lundi 9 juillet 2012

croire, croire ce que l'on voit


















On pourrait y croire.
Regardant la vallée à ses pieds, la nouvelle église de Tignes des architectes Pantz et Fay, offre un point de vue magique sur une montagne un peu floue.
Son toit qui remonte en pointe n'est pas sans évoquer celui plus complexe de Ronchamp. Bien campée sur la rocaille, la petite église s'inscrit ainsi dans son paysage, jouant de sa similitude formelle avec la nature tout en étant clairement une construction. Sans doute se veut-elle modeste mais fière dans le même instant.
Du moins... c'est bien ce que nous laisse croire cette incroyable construction d'image par S. Rimmer son photographe. Car ici, c'est bien la maquette de l'église que nous voyons, maquette posée sur un morceau de paysage aux sapins en liège, paysage à son tour placé devant le réel de la montagne. Le noir et blanc tente bien d'égaliser l'ensemble, de produire un collage invisible mais le leurre ne fonctionne que très mal et c'est bien là la poésie de cette carte postale. La mise au point de l'objectif photographique fait la part belle au premier plan mais n'arrive pas à faire la netteté du second...
La carte postale nous donne une autre information : l'entrepreneur est Louis Anselmo et l'ensemble est daté de 1959.



















Du même éditeur et de cette même église nous avions déjà vu cette maquette. Mais je vous propose encore un autre point de vue, cette fois inédit ce qui prouve qu'une série complète avait dû être produite autour du projet de construction de cette église de Tignes.


















La référence au Corbusier est évidente même si l'ensemble est bien moins complexe, plus calme, plus tempéré. Mais cela depuis cette image ne manque pas d'audace. On regardera le détail du toit qui laisse un léger espace entre lui et le mur, une fente tout le long. L'aspect ainsi de bloc doit être contrarié par la visite interne qui doit révéler des luminosités inattendues. On devine comme à Ronchamp un autel extérieur ici :

























Je ne possède par malheur aucune carte postale de cette église construite ! Et ne trouve aucune image dans mes livres pourtant nombreux sur l'architecture sacrée !
Espérons que ce vide n'est pas le signe d'une bouderie sur cette église !
Je vous promets que, dès que l'occasion s'en présentera, nous reparlerons de cette église pour à nouveau tenter de l'inscrire dans le réel.