samedi 22 mai 2010

la ceinture rouge



Nous pourrions nous être donné rendez-vous devant le Théâtre des Amandiers à Nanterre.
Nous aurions regardé les volumes simples, bien clos, construits en suivant le programme de l'édifice avec une sorte d'honnêteté, sans fioriture.
Nous aurions, le guide d'architecture contemporaine en France dans notre main, lu la critique assez acide qui en est faite.


Mais nous aurions aimé ce bâtiment tout de même, jubilant encore de l'image de la carte postale Raymon et de la réalité de la ville. Vous auriez tenté de trouver le point de vue exact du photographe en traversant sans regarder l'avenue Pablo Picasso et le bus vous aurait frôlé d'un peu trop près.


Nous aurions alors à pied décidé d'aller rejoindre les immeubles MH7 de Monsieur Kalisz. A droite, au bout de l'avenue nous aurions pris la rue Frédéric et Irène Joliot Curie vers la place des Droits de l'Homme.
Sous les platanes bien verts nous aurions disserté sur la ville à la campagne, ce goût des espaces verts. Une camionnette de la ville serait justement en train de faire le ménage des jardins.
Nous aurions cherché dans un silence respectueux le nom du sculpteur du monument dédié aux martyrs de la résistance et de la déportation. En vain...
Au rond-point à notre gauche nous aurions laissé la préfecture superbe dessinée par Monsieur Wogenscky et à notre droite nous aurions enfin trouvé notre immeuble.
Par la fenêtre ouverte d'une BMW cabossée, nous aurions entendu le remuant mais énergique morceau Liqor de Outback.
Bien lourd, les épaules incontrôlées et la tête balançant irrésistiblement...
Nous aurions alors tenté de retrouver cet endroit :


Le Parc de la Défense resterait bien difficile à trouver. Et malgré l'aide de notre carte postale Lyna, de notre ami photographe Rolf Walter, nous ne parviendrions pas à saisir le lieu.
Quel fossé profond enjambe donc cette petite passerelle ?
Avec cette fois encore une carte postale Lyna, et notre autre ami photographe J. E. Pinet, Nous finirions aussi par voir le MH7 depuis ce coin de verdure.


Les deux collègues photographes riraient ensemble du choix de leur cadre et des anecdotes fuseraient sur l'époque des éditions Lyna.
On évoquerait la question de la polychromie en architecture, certains farouchement contre d'autres totalement réjouis, tous tristes de l'état actuel et de l'abandon de ce jeu sur la façade.
On se souviendrait avoir vu déjà une des interventions colorée de Max Soumagnac à Grasse.
Mais ici à Nanterre Nous pourrions également penser à Aubervilliers.


Ici, devant la piscine d'Aubervilliers, nous nous dirions que les formes architecturales, celles du brutalisme français, ont su voyager de l'ouest parisien vers le nord en une ceinture rouge. Nous trouverions que décidément l'école d'architecture devant les barres ressemble à la piscine devant... les barres.
Nous nous régalerions du travail encore et encore de Monsieur Kalisz et de l'A.U.A et nous pourrions une nouvelle fois également nous dire que les attributions sont difficiles parfois.
Là encore le travail de couleur de M. Soumagnac.
Et puis surtout, on apprendrait que Jean-Marie a envoyé cette carte postale Raymon en 1987 pour tenter sa chance amoureuse à Tournez Manège !
Nous serions fascinés par la ligne de jardinières comme un rempart à l'architecture et comme une tentative minable d'agrémenter la ville.
Comme si, oui, la belle et dure architecture, celle des formes et des couleurs justes, n'était pas assez la ville ou peut-être trop la ville.



Guide d'architecture contemporaine en France
Messieurs Amouroux, Crettol et Monnet
technic-union éditeur, 1972

mercredi 19 mai 2010

la ville par un fil

Tiens !
Pourquoi pas aborder ça de cette manière !
Des fils tendus pour voir la ville et se faire voir !
La ville par le téléphérique, suspendu au-dessus du blanc de la neige, du gris du bitume.
La ville parfois loin (on est haut) parfois plus proche.
de loin :


Bienvenue à Tignes, 2000m d'altitude.
Une édition Iris.
On s'amusera tout particulièrement du trajet au stylo-bille dessiné sur la carte postale. La correspondante nous signale que ce dessin est dû à ses filles qui montrent ainsi par où elles descendent !
J'adore ça, cette manière de s'inscrire dans le paysage et dans son image. Si on est attentif d'ailleurs on remarque la ligne de téléphérique...
Pour l'architecture pas grand-chose à se mettre sous la dent sauf :


La nouvelle église de Tignes que l'on doit à messieurs Pantz et Fay, architectes.
Je possède une carte postale de sa maquette que voici.


La carte postale nous donne bien le nom des architectes et même celui de l'entrepreneur Louis Anselmo. Nous sommes en 1959. Et la maquette semble avoir été transportée dehors pour obtenir un bel arrière-plan montagnard ! On doit cela à S. Rimmer le photographe.
Nous voici aux Ménuires.



J'avais acheté cette carte postale surtout pour la cabine de téléphérique qui me faisait penser au pavillon lituanien de l'exposition universelle de Hanovre.
Mais j'aimais surtout son carrossage blanc, ses ouverture noires et la disposition des volumes imbriqués.
De qui sont ces beautés utiles et de qui sont les immeubles PLM juste derrière ?
Maintenant La Plagne :


On retrouve sur la crête le somptueux paquebot de Michel Bezançon, Voir là.
Mais est-ce que cette partie est aussi due à notre architecte ?
Le bois est ici omniprésent dans des bâtiments d'une échelle bien moins grande dont il est difficile de dire ici quelque chose. C'est un peu loin...
Mais restent les très belles cabines du téléphérique. Quel design ! Epoustouflants cubes !


La carte postale est une édition La Plagne dans une photographie de Jean Biaugeaud.
Et les 2 Alpes, ça vous dit ?


Oui, je l'avoue ici aussi j'avais acheté cette carte postale pour les interventions du correspondant !
Et si Monique et Marcelle ne sont pas très rassurées je ne me moquerai pas car je suis moi-même un froussard du téléphérique. Donner sa vie ainsi à un simple câble d'acier à peine tendu, quelle bêtise, quelle peur !
On admirera la précision de la localisation du dodo, c'est fondamental...
Voilà une belle vue :


J'aime surtout le morceau de ville dont la cabine du téléphérique fait partie par un collage audacieux !
Elle vient comme une construction géante en métal au milieu des chalets !
Mais de qui est cette belle barre à gauche ? le toit est superbe non ?
Plus précis :


Nous sommes cette fois à Super-Lioran grâce à une carte postale Combier. Et comme c'est un éditeur sérieux celui-ci nous donne toutes les informations :
Le téléphérique montant au Plomb du cantal.
Gare de départ téléphérique
Architectes J.M. Legrand, J. Sakarovitch
"le Saporta"
Architectes J.M. Legrand, J. Sakarovitch
"La tour Sumène" (au deuxième plan)
Architectes Ph. Hardy, J.M. Legrand, J. Sakarovitch, Ch. Terrisse
Au moins voici des architectes qui ont su trouver le lieu de leurs réalisations car pour deux d'entre eux trois réalisations sur un seul endroit !
Le Saporta a l'air bien intéressant d'ailleurs.
La carte postale fut expédiée en 1978.
les bulles :


Je suis monté dans celles-ci il y a bien longtemps...
Maintenant je ne sais pas si j'oserais... même si la carte postale nous laisse croire qu'on peut ainsi se rapprocher des très belles tours de Anger, Pivot et Junillon.
Il faut reconnaître que le design des cabines est bien vu. Dans des bulles, voir la ville...
Une carte postale André expédiée en 1996.
Après les bulles, les boules :


L'Atomium de Bruxelles et son téléphérique, magnifique.
Comme un manège, une fête foraine, la ville éphémère est toujours plus joyeuse que la ville permanente, plus empreinte de fantaisie.
Cette fantaisie parfois on la retrouve en haut d'une grande roue dans la ville, d'un passage aérien du métro...
Pourquoi pas un téléphérique urbain à Paris, Lyon, Rome...
Savez-vous qu'il en existe un à New York ?
Nous devions le prendre avec Alan Aubry lors de notre première visite de cette ville. Mais il était à l'arrêt... Nous fûmes déçus mais nous le fûmes ensemble.
Et ça c'est le plus important.
Allez, on en termine avec les fils pour voir la ville. Une fin un brin masculine et risquée mais qui me ravit (forcément ?!)


Je vous donne la correspondance c'est savoureux :

Moi, j'ai fait une piste commando c'est pas mal mais je préfère rester en cuisine ce que tu vois sur la photo je l'ai fait mais ce n'est pas tellement impressionnant contrairement à ce que l'on pourrait croire.

Moi, cela m'impressionne !
Mais je trouve aussi cette image d'une grande beauté, je ne sais pas pourquoi. Est-ce le point de vue en diagonale posant le corps étrangement au bout du filin qui disparaît on ne sait où..
Est-ce l'idée de parcourir les campagnes de la sorte, fil-de-feriste allongé en pendulaire fragile et en même temps viril ?
Même le paysage me plaît, des ruines, des cailloux et au fond ce grand mur avec une échelle.
La jambe pend, la tension est à son comble et le sol doit se rapprocher bien vite. J'entends aussi le bruit du frottement de la corde sur le treillis.
Ziiiiipppp......
Mais je suis moins partant pour des trajets en ville de la sorte !

résidences de prestige

Parfois il y a peu de différences d'image entre une résidence de prestige et une barre de logements sociaux.
Une attention plus portée aux matériaux, des appartements plus grands et surtout un quartier disons... moins périphérique.
Mais du point de vue de l'image, de ce que donne à voir l'ensemble immobilier, franchement parfois il est difficile de dire qui habite là.
Regardons :


Il s'agit de la résidence Mont Joie à Courbevoie. Une tour flanquée de barres plus petites et attenantes offre des balcons généreux et de grandes ouvertures sur un parc parfaitement entretenu.
Au pied une superbe petite construction au toit complexe et hérissé.
C'est une bien belle carte postale Lyna photographiée par Rolf Walter que nous avons déjà croisé sur ce blog ici, ici ou encore ici.
Malheureusement rien sur le ou les architectes de ce groupe.
Poursuivons :


Un autre bel immeuble, toujours à Courbevoie. Nous sommes aux Gémeaux et devant le centre commercial Charras.
On remarquera que le dessin tient essentiellement dans la brisure de la barre aux deux extrémités.
Je retrouve l'immeuble des Gémeaux sur cette autre carte postale, il est à droite.


Les fidèles auront reconnu un hôtel que nous avions vu là sur une autre carte postale.
Là il s'agit d'une édition Raymon qui nomme l'ensemble quartier Charras.
Eloignons-nous encore un peu :


J'avoue avoir du mal à saisir cet espace par rapport au précédent...
La végétation a poussé, un jardin fut aménagé ?
Sommes-nous juste un peu plus à droite ?
En tout cas c'est toujours une édition Raymon et toujours aucune indication de l'architecte. De franchement beaucoup plus loin et... plus haut !


Magnifique carte postale de Puteaux avec une vue générale sur la Défense. Une belle édition Abeilles-cartes pour Lyna.
Vous retrouvez les Gémeaux ?
Allez, je vous aide :


Si vous voulez voir ça de plus près...


Il faut retourner ici !
Et pour ça...


il faut aller là cette fois !

mardi 18 mai 2010

les monades urbaines


illustration de Tibor Csemus

C'est le titre d'un livre de science-fiction.
C'est une manière de prolonger ma relation avec mon père, lire de la science-fiction.
Nous aurions pu en parler de ce livre.
L'a-t-il lu ?
Je ne m'en souviens pas et rien ne me permettra maintenant de le savoir.
Qu'importe ! Mes yeux ont glissé sur le texte de Robert Silverberg.
J'ai acheté le livre pour la quatrième de couverture si alléchante...

En cette année 2381, la Terre ne compte pas moins de soixante-dix milliards d'êtres humains. Leur devise : croissez et multipliez. Dans la plus totale liberté sexuelle. La plus grande confiance aussi, puisque ces hommes et ces femmes connaissent la paix, la sécurité. Le bonheur en un mot. L'utopie devenue réalité.
... la réalité des monades urbaines-ces tours de mille étages, que leur habitants ne quittent jamais, où une technologie souveraine a su tout programmer, automatiser, maîtriser.
Et pourtant le grand électronicien Micael rêve en secret. De cet océan, de ces pyramides, de ces paysages colorés qu'un film vieux d'un siècle lui a révélés...
Et pourtant Jason, l'historien qui n'a que mépris pour les anciens tabous sexuels, découvre en lui une pulsion inconnue, sauvage : la jalousie...

Pour ce qui est du fond, disons le tout net, il ne s'agit pas pour moi d'un grand livre. On y voit l'auteur développer la théorie habile que, bien évidemment, tout donner, liberté sexuelle, drogue autorisée, confort matériel, non seulement ne règle rien de la nature humaine mais en plus ce bonheur est le signe, le glacis d'un univers oppressant et infaillible pour les êtres moins dociles, nommés immédiatement les anomos...
Reste une description d'un concert absolument incroyable et digne des rêves les plus fous de la musique contemporaine liant son, lumière et orgasme en prime...
L'architecture des tours est surtout évoquée par ses étages qui sont également le signe de la reconnaissance sociale. Plus on est haut (700 étages voire plus...) plus votre fonction et votre confort sont grands.
On apprend également que les habitants ont un attachement incroyable à leur tour, refusant au risque d'une déclassification sociale, de les quitter lors de la construction d'une nouvelle. Les étages portent également par secteur le nom de villes de l'ancien monde.
J'ai cherché dans mes cartes postales des tours pouvant ainsi se rapprocher de l'image construite par le texte.
Et je vous propose ça :


The Peachtree Center Plaza Hotel in Peachtree center, Atlanta.
On doit ce tube de verre à Monsieur John Portman architecte que nous connaissons déjà un peu sur ce blog, voyez le Hyatt Regency de San Francisco.
Pour faire une monade urbaine de cette tour, il faudrait l'allonger par 10 et faire de sa base une campagne agricole !
Il s'agit d'une édition Dexter expédiée en 1981. Le correspondant se plaint que tout ici se fait en voiture et que personne ne marche !
Voyez également comme la barre au loin, dans l'image offre un reflet étonnant de ce qui l'entoure.


Une autre peut-être :


Nous sommes à Brazzaville, il s'agit de la tour Nabemba construite par la société Elf-Congo et inaugurée le 3 février 1990.
La carte postale fait partie de la série la mémoire des lieux et il s'agit d'une édition du Centre Culturel Français !
Là aussi malgré le point de vue intéressant et impressionnant c'est encore un peu court...
L'architecte en serait Jean-Marie Legrand.
J'aime assez ce genre de monstre froid et écrasant.
Mais je ne peux me résoudre à le voir comme notre monade urbaine. Alors quoi ?
Ne me reste que :

Même si c'est un peu loin, même si ce n'est malheureusement pas construit, je crois bien que la Tour sans fin de Monsieur Nouvel est le plus bel exemple.
Quel regret !
Mais cette tour n'aura certainement pas voulu être le siège d'une société aussi dure et répressive.
Cette carte postale nous montre ce chef-d'œuvre dans sa situation rêvée. Là non plus pas de paysage agricole à son pied mais la dalle de la Défense.
Il s'agit d'une édition arc en rêve, centre d'architecture de Bordeaux dans la très belle série consacrée à Jean Nouvel.
On nous donne : Jean Nouvel, J. M. Ibos (concours)
Jean Nouvel, Emmanuel Cattani et Associés.
La photographie est de Georges Fessy.
Nous achèterons un terrain, nous achèterons un pays et là dans les plaines libres et vastes et herbues nous construirons des dizaines de tours sans fin et nous les relierons par des Inclisites dans les failles du terrain.
Nous nous libérerons sexuellement, nous nous droguerons joyeusement (si cela est nécessaire vu que nous serons libres sexuellement !) nous écouterons les lumières et regarderons les sons dans des spectacles hallucinogènes, qui veut venir ?
Allez quoi...
Venez...

dimanche 16 mai 2010

bien attribuer... à Lyon et alentour

Hier, très fier de mes trouvailles, j'ai fait une faute en suivant l'attribution de l'auditorium de Lyon publié par l'éditeur de la carte postale.
Il ne s'agit pas de Monsieur Zumbrunnen mais de messieurs.....
Il vous suffit de lire le commentaire écrit par notre amie Valérie Herran au dernier message pour retrouver enfin les vrais architectes de ce qui reste une merveille ! (Messieurs Pottier, Rechsteiner, Delfante et Caille )
Alors pour qu'enfin Monsieur Zumbrunnen soit bien attribué (!), voici le parking de la Part-Dieu qu'on lui doit.


Vous aurez deviné que mon goût pour ce genre d'objet architectural est complet !
La carte postale est une édition La Cigogne et curieusement le correspondant nous parle de l'auditorium et nous révèle que les lyonnais le nomment le "tank" et qu'il est muni d'une acoustique jamais égalée !
Lors de mon dernier séjour à Lyon et à Villeurbanne pour le choix des estampes de l'URDLA, j'avais traîné un peu comme ça et réalisé quelques clichés de ce beau quartier. Je vous en propose quelques-uns, on verra que les points de vue sont parfois proches de ceux des cartes postales !





Valérie, est-ce cette barre qui est de Monsieur Zumbrunnen ?


et voici des détails de l'auditorium :




Mais Villeurbanne c'est aussi et surtout ça :


Les gratte-ciel de Môrice Leroux dont je vous ai déjà parlé ici. La carte postale CAP est vraiment magnifique et met parfaitement en valeur l'incroyable perspective de l'Avenue Barbusse, au fond l'Hôtel de Ville.
Toujours à Villeurbanne, voici le théâtre sur une carte postale Estel aussi très belle :


Il s'agit là aussi d'un magnifique bâtiment qui fut je crois aussi un Palais du Travail.
Mais ma promenade dans la ville me fit aussi aimer cela :


L'ensemble Liberté 2 en chantier offrait des balcons garnis de jardinières à la mode de messieurs Andrault et Parat extrêmement fleuris et plantés, vraiment superbes. Mais qui sont les architectes ?



Une belle barre à la grille parfaite :


Un carrefour très renversant, comme un jeu de miroir :


Un projet qui doit être construit maintenant :


Un beau morceau de ville :


Là aussi, un joli ensemble offrant des cours intérieures en gradins dont l'une d'elles si mon souvenir est juste était une école :