Il s'agit sans aucun doute d'une des pièces maîtresses de ma collection.
d'abord par l'objet architectural en question : l'école de plein air de Suresnes par Marcel Lods et Eugène Beaudoin architectes.
Puis par l'objet éditorial : un carnet de cartes postales parfaitement éditées.
Pour le premier :
L'école de plein air permanente est le lieu où l'expérience hygiéniste et progressiste est la plus aboutie.
Partout l'attention est portée à la lumière et à l'espace, et l'architecture semble au propre comme au figuré se plier à ces exigences finalement bien... naturelles.
L'idée c'est l'épanouissement de l'élève par un rapprochement physique avec les éléments et en même temps son instruction dans une sorte de havre de paix en dehors de la vie urbaine.
Toutes les cartes postales de ce carnet nous montrent parfaitement ce glissement toujours possible entre un espace intérieur et un espace extérieur. On ne sait plus si c'est la nature (un parc...) qui pénètre l'école ou au contraire l'école qui cherche à s'étendre.
Cette indifférenciation nous l'avions déjà un peu perçue dans la carte postale de l'appartement de la Cité Radieuse ici.
Pour faciliter ce glissement les architectes Beaudoin et Lods ont multiplié les cheminements et brisé les murs en des paravents géants. En quelque sorte, l'architecture devient mobilier de jardin que l'on déplace à son gré et à celui des enseignants.
Ce que les photographies ne disent pas c'est le vent léger qui soulève les pages des cahiers, les guêpes qui franchissent les abords et menacent gentiment les enfants et les sons extérieurs venant visiter à leur tour les classes.
Mais aussi la visibilité toujours des uns et des autres, le spectacle de chacun jouant ainsi son rôle parfaitement sous les yeux de tous... La transparence...
Reste une expérience certainement à ce point unique, belle dans sa facture, idéale dans son rêve.
Qui nous racontera sa vie d'enfant dans ces lieux ?
Quel instituteur ou institutrice nous dira comment mettre au coin un élève récalcitrant dans un parc arboré ?
Je plaisante.
Mais si on regarde les images, on ne peut que regretter je crois de ne pas avoir eu ainsi de pataugeoire, de belle planète géante pour apprendre le monde, de bain de soleil pour prendre des couleurs en attendant les vacances.
Si les images disent vrai parfois, alors ici on entend les rires des enfants, on sent les cerisiers en fleur en faisant sa dictée, on voit son petit frère au loin prendre son bain de soleil.
Tiens, si nous reconstruisions une école de la sorte...
Pour ce qui est de l'édition, le carnet est en véritable photographie et René Gallois éditeur a fait œuvre ici bien plus qu'une simple édition populaire d'un véritable reportage sur la vie de l'école.
Quasiment toutes les cartes sont animées et on ne sent pas les poses. Il semble que le programme des architectes fut bien à l'œuvre. On n'oubliera pas de regarder le très beau mobilier scolaire qui serait également l'œuvre des architectes. Tout à l'unisson...
Parfois quelques regards sont tournés vers le photographe mais ils sont surpris.
C'est simplement magnifique de vie, d'espoir et d'utopie réalisée.