jeudi 30 septembre 2010

Jean Prouvé entre Grenoble et Lille

J'ai découvert récemment sur ce blog la fonction statistique. Celle-ci me permet de voir d'où viennent mes lecteurs, quel mot de recherche ils ont utilisé et par quel site ils sont passés.
Je m'aperçois que l'article sur Jean Prouvé à Royan reçoit un accueil incroyable surtout depuis ce site internet fort beau d'ailleurs : http://ateliernet.blogspot.com/
Alors...
Je vais tenter une expérience de fréquentation !
Voici trois cartes postales pour deux lieux qui concernent Jean Prouvé : à Lille le Palais de la Foire et à Grenoble le Palais des expositions nommé également Alpexpo.
J'ai peu de cartes postales de bâtiments de Jean Prouvé mais il va me falloir y être plus attentif.
On commence :


Cette carte postale de Lille en vue aérienne chez Combier nous montre bien la Foire internationale. On voit d'ailleurs comment la partie construite par Jean Prouvé est ajoutée, greffée à une construction.
Le bâtiment depuis cette vue n'a rien d' extraordinaire même si des yeux exercés et équipés de loupe y trouveront tout de même le jeu de métal sur la façade principale.


On pourra d'ailleurs regarder sur cette carte postale de Lille beaucoup d'autres choses comme les quatre belles barres d'immeubles, le bâtiment en cercle au fond de l'image qui pourrait bien être une gare de triage S.N.C.F ou encore le bâtiment en construction au premier plan. On remarquera aussi une trame urbaine bien lâche avec beaucoup d'espace entre les constructions.
Aujourd'hui il semble que ce morceau de ville fut remplacé par le beau Euralille.


Cette autre carte postale chez Yvon cette fois, nous place au niveau du sol. On devine là aussi bien plus qu'on ne voit le travail de façade de Jean Prouvé.
Mais une fois de plus le collage est évident avec l'ancienne construction. La carte postale est datée de 1970.
On s'étonnera de l'absence de ce projet dans notre guide vénéré qui par contre consacre un article à Alpexpo de Grenoble que la carte postale Iris pour La cigogne nous montre ici :


Carte postale très précise d'ailleurs, car elle nous indique bien les noms de Jean Prouvé et aussi de Claude Prouvé comme architectes.
La sculpture Germinal 1968 est de Claude Viseux.


On peut regarder de près cette construction et s'étonner de la transparence de l'ensemble ainsi que des pare-soleil qui semblent internes à la structure. On questionnera également la justification de l'alternance des panneaux blancs et des panneaux de verre. Qu'est-ce qui décide de leur place ?
Je vous donne dans sa totalité l'article du guide d'architecture contemporaine en France de Monsieur Amouroux. Quoi ajouter de plus ?



mercredi 29 septembre 2010

un studio, une architecture, un ermitage

Trois cartes postales suffisent-elles pour rendre compte d'une architecture ?
Certes non.
Par contre, il est certain qu'elles permettent de s'assurer que quelque chose se passe là. La photographie laisse passer les détails, des petites choses qui font sentir le lieu et nous invite à en construire les manques, en deviner les ambitions. C'est un exercice à la fois difficile mais en même temps inévitable cette manie qu'à notre cerveau de compléter, ajouter et parfois... occulter.
Mais ce qui manque est souvent aussi rattrapé par la réputation des architectes et certains noms vous assurent de certaines formes, certaines réflexions et certaines qualités.
Voyez :




Ces trois cartes postales nous montrent l'Ermitage de Clamart construit en 1975 . Nous le montrent surtout pris dans son parc avec pour les deux vues extérieures une bonne moitié de la surface de l'image prise par la verdure.
C'est logique vu la fonction du bâtiment, on ne peut le reprocher au photographe des éditions France Publicité. Mais on peut aussi penser que cette verdure est le fruit de l'implication du bâtiment dans son terrain et là c'est bien le travail des architectes qui en est la cause.
Les architectes ? L'agence Architecture Studio. (Merci Archiguide)
On peut maintenant regarder.
La forme : des arêtes vives, une géométrie stricte, des imbrications, des débordements, des retraits, des percées régulières, des décrochements, des pilotis. Une certaine massivité.
Des matériaux : du béton gris et blanc, du gravier sur les terrasses, des huisseries blanches sur des ouvertures généreuses, du jaune et surtout le rouge puissant d'une céramique en petits rectangles.
On remarque que l'intérieur joue du même vocabulaire.
Tous cela sent le brutalisme tempéré, la franchise des formes en regard du programme, une volonté de suivre l'héritage moderne autant de le Corbusier que de Henri Sauvage.
C'est beau.
Mais j'aime aussi comment ce lieu d'une expression moderne se voit doucement atténué par les habitudes, les détails de vie.
A l'extérieur une petite table de fer et deux fauteuils de paille et de rotin au rouge adéquat.
Des vasques de fonte du siècle passé avec des pétunias... rouges.
A l'intérieur un vase de céramique avec des glaïeuls posés là, on ne sait pourquoi, comme une attention délicate, le désir de réchauffer un peu.
D'ailleurs je n'aime pas les lampes boules qui débordent des jardinières, trop hautes sur leur piquet.
Mais mon œil glisse sur la droite de la carte postale. Il est attiré je ne sais pourquoi par un détail, la ligne rouge d'un radiateur.
Rouge encore.
Et cette attention à la couleur dans ce lieu de repos me dit une attention des architectes.
Exactement comme la diffusion douce mais présente de la lumière venant de la gauche.
En fait, simplement de l'architecture.

lundi 27 septembre 2010

des nouvelles, de Royan

La plus belle ville du Monde vue depuis quelques nouvelles cartes postales :



Cette édition de L'Europe nous propose un point de vue intéressant. La ville semble bien avancée mais restent encore quelques traces de chantiers juste sous nos pieds à droite en bas. On peut penser que nous sommes sur cette résidence des congrès de Monsieur Simon architecte.


Il s'agit d'une carte postale Artaud pour Gaby.
Revenons à notre carte postale des éditions de l'Europe qui nous permet de voir l'église mais aussi, moins connu, cet immeuble fort intéressant également de Monsieur Simon architecte d'une facture plus classique à la Perret :


On change de quartier et on se retrouve rue Gambetta :


L'ombre longue nous indique que nous sommes l'après-midi.
La ville est belle, toute neuve. On voit la belle courbe et aussi la pente légère. La carte postale qui nous met à la hauteur du piéton est une édition d'Art Videau.

Le bus vient d'arriver à l'église.


Monsieur Gillet, l'architecte de cette merveille, est bien nommé sur cette carte postale Cap en Réal-photo.
Ciel, autos, noir et blanc, font de cette carte postale l'une des plus belles de ce monument.
Une autre car je sais que vous aimez ça :


Parfait non ?
Une chose assez drôle, cette carte postale des éditions de l'Europe nomme l'église cathédrale, ce qui est une erreur assez commune.
Sauf que la correspondante reprend cette erreur en questionnant : "Où sont les belles cathédrales d'antan ?"
Mais sous vos yeux Madame !
La carte fut expédiée en 1960.
On revient sur le front de mer :


Depuis le portique dont la rambarde apparaît dans le cadre en bas à gauche on voit bien l'animation du bord de mer sur cette version coloriée des éditions Maison de la Presse.
La Ds Citroën est suivie de près par une 403 Peugeot. Les enfants jouent sur des petites carrioles attelés de chevaux, la plage est bien occupée également. Une joie de vivre finalement.
La carte fut expédiée en 1965.
Poursuivons notre promenade :


Cette vue d'ensemble du front de mer nous montre sur l'horizon courbe l'église et nous permet d'apprécier également l'auditorium de plein air.
Certainement que, à l'aller comme au retour, les enfants aimaient passer là à la recherche du ballon multicolore, de la bouée canard ou mieux du petit voilier en bois.
Cette carte postale Iris fut expédiée en 1978 mais je crois la prise de vue bien plus ancienne.

dimanche 26 septembre 2010

Chicago, Beatles et Marina

Alors que j'ai choisi ma bande son, un album des Beatles acheté ce matin, Por Siempre, et que le tourne-disque Saba répand les mélodies joyeuses et mélancoliques depuis deux ridicules hauts-parleurs fatigués, je fais un petit retour en arrière, retour pour moi en images sur Chicago.
Surtout le Chicago de Marina City qui reste décidément une icône incontournable.
Les cartes postales vont tenter de vous emmener en promenade depuis le ciel et les étages dans cette ville que je ne connais pas.

Aerial view :


la carte postale Dexter nous montre nos deux belles tours depuis le ciel ; Il faudrait un livre complet sur Chicago pour dire ce qui l'entoure. On remarquera le décalage des deux tours l'une par rapport à l'autre, n'étant pas placées chacune au bord de la rivière. on remarque aussi le peu de distance qui les sépare du bâtiment juste derrière, ça passe mais ça passe juste !
La carte postale fut expédiée le 19 juin 1965 et l'architecte Goldberg n'est pas nommé.

The varied architecture is a constant pleasure to view.


C'est vrai. L'éditeur Dexter a raison et nous propose cette autre carte postale de Chicago. On retrouve bien Marina City avec une énorme publicité sur le parking. L'annonce de la vente des appartements ?
La carte postale est datée de 1964, la photographie est de Penrod. Toujours aucun signe du nom de l'architecte.

Bleue.


La carte postale Pitt nous dit en anglais que Marina City est un complexe résidentiel et de commerces et qu'il est l'un des plus photographiés de Chicago, qu'il se distingue par un dessin de deux tours circulaires devenues la marque de Chicago.
Oui.
La belle photographie est de Bob Glander. Nous n'avons ni date ni nom de l'architecte.
Tout de même quelle beauté... Et comme il doit être curieux le vis-à-vis des voisins d'une tour à l'autre !

Tiens maintenant P.I.L, Bad Life.

Sur le sol.


En février 1964 cette carte postale Cameo est partie de Chicago vers Evreux.
On y voit le plus haut building de Chicago (à l'époque) commencé en 1952 il fut achevé en 1955 et a coûté 41 000 000 de dollars. Avec ses 41 étages, il atteint la hauteur de 926 pieds. (183 m ?)
Le correspondant qui a déjà passé trois semaines à New York nous dit qu'il n'est pas ici dépaysé et que les américains sont accueillants. Oui.
Il dit que son séjour sur la base d'Evreux (base américaine) y est certainement pour quelque chose.
C'est juste.

Depuis ce Prudential Center on voit :


Cette carte postale Dexter nous place en effet sur le toit du Prudential et nous montre la ville nuit tombante, avec sur l'horizon le remarquable John Hancock center.
Dans un lyrisme assez marqué, l'éditeur nous dit que les éclairages des buildings forment une lumière chaleureuse accueillante pour les visiteurs.
Eh oui...
La carte postale est datée de 1968 mais ne nous donne pas le nom de l'architecte du Hancock center : Bruce Graham

The world's tallest building....
En 1978 !


Quelle merveille !
Malévitch, Malévitch, en vrai !
Écrasant, radical, épouvantablement strict, absolument attendu, l'image même du building international.
J'aime ça.
Rien à ses pieds ne lui résiste, il écrase.
Vas-y, Vas-y ! Écrase moi cette ville, bouscule et prends ta place !
Infini, monte monte monte !
Et que tes arêtes soient coupantes, tes verres occultés, tes ascenseurs sifflants !
Merci à Bruce Graham, Skidmore, Owings and Merrill.
La carte postale parfaitement éditée est de Dexter Press et la photographie de Larry Witt.

plus plat :


Certainement un immense... hommage à la nouvelle Galerie Nationale de Mies van der Rohe.
The Mac Cormick Place-on-the-lake est un centre d'exposition dû au cabinet d'architecture C.F Murphy (Gene Summers).
Le rapprochement avec la galerie de Mies à Berlin est évident même si l'échelle et le programme n'ont pas grand-chose à voir ! Mais Mies van der Rohe a beaucoup construit à Chicago.
La carte postale Aero distributing Co nous le montre d'un peu trop loin mais son échelle finalement ici donne son ampleur.

samedi 25 septembre 2010

François Morellet en Tunisie


Lors d'une grande rétrospective de son œuvre en Tunisie, le grand artiste François Morellet séjourna dans cet hôtel luxueux à Skanès, la Résidence Shems.
On le reconnaît bien sur cet agrandissement :


Alors qu'il était assis là attendant ses bagages et le commissaire de l'exposition, il ne put s'empêcher d'admirer le très beau travail de carrelage du hall d'entrée fait de milliers de triangles noirs et blancs offrant à l'artiste une jubilation cinétique abstraite qui le réjouit au plus au point.




L'œil exercé de notre artiste français remarqua comment le carreleur avait réussi à jouer des angles et des brisures optiques faisant de cette difficulté une sorte de programme et de contrainte qui ne pouvaient que se rapprocher de celles que s'impose Monsieur Morellet lui-même.
Le soir, un peu fatigué, François Morellet dans le restaurant de l'établissement fut tout aussi surpris et joyeux du carrelage de cette salle. Il pris un carnet et se décida à faire de cette journée de rencontre avec le carrelage tunisien une œuvre.
De retour en France, il oublia un peu ce séjour et ce n'est que quelques années plus tard, à la faveur d'un rangement dans son atelier afin de retrouver une sérigraphie demandée pour une exposition Bonus au Mans organisée par des étudiants d'une école d'art qu'il retrouva le carnet tunisien.
Là, devant ses notes et croquis, mêlant souvenirs d'enfance et notes prises sur place, il se mit au travail.


Il appela ce travail quand j'étais petit je ne faisais pas grand reprenant ainsi des travaux des années cinquante, ici 1952.
Il est toujours passionnant de voir comment l'artiste joue de tout ce qui l'entoure, le reprenant, le retravaillant et cela avec humour et plaisir.


Désolé Monsieur Morellet, mais je n'ai pas pu résister...
La carte postale de la résidence est une édition Société Carthage sans date.
La carte postale de l'œuvre de Monsieur Morellet est une édition Paris Musée et fut expédiée par Claude en 2007 (merci Claude). Les taches sur cette carte postale sont soit ennuyeuses, soit superbes comme le mélange hasardeux du travail de Fabien et Florian.
Cet article est pour eux.

vendredi 24 septembre 2010

la ville fait ses pointes

Dans les villes, des sculptures sur les ronds-points, dans les jardins, sur les parvis.
Dans les villes, souvent sur les pointes, souvent triangles, elles décorent, animent, occupent.
Dans les villes, elles sont tellement modernes.
Dans les villes et sur les cartes postales, objets photogéniques, étranges, incongrus.
Dans les villes, elles apparaissent, disparaissent, chef-d'œuvre du 1% français.
Dans les villes aussi allemandes et suédoises.
Dans les villes parfois fort belles, souvent fort laides et souvent anonymes.

Quelques-unes :

Haumont (Nord) Grand-Place, édition de l'Europe.
les enfants autour du bassin à l'ombre de la grande équerre blanche. Veste de blazer grise et short trop court, mains sur les hanches, tous en polo rouge...


Thionville (Moselle)
le monument, place Marie-Louise.
une édition Combier en Cimcrome, expédiée en 1973.
Œuvre de l'industrie locale offerte par les métaliers ?
Le jaune de la Renault 8 trafiquée et les parasols au balcon.
Tourner autour en voiture doit être un spectacle cinétique et moderne d'une grande qualité.


Caluire-Montessuy (69)
Place Gutenberg
Structure métallique, œuvre de M. Roger Lorin
Carte postale la Cigogne expédiée en 1979.
La sculpture ? Elle me fait penser aux tableaux en fils tendus que nous faisions dans les années 70 au centre aéré Renault.
Mais, à bien y regarder, elle est aussi une belle expression structurelle comme une démonstration d'une forme gauche pour une construction en paraboloïde hyperbolique.
Au fond, le quartier de Montessuy serait l'œuvre de René Gagès, un grand architecte dont nous avons parlé déjà ici.


Staty : "grön Eld" av Vicky Lindstrand.
Järnvärgstorget, Umea.
On traduira comme possible : sculpture "le feu vert" par Vicke Linstrand.
Je regarde surtout le peu de transparence du verre, le tapis de fleurs de cosmos et la belle modénature des façades faisant la perspective.
La forme de ces morceaux de verre pourrait être une maquette de gratte-ciel contemporain.
Ça vrille, tourne, grimpe entre courbes contrariées et verticalité affirmée.
Une édition Grako.


Stuttgart
Anlagen, Schlossgartenhotel und Bahnof.
Certainement la plus belle sculpture de cette série mais qui reste pour l'instant sans nom de sculpteur.
Un inox brillant se plie et se brise en un éclat métallique. Repris par son reflet dans le bassin aux jets d'eaux éteints mais offrant le cercle, le carré, le losange sur un parvis dégagé.
Une géométrie urbaine au service aussi de l'architecture superbe de la gare de Stuttgart malheureusement menacée...

jeudi 23 septembre 2010

compléments, ajouts et autres détails

Les cartes postales n'arrivent que rarement en lot, bien rangées par architecte ou par lieu.
Il m'est donc nécessaire de temps en temps de revenir sur des architectures et des cartes postales déjà publiées.
Alors un peu de manière confuse, mais aussi finalement comme un parcours dans un paysage, voici des architectures que les plus fidèles auront vues précédemment. Mais toutes ces cartes postales sont ici inédites...
Allez hop !




On retrouve d'abord la Société Pernod et sa Pernoderie que nous avions vues ici. L'architecte est Monsieur Willerval.
Les cartes postales sont des cartes de visite, vendues en souvenirs ou offertes aux visiteurs de la Société. Elles sont d'une taille supérieure à la normale (10x15cm) et toutes des photographies de Monsieur Francisco Hidalgo. Il fait un travail de couleurs étonnant, jouant du flou, pastillant de brumes colorées les lieux. On peut y voir une sorte d'hommage à la polychromie généralisée dans l'établissement.

Et là :


La vue multiple vous donne un peu de pittoresque et surtout une vue des jeux superbes du Group (e) Ludic déjà vus ici par exemple. (voir la gare de triage à droite)

On remarquera sur ce détail que deux garçons sont habillés exactement de la même manière, peut-être des jumeaux, ou des parents au sens pratique bien développé !
Les jeux, eux, continuent de me fasciner. Je les trouve vraiment très beaux. A nouveau, on constate le sens esthétique des V.V.F à cette époque et la curiosité des photographes pour ce type d'objet entre design et sculpture.
Un must :


Cette carte postale sera bientôt historique, elle l'est déjà.
Le Forum des Halles ici est bien photographié faisant socle à Saint Eustache. On peut à l'envi, plonger dans la transparence de la verrière au premier plan, glisser sur le très beau morceau que représente l'escalier, s'interroger sur le volume jaune vif à droite et aussi se demander à quoi servaient les Algéco visibles ici :


Le trou des Halles était-il encore en chantier ?
La carte postale Yvon nous donne bien le nom des deux architectes messieurs Vasconi et Pencreac'h, elle est datée par l'expéditrice de 1982 mais de l'éditeur de 1979.
On retrouve cette architecture du Forum des Halles ici par exemple. Et ne pas oublier d'aller lire l'excellente lettre de Monsieur Pencreac'h ici.

mercredi 22 septembre 2010

arlequin 5



Dans la cour de l'école hôtelière où il venait d'arriver, il avait tout de suite repéré un peu au loin et seul ce jeune homme qui, comme lui, avait l'air d'arriver tout juste d'on ne sait où.
Pourtant, il n'alla pas le rencontrer, lui parler ni même croiser son regard, il devait juste attendre que la secrétaire pédagogique vienne le chercher.
Lui, il venait d'un village du Loir-et-Cher tellement français, tellement typique, qu'on aurait pu croire ce village fabriqué de toute pièce pour des décors de films de Chabrol, des cartes postales.


Dans cette ville de Neung-sur-Beuvron, rien d'extraordinaire n'avait marqué sa vie mais ce petit ordinaire avait aussi ses bons côtés et il avait grandi là en paix jouant avec les copains sur la place du village pendant toute son enfance.
Mais le temps était venu de "faire sa vie" comme lui avait dit sa grand-mère et il avait choisi l'hôtellerie autant pour la promesse de voyages possibles que par désir de suivre l'exemple du cousin Serge dont il avait été si proche, parti depuis déjà six ans sur le France comme serveur.
Alors il était là, attendant qu'on lui montre sa chambre d'apprenti. Il était un peu fatigué et avait hâte de poser sa valise.
Il fut à la fois surpris et gêné quand il vit la secrétaire pédagogique qui passait d'abord prendre l'autre type puis le rejoindre tous deux ensemble.
Des sourires, des poignées de mains et des banalités polies et les voici tous les trois se dirigeant vers le dortoir sous un ciel bleu zébré des lignes blanches des bimoteurs transatlantiques.............


............Il lui avait bien dit : "si tu vois la serviette rouge à la fenêtre c'est que la voix est libre, fais tout de même gaffe au gros Tonio à la réception, il est trop curieux."
L'un avait été nommé ici comme Maître d'hôtel dans le cadre d'un stage professionnel et linguistique, l'autre profitait de ces vacances, libéré de son propre travail au Novotel de la Grande Motte. Leur vie était ainsi encore marquée parfois par des kilomètres mais bientôt ils se l'étaient promis, ils auraient leur affaire.
Ainsi leurs retrouvailles devaient passer par ce type de rendez-vous un peu romanesque alors qu'ils n'avaient envie que d'une seule chose pouvoir vivre enfin leur histoire.
Il décida de faire de ce moment une histoire drôle et un souvenir dont ils riraient tous les deux dans quelque temps. Il était comme ça, c'était son caractère de toujours voir dans les instants les plus durs, les bons côtés. C'était aussi ce qui solidifiait leur couple cette manière de voir la vie, l'un toujours posé et bien droit, l'autre plus fantasque et plus léger.


Alors il passa dans le hall de l'hôtel Barbados, la tête haute avec un fou rire qui ne put éclater que dans l'ascenseur.
Car le Gros Tonio était en fait un gringalet affublé d'une tête incroyablement disproportionnée qui faisait de ce groom une sorte de personnage de bande dessinée, un pied nickelé trop sage.
Il appuya sur le 9 de l'ascenseur et il savait que les quelques secondes qui le séparaient encore des retrouvailles seraient les plus longues du monde.
Il s'amusa également du chiffre 9 qui était toujours présent dans leur histoire et crut comprendre que cette fois ce n'était pas un hasard si l'étage et le numéro de la chambre 909 étaient ainsi soulignés.
Car après tout, il n'était pas le Maître d'hôtel stagiaire pour rien et il lui était aisé depuis sa nomination ici de faire un peu comme bon lui semblait.
Le couloir un peu long était tout de même éclairé par le soleil bien franc de Mallorca qui teintait de bleu la moquette orange formant des ombres étranges.
Chambre 909, il frappa trois fois trois coups .....................................


...............Ils avaient entendu parler de cette affaire par une annonce dans le journal officiel de l'hôtellerie française.
Tout convenait à leur projet.
La région d'abord était celle d'origine de l'un deux, le Languedoc et Montpellier en particulier.
Puis la taille de l'établissement, ni trop grand ni trop réduit offrant des possibilités d'aménagement. En plus il était bien situé dans le nouveau quartier du Polygone, dynamique et fréquenté.
Ils aimaient le confort moderne et tout sur cette place leur permettait à quelques pas de l'hôtel d'avoir accès à cette vie.
Ils avaient arpenté la galerie du triangle, regardé les chaussures chez Bally et acheté enfin ce petit pull rose qu'ils avaient repéré deux jours avant aux Galerie Lafayette. Ils le porteraient chacun leur tour.
Ils n'avaient pas encore pris de décision mais dans leur silence complice sur leur avenir, ils savaient déjà qu'ils feraient un morceau de leur vie ici. Les ombres étaient longues sur le parvis et le ciel presque blanc annonçait une soirée orageuse.
Peut-être prendre encore le temps, simplement d'aller boire un verre en terrasse.
Demain c'est certain, ils seraient installés ici.


Les architectes de l'école hôtelière du Touquet-Paris-Plage sont messieurs Dufetel et Quetelard, la carte postale est une édition La Cigogne. Nous avions déjà vu ce bâtiment superbe ici.
La carte postale de Neung-sur-Beuvron est une édition Diffusion 2000 ! datée de 1981.
La carte postale de l'hôtel Barbados à Mallorca Magaluf est une édition CYP.
La carte postale du Triangle Antigone à Montpellier est une édition de la Palette expédiée en 1990.

mardi 21 septembre 2010

Hilton brésilien



Deux cartes postales du même hôtel Hilton avant qu'il ne change de nom pour Ipiranga 165.
Deux cartes postales nous montrant un édifice aux caractéristiques bien marquées proposant une implantation épousant parfaitement la parcelle triangulaire puis agissant comme un socle qui offre un nouveau sol à une tour cylindrique.
Le balcon ainsi dégagé se verra transformé en jardin et piscine, immense terrasse à personnalités fortunées rêvant au cœur de la ville sur une sorte de perchoir luxueux.
L'ensemble ne manque pas d'ailleurs d'élégance et il faut dire que, oui, j'irais bien y boire un verre.
Surtout...
Surtout que de ce belvédère, je pourrais à loisir regarder un immeuble superbe et célèbre dessiné par Oscar Niemeyer.
On s'étonnera que finalement le toit de la tour ne soit pas à son tour (oui..) aménagé en terrasse.
Certainement que le bruit des évacuations de la climatisation est un peu... trop présent !
Les architectes de ce Hilton seraient (rien n'est moins sûr) messieurs les architectes Bregman et Hamann.
Mais je m'interroge sur le point de vue.
D'où ces deux photographies ont-elles été prises ?
Sur ces deux images la barre d'Oscar Niemeyer n'est pas visible ce qui pourrait laisser croire que c'est depuis cette barre que le photographe s'est placé.
Mais l'angle me semble inadéquat.


J'opte pour la croix verte car au bord inférieur gauche des deux cartes postales on devine un bâtiment avec des lignes blanches et noires en alternance comme la façade de l'immeuble sous la croix verte. La distance est bonne également mais vous m'objecterez les zoom photographiques !
Avez-vous une idée ?