Des champs de ruines qu'il a fallut rebâtir.
Voici deux cartes postales montrant les travaux en cours.
Commençons par l'embouchure du fleuve avec le Havre :
Nous sommes devant le Bassin du Commerce et les nouveaux immeubles dans une superbe édition Bellevues en véritable photographie.
Voyez comment le photographe essaie d'apporter du pittoresque avec sa ligne de barques au premier plan, rejetant ainsi la reconstruction à l'horizon.
Une ligne de terre, une ligne de barques, une ligne d'eau une ligne de baraquements, une ligne d'immeubles, une ligne de ciel.
On devine parfaitement les baraques sur le quai en face avec le linge qui sèche. On perçoit aussi, toutes grues dehors l'effervescence d'un chantier gigantesque qui ne sait pas encore qu'il rentrera dans le patrimoine mondiale de l'UNESCO.
Au dos une date au stylo hésite entre 1950 et 1956. Tante Jeanine écrit à Suzanne dans une orthographe relative : "tu peut voir ma petite Suzanne le changement aux Hâvre. Ses l'amérique 10 étage et les loyers a 45 mil par année. Bons baiser."
Oui l'Amérique et pour pas cher ! Mais est-on en 1950 ou 1956 ? le chantier était-il aussi avancé en 1950 ?
Rouen est un peu plus construite. On pourrait même d'un regard furtif ne rien voir du chantier. Pourtant l'œil rapidement lit bien que tout cela est neuf et inachevé.
La rue Jeanne d'Arc continue encore de monter vers la gare en bleuissant les toits.
La photographie au bromure est colorisée à grands coups de pochoirs malhabiles, des roses, des jaunes et des bleus pour l'ardoise.
La volumétrie a peu changé finalement depuis.
Mais il faudrait courageusement à la loupe lire rue par rue, façade par façade et faire monter le doute de cette pérennité.
Au moins 50 ans depuis...
une édition Lapie, service aérien.