vendredi 21 janvier 2011

Patrick à Cagliari

Mon ami Patrick Gaïaudo lorsqu'il se promène n'oublie pas de regarder pour moi.
Puis dans les boutiques, il cherche et souvent trouve les images qu'il pense correspondre à ce que j'aime.
En voici la preuve :



Ces deux cartes postales nous montrent la très curieuse et audacieuse église de Sainte Catherine (Santa Caterina) à Cagliari en Sardaigne.
D'abord un peu perdue en bas à gauche de l'image, on la retrouve bien cadrée par le photographe de la carte postale.
Toute de voûtes en béton précontraint dont les courbes ne semblent plus vouloir finir, cette corolle minérale est largement ouverte à des vitraux gigantesques.
Regardez bien l'échelle avec la petite silhouette sur le parvis à droite !
Eh oui...
La lanterne est d'un très beau dessin aussi.
Peut-être une légère surcharge de courbes sur le bas mais je chipote.
Admirons également les couleurs très particulières de ce type d'édition.
Encore une preuve de l'audace de réponse au programme liturgique dans cette période.
Les deux architectes de cette merveille sont messieurs Marco Piloni et Franceso Giachetti.

dimanche 16 janvier 2011

cinq années les séparent.

En 1925, Auguste Perret réalise à Grenoble cette tour :


Tout est dit sur l'image.
Lieu, année, nom de l'objet architectural, nom des architectes (ici MM. Perret frères, arch. -constr.)
On nous donne aussi le nom du photographe, Pacalet !
Cette tour extrêmement fine pour sa hauteur semble surtout une sorte de prouesse technique pour démontrer la validité du béton armé.
Son dessin rigoureux est un peu allégé par la fantaisie minimum du haut de la lanterne hésitant entre phare maritime, lampe de mineur et minaret.
Mais ce qui me séduit dans cette image au-delà de son objet architectural, c'est le vide du ciel qui fait remonter la matière du papier.
La Tour Perret ainsi isolée dans ce crème léger est comme redessinée, recomposée. Elle se libère de son environnement et sans doute cela lui offre l'opportunité de paraître plus haute, plus majesteuse.
Comme si l'éditeur et le photographe avaient compris le jeu des architectes qui, en dessinant fin avec un étage souligné d'une corniche savaient que l'œil du dessous étirerait encore et encore cette tour.
Sa solitude fait avec son dessin son ambition technique et sa beauté.
1930 à Anvers :


Tout change. Le style de construction, le type d'édition.
Ici pour nous montrer ce très beau pavillon des arts décoratifs de l'exposition internationale d'Anvers, l'éditeur Belga Phot. (Géo Potié) nous propose une véritable photographie.
Au verso, il est surtout question dans les deux langues, de l'exclusivité de l'image pour cet éditeur, seul "concessionnaire" de l'exposition.
De la construction, on ne nous dit pas le nom de l'architecte. On doit se contenter du superbe cliché mettant dans le noir brouillon et feuillu la construction à la grande pureté géométrique et abstraite.
Malgré ce dessin un rien dur et presque trop, excusez-moi, expressif de ce désir moderne, il semble pourtant que le pavillon ait parfois du mal à jouer contre ce fond noir en contre-jour.
Le bas de l'image ne permet pas par exemple de lire correctement la construction.
Finalement tout tient dans l'angle de la petite tour marquée par sa perspective quasiment en axonométrie. Du moins, on devine que le dessin devait ainsi marquer sa modernité mettant en quelque sorte tout le paquet dans l'articulation des angles !
La courbe du rez-de-chaussée venant sans doute dans un contraste formel accentuer elle aussi le plaisir des règles et des équerres.
La blancheur de quelques lignes accentuant aussi ici le dessin finit ce plaisir moderne dans lequel Joost Swarte pourrait faire circuler ses personnages.
L'architecte ? Peut-être Monsieur Stynen. Mais rien n'est moins certain.

prefab house ? En français : le préfa.

On a tous ce souvenir.
Quelque part en France, lors de nos études, de nos loisirs, nous allions dans le "préfa".
Pour ma part j'ai connu ça à l'école primaire dans la cour de laquelle avaient été posés en hâte, sous la pression démographique, deux préfabriqués pour servir de salles de classe.
Il s'agissait d'un modèle répandu que l'on voit encore parfois posé ici ou là mais dont je ne connais pas le nom.
Je vous propose aujourd'hui de regarder plusieurs modèles.
Pour le premier, finalement je ne suis pas certain qu'il s'agisse bien d'une construction de ce type mais tout y fait penser.
Regardez :



Nous sommes à Saint-Valérien dans l'Yonne grâce à des cartes postales Mage. Sur la première on voit parfaitement la Poste dont l'allure générale, sa fragilité apparente, nous laissent croire à une construction du type préfabriqué.
Mais surtout au fond de l'image on aperçoit déjà l'autre lieu de Saint-Valérien qui est la M.J.C Josette Thibault.
Et là...
Pour moi il ne fait pas de doute qu'il pourrait bien s'agir d'un préfa. D'ailleurs cela ne manque pas d'élégance et même à bien y regarder d'une certaine modernité.
Le bardage bois, les ouvertures larges, le dessin curieux du toit en voûtes, le décrochement de ce volume sur les pans et les petites ouvertures entre le toit et le socle confèrent à l'ensemble une allure encore acceptable aujourd'hui.
Malheureusement, je n'ai aucune information sur ce type de construction. Il semblerait que cet ensemble soit toujours debout !
Voici un autre exemple dont nous avions déjà vu quelques images ici :


Il s'agit de deux chalets du procédé H. Vote, siégeant à Amfreville-la-Mivoie. On pouvait, sur la route de Rouen apercevoir les maisons témoins. Tout cela a disparu mais j'ai eu le plaisir lors d'une visite à Saint-Didier-des-Bois de trouver ce modèle bien en place et superbement repeint !



Ce qui est remarquable avec ces constructions, c'est que le fabricant a utilisé la carte postale comme moyen promotionnel et au dos des cartes on trouve toutes les informations et même les plans des chalets "mignonnette" !
regardez :



Je retrouve encore dans mes cartes postales trois exemples possibles de préfa. Qui me confirmera qu'il s'agit bien de constructions de ce type ?
premier :


Le foyer des anciens à Saint-Brice-sous-Forêt dans le Val d'Oise. Une édition d'Art Yvon.
deuxième :


Centre d'accueil des Africains Noirs, Paris. Une carte de remerciement aux donateurs datée de 1965 !
troisième :


Un peu au loin, la Colonie S.N.C.F de Tal-ar-Groas en Crozon.

Dans l'extraordinaire prefab house publié par Taschen aucun de tous ces modèles n'est référencé. Encore plus absent, l'ensemble du pavillonnaire français du type Phénix. Comme si cette aventure constructive n'avait jamais eu lieu et que dans les années cinquante nous vivions tous dans du Prouvé ou que, dans les années soixante-dix nous passions nos vacances dans des bulles six coques...
Reste un superbe livre, très complet et qui me fait rêver avec son dernier exemple : une maison préfabriquée dessinée par Daniel Libeskind !
Je la veux immédiatement !




Sur la couverture vous aurez reconnu la Futuro de Suuronen que nous avons évoquée ici par exemple. (voir gare de triage)
Merci à Martine pour ce somptueux et très divertissant ouvrage. Vu son poids et sa taille, je crois que je pourrais presque en faire un petit cabanon de plage !

vendredi 14 janvier 2011

Henri Ciriani et des voitures

Les cartes postales d'architectures vraiment contemporaines sont rares.
A part disons sans doute les grandes icônes genre institutions culturelles et musées, il semble aujourd'hui difficile de trouver autre chose.
Alors voici sans doute une exception et donc une rareté :


Cette carte postale éditée par la SEMAPA (société d'économie mixte d'aménagement de Paris) nous propose par le biais du photographe Gilles Walusinski une vue du Ministère des Finances à l'angle du boulevard Vincent Auriol et de la rue Louise Weiss dans le XIIIème arrondissement.
Tout cela c'est bien la carte postale qui nous l'indique.
Mais c'est un objet bien étrange.
Le point de vue est celui du piéton sans fard ni tentative artistique et encore moins descriptive. On est sur le trottoir.
Devant nous, le photographe installe deux arbustes (peupliers ?) dont l'un quasiment au centre de l'image. La lumière en face projette l'ombre de l'arbuste sur le photographe l'autorisant certainement par ce jeu de cache-cache à faire son image en contre-jour.
Les autos passent indifférentes.
A peine devine-t-on le bâtiment de Monsieur Ciriani.
Grâce à Google Earth, je retrouve ce point de vue. En fait le poteau à gauche est ici celui du métro aérien.


Mais pourquoi diable avoir choisi cet endroit qui ne permet ni de lire la construction ni même à la rigueur la ville qui l'entoure ?
Est-ce un projet éditorial avec d'autres réalisations de la SEMAPA ? Y a-t-il eu d'autres cartes postales de cet organisme et de cette architecture ?
En tout cas, on peut affirmer que le photographe dans la sécheresse piétonnière et sans concession aura fabriqué soit une carte postale ennuyeuse pour Martin Parr soit une épreuve contemporaine à la Atget (enfin...)
Et j'aime bien ce genre d'image qui m'installe là, dans ce lieu de Paris dont certainement il ne doit pas y avoir tant de clichés que ça.
Et je découvre aussi que j'ai arpenté ce trottoir sans pour ma part et à regret y avoir vu la nécessité d'une image.

mercredi 12 janvier 2011

post-moderne mais alors vraiment, vraiment poste de police

Il m'arrive parfois (souvent en fait) de ne plus savoir quoi penser. Et cela m'arrive avec le post-modernisme.
Si je reconnais à Bofill le mérite de faire habiter les gens "quelque part", ce qui, vous en conviendrez, pour l'architecture est le minimum, il m'arrive même de trouver intéressantes et belles des expériences du type d'Antigone.
Dans l'exposition du comité de vigilance brutaliste d'Evreux, sur une belle gravure de Piranèse aimablement prêtée par le fonds ancien de la ville, j'ai disposé dans les marges de la planche nous montrant le Vatican, des cartes postales de bâtiments de Ricardo Bofill.




C'est une position ironique certes, les cartes postales au bord, prêtes à tomber font évidemment vibrer directement l'une des nombreuses influences de l'architecte tout en mêlant comme lui la préciosité du modèle (ici l'architecture du Bernin et la gravure de Piranèse) et la pauvreté de l'image (ici le caractère fruste de la carte postale) au programme architectural : des logements.
Mais je le redis, j'arrive à aimer ces endroits (Antigone ou Cergy) finalement comme on aime des monstres parce qu'ils sont... monstrueux.
Alors voici deux autres exemples en cartes postales. L'un que j'aime vraiment, l'autre qui franchement me fait rire (et c'est déjà ça).
Pourtant ils sont du même architecte : Manolo Nunez Yanowsky.
Commençons par le beau. Là :


Facile de localiser, nous sommes à Noisy-le-Grand devant les arènes de Picasso grâce à une édition Iris. Je ne m'étendrai pas sur le titre de l'œuvre et je préfère regarder l'image.
D'abord il y a, à n'en pas douter, l'ambition de faire signe, de raconter une histoire et de dire ouvertement ses références. Entre une aberration gothique filtrée d'un décor de Little Nemo, un dessin surréaliste, une prison de Piranèse, un détail gigantesque d'une œuvre de Gaudi.
C'est pour le moins inattendu, parfaitement dessiné et d'une belle étrangeté. On pourrait à loisir y voir aussi un décor de cinéma de science-fiction, voire un décor tout court limité par sa fonction même, l'épaisseur d'un rideau de scène.
Habiter là c'est sans doute dans l'esprit de l'architecte être habité...
Si des résidents veulent bien nous apporter leurs témoignages, ils sont les bienvenus.
Je peux essayer d'imaginer comment on grandit là, écrasé par ce décorum et marqué par ces formes si sensibles.
Mais là :


Nous sommes à St-Quentin-en-Yvelines, à Guyancourt-Vilaroy devant les "caryatides" !
Et c'est impossible de passer à côté !
Une édition Compa Carterie par Alain Téoulé photographe.
Comment ne pas voir là une sorte de résumé façon Las Vegas ou Disney mêlant dans un désir cultivé la jouissance d'un baroque de maison close à l'inutile référent classique.
On admirera la corniche en équilibre sur des boules à la Dali, œufs de béton rompant sans doute dans leurs courbes la droiture trop froide d'une ligne néo-classique.
Cela pourrait, comme tout décor, être finalement beau par son inutilité, comme une figure de proue sur un navire.
Mais la répétition même de cette Vénus portant sur son épaule la construction comme un livreur de chez Nicolas porte son casier six trous est trop drolatique pour que, comme dans l'exemple précédent on puisse croire à une citation de modèle.
Ici, c'est simplement s'autoriser au bibelot, au napperon sur le téléviseur.
Même la matière de la construction nous la fait passer pour du sucre en morceaux ou encore un carton plume de maquettiste.
Mais c'est drôle. Il faudra aussi dans le détail du panneau de voie sans issue déceler un indice sur l'avenir.
Alors quand l'architecte fait de même avec un commissariat de police à Paris dans le XIIème arrondissement, cela est euh... surprenant !
Et la garde à vue doit y être tellement plus joyeuse !




mardi 11 janvier 2011

la reprise par l'oblique.

D'abord je vous prie de m'excuser pour ce silence qui ne dura que trop, mais des problèmes techniques indépendants de ma volonté ont causé ce mutisme.
Tout est à nouveau normal.

Hier soir, mon ami Marc Hamandjian en visite à Évreux, m'apporta un joli petit cadeau dont je voudrais vous faire profiter comme des étrennes en ce début d'année.
Il s'agit non pas de cartes postales mais d'un exemplaire de la revue Chroniques de l'art vivant de août/septembre 1970.
On y trouve des articles sur la biennale de Venise et plus précisément un article de Gérald Gassiot-Talabot sur l'installation de Claude Parent.
Article relativement élogieux mettant surtout en avant le travail collectif des artistes présents et parlant finalement peu de l'expérience de la fonction oblique, cet article nous livre quelques clichés assez beaux et révélateurs.
En voici quelques-uns :





Mais en dernière page se trouve le regard acerbe et bien senti du dessinateur Maurice Henry qui pourrait faire de ce post un post transversal avec mon blog de lithographie.
En effet Maurice Henry sur une même ligne s'amuse de l'installation de Monsieur Parent et de l'installation de presses lithographiques sur le site de la biennale !
Donc en une même case de dessin, deux de mes centres d'intérêts sont ainsi rassemblés et, de plus, par l'un des dessinateurs les plus étranges qui soient.
Il faut rappeler que Maurice Henry a fait partie du Grand Jeu, groupe de René Daumal...
Je vous laisse juger de ce regard...



samedi 8 janvier 2011

le comité de vigilance brutaliste ... à Evreux

Depuis la borne Wifi du centre commercial... Leclerc, je vous envoie rapidement quelques mots et images.
Je suis en panne d'internet et de téléphone.
Voici donc très rapidement quelques images qui vous donneront envie j'espère de venir m'entendre de vive voix ce lundi 11 janvier à 18h30 pour une conférence à la Maison des Arts d'Evreux.
Je ferai mieux bientôt. Je n'ai que 20 minutes gratuites !