Cela pourrait être une carte postale de banlieue banale.
Des immeubles en enfilade, des lampadaires et des autos aussi un peu comme ça garés de ci de là.
Une carte postale de Rosny-sous-Bois éditée par Raymon, la rue de Strasbourg.
Tout est calme finalement et la correspondance au verso est tout aussi sereine, rien de plus que d'habitude, la météorologie, le retour qui s'est bien passé, les salutations amicales.
Mais voilà.
Une présence.
Rien qu'une et tout ce paysage se redéfinit, se personnalise.
Nous avons un héros.
Il est là les jambes bien écartées pour se tenir solidement dans son lieu et les bras croisés pour dire son sérieux et son attention à ce qui se passe.
5 ans ?
6 ans ?
Et puis il regarde le photographe, il le surveille presque. Il est chez lui.
Et l'ombre venant presque le toucher ne lui fait pas peur, et même elle agit comme un merveilleux cadran solaire dont la pointe de l'ombre d'un lampadaire agira bientôt pour signifier que son heure à lui est arrivée.
Le garçonnet doit avoir le soleil dans l'oeil ainsi deux astres se toisent. Soleil et oeil.
Ont-ils discuté le photographe et lui ?
Y a-t-il eu arrangement pour sa présence sur cette carte postale ?
Et si, encore aujourd'hui, un homme savait que là au fond d'un placard sur une carte postale il est photographié.