Mais c'est aussi souvent là que se joue sa véritable portée sur nos vies.
Certains bâtiments hurlent à la cantonade "I am a monument" et d'autres tranquillement affichent leur époque, leurs influences et font finalement le décor de nos vies.
Il suffit qu'ils rencontrent un architecte un peu inspiré, simplement au fait de l'actualité d'un style et les voici petits tambours des grands événements architecturaux.
C'est un peu le cas ici :
Nous sommes à Stains devant le cinéma du Globe. Nous sommes en 1964 si on en croit les affiches de cinéma qui nous proposent Monsieur avec Gabin ou un western la fureur des apaches.
Sans aucun doute j'aurais choisi le western.
Mais regardons ce cinéma.
Oui, vous avez raison ce n'est pas un grand chef-d'œuvre mais tout de même n'a-t-il pas raison d'avoir été un peu fier d'être une proue de navire art-déco, louchant un peu, comme ça vers un Mallet-Stevens du coin ?
Il ne démérite pas ce cinéma portant fièrement en lettres rouges son nom. La nuit tombée, comme il devait être beau...
J'ose à peine vous montrer ce qu'il est devenu.
C'est tout simplement triste.
La dernière séance a dû avoir lieu il y a longtemps maintenant.
Alors un jour un type ou deux viendront là une carte postale à la main et ils interrogeront les passants.
Mais non personne ne saura ce qu'il est devenu ce cinéma.
A moins que, accoudée au rebord de sa fenêtre entre ses géraniums et son chat, une dame, elle, se souvienne qu'elle venait là avec son mari voir Gabin. Ah... Gabin...
Et puis avec un léger sourire, elle refermera sa fenêtre à cause du bruit et ainsi mettra un terme à la conversation.
La carte postale est une édition P.I expédiée bien tardivement en 1974 (!) mais elle ne nous dit pas que monsieur Gridaine serait l'architecte de ce cinéma ni ce qu'il y avait à l'affiche cette année-là.