jeudi 19 juillet 2012

Drancy Hard

Certainement parce que plongé dans le passionnant Reconstruction Déconstruction de Bruno Vayssière (Merci Didier Mouchel), je m'égare à nouveau dans le paquet "Hard French" et "chemin de grue" de ma collection, se regroupent presque toutes seules trois cartes postales de Drancy.
Regardons ce qu'elles nous disent :




















Cette vue générale de la Cité Paul-Eluard, du groupe scolaire Roger Salengro, de la Cité Gaston Roulaud et enfin de la tour Fernand Péna est une édition Mage. Une image presque une icône de cet typologie urbaine française. Marcel Lods est l'un des architectes de cet ensemble. Ne faisons pas semblant. C'est hard. Devons-nous pour autant regarder cela sur une chaine cryptée ?
N'oublions pas que, les images, toutes les images, ne sont que des images et les excitations ou les déceptions prises à leurs observations ne vaudront jamais l'expérience de les vivre.
J'aime l'œuvre de Marcel Lods. J'aime sa profonde rigueur. Mais l'addition des volontés de bonheur ne produisent pas forcément les images du bonheur. ici nous pourrions au moins voir les espaces intersticiels, la rupture avec un urbanisme de place et d'avenue ordonnant un point de vue. Nous pourrions aimer cet espace public ouvert que seule la gestion (ou son absence) des automobiles vient contrarier. les autos devraient toujours être considérées comme une pièce supplémentaire du logement et à ce titre aujourd'hui produire une architecture qui, au lieu de l'oublier et au mieux de la cacher devrait l'intégrer comme une autre dimension du logement : un patio mobile !
Nous pourrions également depuis cette hauteur de l'image se réjouir des proximités des lieux publics. Nous pourrions aimer les parcs et les jardins. Nous pourrions.
Descendons un peu :



















La Cité Paul-Vaillant-Couturier est vue depuis le sol un rien rèche de son aire de jeu un rien pauvre et brutale. Les genoux écorchés aux descentes des balançoires, les pains au chocolat offerts pour calmer les cris des bambins ainsi égratignés, tout cela sans doute est de la faute des architectes. Mais la nounou est là, les deux fillettes s'amusent  au pied de l'implaccable barre. C'est une belle architecture et sévère aussi.
On devine les plaisirs des glissements dans les tuyaux de béton. On devine comment cela répond aux déambulations dans les couloirs des appartements. On s'interroge de l'apprentissage des espaces et des volumes par des jeunes enfants passant ainsi de l'aire ludique à l'aire public et commun. Ce qui se libère là sous les cheminements des tubes et ce qui est retenu dans les cages d'escaliers ! Les cris possibles, les chaussures sales et un espaces ou la géométrie n'ordonne rien d'autre que l'imagination. Si l'un avait pu être le prolongement de l'autre, si l'un avait pu être le refuge de l'autre c'est certain, nous aurions la plus belle des architectures.
Plusieurs vues :


















La carte postale le dit tout haut sur fond vert et orange : le nouveau centre ville.
En trois images, effectivement nous voyons (un peu difficilement) l'une des opérations les plus remarquables de renouvellement urbain en France.
La carte postale des éditions Mage nous donne les informations suivantes : Place Maurice Thorez par Mr Coulon paysagiste, le Centre administratif par G. Maurios et la rénovation du centre ville par O. Girard (et Edith Girard en fait, oubliée par l'éditeur !)
Il ne fait aucun doute qu'une attention particulière a été donné à une recherche volumétrique puissante et sculpturale qui s'exprime dans un modelage des façades spectaculaire. Cela n'est pas sans me faire penser à un paysage de la ville du Mans lui aussi tout à fait remarquable de ce point de vue. Je vous ferais un jour un article sur ce lieu étonnant !
Mais revenons à Drancy.
La carte postale n'est pas datée et il est difficile vu son graphisme de lui donner une période précise. Mais Architecture d'Aujourd'hui (décidément !) nous sauve la mise. On trouve en effet un long article sur le projet non encore réalisé avec un texte d'Olivier Girard que je qualifierais de poétique tant ma difficulté à en saisir l'essentiel démontre mes méconnaissances et mon plaisir à l'abstraction ! L'article de la revue date d'octobre 1981 donc la carte postale est postérieure.

G. Maurios, architecte

Olivier et Edith Girard, architectes

Edith et Oliver Girard, architectes