle-fille combien l'architecture de son Relais-Top était moderne.

Attention ! Changement d'adresse pour ce blog ! Même contenu, même auteur !
C'est ici maintenant !





mardi 15 octobre 2013

le monolithe et le fauteuil orange.




Cela faisait bien déjà une demi-heure que Sébastien regardait consciencieusement les photographies noir et blanc des bédouins sur le mur. Il n'osait pas faire signe de nouveau à la secrétaire du Foyer International d'accueil de Paris la Défense qui lui avait dit de s'asseoir dans les fauteuils orange vif du hall d'accueil qu'il trouva moderne comme un vaisseau spatial. Il commençait à connaître les photographies centimètre-carré par centimètre-carré et n'avait pas réussi à comprendre leur rôle ni dénicher leur auteur. Il était venu là, suite à un projet de film qui devait se tourner le semestre prochain. Le projet était mystérieux et on lui avait bien dit de garder le secret sur tous les détails. Le On en question était Jean-François un ami d'enfance qui aujourd'hui faisait des décors pour le cinéma. Jean-François avait pensé que Sébastien ferait l'affaire pour certaines parties du film où des singes devaient intervenir. Sébastien n'était pas dresseur d'animaux mais excellait dans la pantomime et depuis longtemps il faisait l'amusement de sa famille et de son public dans des jeux alliant costumes, mimiques et imitations de tous... poils !
Il fallait pour le film, imiter des singes ou plus précisément des ancêtres des humains. C'était bien mystérieux pour Sébastien qui commençait à regretter d'avoir pris autant de temps pour sans doute rien de plus qu'un rendez-vous raté dans une tour de la Défense dont d'ailleurs il avait eu du mal à trouver l'entrée avec sa Renault 4 si au dernier moment, il n'avait pas vu la direction Boieldieu sur une pancarte verte.


Il gardait entre ses genoux serrés des images de lui lors de ses spectacles et dans sa tête l'image de ces immeubles noirs et sombres comme des monolithes étranges. La Tour du Crédit Lyonnais semblait émettre une sorte de sonorité sourde qui résonnait encore dans les oreilles de Sébastien comme un acouphène.
Il faillit ne pas entendre la voix qui l'appelait pour son rendez-vous. Une voix elle aussi étrangement sourde poussée par un petit homme barbu et chevelu aux yeux globuleux comme des billes. Sébastien compris dans cette seconde que l'homme avait déjà émis un jugement sur sa personne. C'était à la fois désagréable et puissant. Sans doute que l'accent anglais du personnage n'était pas pour rien dans cette froideur distanciée.
Sébastien donna tout. Il sauta, courut à quatre pattes, s'accrocha à la porte, se balança sur le porte-manteau en criant comme un vrai chimpanzé. Il dut même s'excuser d'avoir bavé sur des documents posés sur le bureau mais, là où Sébastien croyait en avoir trop fait, il entendait le rire de l'homme barbu et de la secrétaire.
"Come on come on great great I like it, yes !"
L'homme que Sébastien compris être le réalisateur l'encourageait.
Épuisé, en sueur, la secrétaire lui demanda son âge, sa taille, son poids, ses disponibilités. On lui fit signer un document de confidentialité pour ne pas ébruiter ce qu'il venait de faire et sans autre formalité on le mit dehors. Il sentit pourtant dans son dos la petite claque amicale du barbu réalisateur.


Sur le parvis, dans le ciel bleu, il vit alors le soleil faire un coup d'éclat en haut de la Tour. Il décida de le prendre comme un signe positif de sa future odyssée cinématographique.
Il reçut trois mois plus tard un billet pour Londres. Le tournage allait pouvoir commencer, et bien mieux que toute l'effervescence de ce tournage ce qui le ravissait le plus c'était la perspective de revoir Jean-François et de lui parler du monolithe et du fauteuil orange dans un vaisseau spatial.

N'oubliez pas d'aller voir la nouvelle adresse de ce blog ! C'est ici :

lundi 23 septembre 2013

La Honte à Fontainebleau.


La destruction en cours de la Halle de Fontainebleau restera dans l'histoire la responsabilité de son maire Monsieur Valletoux et de la Ministre de la Culture Aurélie Filipetti.
N'oubliez jamais ces deux noms associés ensemble dans la destruction du Patrimoine.
Pour le premier c'est sans doute une première, pour le second cela devient une habitude, presque une signature.
C'est une honte associée, une responsabilité historique.
Et rien ne sert de regretter si vous ne vous êtes pas mobilisés.
Voilà le résultat de la démocratie populiste française, de la Culture de gauche quand elles s'associent.
Et n'oublions pas le remarquable travail du Cabinet Chavannes qui sait travailler sur des ruines.

Le Comité de Vigilance Brutaliste.

vendredi 20 septembre 2013

lettre ouverte à Madame la Ministre de la Culture.


Nous recevons cette lettre ouverte adressée à Madame la Ministre de la Culture, nous la diffusons, nous la soutenons :

Madame la Ministre,

En qualité de porte-parole du collectif qui milite en faveur de la préservation de la halle de Fontainebleau, je viens vous dire que nous ne comprenons pas l'attitude du Ministère.

En dépit de courriers répétés, du soutien inconditionnel de quinze Grands Prix de l'Architecture et de l'Urbanisme, distingués par les ministres qui vous ont précédée, d'ingénieurs de renom international, de la S.P.P.E.F., reconnue d'utilité publique et, plus récemment, de l'appui expressément formulé par le Ministre Jack Lang, nous ne percevons à trois jours du démantèlement de l'édifice aucune réaction de votre part.

L'erreur d'appréciation manifeste qui selon nous entache votre décision d'abroger fin juillet l'instance de classement du 5 mars 2013 donne donc lieu aujourd'hui au recours contentieux et au référé que nous déposons en ce moment même auprès du T.A. de Paris.

Le collectif et l'ensemble des personnalités que j'ai l'honneur de représenter déplorent d'avoir à assumer des responsabilités qui vous incombent : la préservation du patrimoine du XXe siècle auquel vous venez lors des journées du patrimoine de manifester votre attachement.

Une conférence de presse s'improvise dimanche prochain 22 septembre au marché de Fontainebleau à 11h30 et nous appelons par cette lettre ouverte tous ceux que le sort de cette rare et précieuse nef de béton construite par Henri Bard et Nicolas Esquillan (concepteur des voûtes du CNIT à la Défense) en 1942 préoccupe à nous rejoindre place de la République, plus connue - pour quelques jours encore - sous le nom de place du Marché.

Convaincu que le différend qui nous oppose aujourd'hui ne peut que reposer sur un malentendu, j'anticipe et me réjouis de ce temps - je l'espère prochain - où nous travaillerons tous ensemble dans le même sens.

Les circonstances en offrent une occasion immédiate. Pouvons-nous vous prier de veiller à rendre exécutoire le référé suspensif - c'est-à-dire faire surseoir de quelques semaines la démolition de la halle - jusqu'à ce que le T.A. de Paris tranche définitivement l'affaire, sans doute d'ici au début du mois d'octobre ?

Veuillez croire, Madame la Ministre, à l'expression de ma très profonde et très  sincère considération.

Jean-François Cabestan
porte parole du collectif en faveur de la préservation du marché couvert de Fontainebleau

Nous, Comité de Vigilance Brutaliste nous nous joignons à ce courrier et ajoutons :

Il faut aussi, Madame la Ministre, vous occuper de tout cela, s'il vous plait :

École de Gond-Pontouvre : Chaume architecte, Prouvé constructeur.
Siège Novartis, Rueil-Malmaison : Martin Burckhardt et Bernard Zerhfuss.
Usine FAMAR, Orléans : Jean Tchumi.

Et combien d'autres ?

Et, alors que vous faîtes des déclarations en faveur du Label Patrimoine du XXème siècle, considérez que la parole politique c'est avant tout des actes.
Agissez ! C'est urgent ! 
Vous en avez le pouvoir et la responsabilité.

samedi 14 septembre 2013

votre blog change d'adresse !

Attention !
votre blog a changé d'adresse !
voici la nouvelle :

http://archipostalecarte.blogspot.fr/

et le dernier article :

Amusons-nous sur les aires de jeux de Monsieur Simon et Székely !

http://archipostalecarte.blogspot.fr/2013/09/french-playground-factory-with-jacques.html

C'est le même auteur, le même contenu bref le même blog !
N'oubliez pas de revenir de temps en temps ici car il reste actif pour les archives et les articles anciens !
Bien à vous.

mercredi 11 septembre 2013

à Fontainebleau : les journées de Destruction du Patrimoine.


Nous recevons et nous soutenons :


Les Journées du Patrimoine : deuil annoncé à Fontainebleau

Au moment où toutes les communes de France célèbrent les trésors qu'elles possèdent et rééditent avec fierté les Journées du Patrimoine, Fontainebleau se prépare à un deuil, celui de son marché couvert. Le Maire et son Conseil municipal ont en effet décidé de livrer aux pelleteuses la halle de béton achevée en 1942 par Nicolas Esquillan, l'ingénieur de renommée internationale, auteur du CNIT de la Défense, lundi 23 septembre prochain.

Il est incompréhensible que la Municipalité n'ait pas mesuré l'intérêt architectural et patrimonial d'un équipement dont les qualités d'usage sont connues de tous les bellifontains. Méconnue jusqu'ici, mal entretenue et injustement méprisée, la halle du marché s'est récemment attirée les suffrages de personnalités reconnues du monde du Patrimoine, de neuf Grands Prix de l'Architecture et de cinq Grands Prix de l'Urbanisme. Tous ont accepté d'ajouter leur nom et de cautionner l'ultime recours qui va être lancé incessamment pour
enrayer cette destruction indigne.

* les signataires :
9 grands prix nationaux de l'architecture :
Frédéric Borel, Paul Chemetov, Adrien Fainsilber, Claude Parent,
Dominique Perrault, Rudy Ricciotti, Francis Soler, Gérard Thurnauer,
Bernard Tschumi
5 grands prix nationaux de l'urbanisme :
Francis Cuillier, Christian Devillers, Bruno Fortier, Yves Lion et
Philippe Panerai.

S'y ajoute le Comité de Vigilance Brutaliste, et l'ensemble des défenseurs du Patrimoine qui restent en alerte.
pour plus d'informations :


et nous recevons aussi, et nous soutenons aussi :


"... Alors qu'une petite troupe démagogique et injurieuse, s'autorise à penser quelque chose du Patrimoine en brandissant des petites pancartes à l'égal de leur petite pensée, celle pas supérieure finalement à leur signe de ralliement, le cloporte, il est temps de réagir à l'urgence extrême de sauver le marché couvert de Fontainebleau.
Si l'objectivité scientifique et historique existe dans le domaine du Patrimoine, alors il ne fera aucun doute que les grands noms de l'architecture et de l'urbanisme* qui ont signé la lettre de soutien contre la démolition de ce qui est l'un des grands chefs-d'œuvre de l'un de nos grands constructeurs sont la preuve de la réalité patrimoniale de ce marché couvert de Nicolas Esquillan auquel on doit également le C.N.I.T.
Comment être aveugle à ce point ? Comment construire en éradiquant ainsi une forme, une pensée ? Quel architecte (et pour quelle architecture) peut ainsi penser une œuvre en supprimant celle historique existante ? Comment des autorités culturelles de la première importance peuvent ainsi revenir sur leur parole, aveuglées par les questions minuscules des petits enjeux locaux de petits boutiquiers que nous n'osons même pas nommer politiques tellement ils en sont étrangers ?
Comment alors, la foule (dont on sait toujours l'intelligence) peut ainsi se grouper derrière cette position en injuriant ceux qui ne font qu'accorder à leur propre environnement la vérité historique qu'il mérite ?
C'est la petite France.
On la connait bien.
C'est sa honte.
Et dire que nous fêterons bientôt les journées du Patrimoines et qu'on verra alors l'autorité ministérielle se promener et dire son attachement à ces journées... Et s'il n'y avait que Fontainebleau...
Sans doute que pour la première fois en France et à Fontainebleau, nous assisterons à des Journées de la Destruction du Patrimoine. C'est une nouveauté."
le C.V.B."

Et pour se réjouir, encore :



On pourrait rapidement croire en une forme similaire de celle du marché couvert de Fontainebleau mais nous sommes devant celui de Rueil-Malmaison qui a déjà... disparu !
La carte postale  Guy nous montre pourtant là aussi, une construction qui ne manquait pas, loin de là, de qualités et qui avait même fait l'objet d'un signalement par une fiche patrimoniale qui n'a donc servi à rien...
Le cauchemar !
À croire que, en Ile-de-France, dès qu'une construction moderne est repérée, elle est détruite !
Poursuivons avec ces canopées de béton qui ont marqué la France :


Cette carte postale des éditions SEPT nous montre le marché aux fleurs de Nice dans une belle photographie mettant bien en avant la construction étonnante et la vie qui sait s'y installer. Elle aussi disparue...
Et pour se rappeler si nécessaire, le talent de Nicolas Esquillan :


La carte postale Cap nous montre le très beau Centre National des Industries et des Techniques en 1960. Au verso de la carte figurent des informations sur la construction : Architectes : MM. Camelot, de Mailly et Zehrfuss - entreprises : Balency et Schuhl, Boussiron et Coignet - superficie plancher : 10 hectares, portée record du monde de la voûte : 218 m. Hauteur : 50 m.
Un peu plus proche, la carte postale Estel nous montre le Palais des Expositions au Rond-point de la Défense dans une très belle photographie :


Et encore plus près de vous :


Cette fois c'est une édition Arlux qui nous montre le C.N.I.T très animé. Là aussi une bien belle carte, une bien belle photographie pour l'un des Monuments Français parmi les plus beaux. Pas de doute qu'on assistera bientôt à sa destruction...

samedi 24 août 2013

Tous à Perpignan !



Je vous invite à venir voir une partie de ma collection de cartes postales à Perpignan à partir du 31 août et cela jusqu'au 14 septembre.
Sur l'invitation de Clément Cividino et de l'association "le Design s'expose" que vous connaissez bien sur ce blog, cette exposition sera comme une découverte, une sorte de petite dégustation bien épicée de ce que vous pouvez voir et lire sur ce blog depuis maintenant 6 ans. Il ne s'agit pas d'être exaustif, mais de voir "pour de vrai" une sélection tout à fait personnelle des architectes qui me semblent essentiels et surtout de mesurer la manière dont ceux-ci sont représentés par cet art populaire.
Presque 200 cartes postales rangées dans un quarantaine de cadres ! C'est bon ça !
Tous à Perpignan ! Le vernissage aura lieu de 2 septembre à 19h !
Venez nous voir !
Toutes les informations ici :



Pour bien comprendre :

Ce que m’auront appris les 8000 cartes postales en ma possession c’est bien que je suis un collectionneur...
Ce que m’aura révélé mon blog architectures de cartes postales c’est bien qu’apprendre est possible même au travers d’un objet modeste.
Aujourd’hui surtout classées par architectes, il serait tout aussi possible de classer ces cartes postales en les regardant sous des angles bien différents comme la photographie, le graphisme, le point de vue, le genre.
Nous essayerons dans cette minuscule sélection de rendre compte en effet des relations étroites entre tous ces arts particuliers et cet objet populaire.
La carte postale comme l’architecture contemporaine sont souvent associées à des clichés. Il faut bien dire que la production massive n’aide sans doute pas ce genre à trouver des particularités et à nous laisser croire à une culture possible de l’image. Pourtant, des expériences radicales de Claude Parent et Paul Virilio à Nevers en passant par les logements sociaux typiques du Hard French, la carte postale a su rendre compte de l’incroyable effervescence de l’architecture française pendant cette période de l’après guerre jusqu’au milieu des années 80.
Sait-on que Lucien Hervé édita des cartes postales de ses clichés pour Ronchamp ?
Et que Charles Bueb en fit tout autant et n’a rien à lui envier ?
Sait-on que Doisneau photographia le Centre Pompidou pour une édition qui ne fait que peu d’ombre aux photographes inconnus de la production de masse touristique ?
Sait-on que, parmi ces photographes moins connus, certains ont réalisé une véritable œuvre photographique, parfois documentaire, parfois artistique, posant sur des icônes architecturales ou sur des objets plus communs un regard ouvert et libre des contraintes des architectes ?
Les photographes des éditions Lyna ou Raymon ont ainsi saisi la banlieue parisienne et ont su en donner une image saisissante de calme, de joie et de beauté que la photographie plasticienne contemporaine de Martin Parr à l’école allemande de Düsseldorf ont bien du mal parfois à concurrencer...
Si l’ensemble des éditeurs et des photographes ont fabriqué pendant toutes ces années avec les cartes postales ce qui aujourd’hui est indéniablement une source documentaire c’est bien que leur liberté d’action, de choix mais aussi leur implacable ratissage des objets et des lieux  ont formé une puissance d’images que seuls aujourd’hui sans doute, des instruments comme Google Earth peuvent concurrencer.
Tout fut photographié.
Mais surtout tout fut regardé.
Et ce regard au-delà de l’image surannée que nous avons des cartes postales est bien un regard particulier, inventif, novateur et même, j’ose, d’avant-garde dans sa forme objective.
Et si la qualité de ce genre est pleine de degrés différents allant des grands noms de la photographie (Lucien Hervé) aux grands noms de la cartes postale (Albert Monier), il ne fait aucun doute que l’architecture de cette période a certainement eu la chance de croiser ces travailleurs de l’image auxquels il est temps aujourd’hui, de rendre hommage.
Ils ont inventé un genre, saisi une histoire, fabriqué un objet éditorial qui offre l’occasion de redécouvrir notre relation avec cette architecture qui a vu parfois ses ciels bleus des cartes postales s’assombrir et devenir inquiétants. 
Alors la carte postale devient un outil de militantisme pour le patrimoine, une manière de remettre dans le présent des objets architecturaux menacés.
On verra donc dans ce modeste accrochage que la carte postale a su suivre et accompagner la transformation de nos villes et de nos paysages et devenir ce que Serge Daney appelait l’image absolue.
Oui absolue...
Bonne visite.
David Liaudet

mercredi 24 juillet 2013

vers un Ministère de la Culture et de la Destruction ?


Après la guerre, une génération solide et courageuse a relevé la France sous l'appui d'un Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme.
Aujourd'hui nous serions le seul pays au monde à posséder un Ministère de la Culture et de la Destruction si on en croit le manque d'attachement de la ministre en charge actuellement du Patrimoine Moderne et Contemporain, pour lequel, c'est clair maintenant, elle semble  n'avoir aucun attachement. Un manque de... culture architecturale ?
Je propose de commencer une liste des monuments modernes morts sous le ministère actuel.
Malheureusement cette liste sera longue.
Envoyez-moi tous les bâtiments modernes et contemporains laissés sans projet, sans classement, sans protection. Cela sera comme un bombardement sur notre mémoire.
Ça suffit !
Il y a un moment où le Ministère ne mérite plus le travail de la société civile que l'on épuise par une indifférence qui est bien aussi un geste politique. Ceux qui font le travail de signalement, ceux qui simplement veulent refonder la relation entre le grand public et l'héritage moderne méritent mieux que cette politique de gestion. La Culture cela ne se gère pas, cela s'invente.
Dire qu'on se targue d'être le pays le plus visité du Monde. Bientôt les touristes viendront voir un champ de ruines ?
Madame, Madame.... il est encore temps.
Faites, enfin, de la politique.
Nous en ferons également quand on nous demandera un bulletin de vote, on se souviendra.
On n'oublie.

mardi 9 juillet 2013

une nouvelle alerte !


Un immeuble moderne d'architectes de renom promis à la destruction

PARIS, 09 juil 2013 (AFP) - Un bâtiment moderne des années 1960 réalisé à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) par les architectes Martin Burckhardt et Bernard Zehrfuss risque fort d'être détruit, en dépit des protestations de défenseurs du patrimoine, le ministère de la Culture ayant décidé de ne pas s'y opposer.
Cet immeuble appartient au groupe pharmaceutique suisse Novartis qui compte le démolir pour construire un bâtiment plus adapté à ses besoins. Le nouveau projet est confié à l'architecte Patrick Berger.
Le ministère de la Culture, interrogé mardi par l'AFP, a fait savoir qu'"il ne reviendra pas sur la décision prise par le précédent cabinet, qui avait donné son feu vert" au projet Novartis. "Le projet est trop avancé", explique-t-on.
Une "alerte internationale en faveur de la sauvegarde intégrale de ce lieu exceptionnel, de valeur universelle" a été lancée la semaine dernière par le comité français de l'Icomos (Conseil international des monuments et des sites).
Construit en 1968, le bâtiment d'acier, de tôle émaillée et de verre "affiche une modernité élégante remarquablement dessinée et mise en oeuvre" par les architectes Martin Burckhardt (1921-2007) et Bernard Zehrfuss (1911-1996), assistés "dans la pensée constructive ingénieuse" par Jean Prouvé (1901-1984), souligne l'Icomos.
Les associations Société pour la Protection des Paysages et de l'Esthétique de la France, Vieilles Maisons Françaises, Paris Historique, Docomomo (organisme de défense des bâtiments du mouvement moderne) soutiennent cette alerte.

samedi 15 juin 2013

le Patrimoine c'est aussi les pépites.

Veuillez trouver ci-joint l'adresse de la pétition pour sauver l'école de Gond-Pontouvre :
http://www.change.org/fr/pétitions/urgence-sauver-une-école-jean-prouvé-en-charente?utm_campaign=mailto_link&utm_medium=email&utm_source=share_petition

Pour ceux qui n'auraient pas encore basculé sur la nouvelle adresse du blog et suivi cette actualité, vous pouvez vous rendre sur ce message ou sur celui-ci.

Sauvons le Patrimoine Moderne.
le Comité de Vigilance Brutaliste.


samedi 6 avril 2013

dernières nouveautés : volume 2

Bonjour,
venez retrouver toutes les nouveautés de ce blog sur la nouvelle adresse !
Le Comité de Vigilance Brutaliste à Royan ou encore une question sur Jean Dubuisson !
Vite, vite !
Venez nous rejoindre sur Architecture de Cartes Postales 2.
merci de votre fidélité !