Nadège Quintallet est une de mes anciennes étudiantes aux Beaux-Arts du Mans.
Elle y développa un travail méticuleux et poétique, sur les interstices urbains, les épaisseurs des villes, les épidermes du sol.
Parfois une peinture qui s'écaille sur une porte lui suffit, parfois un morceau de bitume ramené à son domicile fait sa joie et la nôtre.
Presque rien.
Maintenant Nadège est à Grenoble et poursuit son travail en le penchant vers l'architecture. Ses séjours en Amérique Latine lui ont appris à reconnaître son goût pour une économie de moyen, faire avec ce qui est là.
Je vous propose grâce à cette carte postale qui est aussi un carton d'invitation de voir une de ses propositions.
Pour les rencontres artistiques de Chaillol inscrites dans le parc national des écrins, notre artiste nous propose un abri sous herbes.
Découper le sol herbu, le faire glisser comme un morceau de moquette sur une charpente de bois et générer ainsi simplement un abri, presque une cabane.
Elle joue de toutes nos images : maisons aux toits végétalisés, maison de Bilbo le Hobbit, caverne, tanière d'ours ou refuge de berger.
La terre dégagée de son herbe se recouvrira bientôt à nouveau. Rien n'a vraiment bougé, presque tout a sa place d'origine.
C'est évidemment dans l'air de notre temps écologique, mais Nadège n'écrit pas ici un slogan. Elle agit plus sûrement comme Robinson Crusoé par nécessité.
Elle se glisse sous le sol comme on se glisse sous une couette, parce qu'elle y trouve un espace. Donnez-lui la ville et elle soulèvera les murs, passera entre le papier peint et le plâtre juste pour voir si là aussi il n'y a pas un espace.
Et aussi, comme pour ne pas déranger, elle est du côté de la politesse des lieux.