jeudi 17 novembre 2011

La Plagne vraiment bien située

Voici un exemple de perspicacité.
Sur un ensemble de 5 cartes postales de la Plagne envoyées par le même correspondant à la même personne, 4 des cartes postales ont droit à un signe, une croix pour indiquer où ledit correspondant séjourne.
Au moins, c'est clair.
On va ainsi aller de la situation la plus éloignée à la plus rapprochée ; ne manque finalement qu'une carte postale de l'intérieur de l'appartement !
De très loin d'abord :


Le photographe Jean Biaugeaud des éditions "la plagne" a laissé dans la neige la trace de ses pas, plaçant une diagonale de neige dans l'image et réduisant la ville à une ligne brun clair dans le blanc et le bleu du paysage. Pourtant, c'est bien sur cette ligne que le correspondant réussit l'exploit de placer une minuscule croix sur son appartement.
Vous l'aviez vue ?
Et comme ça ?


Retour en arrière :


Le noir et blanc de cette carte postale nous étonne à cette période et rend La Plagne bien plus vieille qu'elle n'est réellement. La carte Combier fut expédiée en 1968 et au dos, détail cinéphilique, le correspondant indique qu'il a vu "Bullit" avec Steve Mac Queen. Bon choix... Et là également une petite croix nous signale le même appartement.


On s'approche ?
Allez...


Vous avez joué ? Vous avez trouvé la croix ?
Ici :


Cette édition Iris pour Cap nous montre les parkings, les voitures et les congères... Une minuscule 2cv va tenter de partir sur la route !
Et pour faire les courses sous cette neige ?
Eh bien...


La carte postale nous montre tout je vous dis, même la galerie marchande de la Plagne. Le correspondant nous indique qu'il n'a pas besoin de sortir (certainement un luxe !) car il trouve tout ici. Le magasin d'alimentation est au fond de la photographie éditée en carte postale par Fontan-Thomasset. Vous admirerez la jolie enseigne de Serge Ski en lettres penchées !


Enfin , reprenons l'air vivifiant :


On peut enfin regarder la belle architecture qui pourrait bien être de Michel Bezançon, l'architecte de la station. Mais maintenant voici que le correspondant peut tout à loisir surligner d'un trait bien marqué son appartement. Il semble d'ailleurs que cela soit un peu généreux non ?


Mais l'immeuble est beau, la neige est là, le soleil fait bleuir le ciel et pour l'éternité l'image dit le bonheur d'un lieu de vacances que personne ne traverse mais que des traces révèlent comme habité et pratiqué.

mardi 15 novembre 2011

les jeux, l'architecte et les attractions

Aucune raison valable de rassembler ces deux cartes postales sauf... une certaine manière d'envisager les jeux pour enfants comme parfois une œuvre autonome.
Vous savez car vous êtes fidèles qu'ici on aime tout particulièrement regarder comment les espaces de jeux furent parfois conçus et utilisés avec talent par des designers comme le Group Ludic ou sculptures-jeux.
Voici donc deux exemples :
Avez-vous reconnu cet espace ?
Nous sommes sur l'un des plus curieux et incroyables bâtiments français, l'un de ceux qui font histoire par leur intelligence, leur analyse du programme et donc leur beauté fonctionnelle. C'est le jardin suspendu du centre d'échange de la gare Perrache à Lyon par Monsieur Gagès, architecte.
Cet espace situé au-dessus de l'un des objets architecturaux les plus complexes nous propose pourtant ici une vision apaisée, tranquille où l'on peut lire, prendre l'air et faire jouer les enfants en attendant le train, la voiture, le bus, l'ami qui viennent vous chercher. C'est l'un des plus incroyables balcons de France.
Mais regardons bien...
Là...
Vous reconnaissez ce praticable ?
Nous en avions déjà vu un magnifique modèle ici sur une autre très belle carte postale. Cette carte postale est une édition Combier qui nous donne bien le nom de l'architecte Monsieur Gagès et son atelier d'Architecture et d'urbanisme.
Puis...
Il s'agit d'une tout autre ambiance !
Nous sommes à OK Corral (sic) à Cuges les Pins devant l'Astrafort (si si !) et le train du Far-west.
Ce qui nous intéresse ici c'est bien évidemment ces jeux-ci :



On retrouve les belles boules que nous avions vues également ici.
Là elles sont perchées bien haut, c'est même un peu effrayant et rétrospectivement, vous pouvez en être certains, je n'aurais jamais pu enfant grimper là-haut !
Ah la honte eh...
Ouais, je sais... et m'en fous....

Dieu à l'échelle

Si on regarde un peu vite, on pourrait facilement se faire avoir par ces deux cartes postales d'églises.
La première :


Nous serions à Albertville devant l'église Sainte-Thérèse par l'architecte Claude Fay. Les éditions Francis Delmas ont su admirablement laisser le jour passer sur la construction, et le soleil de la Savoie donne toute sa chance à cette architecture d'église qui se veut moderne, sobre et élégante.
Une nouvelle fois l'église moderne passe par un jeu de triangles et de pointes. On commence à avoir vu cela souvent. Le petit campanile gracile et audacieux a un peu de mal à nous passionner même s'il joue bien son rôle de signal.
On admirera la netteté du premier plan et pas de doute que le photographe a ici joué du recul et de l'ouverture de son diaphragme photographique pour placer dans le décor montagneux un rien flou son architecture.
La seconde :


La neige est tombée en abondance autour de l'église Notre Dame des Neiges à l'Alpe d'Huez. Nous avons déjà bien vu cette très belle église de Monsieur Louis Marol son architecte.
Regardez bien les détails de cette carte postale Jansol en Italcolor, comme tout est bien en place, comme à nouveau le soleil donne de belles ombres sur... la maquette !
Car, en effet, ces deux cartes postales d'églises sont des cartes postales de maquettes des futures églises !
Avouez qu'on s'y laisse prendre dans les deux cas non ?
On peut d'ailleurs pour celle de Monsieur Marol s'amuser à analyser les différences entre le rêve et la réalité.
Il s'agit certainement dans les deux cas de cartes postales de soutien pour obtenir des fonds. On s'amusera de la formule figurant au dos de l'édition Jansol : "Située dans son cadre."
J'imagine le photographe transportant dans la neige la maquette sur une table, créant un sol de neige ramassée à ses pieds et sous l'œil avisé du curé cherchant l'exact point de vue qui mettra en valeur la future construction :

"un peu plus à gauche"
"comme ça ?"
"mouis, mais faudrait un peu plus de neige."
"bien et comme ça ? "
"ah oui c'est parfait ! Oh et vous avez même apporté des petits personnages ! Oh comme dans ma crèche !"
"Bah oui Monsieur le curé, ça fait plus vrai non ?"
"Oh oui c'est saisissant ! On s'y croirait "
Et puis quel petit garçon chanceux aura hérité des Norev et Dinky Toys une fois la maquette inutile ?...

lundi 14 novembre 2011

abstraction lyrique sur architecture géométrique

Pour moi, il s'agit sans doute d'une de mes plus belles cartes postales.
Pour les cartophiles, juste un truc à mettre à la poubelle.
La différence de jugement ne tiendra pas seulement compte de l'objet photographié, de l'époque de la carte postale ou de sa rareté mais bien plus de son état.
Regardez :


Superbe...
J'ai tout de suite beaucoup aimé comment cette tache rouge de gouache est venue se poser sur l'abstraction de la grille de cette architecture en noir et blanc.
Tout s'oppose. Gestualité, brutalité, exubérance, retenue, liberté.
Mais tout tient aussi dans la pictorialité de ce geste certainement involontaire, comme glissé sur la surface de la carte postale.
Mais je vous sens trépigner. Où sommes-nous ?
Il s'agit de Nantes, de Breil-Malville. La carte postale fut expédiée en 1965 et fut éditée (sans la tache) par Artaud.
On pourra sans aucun problème aimer la belle architecture de ces logements sociaux que l'on doit à un architecte que nous avons découvert récemment ici : Monsieur Evano.
Alors, je le redis, j'aime tout particulièrement cette carte postale et cette position, celle d'une forme de plasticité hasardeuse qui est bien le signe de mon regard sur ces objets éditoriaux.
A la fois orienté sur l'objet photographié, sur le but éditorial mais également sur l'image débordante, glissante qui donne à voir autant l'architecture qu'une certaine forme d'art, le plus grand sans doute parce que le moins attendu.
Au verso, sur le coin en bas à droite, des fragments d'une empreinte digitale du même rouge me laissent croire à une trace possible de l'auteur de ce mouvement lyrique.
Comme la signature involontaire et pataude d'un artiste qui s'ignore.
un détail du recto :

dimanche 13 novembre 2011

Genk pour un geek ?

Mystère... mystère....
Voici qu'une carte postale de Belgique reste très mystérieuse.
Tiens ! Mais au fait, on parle peu de la Belgique sur ce blog !
Il faudra se demander pourquoi si peu de cartes postales d'architectures modernes rejoignent la collection ! Pourtant la Belgique n'est pas loin et ne manque pas de belles architectures. C'est curieux !
Alors essayons de profiter de cette carte postale Thill par Nels. Nous sommes à Genk et l'intitulé de cette carte est : Buitenzicht. Sint-Janskliniek.
Rarement une carte postale reste ainsi mystérieuse sur tous les points de vue ! Je n'arrive même pas à être certain de l'objet photographié. Une clinique (kliniek) ? Sint-Jan c'est Saint Jean ?
Et pour ce qui est du nom de l'architecte et de la date de la construction alors là, rien... rien... rien...
Aucun site belge sur l'architecture moderne et contemporaine ne me donne la solution, aucun de mes ouvrages et aucune de mes revues non plus !
Pourtant que cette construction est belle !
Regardons les détails des piliers, de la cage d'escalier avec sa vis superbe ! Regardons la polychromie de la façade et comment les volumes de la construction jouent ensemble ! Ce bâtiment est vraiment une belle chose. Une nouvelle fois on observera que l'espace dégagé sous les pilotis et dont Le Corbusier pensait qu'il servait à libérer l'œil de la barrière de la construction sert encore à... garer les voitures comme à la Cité Radieuse de Berlin !




Alors si l'un de nos lecteurs belges pouvait nous donner toutes les informations sur cette construction, lecteur de Belgique ou d'ailleurs, celui-ci serait le bienvenu car cette construction mérite de perdre son anonymat et de retrouver son histoire.

samedi 12 novembre 2011

Pierre Joly Vera Cardot c'est beau

Hier j'ai fait l'acquisition d'un beau lot que vous avez déjà un peu découvert. Je poursuis cette exploration avec une exceptionnelle découverte pour nous amateurs de photographies d'architecture et de cartes postales.
Nous avions vu sur ce blog que Lucien Hervé nous offrait l'occasion d'acquérir ses clichés depuis Le Corbusier par une série de cartes postales nous laissant croire que ce grand photographe est ainsi accessible aux collectionneurs modestes.
Mais voici qu'un duo de photographes parmi les plus prolifiques (55000 clichés !), les plus subtils et les plus représentatifs de l'attention portée à l'architecture nous offre également des cartes postales : Pierre Joly et Vera Cardot.
Voici un exemple magnifique:





Nous sommes au centre œcuménique de Chamrousse. Les deux cartes postales sont imprimées par Lescuyer à Lyon et elles nous donnent bien comme architecte P. Jomain et l'atelier Berthe-Chappis-Jomain. Elles nous disent bien également que Pierre Székely est le sculpteur avec J. M Pirot et I. Gaillard.
J'aime tout particulièrement la première carte postale, celle de l'extérieur car elle confine à une abstraction. L'ombre des arbres posée sur la neige tombée en tas qui déjà semble vouloir arranger l'architecture à l'ordre de la nature ajoute encore un trouble sur le plan de la construction. On ne sait plus très bien visuellement où on en est !
Et cela au lieu de créer une gêne, offre l'occasion de voir ce lieu comme un moment du paysage, comme lorsque subitement d'un vallon surgit un rocher. Le noir et blanc est aussi le lien de cette photographie, ce qui unit sa surface, la rassemble en un jeu formel plus saisissant sans doute que le programme architectural. Mais il n'est pas question pour les photographes de composer à l'envi cherchant l'audacieux et l'improbable pour faire image, mais bien d'inventer un regard sur le réel, une manière simple d'être face au "phénomène" d'une architecture prise dans un espace. Regardez comment le reflet dans les vitres semble prolonger comme un écho l'extérieur et le fondre à l'espace intérieur.
L'intérieur justement, les photographes choisissent de le brûler à la lumière. Par la baie vitrée (dessinée par Jean Prouvé ?), la blancheur d'un temps de pose long qui veut aller chercher les détails d'un intérieur sans l'utilisation du flash, donne un vide, ruine le paysage, l'efface au profit d'une valeur absolue qui donne tout à voir en opposition au beau dessin de cet espace. Le crépi du mur du fond vibre, les sculptures-objets forment une phrase au mystérieux alphabet et les bancs sont comme des rythmes en cascade, simples mais nécessaires. Regardez le détail des galets sur le sol qui font, excusez-moi, la nique aux lambris du plafond.
Voilà de la belle photographie. Voilà de la belle architecture, voilà un lieu, un espace qui s'affirme.
Alors tant que des photographes de cette envergure, tant que des architectures à la fois modestes et évidentes se donneront à voir et à jouer ensemble sur des morceaux de papier 10x15cm, je serai celui qui croit (et vous avec moi) que collectionner les cartes postales a un sens pour apprendre et jubiler.

vendredi 11 novembre 2011

Claude Parent à la radio

Ne loupons pas ce soir, Claude Parent chez Laure Adler.
Pour ce faire écoutez France Culture, l'émission "Hors Champ" à 22h15.
Bonne écoute à tous.