samedi 3 décembre 2011

Bagneux, mystérieux, jeux,

Voici une carte postale d'une grande qualité photographique sachant dans une certaine forme de dureté révéler un espace urbain et architectural original et... effrayant aussi, j'en conviens.


Nous sommes à Bagneux devant le terrain de jeux et la Tour 4. Les éditions Leconte ne nous en disent pas plus et je ne trouve pas de réponse claire pour attribuer à des architectes ces constructions dont on pourra avec un peu de recul s'apercevoir qu'ils ont, sans aucun doute, tenté ici une réalisation bien marquée par les formes et les idées de leur époque.
Mais, c'est certain que cette image dans son vide, dans son noir et blanc, dans la fermeture de l'horizon, dans sa minéralité et sa géométrie, offre d'abord un aspect anxiogène assez terrible.
Je crois que c'est surtout ce vide de vie, cette désertion encore plus grande de ce qui devrait être un lieu convivial, l'aire de jeux qui produit sur nous un effet étrange.
Comment se sortir de cette sensation ?
Faut-il en sortir ?
Le silence de cette image est immense. Son abandon semble total.
J'ai beau scruter, le compte-fil sous l'œil, je ne vois rien qui donne à penser qu'ici on habite, joue, cuisine, se rencontre. Même les arbres maigrelets semblent rétifs à la pousse.
Pourtant cette architecture, celle de la barre à droite, celle de la barre du fond, si on y regarde bien sont intéressantes.
D'abord à droite :



Une barre longue alimentée par des coursives épaisses et marquées d'un blanc fort strient et allongent le bâtiment. Le dernier étage offre une variante avec de grandes baies dont on a du mal à dire la fonction.
On sait que souvent la coursive, sorte de rue, fut promue comme un lieu de convivialité sociale, de rencontres par une distribution des habitants à la fois sur un extérieur ouvert et dans le même temps déjà partie intégrante de la construction. Aujourd'hui cette forme ouverte est décriée car... trop ouverte et donc, dans un contresens remarquable, ouverte à l'indésirable et fermée à son contrôle !
Dans une société où rien n'est apaisé, le privatif à double sas de portes blindées à codes, semble aujourd'hui la norme. Et on peut aussi le comprendre.



La barre ou Tour 4 au fond offre une façade à la grille alternant des ouvertures horizontales et verticales. Une fente verticale et vitrée doit protéger l'escalier ou l'ascenseur. On devine une façade lisse, sans aspérité. La rythmicité sans être exceptionnellement plastique ne manque pas de rigueur (trop ?)
Mais l'aire de jeux ainsi cernée distribue de petites formes frêles qui réalisent une sorte de partition faite de cercles, de carrés, de triangles dont les fonctions d'animations, de mouvement, ici sont totalement éteintes...





Et de ce contraste entre un lieu au grand nombre de logements et donc d'habitants et un espace de convivialité vide est le "ça" de cette image. Ce point focal fait de rien, de vide, d'attente est la beauté étrange de cette image : son objectivité photographique.
Un dimanche après-midi du mois d'août ?
Un matin morne de février ?
La guerre déclarée au loin et l'abandon des constructions ?
Une épidémie ravageuse ?
Une alerte au nuage radio-actif ?
Une bombe de la seconde guerre mondiale retrouvée dans un chantier proche ?
Un match de la coupe du monde de football à la télé ?
Le silence avant l'implosion des constructions ?
Une photographie nettoyée sous Photoshop par un artiste contemporain ?
Une misanthropie passagère du photographe des éditions Leconte ?
Vous choisirez votre option. Vous en inventerez une...

vendredi 2 décembre 2011

cité marine, coquillages et crustacés

Grâce à la vigilance sans faille de mon ami Dominique M. qui s'occupe bien plus de Guimard que de l'architecture contemporaine, j'ai pu faire l'acquisition de cette carte postale assez incroyable :


Regardons bien.
Dans une sorte de crique, d'anse méditerranéenne, viennent se croiser deux architectes absolument étonnants.
D'abord le photographe des éditions Mar (éditeur niçois) pose au premier plan, en contrebas ceci :






Oui !
Vous avez bien vu !
Il s'agit de la villa dessinée par Antti Lovag ! C'est vrai que de là on devine plus qu'on ne voit mais tout de même on se régale de voir sur une carte postale l'une des constructions les plus surprenantes de cette deuxième moitié du 20ème siècle.
Il y a même pour finir de nous réjouir une DS Citroën Break sur le parking, comme si Marc Hamandjian venait là en visite...
Mais continuons, sur le tapis de la suspension oléopneumatique, de faire la route et regardons au loin, en face, cette cité marine de Port la Galère :



Accrochée à la rocaille, la cité marine joue aux concrétions naturelles. On doit cette bizarrerie architecturale à un autre architecte curieux et étrange : Jacques Couelle !




Sur cette autre carte postale (édition Gilletta, 1974), je retrouve la Cité Marine de Port La Galère, seule cette fois. On devine un peu mieux les formes étranges et sculpturales. Dominique Amouroux dans son Guide d'architecture contemporaine en France sait ne pas être tendre... Pourtant pour une autre réalisation de Jacques Couelle à Castellaras-le-Neuf, il semble qu'il soit bien plus convaincu. Serait-ce qu'au delà des questions constructives, et pour cette réalisation, Jacques Couelle aurait été aidé par... Antti Lovag !




Je vous donne en prime une partie de l'article paru en 1978 dans Architecture d'Aujourd'hui, article écrit par Pierre Joly avec ses photographies et celles de Vera Cardot. Quand c'est beau, c'est beau !
Remercions donc encore Dominique M. du Cercle Guimard et pour ce faire, faites-vous plaisir et jetez un œil sur le site, vous allez aimer et puis finalement Guimard le végétal n'est pas si loin de Couelle et Lovag les grotesques (au sens rocailleux du terme !)










jeudi 1 décembre 2011

enfance post-moderne

Ici, on aime Ricardo Bofill, finalement.
Oui, tout tient dans le "finalement" qui pourrait être également un malgré tout...
Mais que voulez-vous, quand l'architecture produit des images qui sont certainement la seule chose qui reste à cette architecture et que, ces images sont fortement référencées, habilement déguisées et joyeusement transgressives, on ne peut qu'aimer rire avec l'architecte.
Alors on aime Ricardo Bofill.
Mais nous ne sommes pas seuls et les photographes de cartes postales font leur travail et y trouvent un décor, une richesse plastique pour former des photographies parfaites qui disent les espaces de la ville.
Et puis soudain, ce qui aurait pu être une carte postale comme tant d'autres, par une présence dont on ne saura pas si elle est de hasard, l'image enregistre un moment de vie, une complicité entre un corps et un lieu, d'autant plus émouvant que ce corps d'enfant est d'une échelle qui fonde l'architecture de Bofill comme un monstre de décorum, une scène de théâtre invraisemblable pour un être si jeune.
On dirait que les encorbellements se plient pour le voir passer là, seul, dans son polo bleu ciel que même le bleu retouché à outrance du ciel de Montpellier ne peut combattre.
Mais...
Comment pourrions-nous savoir si le photographe des éditions Yvon a trouvé là un acteur anonyme et heureux du post-modernisme ou a joué avec une connaissance, son fils, son neveu ou même le gamin de passage qui se prête volontiers, acteur au jeu du cadrage du photographe.
Il marche, ce garçon, d'un pas décidé vers le photographe, il évite de justesse les ombres qui affadiraient sa présence, parfois un peu loin, minuscule, parfois plus proche voire même dans une pose de marcheur arrêté dans sa course, un rien artificiel, comme finalement la belle architecture de Monsieur Bofill.
Oui, ici nous aimons Ricardo Bofill.








mercredi 30 novembre 2011

aller à la Poste


Dans une petite ville, il a cherché tout de même à faire moderne.
Il fallait refaire la Poste de Bohain-en-Vermandois et il avait une idée.
Il avait vu dans Architecture d'Aujourd'hui ce système décoratif dans des publicités aguicheuses et il avait trouvé que, oui cela serait parfait pour faire moderne tout en étant simple et de bon goût.
Le bas du bâtiment serait sombre, couleur bronze pour bien asseoir la construction et dire en même temps le sérieux de l'institution. Et puis les vitres ainsi donneraient le reflet de la vie de la petite bourgade comme une animation de la façade.
Au-dessus, cachant le volume aveugle de la Poste, il ferait poser ce placage de modules si beaux et si cinétiques qui dira à la population locale l'avenir, la modernité.
Un énorme logo de la Poste fera le reste et signera de manière directe la fonction de l'ensemble.

Ici, les modules sont de couleur bronze doré jouant parfaitement avec le ciel et offrant aussi un chatoiement presque luxueux, comme une belle boîte à bijoux.
Monsieur Delaporte André, l'architecte de cette Poste pouvait ainsi être heureux de sa réalisation à la fois riche visuellement et économique.



Alors les gamins du village pourraient venir fièrement poser à côté de l'institution française, se marrer du photographe des éditions Cim. Ils pourraient aussi pour les plus grands essayer de lire le mot compliqué sur la façade avec les quelques nouvelles leçons de lecture apprises depuis la rentrée:
-Teu leu co mou, non comi, nica, micazionneu ?
-mais non Raoul télé commu nica tion... t, i, o, n, ça fait cion !
-Bo l'autre isse la pète grave... et quique ça veut dire éh malin télémachin chose ?
h bah rigolo ça voudrait dire un truc comme on parle et on voit par la télé quoi !
-la télé, oh l'autre n'importe quoi ! y a pas de télé à la Poste ! je sais moi, ma marraine a zi bosse même !
-Ma reine, ma reine poil au laine, allez les gars on se barre, faut que je rentre, j'ai pas dit que j'étais sorti...
-bah moi j'ai les poules à nourrir.

...

Il faut aussi dire que j'avais tenté (et réussi ?) pour l'exposition du Comité de Vigilance Brutaliste à Evreux de refaire ce module Sculptura Panels non pas en métal mais en papier.
Voyez-vous même le résultat:
recto :


et verso:

mardi 29 novembre 2011

Maison de l'Architecture de Bretagne : une donation 4



Puisque nous avons eu la chance de voir de belles architectures contemporaines en Bretagne avec la série éditée par la Maison d'Architecture de Bretagne, je me permets de vous montrer cette dernière carte postale toute seule car dans cet ensemble il s'agit pour moi d'un coup de cœur.
Cette maison au Rheu est de l'agence Isabelle Hiault.
J'aime les matériaux à la mise en œuvre à la fois simple et sophistiquée, j'aime le contraste entre une polychromie vive et un fond métallique sobre, j'aime une certaine lisibilité structurelle et une image qui joue d'architectures pauvres comme les hangars, les petites fabriques, j'aime ainsi sa discrétion et aussi, je crois, une légèreté qui pourrait laisser croire que la construction va pouvoir partir comme une énorme caravane, une remorque foraine.
Alors voilà ce que j'appelle une belle maison contemporaine, une maison sans camouflage comme une machine à habiter... Je crois que je pourrais aussi aimer le bruit de la pluie sur la tôle ondulée.

Je remercie à nouveau Gwenola Coant pour cet envoi et également la Maison d'Architecture de Bretagne. Vivement les publications de 2012 !

lundi 28 novembre 2011

Maison de l'Architecture de Bretagne : une donation 3

Puisque nous aimons la Bretagne et son architecture contemporaine, reprenons la route en suivant la Maison d'Architecture de Bretagne et ses photographes de cartes postales :
Dépendance
Réhabilitation à Montreuil-sur-Ille (35)
mR Désirs d'Espaces
mentionné au Prix Architecture de Bretagne 2011
catégorie "réhabilitation-extension"
photo de DR :

on s'amusera du détail des gouttières en fagot sur le sol à gauche tout en admirant cette vraiment belle réalisation.

Restaurant scolaire
extension à Morlaix (29)
mairie de Morlaix
Yannick Jegado Architecte
mentionné au Prix Architecture de Bretagne 2011
catégorie "réhabilitation-extension".
photo de Philippe Erard :


Atelier mécanique-Campus Beulieu
restructuration et extension à Rennes
Université de Rennes 1
Yves-Marie Maurer Atelier d'Architecture
et Catherine Proux Architecte Associée
lauréat du Prix Architecture de Bretagne 2011
catégorie "réhabilitation-extension"
photo de Michel Denancé :


Maison à Crac'h (56)
AA 41
lauréat du prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "habitat individuel".
photo de Stéphane Chalmeau :


Résidence étudiante Languedoc à Rennes (35)
Archipel Habitat
Clément Gillet Architectes
Lauréat du Prix Bretagne 2011
catégorie "habitat collectif"
photo de DR :


restaurant inter-entreprises
à Saint-Jacques-de-la-Lande (35)
SCI Le Carrousel
Anthracite Architecture 2.0 et David Cras
mentionné au Prix d'Architecture Bretagne 2011
catégorie "lieux d'entreprises".
photo de Stéphane Chalmeau :



dimanche 27 novembre 2011

maison de l'Architecture de Bretagne : une donation 2

Poursuivons la visite de la Bretagne moderne au travers de son architecture contemporaine grâce à la superbe collection de cartes postales éditées par la Maison de l'Architecture de Bretagne.

Résidence Lucien Rose
81 logements à Rennes (35)
Atelier du Pont, architectes à Paris
lauréat du Prix Architecture Bretagne 2010
catégorie "habitat collectif"
photo de Luc Boegly :


Maison à Crozon-Morgat (29)
Michel Grignou, architecte à Quimper
lauréat du Prix Architecture Bretagne 2010
catégorie "habitat individuel"
photo de Dieter Kik :


Centre de Secours à Plerguer (35)
Sivu de Plerguer
Valérie Treguer Architecte (Treguer-Velly)
lauréat du Prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "équipements publics"
photo de Benjamin Gouret :


Espace Social et Culturel Aimé Césaire
à Rennes (35)
Ville de Rennes
Michel Kagan Architecture et Associés
mentionné au Prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "équipements publics"
photo de Hervé Abadie :


Ifremer-Ateliers et plateformes de préparation des campagnes à la mer
à Plouzané (29)
Ifremer institut français pour l'exploration de la mer
A3 Argouach Architectes Associés
mentionné au Prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "lieux d'entreprises"
photo de Jean-Pierre Petit :

J'ai un doute sur cette image et je crois qu'il s'agit d'une vue infographique.

Siège social du crédit Agricole d'Ille-et-Vilaine
à Saint-Jacques-de-la-Lande (35)
Crédit Agricole
Agence d'architecture et d'urbanisme Jean-Pierre Meignan
prix spécial du prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "lieux d'entreprises"
photo de Benoît Gilbert :


Bureaux CCCP à Saint-Alban (22)
communauté de communes côte de Penthièvre
Coquard Colleu Charrier Architectes
lauréat du Prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "lieux d'entreprises"
photo DR :


Maison de l'enfance et relais
assistante maternelle à Nivillac (56)
mairie de Nivillac
Atelier Pellegrino
mentionné au Prix Architecture Bretagne 2011
catégorie "équipements publics":