mardi 22 mai 2012

Learning Las Vegas and Marseille

Parfois les noms permettent d'étranges rapprochements que les images accentuent.
Mais aussi, ne soyons pas dupes, ces rapprochements sont volontaires et sont l'œuvre de brainstormings copieux dans des boîtes de communication.
Là, entre la machine à café, la table ovale et au milieu des corps légèrement échauffés, des idées fusent sur la manière de nommer les entreprises, les commerces.
Comment appeler un supermarché ? Comment nommer une entreprise de vente en hyper ? Comment faire de ce moment qu'est l'achat un moment festif qui pourrait même vous faire croire que vous ne venez pas là pour donner votre argent mais pour en gagner ?
La solution :

édition Demara Géant Presse Marseille
















Géant Casino !
Non mais !
Puis quoi encore ?
Géant c'est la taille. Dire que c'est géant c'est dire que c'est spectaculaire, exceptionnel, inévitable. Dans ma jeunesse "c'est géant" voulait dire "wahou !" "Super !"
Casino c'est l'exotisme, le rêve, une vie de stars, de cinéma. Casino c'est la chance au rendez-vous, le hasard élevé en espérance, l'argent qui coule à flot (dans un seul sens...), une ambiance feutrée, bref la scène d'un James Bond...
C'est l'arnaque.
Alors il faut bien que la forme corresponde à la nomination. Il faut bien que, en plein après-midi du jeudi du mois de février à Marseille, vous puissiez en allant chercher le paquet de couches-culottes, le déo des dessous de bras et le tube de mayonnaise vous croire un peu là :

Stardust resort and Casino




















Laaaaaaas Vegassss !
Laaaaaaas Vegassss !
Mais ici, dans la ville du jeu, on ne rigole pas. Ici le néon rouge brille autrement plus haut, autrement plus fort.
Ici c'est ouvert 24 heures sur 24 pas de 10h à 10h !
Ici les voitures sont vachement américaines. Ici la mafia tient les cordons de la bourse. 

Pourtant le Casino de Marseille fait briller les néons de nuit tout pareil, annonce par une flèche sa présence. Car, de jour la tristesse d'une architecture de boîte à chaussures ne ferait pas une belle carte postale, car la distance entre le modèle américain et la réalité brutale de l'indigence de cette architecture commerciale nous ferait revenir de nos rêves. Au dos de la carte postale du Géant Casino la correspondante indique que David Alexandre Winter et Gilles Marchal sont venus faire un gala. Des chanteurs de supermarchés donc qui doivent faire rêver les consommateurs marseillais d'un Franck Sinatra viril. Et d'une croix la correspondante indique le magasin de son père sous le mot géant "Géant". 
On a, finalement, l'enseignement de Las Vegas que l'on peut. Learning Las Vegas but understanding anything....