Alors voici une carte postale étonnante car faisant la promotion d'une crèche réalisée par le cabinet d'architecte BMC 2 en 2005.
D'abord l'objet :
Une vraie carte postale avec au recto une photographie d'une construction. Au verso, un titre et une localisation, la crèche du jeu de l'oie à Versailles ; on nous donne le nom du photographe, Monsieur Jean-Marie Monthiers.
Sur une séparation verticale entre correspondance et adresse on trouve les noms des architectes messieurs Arnaud Bical, Laurent Courcier, Remi Martinelli-architectes. C'est inscrit !
Il y a même l'adresse : 15 rue Martel à Paris 75010, le téléphone : 01 53 34 03 36, je vous épargne le fax, et l'adresse courriel je vous la donne : bmc2@wanadoo.fr
C'est donc bien complet. Sont imprimées les lignes pour l'adresse et le timbre.
Donc une vraie carte postale soucieuse d'informations concernant les architectes et les manières d'entrer en relation avec eux.
Une carte postale publicitaire certainement éditée pour diffuser le travail de cette équipe.
Comme aucune information n'émane ni de la crèche, ni de la Mairie de Versailles il ne s'agit pas d'une carte postale municipale, ni d'une carte postale pour tourniquets de Maisons de la Presse car il n'y a pas de nom d'éditeur.
Il me faudra entrer en contact avec les architectes pour comprendre leur choix de ce mode de diffusion qui, s'il nous réjouit ici, est peut-être une peu étonnant aujourd'hui.
Mais nous savons nous aussi jouer de ça...
Certainement un petit plaisir éditorial de l'agence qui nous donne à nous ici beaucoup de joie !
L'architecture :
Visible uniquement par la photographie de Monsieur Monthiers, nul doute que ce fut un choix bien décidé avec les architectes et donc une image qui doit nous dire beaucoup de choses de cette construction.
D'abord une frontalité mettant en avant le jeu des horizontales contrariant un rien le choix d'une carte postale en positon... verticale !
Il y a là un plaisir au cadrage, une manière de caler la construction, de jouer de sa géométrie très dure.
La bande de ciel en correspondance directe avec la largeur des bandeaux de façade ferme pourtant l'image, voulant que le bâtiment entre pleinement dans son cadre, utilise au maximum la surface de la carte postale.
Il est question ici de nous montrer surtout le jeu réussi des couleurs assez étranges surtout posées sur les stores qui semblent bien être LA particularité mise en avant.
Formant une alternance ombres-couleurs et une autre horizontales-diagonales la façade laisse peu lire les fonctions.
On devine à peine le jaune pourtant vif des gardes-corps.
Le photographe a aussi joué de l'ombre d'un arbre sur le sol comme d'une reprise des motifs sur les stores. Tout cela semble vouloir aplanir l'ensemble dans un réseau coloré, une surface égalisant le sol, le ciel, le bâtiment.
Seul détail révélant la fonction de la construction : les jeux des enfants.
Il est sans doute impossible aujourd'hui de produire une carte postale avec des enfants dans le cadre avec nos stupides restrictions du droit à l'image. On imagine les complications de demandes d'autorisations parentales pour que le chérubin puisse apparaître sur la carte postale !
Donc la crèche est vide...
Comment dire les cris des enfants dans la cours, comment dire les activités, les joies, bref l'animation ?
Avec dans le cadre de l'image, les jeux des enfants abandonnés. Tristesse...
On a tellement l'habitude sur ce blog de voir l'animation des enfants sur les jeux dans des cartes postales plus anciennes qu'ici c'est un peu dur. Mais les architectes et le photographe n'y peuvent rien. C'est notre époque...
Que voit-on du bâti ?
Un immeuble sur trois niveaux identiques aux larges ouvertures disant son désir de lumière ; cette lumière certainement parfois un peu drue est parfois diminuée par des stores largement dimensionnés dont on a déjà évoqué la qualité décorative et l'animation de la façade qu'ils procurent.
Il est question aussi certainement d'atténuer la rigueur un peu froide (ou bien plus certainement la peur de cette rigueur) du métal et béton d'ailleurs ici très beau par exemple sur le volume du toit.
Là aussi, on devine une terrasse aménagée et utilisable pour les enfants (?).
Les photographies sur le site des architectes nous révèlent bien mieux les plans de l'ensemble et on y découvre un très grand sens de la couleur. C'est, oui, très beau.
Alors une fois de plus si une image n'est pas une visite, elle reste un point de vue. ce point de vue lorsqu'il est à ce point celui des architectes peut permettre d'apprendre beaucoup sur leur propre représentation de leur architecture et finalement sur la manière dont elle devrait habiter la ville.
C'est donc à la fois dans ce cas trop peu pour voir et juger la construction et déjà beaucoup sur le sens du travail de l'agence BMC 2.