samedi 23 octobre 2010

la Perspective, persistons.


Claude Lothier continue de prendre position et de développer ses théories sur la découverte de la Perspective.
Car, oui, la Perspective est une découverte, pas une invention.
On sait la place importante de la perspective dans les modes de représentation de l'architecture, la constitution de son image.
Il suffit de regarder par exemple le soudain attrait de l'axonométrie par les architectes modernes au début du siècle précédent.
Alors pour mieux saisir nos images d'architecture, pour mieux faire fonctionner nos machines à voir naturelles ou artificielles, mieux jubiler du déploiement des espaces lors de nos visites de villes et de paysages je vous conseille de suivre la conférence de Claude Lothier disponible ici.
Il est éloquent et très clair mais cela nous en avons l'habitude.
Invitez-le.

pépites françaises

Aujourd'hui quatre constructions françaises.
Certaines que nous connaissons déjà et d'autres non.
Toutes les quatre offrent une certaine radicalité formelle.
Commençons par cette très étonnante carte postale de Servières-le-Château en Corrèze :


C'est beau non ?
J'aime tout particulièrement comment le photographe est allé caler la ville ancienne au fond à gauche de l'image.
Le Lazaret du préventorium offre une belle singularité. Ce disque suspendu sur un niveau offre des fondations jouant avec les pierres du village.
Il est moderne et franc sans écraser ce qui l'entoure. Il doit offrir une bien jolie vue sur tout le village comme un cinéma à 360 degrés.
Malheureusement la carte postale Combier ne nous donne pas le nom de l'architecte de cette petite chose bien sentie. C'est dommage, il le méritait.
Voilà en tout cas une petite construction bien menée qui fait aussi partie des plaisirs de l'architecture moderne française.
Beaucoup, beaucoup plus gros :


On connaît bien sur ce blog ce Palais des Sports de Saint Nazaire. La carte postale SECA nomme la construction " la soucoupe" du parc des sports !
Le photographe joue du reflet et des branchages cherchant à tout prix un point de vue... bucolique.
Mais l'extraordinaire masse résiste et nous offre certainement l'une des constructions les plus emblématiques d'un brutalisme à la française que nous aimons beaucoup.
Les architectes de cette merveille sans concession sont messieurs Longuet, Rivière et Vissuzaine. Merci encore et merci aux coffreurs.
Une vue multiple :



A Péronne dans la Somme, on pouvait grâce à cette carte postale voir combien la ville était moderne. Les éditions Mage nous montrent les nouveaux quartier du Mont-St-Quentin, la salle des sports et surtout une belle piscine Tournesol de Monsieur Schoeller. Toujours aussi magnifique. La carte postale fut expédiée en 1985.

Attention !
Certainement l'une des constructions que j'aime le plus dans mes cartes postales :


J'ai déjà publié une carte postale de ce petit immeuble des V.V.F ici. Vous verrez, le point de vue est quasi similaire.
Une nouvelle fois je ne peux que saluer l'effet sculptural de la construction, son sens des volumes.
La prise au sol est magnifique, regardez le volume de l'entrée avec la passerelle à droite. Et l'escalier...
Non vraiment Monsieur Claude Marty son architecte a fait ici à Saint-Jean-de-Monts une belle œuvre. Je ne sais pourquoi, j'y vois toujours aussi quelque chose de japonisant, c'est certainement dû aux triangles et petits décrochements genre pagode.
Comme quoi une petite construction peut offrir une vraie joie formelle et architecturale. On sent que Monsieur Claude Marty s'est fait plaisir et cela soutenu par les V.V.F qui, je le redis, savaient à l'époque oser l'architecture contemporaine.

Avec ces quatre cartes postales, on peut voir que la France dans des opérations modestes ou plus spectaculaires regorge en régions de pépites architecturales qu'il faudrait savoir regarder aimer et sauver.
Elles sont déjà le visage patrimonial de notre pays
Ouvrons les yeux .
le Comité de Vigilance Brutaliste veille...

vendredi 22 octobre 2010

Rafael Cazorla, Postales inventadas !

Il y a quelques jours, alors que je cherchais je ne sais plus quoi, je tombai sur le blog de Rafael Cazorla.
http://postalesinventadas.blogspot.com/
Mon sang ne fit qu'un tour car j'étais devant une sorte de reflet américain de mon propre blog. Des cartes postales d'architectures contemporaines et modernes présentées avec un texte jouant d'une fausse correspondance à travers laquelle Rafael nous donne des informations sur les bâtiments présentés. Allez vite voir c'est superbe !
La ressemblance avec mon blog est vraiment, dans l'esprit, incroyable.
Je décidai immédiatement de faire de Rafael un ami.
Après quelques échanges par internet, je lui ai envoyé quelques cartes postales de ma collection, là-bas en Californie à San Francisco.
Et il se trouve qu'en retour hier je reçois cela :


Pour voir un tout petit mieux je vous propose de voir la Donation Rafael Cazorla en entier avec ses propres commentaires en anglais.
Régalez-vous :


Van Nelle's Fabriek. An important example of Dutch Nieuwe Bouwen built between 1927 and 1929. By Brinkmann, Van der Vligt and Mart Stam.


Openluchtschool, Amsterdam. A wonderful Dutch Nieuwe Bouwen building completed in 130 By my Beloved Jan Duiker


Breslau jahrunderthathel- This reinforced concrete structure was built in Wroclaw in 1913 to commemorate the 100th anniversary of victory over Napoleon. At the time of construction it was the largest reinforced concrete structure in the world. With the large circular central space it seats 6000 persons. The dome is 23m high and made of steel and glass. The Jahrhunderthalle became a key reference for the development of reinforced concrete structures in the a 20th century. Architect Max Berg.


Temppeliaukio Church in Helsinki. This Church was designed by architects and brothers Timo and Tuomo Suomalainen, and opened in 1969. You probably know about it... Yes Rafael !


Boston City Hall. Built in 1967 at the height of the Brutalist architectural style, it is a fantastic work by American architect Paul Rudolph.


The Edificio Copan (Copan Building) is a 140 metre, 38 story residential building in Sao Paulo, Brazil. Construction began in 1957 and completed in 1966. It is one of the largest buildings in Brazil and has the largest floor area of any residential building in the world. Oscar Niemeyer at his best !


The Guggenheim Museum of NY, F.LI. Wright, 1959.


The San Francisco Museum of Modern Architect, Mario Botta 1995


The National Gallery of Art, Washington. the building's most dramatic feature is high atrium designed as an open interior court by I.M. Pei in 1978


The Cathedral of Our Lady of the Angels. Los Angelos, Caifornia. great building by Rafael Moneo (2002)


CCTV in Beijing by Rem Koolhaas (2008)

Hope you like them.
Rafael.
Oui Rafael nous avons beaucoup aimé ce voyage et merci encore et encore.
Nous trouverons d'autres moments d'échanges !
Bien à toi !

jeudi 21 octobre 2010

les enfants de Sarcelles

Dans mon dernier message, je soulevais une nouvelle fois la question du droit à l'image et du vide d'animation que cela produit dans les nouvelles images et nouvelles cartes postales.
Pour vous montrer combien cette question était absente chez les éditeurs de cartes postales des années 60 (et antérieurement) voici un bien joli exemple :


Nous sommes à Sarcelles-Locheres au centre commercial N°4 grâce à une très belle carte postale des éditions Leconte pour Guy éditeur.
Pas de doute, cette carte postale fut certainement éditée avec l'accord et sur la demande de la librairie et maison de la presse visible sur cette image.
Ce commerce est bien trop cadré pour qu'il s'agisse d'un hasard.
Mais le hasard lui nous permet de voir les enfants de Sarcelles.
Ils sont là, jouant dans la fontaine éteinte et vide, attendant peut-être papa ou maman, ou la voisine partie acheter le journal, Mademoiselle Âge Tendre ou Ici Paris pour voir les photos de Johnny en militaire.
Finalement on voit peu l'architecture de Sarcelles, on comprend tout de même le réseau de boutiques sous un préau fin.
On devine l'envie d'une proximité, là en bas des immeubles tout pour faire ses courses.
Mais aussi, il faut l'avouer ce qui tient cette image c'est bien la présence de ce groupe d'enfants seuls.
Ils sont très jeunes mais on devine assise une fillette un rien plus âgée.



L'allure du garçonnet est vraiment drôle avec sa casquette à visière en mica que je ne sais pourquoi je rêve bleue et ses mains sur les hanches.
Quand au petit short à bretelles c'est vraiment marrant.
Les filles sont très classiques avec jupes à plis qui me font penser aux demoiselles de Rochefort.
Les dames à gauche vont acheter de la laine pour tricoter les petits pulls.
Tout est calme, serein.


Et mon oeil glisse sans fin, rivé sur ma loupe, dans les méandres de la vitrine de la librairie. On devine des affichettes pour la fête des pères.


Des stylos, des livres, des briquets Silver-Match, des coffrets sont là pour donner des idées de cadeaux pour offrir à Papa.


Une recherche rapide m'apprend que Johnny Halliday fut incorporé dans son régiment en mai 1964. Donc la date de la prise de vue est juste avant le 15 juin 1964 !
Mais étrangement, l'élément qui me frappe le plus est un tout petit détail.
Posé sur le mur, en attente d'une croûte de pain tombant d'un panier, un petit oiseau qui me semble bien être une mésange attend patiemment.
Son isolement fait tout mon intérêt comme la fragile rencontre.
J'ai l'impression stupide qu'il pourrait bien être encore à Sarcelles.
Je suis certain en tout cas, qu'il aura appris à sa descendance que depuis ce point de vue, non seulement on trouve facilement à manger mais aussi parfois on a droit au spectacle d'un photographe immortalisant dans un instantanée superbe, un moment de vie d'un des plus grand et emblématique grand ensemble.




mardi 19 octobre 2010

BMC 2, une carte postale.

C'est vrai que ce blog, par l'objet même qu'il explore, ne nous permet que rarement de voir de l'architecture réellement contemporaine (moins de 10 ans).
Alors voici une carte postale étonnante car faisant la promotion d'une crèche réalisée par le cabinet d'architecte BMC 2 en 2005.


D'abord l'objet :
Une vraie carte postale avec au recto une photographie d'une construction. Au verso, un titre et une localisation, la crèche du jeu de l'oie à Versailles ; on nous donne le nom du photographe, Monsieur Jean-Marie Monthiers.
Sur une séparation verticale entre correspondance et adresse on trouve les noms des architectes messieurs Arnaud Bical, Laurent Courcier, Remi Martinelli-architectes. C'est inscrit !
Il y a même l'adresse : 15 rue Martel à Paris 75010, le téléphone : 01 53 34 03 36, je vous épargne le fax, et l'adresse courriel je vous la donne : bmc2@wanadoo.fr
C'est donc bien complet. Sont imprimées les lignes pour l'adresse et le timbre.
Donc une vraie carte postale soucieuse d'informations concernant les architectes et les manières d'entrer en relation avec eux.
Une carte postale publicitaire certainement éditée pour diffuser le travail de cette équipe.
Comme aucune information n'émane ni de la crèche, ni de la Mairie de Versailles il ne s'agit pas d'une carte postale municipale, ni d'une carte postale pour tourniquets de Maisons de la Presse car il n'y a pas de nom d'éditeur.
Il me faudra entrer en contact avec les architectes pour comprendre leur choix de ce mode de diffusion qui, s'il nous réjouit ici, est peut-être une peu étonnant aujourd'hui.
Mais nous savons nous aussi jouer de ça...
Certainement un petit plaisir éditorial de l'agence qui nous donne à nous ici beaucoup de joie !

L'architecture :
Visible uniquement par la photographie de Monsieur Monthiers, nul doute que ce fut un choix bien décidé avec les architectes et donc une image qui doit nous dire beaucoup de choses de cette construction.
D'abord une frontalité mettant en avant le jeu des horizontales contrariant un rien le choix d'une carte postale en positon... verticale !
Il y a là un plaisir au cadrage, une manière de caler la construction, de jouer de sa géométrie très dure.
La bande de ciel en correspondance directe avec la largeur des bandeaux de façade ferme pourtant l'image, voulant que le bâtiment entre pleinement dans son cadre, utilise au maximum la surface de la carte postale.
Il est question ici de nous montrer surtout le jeu réussi des couleurs assez étranges surtout posées sur les stores qui semblent bien être LA particularité mise en avant.
Formant une alternance ombres-couleurs et une autre horizontales-diagonales la façade laisse peu lire les fonctions.
On devine à peine le jaune pourtant vif des gardes-corps.
Le photographe a aussi joué de l'ombre d'un arbre sur le sol comme d'une reprise des motifs sur les stores. Tout cela semble vouloir aplanir l'ensemble dans un réseau coloré, une surface égalisant le sol, le ciel, le bâtiment.
Seul détail révélant la fonction de la construction : les jeux des enfants.
Il est sans doute impossible aujourd'hui de produire une carte postale avec des enfants dans le cadre avec nos stupides restrictions du droit à l'image. On imagine les complications de demandes d'autorisations parentales pour que le chérubin puisse apparaître sur la carte postale !
Donc la crèche est vide...
Comment dire les cris des enfants dans la cours, comment dire les activités, les joies, bref l'animation ?
Avec dans le cadre de l'image, les jeux des enfants abandonnés. Tristesse...
On a tellement l'habitude sur ce blog de voir l'animation des enfants sur les jeux dans des cartes postales plus anciennes qu'ici c'est un peu dur. Mais les architectes et le photographe n'y peuvent rien. C'est notre époque...
Que voit-on du bâti ?
Un immeuble sur trois niveaux identiques aux larges ouvertures disant son désir de lumière ; cette lumière certainement parfois un peu drue est parfois diminuée par des stores largement dimensionnés dont on a déjà évoqué la qualité décorative et l'animation de la façade qu'ils procurent.
Il est question aussi certainement d'atténuer la rigueur un peu froide (ou bien plus certainement la peur de cette rigueur) du métal et béton d'ailleurs ici très beau par exemple sur le volume du toit.
Là aussi, on devine une terrasse aménagée et utilisable pour les enfants (?).
Les photographies sur le site des architectes nous révèlent bien mieux les plans de l'ensemble et on y découvre un très grand sens de la couleur. C'est, oui, très beau.
Alors une fois de plus si une image n'est pas une visite, elle reste un point de vue. ce point de vue lorsqu'il est à ce point celui des architectes peut permettre d'apprendre beaucoup sur leur propre représentation de leur architecture et finalement sur la manière dont elle devrait habiter la ville.
C'est donc à la fois dans ce cas trop peu pour voir et juger la construction et déjà beaucoup sur le sens du travail de l'agence BMC 2.

lundi 18 octobre 2010

Swann Bourotte, american trip

Swann Bourotte est un ami.
Il est designer de talent.
Il revient d'une grande balade à travers les U.S.A dans un camping-car digne de vos plus beaux rêves.
Dans sa traversée, il a cru bon de temps en temps de penser à moi en achetant de-ci de-là des cartes postales.
Il en a acheté beaucoup ! Et cela forme une donation Swann Bourotte dorénavant dans ma collection.
On y retrouve toutes les qualités de la Boring Postcard de Martin Parr.
Des avenues à l'horizon lointain, des Motels colorés au luxe tapageur et au parking presque vide et aussi quelques monuments architecturaux plus marqués.
Stephen Shore y retrouverait ses cadres, Little Nemo ses cauchemars, les frères Cohen leurs décors.
Je vous propose une petite sélection.
Nous commenterons peu, les images parlent d'elles-mêmes.
Et nous n'oublierons pas de remercier Swann pour ce voyage par procuration.
C'est parti, montons dans le camping-car avec lui !


Burns Oregon, K éditeur
Capri, In beautiful Vancouver by Grant-Mann Lithographers !
Howard Johnson's, Host of the Highways, Lusterchrome


Hi-way Motel, Portage la Prairie's lagest Motel.
La carte nous indique qu'il y a de l'eau chaude, la télé gratuite dans chaque chambre, Kitchenettes en nombre, des douches ou des bains... la croix dit l'emplacement du correspondant...


Shrine of the Missionaries at Night.
Is a beautiful tri-tower structure connected 21 stories above by three-level observation platforms.
C'est beau non ?
Malheureusement pas de nom d'architecte pour ce belvédère brutaliste.


Dunes hotel, Las Vegas Nevada.
L'architecte serait Monsieur Milton Schwarz. On remarquera surtout le beau volume sous arches en bas à gauche de l'image.


The new 25 story aluminium and glass First National Bank building, Memphis, Tennessee.
Plastichrome.


Holyday Inn, Winsto-Salem North Carolina


United Nations-Nations Unies
Œuvre commune d'architectes, œuvre pour la paix mondiale qui contribuera à... la fâcherie entre les architectes (Niemeyer et Corbu...) pour déterminer qui en est le créateur !


A monument to Peace, A chapel in the International Peace Garden on the Manitoba and North Dakota Border.
J'aime beaucoup cette carte postale et même si le bâtiment est finalement peu lisible, ce qu'il laisse sur l'image reste très intéressant. Surtout la manière qu'il a de se faire pénétrant dans le paysage notamment par les deux murs qui vous guident vers l'entrée.


Moose Jaw, Saskatchewan, Canada Main Street.
Le photographe ? Mister Joe Fartak.


Civic Auditorium 18th et Capitol Avene Omaha, Nebraska.
La photographie est de Larry Witt.


Seattle Public Library
Le commentaire de la carte postale commence par le coût financier... 4, 5 millions de dollars !
Puis on apprend qu'il y a 1 million de volumes soit 4, 5 dollars par volume, finalement c'est peu !
Cette bibliothèque fut remplacée par une construction de Rem Koolhaas.


Kennewick, Washington.
This is a beautiful combinaison of colorful concrete canopies, attractive foliage and progressive business in one of the most active communities in the "fun in the sun country".
Le photographe est Dennis L. Dilley.


Round-up Motel, West Yellowstone, Montana.
Photographie par L. L. Bunnell.
Sunset Terrace Motel
U.S. Route 60.


Joe Mackie's star Broiler
restaurant and Casino
Photographie de Louis Roberts.

C'est avec cette nuit tombée et allumée de néons vigoureux que nous quitterons l'Amérique du Nord.
La dureté de la direction du van dans les bras, le pincement léger mais persistant dans le bas des reins, il faudra se garer et dormir.
Demain reprendre la route.

dimanche 17 octobre 2010

Jean Balladur inédit et édité



Je reçois par la Poste un joli petit livre consacré à l'œuvre de Jean Balladur à la Grande-Motte, le voici :
Jean Balladur et la Grande-Motte
L'architecture d'une ville
collection duo
édition DRAC Languedoc Roussillon 2010
Il m'a été envoyé par Michèle François qui signe certains des textes. Je la remercie pour cela.
Ce livre est une vraie mine pour les amateurs que nous sommes tous sur ce blog de cette ville incroyable malheureusement un peu abîmée aujourd'hui.
Mais ce livre est le signe certain d'un regain d'intérêt pour ce site exceptionnel et nous montre les prémices d'une vraie action de protection puisque la ville a reçu le label "Patrimoine du XXème siècle" non pas pour un bâtiment isolé mais bel et bien pour l'ensemble de la ville. Ce qui est, je crois, assez unique en France.
Il faudra que Royan suive cet exemple même si l'unité urbaine y est moins constituée dans ce cas.
Ce que l'on apprend dans ce remarquable ouvrage c'est d'abord l'histoire de la ville, sa construction mais aussi l'attachement de son architecte à son œuvre, ne la lâchant jamais, vivant même sur place pour suivre son évolution et juger de ses propres théories. Si la Grande-Motte est l'œuvre à n'en point douter de Monsieur Balladur, ce livre m'a aussi rappelé que la ville est constituée d'un ensemble varié d'interventions d'autres architectes et d'artistes plasticiens, peintres, sculpteurs, fontainiers, qui ont également contribué à l'image de la ville.
Des noms que je ne connaissais pas m'apparaissent maintenant comme importants et c'est une belle manière de leur rendre hommage que ce livre.
Il y a Pierre Pillet le paysagiste qui a su répondre à la demande de l'architecte d'une ville verte et piétonne, il y a Michèle Goalard, Albert Marchais, Joséphine Chevry qui constituent une œuvre sculptée urbaine de grande ampleur.
Albert Marchais est l'artiste qui avait fait ce mur peint étonnant sur l'Hôtel Frantel (Mercure), détruit sans ménagement et sans autorisation par les nouveaux propriétaires. Une honte.
Cela est d'ailleurs le signe que parfois une grande richesse peut produire un effet curieux : un désintérêt comme si le grand nombre des œuvres permettait le sacrifice de quelques-unes...
Il nous faudra donc être vigilants sur l'avenir de la Grande-Motte.
Mais l'ouvrage est aussi un très beau guide parsemé à son tour d'une iconographie inédite et riche, de plans, de listes des œuvres et il s'avérera utile pour une nouvelle occasion de découvrir ou redécouvrir cette ville superbe.
Et, quand je vous aurai dit qu'il est gratuit et disponible sur simple demande, vous vous précipiterez pour l'obtenir en n'oubliant pas de remercier de ce très beau travail éditorial la Direction des Affaires Culturelles du Languedoc-Roussillon.
Merci Michèle François.
Faites votre demande ici :

D.R.A.C Languedoc-Roussillon
5 rue de la Salle de l'Evêque
CS 49020
34967 Montpellier cedex 02

Pour fêter cet événement, je vous propose une petite série de cartes postales encore inédites sur ce blog de notre belle Grande-Motte :


Carte postale Combier, le Babylone par Monsieur Vignal architecte. A noter que l'éditeur nous donne Bureau d'étude à Neuilly sans plus de précision.
Ce Babylone est absolument spectaculaire et beau.


Une édition d'Art Yvon expédiée en 1971 nous montre les immeubles pyramidaux (sic).
Quel point de vue !


Une édition de France expédiée en 1976 nous montre la plage et la rangée d'immeubles donnant sa silhouette à l'horizon de la Grande-Motte. J'aime la présence des rochers au premier plan comme des cousins minéraux de nos beaux immeubles.


Entre ciel et mer, cette édition du Soleil joue de plusieurs vues. Le correspondant aime le vent frais et ses nuits calmes... heureux homme... La carte fut expédiée en 1989.


Une très belle vue sur la place et les immeubles "St-Clair" grâce à cette carte postale Combier.
On admirera le beau volume sur le sol et on regrettera les déjà trop nombreuses toiles des commerçants. La carte postale nous donne Monsieur Albert Cane à Beaulieu-sur-Mer comme architecte de ces immeubles.
Cette vue du port nous montre la ville de l'an 2000 et le Quai Meynier. On doit cette carte postale superbe à l'éditeur Mar. A droite l'un des bâtiments qui échappa malheureusement au traitement pyramidal : l'Hôtel Frantel (Mercure). C'est pour lui qu'Albert Marchais avait réalisé un beau pignon peint, détruit aujourd'hui. On remarque aussi à gauche le chantier du Palais des Congrès.


Cette autre vue d'avion nous montre aussi la ville de l'an 2000 grâce encore aux éditions Mar.


Nous sommes redescendus sur le sol avec cette carte postale qui nous montre la Maison de Convalescence et de Repos. La carte postale est une édition des Photographies Industrielles et Publicitaires Claude O' Sughrue. Cette carte nous donne le nom des architectes messieurs Almayrac, Gallix et Vincent.
Bien dans l'époque avec sa décoration de plaques de béton moulé, ses décrochements successifs et son arc sur le toit, il s'agit à n'en pas douter d'un assez beau morceau. La carte fut expédiée en 1982 et le correspondant trouve sa maison de repos très belle !


Depuis le Village Vacances Famille dont on sait le très bon goût architectural à l'époque voici une vue assez rare de la Grande Motte. Elle nous est donnée par une édition Yvon datée de 1978. Elle nous donne : Etang du Ponant, le port. Et nomme l'architecte Mr BaLadur avec un seul L !
Je fais aussi parfois cette erreur !
Mais de qui est la petite sculpture de métal ?


Pour finir en beauté, la chapelle de la Grande-Motte. Monsieur Balladur n'est pas nommé sur cette carte postale Mar mais c'est bien l'architecte de cette très belle construction aujourd'hui quasiment invisible sous les ombres des pins.
Pour conclure, on ne se lassera pas de la richesse de la Grande Motte, de son équilibre entre constructions et végétalisation et le Comité de Vigilance Brutaliste restera à l'écoute de l'évolution de la protection nécessaire et urgente de cette rareté patrimoniale française.