Nous allons grâce à ce petit objet imprimé voir deux très belles réalisations d'architectes importants et extrêmement talentueux.
Ces deux réalisations se trouvent au même endroit à Paris sur le campus de la Cité Universitaire.
Voyez :
Il s'agit du Collège Néerlandais que l'on doit à Monsieur Dudok. Tout s'accorde là encore pour faire un beau et rare document.
D'abord l'architecture d'une volumétrie impeccable et tendue aux lignes claires. Pour moi, voici l'exemple type d'une architecture pour bande dessinée belge même si l'architecte est... hollandais !
Le dessin est parfait et chaque détail dans sa légèreté et sa netteté nous donne à voir une construction épurée, fonctionnelle et aussi très sensuelle.
Regardez la justesse des proportions, comment les ouvertures jouent avec les pans aveugles, comment les lignes cernent et bloquent l'ensemble offrant des effets de masse et des fentes en bandeau.
Tellement archétypal !
Le collège fut achevé en 1938. On pourra retourner ici pour voir d'autres merveilles de Monsieur Dudok ou simplement se rendre en gare de triage à droite de cette page.
Une autre merveille :
Nous sommes devant un chef-d'œuvre de Le Corbusier, la Fondation Suisse.
Certainement l'un des bâtiments de l'architecte le plus juste quant à ses doctrines modernistes et aussi l'un des plus radicaux.
Quelle construction ! Quelle image !
J'aime tout particulièrement ici aussi la diversité des traitements des ouvertures passant des fenêtres carrées isolées et très espacées à un pan de mur en pavés de verre, ou encore au rez-de-chaussée à l'ouverture totale par une grande baie.
Comme chez Dudok, la jubilation de formes au service d'une fonction créant le registre spatial et volumétrique, sorte de jeu cubiste.
J'aime aussi les contrepoints : le gros volume parallélépipédique des chambres est posé sur pilotis, la tour des escaliers est posée sur un volume blanc percé d'une fenêtre carrée, le petit hall d'entrée est brisé.
Tout cela contribue à une vibration géométrique très abstraite mais jamais inutile.
Magnifique.
Je m'attarderai aussi un peu sur la qualité de ces cartes postales. Le noir et blanc tiré très doux sans contraste fort et avec un grain visible donne une vision apaisée de ces deux constructions qui pourraient être un peu austères. La lumière est celle dirons-nous d'un jour d'hiver au ciel uniformément gris.
Une sorte de nostalgie bienveillante totalement maîtrisée par le très grand imprimeur d'art Draeger qui fut aussi ici le photographe de la carte postale de la Fondation Suisse. La belle prise de vue du Collège Néerlandais est due à Fréon (?) .
J'aime aussi le couple de messieurs en imperméables lisant un document et qui ajoutent eux aussi dans leur anonymat un rien de mystère, le début d'une histoire.
Par contre difficile de dater ces images. On pourrait être, vu l'automobile, dans les années 40 mais tout aussi bien au début des années cinquante.