vendredi 3 septembre 2010

Jacques Kalisz, évidemment !

Merci à Charles Beuzit de l'association des résidents de Central Parc de nous apporter l'information concernant l'attribution de Central Parc à Nanterre.
Il s'agit de Jacques Kalisz !
Ne manquez pas d'aller voir le site consacré à la vie dans cet ensemble, c'est instructif, joyeux et souvent superbe comme par exemple la très belle série de photographies prise depuis les fenêtres des habitants.

jeudi 2 septembre 2010

petite suite berlinoise

Je vous propose une nouvelle visite du quartier Hansaviertel de Berlin.
Nous l'avons déjà bien parcouru dans le réel et dans les images mais quand des cartes postales superbes de l'époque nous permettent d'y refaire un petit tour pourquoi s'en priver.
Et les nouveaux lecteurs pourront ainsi découvrir cette exposition moderniste d'architectures un rien alignées les unes aux autres, manquant cruellement de liaisons entre elles, formant une sorte de Salon International de l'Habitat Collectif.
On pourrait facilement imaginer des politiques venant y faire leur marché :
"... vous me mettrez deux tours commme ça, et la Barre Niemeyer elle est à quel prix ? Ah... j'en prends deux aussi, on les mettra au fond du terrain, et puis tiens je prends aussi ça là, oui la barre Vago, bon voilà je crois que j'ai tout ce qu'il me faut... je vous dois combien ? "
Mais peut-être que pour faire ce choix, rien ne vaut une maquette mettant sous les yeux l'ensemble des constructions, voici :


La carte postale est une édition Kunst und Bild en véritable photographie sans date ni aucun nom d'architecte.
Elle est confondante de ressemblance avec la vue d'avion, vue, même point de vue légèrement plus haut et constructions bien à leur place !
Manque le pneu de l'avion !
Je vous la redonne tout de même :


Toujours d'un peu haut :


Je pense que la prise de vue est réalisée depuis l'une des tours. On remarquera le léger flou du premier plan qui donne étrangement une impression de maquette à l'ensemble. Je vous laisse reconnaître successivement les architectes.
Toujours en hauteur et déjà publiée en couleur :


Au premier plan, la barre de Gropius, certainement l'une des plus réussies avec celles de Niemeyer et de Vago (ma préférée) juste derrière.
Revenons au sol :


Cette tour bien de son temps est des architectes Müller-Rehm et Siegmann. La carte postale est d'une très grande qualité éditoriale que l'on doit à l'éditeur Industrie-Fotografen Klinke and Co.
Une autre belle tour :


Quelle ambiance !
Au premier plan cette sculpture très Style Atomium bruxellois sorte de compromis entre un Spoutnik et un Calder est de Hans Uhlmann, puis sur le banc derrière la maman et sa petite fille profitent du jardin en faisant des tours de patinette à pneus ballons !
Vu les ombres il est midi. Vraiment là aussi une belle carte postale de chez Kunst und Bild. L'architecte de cette tour est Luciano Baldessari.
On retrouve encore cette tour sur cette dernière carte postale :


Le paysage urbain est un peu le modèle du genre rêvé dans ces années-là. Au pied des tours et des barres modernes, un parc parfaitement entretenu offrant espace, lumière et air frais sans automobile. Dans un jardin aux œuvres d'art mesurées, l'habitant jouit d'un cadre idyllique à son épanouissement trouvant au pied de son appartement le luxe d'une vie calme et bien dessinée.
Enfin c'était le programme...
Une nouvelle fois la carte postale se fait l'écho de ce désir, l'anticipe en publiant maquette et projet et l'immortalise dans une suite éditoriale qui aujourd'hui au-delà des questions de la représentation de l'architecture demeure un document à la fois sur les objets architecturaux eux-mêmes mais bien évidemment sur la manière dont on les montre.
Bref, un voyage.

mercredi 1 septembre 2010

c'est vert autour

Deux belles cartes postales pour deux beaux programmes.
Le premier nous en avons déjà parlé ici.


Il s'agit du quartier du Palais à Créteil avec les immeubles que nous devons à l'architecte Monsieur Grandval.
Les deux photographies l'une sur l'autre sont dues également à un photographe connu ici Monsieur Rolf Walter. Il semble qu'il ait mis l'accent sur l'espace entre les tours démontrant ainsi leur inscription dans un parc, une zone verte que les immeubles eux-mêmes devaient compléter de leur verdure par des balcons débordant de plantations, rêve malheureusement resté sans suite. Mais finalement cette nudité loin d'être un problème a fait l'image de cet ensemble et nous permet de regarder le toujours très beau dessin des garde-corps qui constituent l'essentiel de la silhouette des tours.
Le terme "les choux" écrit en gros prouve que celui-ci est devenu essentiel et une manière de reconnaissance de ce quartier.
La carte postale fut expédiée en 1980.
d'un autre type architectural :


Nous sommes à Nanterre devant l'ensemble Central Park grâce aux éditions Abeille-Carte pour Lyna dont la photographie est de Monsieur J.E. Pinet.
Son point de vue est curieux, nous situant dans une petite allée comme fermée par la barre. Il place au premier plan un lampadaire boulle et encadre son sujet dans les deux conifères. Au fond l'incroyable façade s'érige forte et puissante.
A gauche de l'image une construction en train de se faire et à droite, il me semble bien reconnaître un tout petit bout de l'école d'architecture que nous avions visée ici.
Donc voyons où nous pourrions être sur un plan :


On reconnaît si je ne me trompe les deux arbres ayant considérablement grandi.
Mais pourquoi Monsieur Pinet a-t-il choisi cet endroit pour représenter ce Central Park ? Besoin d'un recul simple à obtenir ? Cheminement dû à d'autres images produites un peu au hasard de la chasse photographique pour l'éditeur ?
"Dis donc Coco, tu prends l'appareil et tu me tires le portrait du nouveau Nanterre. Prends tout ce que tu trouves, on triera à ton retour. Prends la moto c'est plus simple..."
Je peux en effet imaginer que l'ensemble des photographies et des cartes postales Lyna de ce quartier furent toutes prises le même jour lors d'une seule séance. Serait-il envisageable de recréer le parcours du photographe point par point ?
Est-ce la moto de Monsieur Pinet au premier plan et pourquoi cette sensation d'être un peu en hauteur ?
Pour moi en tout cas ce Central park est une bien belle chose. Sa dureté d'image laisse à ceux qui regardent l'impression d'un bâtiment très ouvert finalement. Des balcons parfois en retrait, parfois en avancement jouent sur la façade au rythme également des ouvertures horizontales et verticales.
Des petits détails comme de minuscules avancées au bout des fenêtres, des jardinières accrochées en saillie, tout cela dénote un vrai travail de volumétrie.
Par exemple ici ou ici :



Mais je ne trouve pas le nom de l'architecte. Une association dynamique de résidents vous en dira plus sur l'art de vivre à Central Park, nom d'ailleurs dont il faudra également retrouver l'origine car tout de même nous sommes un peu loin de New York. Il faut noter que sur la carte postale l'éditeur orthographie Parc avec un K et que l'association préfère le C !

mardi 31 août 2010

des architectures un peu à part

Je ne sais pas pourquoi finalement j'ai réuni ces deux cartes postales dans un même article. Tout les oppose : type architectural et type postal.
L'une est une carte postale de ville en multi-vues de banlieue, une de ces cartes postales que l'on achète sur le tourniquet du marchand de journaux et l'autre est une carte de type maximum pour collectionneur averti.
Pourtant, certainement, j'ai dû voir dans ces deux objets un lien possible que vous, lecteurs, vous trouverez sans doute.
Commençons par la plus... naturelle :



Sur cette carte postale Abeille-cartes en Lynacolor, l'éditeur a rassemblé quelques vues de Cergy et nous donne ainsi à voir la manière dont la ville se représente, se définit.
On y trouve ce mélange souvent désiré à cette époque d'un modernisme affiché et revendiqué et d'un bucolique, voire d'un pittoresque encore possible.
Les pêcheurs à la ligne, les bateaux à voile jouent en collage avec la préfecture, les immeubles, et une école bien curieuse.
Cette école très colorée est l'œuvre de l'un des architectes importants de ce blog : Jean Renaudie.
Ici nous avons déjà beaucoup évoqué cet humaniste-constructeur qui avec Givors et le centre d'Ivry sur Seine a construit ce que je considère (et je ne suis pas le seul) comme un modèle de l'architecture du logement social.
Bien évidemment l'image sur la carte postale est un peu petite pour comprendre comment fonctionne cette architecture.
Mais les maquettes photographiées dans Architecture d'Aujourd'hui en 1971 nous font voir les réponses spatiales innovantes de Jean Renaudie cherchant à rompre avec une salle de classe traditionnelle. Il est question de faire jouer l'espace, d'offrir des lieux différenciés et des mouvements internes tout en générant un maximum de flexibilité et de contacts entre les classes elles-mêmes.



En fait chaque classe est un petit amphithéâtre à trois niveaux. Un niveau pour le travail intellectuel, un niveau pour les activités manuelles et un niveau de liaison avec les autres unités. Cette modulation génère une grande variété spatiale favorisant les apprentissages.
On comprend très bien ce fonctionnement sur ce dessin :



Mais ce que la revue Architecture d'Aujourd'hui nous donne aussi à voir c'est la grande beauté plastique des dessins préparatoires de Jean Renaudie, d'autant plus beaux que leur gestualité n'est point gratuite mais le résultat d'un tracé formé par la pensée, une recherche qui en quelque sorte se donne à voir.






Autre chose :



Superbe non ?
Comment résister à un tel document qui nous place sous les cubes du Kubus à Rotterdam que nous avons un peu visité ici ou ici.
La grande qualité de cette carte postale est dans son point de vue nous donnant quelques instants l'impression de sentir au-dessus de nous les constructions étranges dont on a vraiment un mal fou à saisir qu'elles puissent être habitables.
D'une grande abstraction, cette architecture à l'image forte déstabilise totalement du moins dans sa représentation en photographie. La contrariété produite par les volumes laisse en quelque sorte l'œil coi.
On peut tout de même ici voir le beau travail de polychromie, sentir un cheminement et une perspective ouverte et aussi un lieu parfaitement lumineux et ouvert. On regardera aussi le design bien des années quatre-vingt du banc public comme tiré d'un dessin de Joost Swarte.
Petit mais important rappel : l'architecte de cette curiosité est Monsieur Piet Blom.

lundi 30 août 2010

Marcel Lods : rigueur Belfort



J'ai d'abord vu cette carte postale montrant l'intérieur de l'église Sainte Jeanne-d'Arc de Belfort.
Cet immense vide rempli d'une lumière parfaitement dosée venant comme transpercer les lames de béton à gauche m'a impressionné.
Mais surtout l'espace.
La hauteur accentuée par les verticales et par le dessin du chœur en grille ainsi que le mur totalement nu à droite semblant sous l'effet de la perspective comme se pencher un peu vers l'intérieur font vraiment ici sensation.
Evidemment le noir et blanc libère aussi l'image et en quelque sorte la dénude encore plus.
Quel calme !
On entend presque l'écho de nos pas résonner dans le lieu et le petit éclat de lumière extrêmement dur et précis venant mystérieusement du dehors et surplombant l'autel ajoute certainement à l'effet de recueillement et de silence.
Une parfaite leçon d'éclairage, de jeux de lumière et de sa diffusion jouant parfois d'une grande netteté et parfois au contraire la laissant comme filtrer doucement. Pour mesurer cette douceur, regardez le magnifique dégradé de la lumière sur le sol de l'église allant d'un blanc pur à gauche à un noir profond à droite au pied du grand mur tout en passant par toutes les valeurs du gris.
Splendide, tout simplement.
Nous n'avons malheureusement sur ce magnifique document pas le nom de l'architecte Monsieur Marcel Lods ni le nom de l'éditeur ni encore celui du photographe qui a pourtant fait ici un travail remarquable.
Mais juger ainsi d'un espace par rapport à une image est toujours une difficulté. Et l'architecture se vit toujours mieux dans son arpentage que dans sa représentation.
D'ailleurs je retrouve cette difficulté à cerner un objet architectural dans les images de cette église imprimées dans le numéro d'Architecture d'Aujourd'hui d'avril 1957. A cette époque, la célèbre revue soucieuse certainement de faire de son mieux pour que le lecteur lointain de l'objet architectural puisse tout de même en cerner ses espaces n'hésitait pas dans un même article à faire jouer ensemble des plans, des photographies de maquette, des détails et même d'étranges dessins d'une grande beauté permettant de combler le vide de la représentation photographique ou plus simplement sa relativité objective.
Le lecteur en tout cas faisait glisser son œil de l'un à l'autre et remplissait les interstices et les manques par son éducation architecturale, ses rêves et certainement aussi ses frustrations d'espaces.
Tout cela, je le dis un peu amèrement, a un peu disparu de la nouvelle mouture d'Architecture d'Aujourd'hui.
Voyez ici les images de l'article de l'époque :






Pour finir une autre carte postale de cette église Sainte-Jeanne-d'Arc de Belfort qui ne nous donne pas là non plus de nom d'éditeur ni de photographe mais nous donne le nom de l'architecte Marcel Lods :


On retrouve les beaux pans de béton striant la façade, le jeu des volumes se décrochant les uns les autres au rythme des programmes et l'effet cinétique de ses jeux de claustras entre le campanile et la façade.
On retrouve dans cet exemple l'extrême rigueur de Marcel Lods sachant parfaitement mettre le programme sur la table, réglant ses nécessités avec une économie formelle faisant travailler le matériau à l'essentiel et révélant ainsi que les matières principales de son architecture sont la lumière, la gestion des espaces intérieurs et extérieurs et comment ceux-ci sont traversés, construits, protégés ou révélés par cette lumière.

mardi 24 août 2010

La grille marseillaise et la grille berlinoise


Mon amie Fabienne de passage à Marseille m'a envoyé cette carte postale. Merci Fabienne.
Cette carte postale sans aucun nom d'éditeur nomme pourtant l'architecte mais pas le lieu. On a droit à un Marseille-Le Corbusier bien sec.
Problème des droits à l'image pas obtenus par cet éditeur ce qui l'oblige à ne pas se nommer au dos de son travail ?
Reste que la grille de la Cité Radieuse est ici bien ensoleillée et prise du sol sans aucune échappatoire visuelle. Un peu de végétalisation vient calmer l'ensemble tout en donnant l'impression d'un resserrement sur la parcelle de terrain.
La couleur nous permet de deviner les polychromie sur la façade de la construction.
Passons de l'autre côté :


Cette carte postale Ryner nous montre la cité radieuse cette fois prise d'avion. Le bâtiment semble ici bien dur, moins bloqué presque isolé.
La machinerie spatiale du toit apparaît dans toute sa splendeur et la couleur ici posée sur du noir et blanc fait bien de cette carte postale un objet éditorial des années cinquante. Les ombres des automobiles sont par exemple d'un beau rouge.
Retournons au sol mais cette fois celui de Berlin.


Sur cette édition Klinke and Co en véritable photographie on retrouve la façade ouest. Je vous laisserai jouer au jeu des différences et des similitudes avec celle de Marseille.
En tout cas il s'agit là d'un beau document bien réalisé dans sa photographie, son point de vue et son édition.
Finalement le noir et blanc n'est pas décevant et les polychromies de la façade font un beau jeu de valeurs.
Le Corbusier est nommé Corbusier tout court.
Toujours depuis Berlin :


Un autre éditeur cette fois qui nous donne au verso de sa carte plein d'informations sur la construction.
Sa hauteur 53 m, sa largeur 23 m, sa longueur 141 m, le temps de construction (!) 1 an et demi, le nombre d'étages 17, et le nombre d'appartements 530...
Une information reste pour moi mystérieuse et mon traducteur d'allemand n'est pas assez fort pour me dire ce que peut bien être : Eigenes Postamt. Un bureau de poste propre ?
Si on regarde attentivement on devine encore des tas de terre au pied de la construction qui disent la fin du chantier.
Je vais tenter cela, la rencontre impossible de deux grilles séparées de quelques kilomètres :

dimanche 22 août 2010

si...brutal


Oui finalement j'aime ce genre d'objets architecturaux.
Je sais que pour ce faire, il me faut certainement une certaine dose d'aveuglement historique mais je ne peux résister à ce type de formes dures, brutales et sans concession oscillant en permanence entre une sculpture et une architecture.
L'échelle est certainement la cause pourtant de mon désarroi devant ce genre de construction. Trop monumentale pour ne pas être sérieuse et donc grave et trop petite pour être des architectures brutalistes et utopistes. Surtout, trop réelle !
Mais...
Formellement comment effectivement pourrais-je ne pas aimer ces blocs atterris ici, comme posés contre tout, écrasants et puissants sans politesse.
J'aime.
J'aime aussi leur fermeture, leur inaccessibilité apparente, leur froideur imperturbable. On les sent construits pour des siècles, peut-être d'ailleurs sont-ils des reliques d'un temps très ancien, morceaux abandonnés dont ne sait quelle civilisation ancienne.
Regardez comme les jeunes pionniers aux uniformes impeccables sont littéralement menacés par ce monument à Novorossiisk.
Posé à champ sur la grève, le porte-à-faux triangulaire me fait rêver... oui.
Comme dans les photographies de Nicolas Moulin, un morceau d'architecture mystérieuse abandonnée et à la fonction inconnue semble nous menacer.
C'est sourd.
La puissance politique tient ici dans une volonté de faire image et l'image est violente, forte et sans détour.
La carte postale est datée de 1988 (!) et nous donne le nom de la sculpture "the Small Land", le nom du sculpteur V. Tsigal et le nom des architectes messieurs Ya. Belopolsky, V. Kananin, V. Khavin.
Retour à Varna :


Bunker sculpté, signal puissant sur un promontoire traité en colline pour le supporter, le monument à l'armée soviétique doit être... incontournable !
La massivité de l'ensemble dit la massivité du message.
Ne tergiversons pas s'il vous plaît !
Comme on dit aujourd'hui : c'est du lourd.
Mais je ne peux là aussi m'empêcher de penser et imaginer cette forme à une proportion encore plus gigantesque la transformant en une cité d'une civilisation perdue.
Fragment mégalomane d'un récit de science-fiction.
Colossal.
Pour ce qui est de l'objet architectural, je ne peux pas vous donner le nom de l'architecte et pour l'objet postal l'écriture cyrillique ne me permet pas de vous en dire plus.
la carte postale fut expédiée en 1985.