dimanche 6 décembre 2009

Diogène

Voici pour ceux qui seraient un peu fatigués par l'architecture moderne et contemporaine des moyens d'habiter un peu... particuliers, historiques ou franchement frustes.
Commençons par le commencement :



Nous sommes au Musée de l'Homme à Paris. Il s'agit "d'une reconstitution d'une cabane acheuléenne dans la grotte du Lazaret à Nice il y a 130 000 ans. "
Le cliché est de Rémi Péquignot pour Yvon éditeur.
Pourrait-on y trouver une référence à une architecture contemporaine ? Il faudrait trouver un bâtiment construit sur une structure solide et orthogonale, aux piliers solidement plantés dans le sol, à la façade non porteuse (mur-rideau, mur-peau de bête) et construit avec des matériaux pris sur place. L'ensemble devra en plus être adossé, voire installé dans un volume construit existant comme ici la grotte. Cherchons...
Là, il s'agit simplement de s'installer dans le naturel, l'existant le vivant.


édition Combier

Un tronc d'arbre creusé par sa propre vie ou un peu aidé et hop ! une porte et vous voilà installés. C'est simple, économique et certainement écologique ! Mais un peu petit. Voici ce que nous en dit l'éditeur : "La Haye-de-Routot, Eure. If millénaire mesurant 12 mètres de tour. A l'intérieur a été élevé une chapelle qui fut bénie le 9 avril 1866 par Mgr Devoucoux.
Par nos Aïeux il fut planté
cet arbre que l'on a respecté.
gens de tout sexe et de tout âge
qui reposez sous son ombrage
Bénissez Dieu qui l'a créé
Et tout ceux qui l'ont conservé."

Un peu plus construit et surtout parfaitement post-moderne, je vous conseille la réplique du cheval de Troie !


édition Keskin Color Istanbul

Alliant la chaleur du bois à une intimité un peu claustrophobique, le cheval de Troie se déplace et va même à l'assaut. La cuisine dans la tête du cheval et la suite parentale dans la cabine sur le dos, le cheval de Troie avec sa hauteur permet aussi une visibilité et une respiration bien ouvertes. On peut aussi le voir comme un coffrage pour un coulage de béton bien calculé.
On finit avec le plus philosophique mais aussi le plus alcoolisé de nos abris : le tonneau géant.


Si Diogène avait cédé à la vraie vie à l'ombre, il aurait sans doute aimé s'installer dans cette version luxueuse et spacieuse de sa barrique. Et puis au fond du local, une petite réserve de vin ici de 1 700 000 litres et de la place pour 500 personnes.
Non, vraiment trop grand pour Diogène !
Nous sommes en Allemagne, à la Dürkeheimer Fass.
Alors si aucun de ces modèles d'architectures ne vous convient, nous reprendrons notre recherche de constructions disons plus traditionnelles avec d'autres cartes postales.

mise en abyme

De Vélizy-Villacoublay voici trois cartes postales du même lieu, le centre commercial.
On peut s'étonner de la nécessité d'une telle multiplication. On peut aussi y voir le signe de son importance.
Un éditeur de cartes postales, Yvon ici, ne se trompe que rarement et sait souvent ce qui peut se vendre. On peut aussi arguer que les trois points de vue sont simplement des hésitations de sa part.`



D'un peu en dehors d'abord le photographe choisit de ranger son image par horizontales successives et fait passer le toit de bois ondulé du centre commercial sur les barres d'immeubles en mettant la verdure au premier plan qui signe toujours une qualité de vie espérée.
Le petit manège se retrouve alors au centre de l'image disant aussi une joie de vivre et l'animation du quartier à l'image d'une place de village.
Puis le photographe s'avance et stationne sous le petit toit de bois.


Là, il se tourne vers la droite et génère un espace grâce à des lignes fuyantes. Les passants vaquent à leurs occupations, faire les courses, acheter le journal. L'ombre de l'auvent distribue l'espace et les piétons semblent vouloir s'en contenter. On devine les frêles piliers qui soutiennent cette architecture commerciale qui offre le bois en contraste chaleureux du béton blanchi des barres. Tout est moderne, neuf et parfaitement convivial comme sur les images et dessins d'architectes et d'urbanistes dessinés au rotring.
S'avançant alors le photographe produit une mise en abyme. Il photographie le marchand de journaux et de tabac.




Là, au premier plan le tourniquet à cartes postales et sur ce tourniquet les cartes postales représentant le marchand de journaux et de tabac avec au premier plan un tourniquet à cartes postales représentant le marchand de journaux et de tabac....
Mais pourquoi diable éditer une carte postale de ce débit de tabac ?
Est-ce un arrangement commercial avec ce commerçant ?
Mais j'aime en tout cas ce morceau de vie enregistré et ce mouvement incessant entre l'image et sa propre représentation.
Et puis en allant acheter France-Soir, on aura permis à Sandrine de faire un petit tour de manège et qui sait on aura aussi acheté une carte postale pour la marraine en Lorraine et lui montrer combien on est heureux ici à Vélizy-Villacoublay.
Mais peut-être que le buraliste saurait encore nous dire le nom des architectes de cette galerie marchande ?