Une carte postale que Martin Parr aurait rangée dans son classeur boring postcards.
Sans doute qu'il y a quelques années j'aurais fait de même.
Mais maintenant, sur l'horizon de la ville de Montrouge, je vois surgir une silhouette que j'ai appris à connaître, aimer et que je suis allé voir.
Cette silhouette ?
la voici :
Les aficionados de Claude Parent auront reconnu la Fondation Avicenne, la Maison de l'Iran.
Regardez de nouveau cette carte postale Hachette.
Regardez comme ce bâtiment maintenant se détache clairement de son environnement, comment il construit son paysage. Il semble regarder l'église du Sacré-Cœur de Gentilly qui me fait toujours rêver à Métropolis.
La carte postale Hachette, expédiée en 1974 indique "Montrouge. L'autoroute".
Elle ne dit pas : "paysage urbain avec architecture d'art sacré moderne et architecture contemporaine puissante".
Elle ne nomme pas les architectes ni les ingénieurs du génie civil qui ont tracé l'autoroute.
Et vous savez pourquoi ?
Simplement parce que la bonne architecture sait à la fois être un événement, un signe urbain, mais aussi elle sait dans la brutalité de son apparition faire acte d'une forme d'indifférence.
Et si l'autoroute passe au pied de ces deux très belles œuvres architecturales, c'est sans doute parce que nous ne savons toujours pas comment construire en un geste unique la route et la ville mais aussi par une forme de respect de l'un et de l'autre créer ainsi un paysage, une jubilation des changements, presque (j'ose) une courbe amoureuse.
Et j'aime toujours, en voiture sur cette autoroute avoir ainsi à viser, presque militairement, mes belles constructions. Je les attends au travers du pare-brise comme lorsque je prends un ami au bord de la route à la sauvette qui devra faire vite et sauter dans la voiture le plus rapidement possible.
Comme vous aimez les belles images, je vous offre des photos de la Maison de l'Iran au moment de sa construction, photos trouvées dans la si belle revue italienne l'architettura N° 156 de 1968.