L'une est une carte postale de ville en multi-vues de banlieue, une de ces cartes postales que l'on achète sur le tourniquet du marchand de journaux et l'autre est une carte de type maximum pour collectionneur averti.
Pourtant, certainement, j'ai dû voir dans ces deux objets un lien possible que vous, lecteurs, vous trouverez sans doute.
Commençons par la plus... naturelle :
Sur cette carte postale Abeille-cartes en Lynacolor, l'éditeur a rassemblé quelques vues de Cergy et nous donne ainsi à voir la manière dont la ville se représente, se définit.
On y trouve ce mélange souvent désiré à cette époque d'un modernisme affiché et revendiqué et d'un bucolique, voire d'un pittoresque encore possible.
Les pêcheurs à la ligne, les bateaux à voile jouent en collage avec la préfecture, les immeubles, et une école bien curieuse.
Cette école très colorée est l'œuvre de l'un des architectes importants de ce blog : Jean Renaudie.
Ici nous avons déjà beaucoup évoqué cet humaniste-constructeur qui avec Givors et le centre d'Ivry sur Seine a construit ce que je considère (et je ne suis pas le seul) comme un modèle de l'architecture du logement social.
Bien évidemment l'image sur la carte postale est un peu petite pour comprendre comment fonctionne cette architecture.
Mais les maquettes photographiées dans Architecture d'Aujourd'hui en 1971 nous font voir les réponses spatiales innovantes de Jean Renaudie cherchant à rompre avec une salle de classe traditionnelle. Il est question de faire jouer l'espace, d'offrir des lieux différenciés et des mouvements internes tout en générant un maximum de flexibilité et de contacts entre les classes elles-mêmes.
En fait chaque classe est un petit amphithéâtre à trois niveaux. Un niveau pour le travail intellectuel, un niveau pour les activités manuelles et un niveau de liaison avec les autres unités. Cette modulation génère une grande variété spatiale favorisant les apprentissages.
On comprend très bien ce fonctionnement sur ce dessin :
Mais ce que la revue Architecture d'Aujourd'hui nous donne aussi à voir c'est la grande beauté plastique des dessins préparatoires de Jean Renaudie, d'autant plus beaux que leur gestualité n'est point gratuite mais le résultat d'un tracé formé par la pensée, une recherche qui en quelque sorte se donne à voir.
Autre chose :
Superbe non ?
Comment résister à un tel document qui nous place sous les cubes du Kubus à Rotterdam que nous avons un peu visité ici ou ici.
La grande qualité de cette carte postale est dans son point de vue nous donnant quelques instants l'impression de sentir au-dessus de nous les constructions étranges dont on a vraiment un mal fou à saisir qu'elles puissent être habitables.
D'une grande abstraction, cette architecture à l'image forte déstabilise totalement du moins dans sa représentation en photographie. La contrariété produite par les volumes laisse en quelque sorte l'œil coi.
On peut tout de même ici voir le beau travail de polychromie, sentir un cheminement et une perspective ouverte et aussi un lieu parfaitement lumineux et ouvert. On regardera aussi le design bien des années quatre-vingt du banc public comme tiré d'un dessin de Joost Swarte.
Petit mais important rappel : l'architecte de cette curiosité est Monsieur Piet Blom.
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