mardi 8 décembre 2009

Audace, Monsieur Korady et Monsieur David architectes

En écoutant en boucle (mon mode d'écœurement) la chanson d' Ultravox, the Voice, je me décide malgré une fin de journée un peu morose de vous montrer ce qui vient d'arriver aujourd'hui.
Ça :


Nous sommes devant la maquette de l'église Saint-Jean de Dole.
Les églises contemporaines ne sont pas rares en carte postale ni d'ailleurs les maquettes mais avouez que là tout de même c'est palpitant, non ?
Regardez comme la maquette nous dit bien la paraboloïde hyperbolique du toit, la résille de la charpente !
Somptueux non ?
Suis-je le seul à jubiler d'un tel document ?
La carte postale des éditions de l'Est est très prolixe puisqu'elle nous donne : architectes messieurs David et Korady, sculpteur : monsieur Calka, 1er prix de Rome, professeur à l'école des Beaux-arts de Paris.
On a aussi le nom du photographe Monsieur Géo Gaignou.
La carte postale est en véritable photographie.
Je me souviens bien de ma surprise de voir surgir cette église à ma gauche lors d'une promenade dans la région et d'avoir pu y pénétrer grâce à d'aimables paroissiens venus y préparer la messe et qui nous ont ouvert l'église.
J'y avais d'ailleurs trouvé ces autres cartes postales :










Oui ! C'est beaucoup ! il faut croire que les paroissiens, les architectes et les éditeurs aimaient bien cette église qui, il me semble me rappeler a obtenu le Label Patrimoine du XXème siècle.
C'est mérité.
Audace technique, audace formelle c'est un beau bâtiment bien marqué par les interrogations mécano-techniques de son temps avec aussi ce lyrisme sans crainte, cette joie presque naïve d'une forme pour elle-même. Ça monte vers le ciel en tendant la grille des forces de la charpente qui dans son "caissonnage" propose un effet superbe et chaleureux.
Comment dire ?
Il s'agit d'un art de l'espace de la technique et de son audace mise au service d'un rituel. C'est époustouflant d'ambition.
Il faut au pied de la bâtisse voir la double courbure vous mentir en permanence en contre vagues et puis à l'intérieur la fascinante régularité perturbée du bois. Comment une grille peut-elle être gauchie avec cette solidité et cette tension ? Tout tient dans ce duo.
J'imagine leur fierté... Ils pouvaient.
Et le couvreur ! Il doit encore en parler à ses enfants !
J'avais trouvé aussi dans l'église un petit guide de l'histoire du bâtiment et on peut y lire et voir cela :





Mais il semble que Monsieur Korady fut un amoureux de ce genre d'architecture.
Voyez :



Nous sommes à Grisy-Suisnes, devant l'église Notre Dame des Roses à Brie-Comte-Robert.
Là aussi, l'architecte se jouait de la double courbure mais il coiffait cela du fidèle clocher. Je n'ai que cette carte postale et je la garde jalousement. On retrouve bien les éléments de Dole, triangles et courbes d'ardoises. Si j'avais un classeur sur l'audace Monsieur Korady y serait bien représenté.
Je note que ces deux réalisations de monsieur Korady ont droit à un petit article dans notre guide d'architecture contemporaine en France par messieurs Amouroux, Crettol et Monnet.
C'est bon signe.