dimanche 2 mai 2010

le Globe, la dernière séance

L'architecture le plus souvent, ce sont de petites choses croisées sur le cheminement d'un trottoir ou perçues rapidement derrière le pare-brise de la voiture.
Mais c'est aussi souvent là que se joue sa véritable portée sur nos vies.
Certains bâtiments hurlent à la cantonade "I am a monument" et d'autres tranquillement affichent leur époque, leurs influences et font finalement le décor de nos vies.
Il suffit qu'ils rencontrent un architecte un peu inspiré, simplement au fait de l'actualité d'un style et les voici petits tambours des grands événements architecturaux.
C'est un peu le cas ici :


Nous sommes à Stains devant le cinéma du Globe. Nous sommes en 1964 si on en croit les affiches de cinéma qui nous proposent Monsieur avec Gabin ou un western la fureur des apaches.


Sans aucun doute j'aurais choisi le western.
Mais regardons ce cinéma.
Oui, vous avez raison ce n'est pas un grand chef-d'œuvre mais tout de même n'a-t-il pas raison d'avoir été un peu fier d'être une proue de navire art-déco, louchant un peu, comme ça vers un Mallet-Stevens du coin ?
Il ne démérite pas ce cinéma portant fièrement en lettres rouges son nom. La nuit tombée, comme il devait être beau...
J'ose à peine vous montrer ce qu'il est devenu.



C'est tout simplement triste.
La dernière séance a dû avoir lieu il y a longtemps maintenant.
Alors un jour un type ou deux viendront là une carte postale à la main et ils interrogeront les passants.
Mais non personne ne saura ce qu'il est devenu ce cinéma.
A moins que, accoudée au rebord de sa fenêtre entre ses géraniums et son chat, une dame, elle, se souvienne qu'elle venait là avec son mari voir Gabin. Ah... Gabin...
Et puis avec un léger sourire, elle refermera sa fenêtre à cause du bruit et ainsi mettra un terme à la conversation.
La carte postale est une édition P.I expédiée bien tardivement en 1974 (!) mais elle ne nous dit pas que monsieur Gridaine serait l'architecte de ce cinéma ni ce qu'il y avait à l'affiche cette année-là.

samedi 1 mai 2010

maquettes américaines

Certains bâtiments sont tellement sûrs de leur popularité que les éditeurs de cartes postales leur offrent une édition alors même qu'ils ne sont que des morceaux de carton collés sur des planches.
Ainsi peut-on voir des maquettes d'architecture parfois aux allures tellement réalistes qu'on peut même rapidement croire à la réalité de l'objet.


Ce fut le cas pour moi pendant quelques instants devant cette carte postale du John Hancock Center de Chicago édité par Dexter Press Inc.
Je crois que la perfection du ciel est à l'origine surtout de mon trouble car les bâtiment autour de la somptueuse tour sont bien mal représentés.
Le point de vue aussi, comme à l'intérieur de la ville, légèrement en contre-plongée nous laisse pantois.
Au dos de cette carte postale l'éditeur nous donne :
The 100-story John Hancock Center Chicago's newest landmark, is the world's largest residential-office structure. it feature 28 floors of offices, 48 apartment floors, parking for 1200 cars, recreational facilities, shops, restaurant, and observatory.
Rappelons que l'architecte de cette merveille est Bruce Graham.


Toujours sur le continent américain voici Montréal avec là aussi ce trouble de la maquette.
Expédiée en 1976, cette carte postale aussi éditée par Dexter Color, nous offre les très beaux bâtiments du village olympique que l'on doit à Monsieur Taillibert.
Au dos de la carte postale, nous ne voyons pas le nom de l'architecte mais on lit :
"Le village olympique de par sa construction pyramidale, ce complexe offre une vue indescriptible sur l'infini des quatre horizons."
Oui.
Reste là aussi une maquette et une prise de vue qui font parfaitement illusion.

mercredi 28 avril 2010

une église moderne, Foucarmont

Grâce à une carte postale, j'avais découvert dans ma région une église moderne assez étonnante et bien inspirée : celle de Foucarmont.
Je croyais même vous en avoir déjà parlé mais une recherche sur mon blog me prouve le contraire. Étrange...
Alors voici une série de cartes postales toujours de la donation de Madame M. qui me dit en me les offrant que vraiment personne ne lui demande !
Nous ça nous régale n'est-ce pas !
Voyez :


Prise sur la place d'un peu loin pour voir l'ensemble cette carte postale nous dit surtout que l'église se prolonge dans un bâtiment vers la droite dont j'ai oublié la fonction depuis ma visite. La mairie je crois.
La carte postale en véritable photographie par J. Bove ne nous donne pas le nom de l'architecte mais nous indique la date de l'inauguration de celle-ci le 3 mai 1964.
Formes simples mais bien dessinées, beau béton brut, élégant campanile, l'église se voit de loin dans le paysage car le village est sur une petite butte.
La 2cv du curé devant la porte à moins qu'il ne s'agisse de celle du photographe !


On poursuit avec l'incroyable chevet de l'église qui ressemble à un silo de centrale nucléaire percé de petites ouvertures. C'est avec le rebord du toit et le campanile toute la base sculpturale de l'édifice et c'est superbe.
On retrouve la 2cv du curé à gauche à moins qu'il ne s'agisse de celle du.... photographe ! Bien bien vous suivez !


Approchons-nous encore et la carte devient verticale. L'objectif photographique fatigue un peu au sommet et floute la croix. Admirez l'effet de veinure dans le béton.
Personne ce jour-là pour le voir.
Dirigeons-nous vers l'entrée.


Nous changeons d'éditeur puisque nous devons cette carte postale à un autre éditeur et photographe : Jean Hames.
Ici, on nous donne bien aussi la date d'inauguration, on nous précise que l'ancienne église fut détruite lors des bombardements et on nous donne enfin le nom de l'architecte O. Zavaroni même si on nous le donne avec un N en trop !
Monsieur Zavaroni nous précise-t-on aussi fut grand prix de Rome.
Maintenant deux cartes postales des vitraux chez le même éditeur.



On retrouve bien le jeu du béton et l'enchâssement des vitraux très à la mode de l'époque depuis Le Corbusier.
Une belle simplicité.
Je finirai avec deux cartes postales qui sont dans ma collection depuis longtemps.


Une belle vue de l'extérieur avec cet étonnant moucharabieh vraiment superbe. Regardez comme les volumes fermés alternent avec des volumes ouverts, je dirais même percés.
Puis pour finir vraiment en beauté, ce jeu de lumière à l'intérieur :


Ces deux cartes postales sont de J. Bove.
Il est vraiment incroyable de penser que dans un petit village normand dorme un peu cette merveille.
Tous les amateurs d'églises et d'art sacré du vingtième siècle doivent la visiter.
Le jour où j'y suis allé, elle était ouverte et accueillante comme le village lui-même.

mardi 27 avril 2010

tous les enfants de Brétigny-sur-Orge


La carte postale a été expédiée en 1968, en juin.
Le calme revenu.
Mais les enfants sur la carte ont peut-être été de ceux qui ont manifesté.
En effet, on voit bien qu'ils sont de cette génération.
On voit aussi une incroyable émotion.
Quelle belle image !
Je repense à cette photographie de Hilla Becher avec son mari. Ici.
La cité Pasteur est de monsieur M. Michelin, architecte.
La carte postale est une édition Combier.
Le photographe n'a pas pu passer le barrage de la propriété privée.
Le barrage ?
Une ligne d'enfants protégeant leur domaine.
Où êtes-vous passés les gamins ?
Après le passage du photographe, vous avez repris vos vélos, vous l'avez suivi jusqu'à sa voiture l'assaillant de questions :

C'est quand qu'on pourra voir ?
C'est votre métier ?
Elle roule à combien la Peugeot ?
Pourquoi vous faites ça ?
Ça gagne bien comme métier ?
T'as pas des bonbons ?
On peut aussi faire les autres photos ?
Tu vas où ?
Vous faites toutes les cités ?
Mon frère aussi il fait des photos, c'est pas le même appareil ?
T'en as combien des appareils ?
Waaaa... le matériel ! c'est à vous ou à l'usine de cartes postales ?
On en aura gratis des cartes ?

Puis la Peugeot est repartie.
Et je veux vous les montrer tous ces enfants, tous.
Alors les voici :

Le plus jeune ?

Le plus indifférent ?

C'est quoi ce mélange, bottes en plastique et blouse grise ?

Le soleil dans l'œil.

Une paire de lunettes toute neuve ?

Qui a tricoté ce gilet de laine ?

Sûrement le plus vieux de la bande.

Ces deux là, je n'ai pas eu le cœur de les séparer.

Quelle punition pour le phare cassé sur le vélo ?

Un short de scout ?

la demoiselle bien dubitative...

trop marrant ce type avec son appareil !

Regarde-moi bien toi...

C'est pas tout ça mais je dois aller au pain...

Et rapidement je m'amuse à replacer cette petite troupe dans notre époque :




Elisabethville, un plan d'urbanisme

Dans le lot d'hier je montre aujourd'hui :



D'abord j'ai reconnu l'église étrange, puis j'ai montré à Madame M. les petites constructions sur pilotis en lui disant que c'était bien marqué par son époque et que c'était intéressant pour moi. Nous avons aussi regardé l'espace libre entre les petites constructions et au fond l'usine terminant d'un trait l'horizon.
L'église est du prolixe architecte Paul Tournon. Elle fait partie de ce style très particulier hésitant entre une modernité surtout apportée par le choix du matériau et un mélange de styles allant d'un art-déco tempéré à une exubérance massive très Métroplolis.
On peut au choix, trouver cela parfaitement laid car loupant le coche d'une certaine rigueur et sécheresse d'avant-garde, soit totalement débridé et fantasque, typique de compromis et du désir de rester inscrit dans une tradition. J'aime !
Ce qui est aussi remarquable ici c'est la manière dont elle est posée dans le paysage comme un rocher, un peu ramassée sur elle-même attendant que la ville vienne l'entourer.
Mais... Cela n'arrivera pas car ce qui se passe derrière est une expérience urbaine bien particulière dont on peut comprendre facilement les enjeux et l'histoire dans cet excellent article de... Stéphane Degoutin sur le site de nogoland !
Je ne paraphraserai pas cet article et je vous conseille vivement de le lire. je vous indiquerai seulement le nom de l'architecte de ces petites constructions sur pilotis : Bernard Zerhfuss !




Pour finir rapprochons-nous de l'église Ste-Thérèse de l'Enfant Jésus grâce à cette carte postale Combier. Celle-ci ne vient pas du lot de Madame M.
Celle du début de cet article est une édition Lapie (service aérien) en véritable photographie au bromure.

lundi 26 avril 2010

Madame M.

Madame M. (qui restera pour l'instant anonyme) est une personne qui me connaît depuis que j'ai environ 5 ans.
Nous nous sommes aperçus de cela un jour, au cours d'une conversation où elle devisait avec ma mère de sa jeunesse... et de la mienne !
Madame M. je l'ai rencontrée devant un stand sur un vide-grenier et nous avons partagé une boîte à chaussures pleine de cartes postales. Puis nous nous sommes retrouvés dans un salon spécialisé où elle exposait une partie de ce que j'ai compris maintenant comme étant minuscule de sa collection... gigantesque !
Madame M. est devenue une sorte de détective particulier me mettant de côté tout ce qu'elle trouvait pouvant entrer dans mes obsessions.
Aujourd'hui, je me suis rendu chez elle et voici avec quoi je suis revenu :


Vous ne verrez pas tout d'un coup c'est impossible ! Le paquet contient 125 cartes postales !
Il y a de tout, du très connu comme du vraiment étrange...
Je commence avec du somptueux, du grandiose et du régional :


Nous sommes à Rouen, les Sapins, devant les châteaux d'eau.
Grandiose non ?
Et voyez :


Je vous sens à la renverse...
Les deux cartes postales sont des éditions "La Cigogne" et B. Hauville est le photographe. Mais nous n'avons aucun nom d'architecte... et je ne trouve pas sur internet.
Mais ne trouvez-vous pas que ce groupe de Châteaux d'eau et d'une très grande beauté ? Extrêmement médiéval ? Comme des forteresses !
Je les aime vraiment beaucoup.
Du surprenant maintenant :


Nous sommes à Neuilly-sur-Marne devant Mammouth...
Qui avait dessiné le beau mammouth qui servait de logo ?
La carte postale est une vraie fausse carte postale car si le dos est bien divisé, il est aussi occupé par un message publicitaire.
Mais quelle image ! Parfaite pour Martin Parr.
Finissons pour aujourd'hui avec une belle piscine Tournesol de Monsieur Schoeller. Ici, à nouveau Ambérieu en Bugey mais avec une carte postale vraiment superbe et iconique :


L'effet de soucoupe volante posée là, que j'aime tant est ici parfait.
Une édition La Cigogne expédiée en 1986.
Pour les 121 cartes qui restent vous allez attendre, attendre, attendre car le désir ne naît-il pas de la frustration...

dimanche 25 avril 2010

Playmobile au Crotoy



Quoi dire ?
c'est charmant non ?
Ce fut un genre aussi, la modernité traduite par le toit posé sur le sol.
Un summum d'originalité tout en conservant le double-pente.
A la fois drôle, vraiment vraiment osé (!) et un rien ludique, le toit posé sur le sol est un classique aujourd'hui.
Regardez bien derrière le bâtiment d'accueil, ce rassemblement de caravanes et de DS Citroën.


Non, il ne s'agit pas d'une manifestation organisée par Marc Hamandjian mais du camping des Dunes au Crotoy dans la Somme !
Et puis Playmobile a décidé de suivre :


La modernité je vous dis...
La carte postale est une édition Combier en Cimcrome.
Pas de nom d'architecte ni de date.