J'ai d'abord vu cette carte postale montrant l'intérieur de l'église Sainte Jeanne-d'Arc de Belfort.
Cet immense vide rempli d'une lumière parfaitement dosée venant comme transpercer les lames de béton à gauche m'a impressionné.
Mais surtout l'espace.
La hauteur accentuée par les verticales et par le dessin du chœur en grille ainsi que le mur totalement nu à droite semblant sous l'effet de la perspective comme se pencher un peu vers l'intérieur font vraiment ici sensation.
Evidemment le noir et blanc libère aussi l'image et en quelque sorte la dénude encore plus.
Quel calme !
On entend presque l'écho de nos pas résonner dans le lieu et le petit éclat de lumière extrêmement dur et précis venant mystérieusement du dehors et surplombant l'autel ajoute certainement à l'effet de recueillement et de silence.
Une parfaite leçon d'éclairage, de jeux de lumière et de sa diffusion jouant parfois d'une grande netteté et parfois au contraire la laissant comme filtrer doucement. Pour mesurer cette douceur, regardez le magnifique dégradé de la lumière sur le sol de l'église allant d'un blanc pur à gauche à un noir profond à droite au pied du grand mur tout en passant par toutes les valeurs du gris.
Splendide, tout simplement.
Nous n'avons malheureusement sur ce magnifique document pas le nom de l'architecte Monsieur Marcel Lods ni le nom de l'éditeur ni encore celui du photographe qui a pourtant fait ici un travail remarquable.
Mais juger ainsi d'un espace par rapport à une image est toujours une difficulté. Et l'architecture se vit toujours mieux dans son arpentage que dans sa représentation.
D'ailleurs je retrouve cette difficulté à cerner un objet architectural dans les images de cette église imprimées dans le numéro d'Architecture d'Aujourd'hui d'avril 1957. A cette époque, la célèbre revue soucieuse certainement de faire de son mieux pour que le lecteur lointain de l'objet architectural puisse tout de même en cerner ses espaces n'hésitait pas dans un même article à faire jouer ensemble des plans, des photographies de maquette, des détails et même d'étranges dessins d'une grande beauté permettant de combler le vide de la représentation photographique ou plus simplement sa relativité objective.
Le lecteur en tout cas faisait glisser son œil de l'un à l'autre et remplissait les interstices et les manques par son éducation architecturale, ses rêves et certainement aussi ses frustrations d'espaces.
Tout cela, je le dis un peu amèrement, a un peu disparu de la nouvelle mouture d'Architecture d'Aujourd'hui.
Voyez ici les images de l'article de l'époque :
Pour finir une autre carte postale de cette église Sainte-Jeanne-d'Arc de Belfort qui ne nous donne pas là non plus de nom d'éditeur ni de photographe mais nous donne le nom de l'architecte Marcel Lods :
On retrouve les beaux pans de béton striant la façade, le jeu des volumes se décrochant les uns les autres au rythme des programmes et l'effet cinétique de ses jeux de claustras entre le campanile et la façade.
On retrouve dans cet exemple l'extrême rigueur de Marcel Lods sachant parfaitement mettre le programme sur la table, réglant ses nécessités avec une économie formelle faisant travailler le matériau à l'essentiel et révélant ainsi que les matières principales de son architecture sont la lumière, la gestion des espaces intérieurs et extérieurs et comment ceux-ci sont traversés, construits, protégés ou révélés par cette lumière.
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