mardi 30 mars 2010

Sarcellopolis ? lisez le !



Je viens de terminer la lecture d'un ouvrage exceptionnel.
Sarcellopolis de Marc Bernard.
Ecrit en 1963 par ce journaliste, il relate ses impressions de nouvel habitant de la ville nouvelle.
Sans a priori mais aussi en toute franchise, il dit la vie dans ce lieu tout neuf qu'est le nouveau Sarcelles sortant de terre sous les ordres de l'architecte Labourdette.
C'est émouvant, drôle et cela offre une vision de la ville encore valable en grande partie aujourd'hui. Une vision sereine.
C'est un témoignage absolument indispensable.
Je vous propose quelques extraits et quelques cartes postales de Sarcelles que, pour une fois, je ne commenterai pas laissant ainsi la parole à Monsieur Marc Bernard. Merci Monsieur.
Sarcellopolis
Marc Bernard
éditions Finitude
isbn-978-2-912667-72-4
17 euros
Achetez le et surtout lisez le !


éditions Mage, expédiée en 1992




éditions Combier, Boulevard Carpeaux.




éditions Guy, le parc central.


éditions Mage, architectes Boileau et Labourdette et Cie
oeuvre de Caroline Lee



éditions Combier, expédiée en 1966, le parc central

au stylo-bille, la correspondante se localise...

lundi 29 mars 2010

la rafale de Reims, un livre enfin.



Depuis longtemps j'envisageais de faire un livre avec les nombeuses photographies que nous avions prises de la rafale de Reims.
Grâce à mon nouvel ordinateur et aussi grâce à mon apprentissage de celui-ci auprès d'Alan Aubry, j'ai pu enfin concrétiser ce désir.
La rafale de Reims Croix-Rouge était un centre commercial. Il était l'autre centre commercial intéressant de Reims avec celui de Monsieur Claude Parent dans un autre quartier de la ville.
Celle-ci possédait donc là un patrimoine exceptionnel d'œuvres architecturales et donc logiquement elle décida de les détruire...
Je me souviens si bien de ce jour, où notre guide à la main, Claude et moi avons découvert stupéfaits la rafale.
Il s'agissait d'une chose totalement inédite en France, un pont commercial reliant deux plateaux d'un quartier. Dessous la circulation des autos jouait le jeu des eaux des fleuves sous les ponts habités de la Renaissance. Au-dessus, une passerelle couverte avec de chaque côté des boutiques de toutes sortes et même un petit supermarché.
L'ensemble d'un dynamisme et d'une force absolument grandioses se découpait en colonnes gigantesques de béton comme des piliers d'autoroute au dessin plus proche du génie civil que d'une architecture commune.
Les poutres jaillissantes achevaient de faire de ce lieu une œuvre particulièrement originale, forte et brutale.
Certainement l'une des œuvres majeure d'un brutalisme architectural à la française.
Mais...
Notre émotion passée, en photographiant sans relâche le vaisseau, nous apprîmes sa destruction future, coupable qu'il était des problèmes du quartier.
On le sait quand les politiques urbaines des quartiers échouent, n'accusez pas les politiques, accusez les architectes, vous aurez tout le monde derrière vous... Et cela que vous soyez de gauche comme de droite. Mais un jour, il n'y aura plus d'architecture à accuser et les foules crédules sauront voir les responsabilités.
La rafale nous y sommes retournés trois ou quatre fois pour en garder des images. Claude Lothier en numérique, Alan Aubry en argentique et moi-même en stéréoscopie, ce qui me permet aujourd'hui, les yeux dans ma visionneuse de voir pour l'éternité les magnifiques volumes de la rafale en trois dimensions et en profondeur.
Vous savez : j'ai de la chance.
La rafale était un chef-d'œuvre de messieurs les architectes Damery, Vetter et Weil de 1972.
4000m2 répartis en 18 boutiques.
Ceux qui tiennent encore à l'architecture moderne de la ville de Reims feraient bien de surveiller l'extraordinaire faculté des lettres de Messieurs Dubard et de Gaillarbois. Vous verrez qu'un jour aussi on lui reprochera quelque chose.
Soyons vigilants.
Stop au massacre d'un patrimoine moderne.

Le livre est imprimé à la demande grâce à une fonction Mac. S'il vous intéresse, je vous indiquerai son prix.












dimanche 28 mars 2010

les chaises, les architectes, les fesses


Nous sommes à Pleaux au centre de vacances familiales devant le bar.
Nous sommes en 1985 et Coco prépare son matériel pour la pêche de demain.
Il fait chaud et les enfants sont dans la piscine juste en face, ce qui fait qu'on peut les surveiller d'ici en buvant une petite bière.



Oui.
Moi je me souviens de cette mode des couffins en osier pour les jeunes mamans de cette époque. On les voyait trimballer ainsi les nouveaux nés avec fierté dans un mélange de vieux sentiments hippy et libertaires, comme si soudain l'enfant des années quatre-vingt devait être baladé dans cet esprit un peu vain de liberté, celui aussi de Moïse lâché sur les eaux.
Combien de mes étudiants, alors braillards et aux couches sales sont allés ainsi de l'arrière de la Renault Cinq au Caddie du supermarché...
Mais.
Mais de cette image, ma petite fabrique intérieure me dit encore et toujours : "regarde la forme des chaises et celle du toit, regarde"
Oui.



Quelque chose dans cette chaise en plastique joue parfaitement avec ce toit en paraboloïde hyperbolique.
Quelque chose d'une souplesse, d'une torsion qui permet une rigidité suffisante pour porter du poids.
Et alors que j'ai toujours détesté ces chaises de plastique, ici je leur trouve une réalité constructive, une idée de ruban souple assez judicieux et efficace.
Je me pose alors la question du rapport que les architectes ont avec nos fesses.
Quand Marcel Breuer dessine son fauteuil Vassily le voit-il aussi comme une structure porteuse qui dans une autre vie aurait pu, au lieu de soulager nos derrières, maintenir sols et plafonds ?
Je me souviens, ayant dû démonter un de ces fauteuils, avoir eu du mal à retendre la structure métallique qui offre une tension invisible au dessin. Voilà bien une question d'architecte !
Et Zaha Hadid (je vous aime) avec une banquette inouïe n'offre-t-elle pas l'occasion comme un géant de simplement s'asseoir sur une maquette de ce qui pourrait être une de ses constructions ?



Un été, je me rappelle avoir fait des photographies en stéréoscopie d'une de ces chaises de jardin, la voyant alors de près et l'œil glissant comme une architecture de Monsieur Niemeyer.
Voyez, voyez comme je m'amuse parfois (sérieusement), et pour voir en relief, croisez vos yeux et concentrez vous sinon....




samedi 27 mars 2010

le Couteur encore



Nous avons déjà sur ce blog évoqué le travail de Monsieur Le Couteur architecte.
D'abord parce qu'au Mans une très belle barre s'allonge le long de la Sarthe et que, tous les ans, nous avons plaisir à y emmener les étudiants.
De beaux piliers, des façades différentes aux grilles magnifiques font de ce bâtiment une des œuvres majeures de cette ville.
On regrettera que le beau vide corbuséen sous les piliers fut comblé il y a peu pour gagner quelque mètres-carrés, rompant ainsi l'un des beaux principes modernistes.
On peut voir sur cette carte postale cette belle barre au deuxième plan. Vous pouvez aussi voir là pour les retardataires.
Il s'agit d'une édition Georget-Dolbeau pour Jipé.
La carte postale localise le quartier en parlant du port !
Je n'avais jamais pensé à ce mot pour Le Mans.


Sur cette autre carte postale, Monsieur Le Couteur est associé à messieurs Appert et Herbé.
Nous sommes à Villeneuve-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine.
Nous sommes en couleurs naturelles grâce à un cliché de Claude Lebegue.
Je me suis perdu sur Google Earth et je n'ai pas réussi à retrouver le point de vue.


Pour finir une église à Ermont dans le Val d'Oise.
C'est la Chapelle Notre Dame des Chênes.
Une église qui semble nous dire " je suis une église" comme pour bien se différencier des barres blanches juste derrière.
Finalement une forme peu intéressante, un peu pataude. Mais certainement que le creux intérieur de cette pyramide d'ardoise peut nous réserver des surprises.
Allez voir et allez savoir...

Pierrefitte-sur-Seine

La honte.


mercredi 24 mars 2010

Argenteuil sur Royan


Hier nous étions à Argenteuil.
Aujourd'hui nous sommes à Argenteuil !
Je retrouve cette jolie carte du marché avec son ambiance bien marquée.
Et puis il y a cette forme de toit qui n'est pas sans me rappeler le marché de Royan.
J'avoue que c'est un peu moins bien peut-être mais comment ne pas rapprocher ces formes l'une de l'autre.
Le goût pour le coquillage de béton a traversé la France pour se retrouver là, un peu moins ouvert.
Là, il ne fait pas bâtiment mais toit seulement.
La carte postale est encore une belle carte Lyna.
De beaux moments :


Elle n'est pas datée.
Regardez aujourd'hui, j'aime bien cette image :


mardi 23 mars 2010

avoir Pignon sur rue

Souvent, sur une carte postale un élément et un seul vous capte le regard et chaque fois que vous reprenez l'image, immanquablement c'est cet élément qui surgit.
Devinez ce qui, sur cette image, est cet élément :


effrayant non ?


Cette grosse tête sculptée m'emmène à la fois vers les surréalistes mais aussi vers les grotesques italiens de la Renaissance.
Nous sommes à Argenteuil, avenue Gabriel Péri.
Très vite on trouve sur internet toutes les informations sur cette œuvre d'Edouard Pignon sur une architecture de Monsieur Dubrulle pour une maison des jeunes.
Malgré la qualité du travail je ne peux m'empêcher de penser que cela a dû bien faire peur à quelques enfants !
La tête déchiquetée aux yeux grands ouverts a dû laisser chez certains habitants d'Argenteuil des souvenirs bien étranges.
On remarquera que le photographe de la carte postale Lyna ne serre pas trop le sujet et laisse la fresque dans son coin. Ce que je pense être finalement sa juste place dans la ville comme le reste des constructions. En n'appuyant pas sur ce "détail", il lui donne toute sa dignité.
C'est assez rare que de telles interventions artistiques prennent le pas sur des constructions architecturales avec cette vigueur. Le bâtiment disparaît dessous comme un simple socle dont d'ailleurs il ne faut pas oublier de regarder la beauté simple.
Il semble aussi qu'Argenteuil ait aimé la sculpture car je trouve dans mes cartes postales celle-ci :


La carte postale nous dit qu'il s'agit de "la fleur dans la cité", une œuvre de Roland Brice. Il s'agit d'une édition Lyna, une fois de plus (expédiée en 1972).
Je ne connais pas ce sculpteur mais il semble qu'il a dû bien aimer le travail de Miro. On remarque quelques enfants au pied de la sculpture et même une petite fille juchée dessus.


Derrière, un collège ou un lycée semble d'un point de vue constructif assez intéressant.
Mais aujourd'hui la sculpture a l'air un peu triste et abandonnée, et surtout, pas entretenue.


Mais je retrouve Edouard Pignon bien plus près de chez moi, à Saint Etienne du Rouvray. Devant le collège Picasso, il a posé une œuvre.



Chaque fois que je la vois je pense aux graffittis.
Quelque chose dans le dessin, les lignes, me fait penser à un graff. Et en même temps, je l'oublie.
J'aime beaucoup par contre dans cette image le moment où la grille des fenêtres du collège s'entrechoque avec les lignes de la sculpture-peinture.



Deux univers qui semblent se repousser et en même temps trouver là une raison d'être.
L'un croyant toujours être le faire valoir de l'autre.
La carte postale ne possède ni date ni nom d'éditeur.

samedi 20 mars 2010

international monumental

J'ai hésité un peu, me disant que ces monuments dans leur grandiloquence pourraient peut-être vous ennuyer, vous lecteurs.
Mais les formes, toujours les formes, me ramènent à une nécessité de partage car tout de même il y a dans le mélange de l'inutilité constructive et de la beauté structurelle quelque chose d'important.
Commençons :


Nous sommes à St-Louis aux U S A devant le Gateway Arch.
La carte postale nous donne ça :
Jefferson National Expansion Memorial
The Gateway Arch soars 630 feet into the sky above St Louis. Designed by Ero Saarinen, it Symbolized St Louis' victoric role as Gateway to the West.
Oui, Saarinen.
C'est simplement superbe. Une forme déployée, retombante mais qui propose pourtant un élan incroyable. Là aussi les techniciens ont dû bien travailler. Et cela pour dessiner le plus beau vide (!) possible.
Il semble que l'on puisse monter à l'intérieur de cette courbe, cela doit être bien surprenant comme expérience architecturale !
Et maintenant :


Depuis l'Iran sur la place de Khayam, cet étonnant monument dédié à un poète iranien, Omar Khayyam.
J'avoue que j'aime beaucoup ce croisement de lignes brisées parfois. Il s'agit là d'un savant découpage ou d'un tissage de brins de béton s'entrelaçant pour réaliser une ogive qui rappelle peut-être de manière un peu péremptoire quelque construction gothique.
Malheureusement pas de nom de sculpteur ni d'architecte !
Pour finir un monument un peu plus connu :



Nous sommes devant le Mémorial des Martyrs à Alger.
Ne croyez pas que je me sois trompé en vous mettant deux fois la même carte postale car si vous êtes attentifs, et vous l'êtes, vous aurez remarqué qu'il s'agit bien de deux clichés différents !
Les voitures ne trompent pas.
J'aime assez cette construction voulant allier des voiles de béton assez lyriques à un dessin très... spatial, un rien fusée interplanétaire.
J'aime beaucoup comment la vigie est placée dans la forme. C'est élancé, virevoltant.
Peut-être qu'un tout petit plus de hauteur...
Mais le défi est déjà gigantesque et superbe.
Reste tout de même que de ces trois monuments, celui de Saarinen demeure par sa simplicité formelle certainement le plus spectaculaire. Parce qu'il n'hésite pas entre une construction fermée (abri) et un signal. Il est une ligne visitable, pénétrable, qui doit à son échelle la possibilité d'offrir un intérieur.
C'est je crois dans l'architecture un des rares cas où la ligne devient au sens premier du terme une architecture offrant à la fois le dedans et le dehors, liant stabilité et équilibre, mathématique et liberté ; mais surtout déterminant un vide découpé dans le ciel et le paysage, au point que finalement c'est ce vide qui est bâti.