samedi 8 mai 2010

formidable série

Il arrive que les bâtiments, les photographes, les éditeurs de cartes postales trouvent le moyen dans un subtil accord de nous offrir une belle série de cartes postales mettant à l'honneur les métiers de l'architecture, de la construction, de la photographie et de l'imprimerie.
Ce matin j'ai trouvé une superbe série sur l'église Saint Joseph du Havre d'Auguste Perret.
Dans un format légèrement inférieur au 10x15 cm habituel, les images sont imprimées en mat parfois en noir et blanc et parfois en couleur.
Sans nom d'éditeur, sans nom de photographe et sans nom d'architecte (!) les images se suivent pourtant avec une époutouflante qualité.
Ceux qui ne connaîtraient pas encore ce lieu au Havre doivent s'y rendre. La vue en contre-plongée dans l'intérieur du clocher vous offrira comme le dit si bien Sylvain Bonniol l'une des vues les plus proches de l'Etoile de la Mort de Star Wars...
Inouï, je vous dis.
Alors on y va :









On finit avec l'abstraction des vitraux réduits à des rythmes de couleurs...
C'est vraiment magnifique.

mardi 4 mai 2010

la libération par la balançoire

Sur une carte postale des éditions d'art Raymon, dans la collection images de France, on peut voir la résidence du Clos La Garenne à Fresnes.


Au premier plan une bande de gazon gras.
Suivent des enfants jouant sur l'aire de jeux, puis un premier bâtiment d'habitations. Et enfin un peu loin malgré le collage trompeur une autre unité bien plus grande d'habitations.
Pour tous ces logements on remarque une belle attention aux ouvertures et un balcon pour chaque distribution.
Une alternance ici en blanc et gris qui ponctue l'ensemble.
C'est immense, interminable et aussi comme plié par le point de vue.
Pas de nom d'architecte. Non.
Je trouve une information sur les Castors, regroupement de type coopératif et associatif d'auto-construction mais je ne suis pas certain que ce quartier de Fresnes en fasse partie et puis même dans ce cas, il doit bien y avoir un architecte. Non ? Qui nous éclairera sur cette aventure ?
Reste une fois de plus une belle image simple.
Et comme vous aimez ça entrons dans celle-ci à coup de scanner à haute résolution.
les enfants jouent sur les nouveaux portiques mis à leur disposition.


Un père les surveille, les mains encombrées d'un tout petit.


Oup ! là ! ça balance !
Oup ! là !


Une gamine toute seule entreprend le toboggan, la courageuse !


Mon regard se porte sur le jeu en tube formant des cubes à droite et mon esprit y colle Sol LeWitt immédiatement. C'est comme ça, je n'y puis plus rien.


Mais cette jubilation minimaliste je la retrouve ici :


Sur cette carte postale promotionnelle pour A.R.E.M on voit la belle balancette sur portique du type "Libération"-luxe à 2 places. ce n'est pas celle de Fresnes.
Au verso de la carte le tampon d'un revendeur G. Marchand à Rueil-Malmaison.
Le dessin de l'ensemble juste inscrit dans la courbure d'un tube d'acier m'enchante au moins autant qu'une sculpture minimaliste ou un siège de Marcel Breuer.
Regardez, pas de chichi, juste un dessin dans l'espace pour faire jouer les enfants.
Léger, léger.
Et hop là ! on s'envole !
Et hop là !
Arrête ! tu vas trop vite, j'ai peur ! Je veux descendre !
Et hop là !
Oui parfois la libération cela va trop vite et trop fort, même pour les enfants.

lundi 3 mai 2010

Le Corbusier, par l'Est et par l'Ouest

Ce matin c'est grand classique.
Juste une petite remarque sur le choix des photographes pour l'une ou l'autre des façades de la Cité Radieuse de le Corbusier.
Comment choisir ?
Et si la réponse était seulement produite par le soleil.
Le matin, façade Est sous le soleil. Clic-clac.
L'après-midi, façade Ouest sous le soleil. Clic-clac.
Est-ce vraiment l'heure d'établissement de l'ordre de mission du photographe qui détermine le choix de l'orientation ?
Petit statistique : dans ma collection on compte 60% de vues de la façade Est et donc 40% de la façade Ouest.
Un peu plus donc pour la façade donnant sur le grand boulevard, celle éclairée le matin.
On ne peut vraiment rien en déduire sur l'image du bâtiment. Même s'il est vrai que la façade Est est sans doute un tout petit peu plus complexe et variée.
Mais... Bon.
Rien ne dit que demain je ne trouve pas un lot de la façade Ouest et tout sera à reprendre !
Et comme les appartements sont traversants !
Alors je vous laisse avec le plaisir de ces cartes postales :


Une belle vue d'avion par Gaby pour Artaud dans la collection "la France vue du ciel". On trouve le tampon de Voyagence, concessionnaire du service des visites. Il s'agit de la façade Ouest.
Regardons bien que la Cité Radieuse semble encore en travaux. Vu la longueur des ombres, nous serions en fin d'après-midi. Les yeux attentifs trouveront sur la terrasse des visiteurs !
Toujours la façade Ouest :


Ici une édition Ary expédiée en 1954 ! un tampon d'affranchissement nous dit : "l'armée forme des chefs, Apprend un métier "
Oui...
L'éditeur nous donne le nom de l'architecte et nomme bien Cité Radieuse. Aucun commentaire du correspondant sur l'architecture du bâtiment. Le parking offre un délicieux mélange d'automobiles échappées de la guerre et de nouveaux modèles modernes. La carte postale a été punaisée sur un mur.
Passons à la façade Est :


Chez Ryner éditeur avec là aussi tampon de Voyagence.
Le Corbusier est nommé et la Cité Radieuse a droit à son nom également. Il faut le dire la qualité photographique est un peu pauvre et le ciel malgré un nettoyage fait apparaître un halo étrange sur le toit !
En attendant tous les jours le grand astre passe en arc de cercle au-dessus de la barre l'inondant de lumière. Comme une horloge inaltérable, une mécanique céleste réglée par l'architecte.
L'architecture est le jeu savant, correct et magnifique, des formes assemblées dans la lumière.

dimanche 2 mai 2010

le Globe, la dernière séance

L'architecture le plus souvent, ce sont de petites choses croisées sur le cheminement d'un trottoir ou perçues rapidement derrière le pare-brise de la voiture.
Mais c'est aussi souvent là que se joue sa véritable portée sur nos vies.
Certains bâtiments hurlent à la cantonade "I am a monument" et d'autres tranquillement affichent leur époque, leurs influences et font finalement le décor de nos vies.
Il suffit qu'ils rencontrent un architecte un peu inspiré, simplement au fait de l'actualité d'un style et les voici petits tambours des grands événements architecturaux.
C'est un peu le cas ici :


Nous sommes à Stains devant le cinéma du Globe. Nous sommes en 1964 si on en croit les affiches de cinéma qui nous proposent Monsieur avec Gabin ou un western la fureur des apaches.


Sans aucun doute j'aurais choisi le western.
Mais regardons ce cinéma.
Oui, vous avez raison ce n'est pas un grand chef-d'œuvre mais tout de même n'a-t-il pas raison d'avoir été un peu fier d'être une proue de navire art-déco, louchant un peu, comme ça vers un Mallet-Stevens du coin ?
Il ne démérite pas ce cinéma portant fièrement en lettres rouges son nom. La nuit tombée, comme il devait être beau...
J'ose à peine vous montrer ce qu'il est devenu.



C'est tout simplement triste.
La dernière séance a dû avoir lieu il y a longtemps maintenant.
Alors un jour un type ou deux viendront là une carte postale à la main et ils interrogeront les passants.
Mais non personne ne saura ce qu'il est devenu ce cinéma.
A moins que, accoudée au rebord de sa fenêtre entre ses géraniums et son chat, une dame, elle, se souvienne qu'elle venait là avec son mari voir Gabin. Ah... Gabin...
Et puis avec un léger sourire, elle refermera sa fenêtre à cause du bruit et ainsi mettra un terme à la conversation.
La carte postale est une édition P.I expédiée bien tardivement en 1974 (!) mais elle ne nous dit pas que monsieur Gridaine serait l'architecte de ce cinéma ni ce qu'il y avait à l'affiche cette année-là.

samedi 1 mai 2010

maquettes américaines

Certains bâtiments sont tellement sûrs de leur popularité que les éditeurs de cartes postales leur offrent une édition alors même qu'ils ne sont que des morceaux de carton collés sur des planches.
Ainsi peut-on voir des maquettes d'architecture parfois aux allures tellement réalistes qu'on peut même rapidement croire à la réalité de l'objet.


Ce fut le cas pour moi pendant quelques instants devant cette carte postale du John Hancock Center de Chicago édité par Dexter Press Inc.
Je crois que la perfection du ciel est à l'origine surtout de mon trouble car les bâtiment autour de la somptueuse tour sont bien mal représentés.
Le point de vue aussi, comme à l'intérieur de la ville, légèrement en contre-plongée nous laisse pantois.
Au dos de cette carte postale l'éditeur nous donne :
The 100-story John Hancock Center Chicago's newest landmark, is the world's largest residential-office structure. it feature 28 floors of offices, 48 apartment floors, parking for 1200 cars, recreational facilities, shops, restaurant, and observatory.
Rappelons que l'architecte de cette merveille est Bruce Graham.


Toujours sur le continent américain voici Montréal avec là aussi ce trouble de la maquette.
Expédiée en 1976, cette carte postale aussi éditée par Dexter Color, nous offre les très beaux bâtiments du village olympique que l'on doit à Monsieur Taillibert.
Au dos de la carte postale, nous ne voyons pas le nom de l'architecte mais on lit :
"Le village olympique de par sa construction pyramidale, ce complexe offre une vue indescriptible sur l'infini des quatre horizons."
Oui.
Reste là aussi une maquette et une prise de vue qui font parfaitement illusion.

mercredi 28 avril 2010

une église moderne, Foucarmont

Grâce à une carte postale, j'avais découvert dans ma région une église moderne assez étonnante et bien inspirée : celle de Foucarmont.
Je croyais même vous en avoir déjà parlé mais une recherche sur mon blog me prouve le contraire. Étrange...
Alors voici une série de cartes postales toujours de la donation de Madame M. qui me dit en me les offrant que vraiment personne ne lui demande !
Nous ça nous régale n'est-ce pas !
Voyez :


Prise sur la place d'un peu loin pour voir l'ensemble cette carte postale nous dit surtout que l'église se prolonge dans un bâtiment vers la droite dont j'ai oublié la fonction depuis ma visite. La mairie je crois.
La carte postale en véritable photographie par J. Bove ne nous donne pas le nom de l'architecte mais nous indique la date de l'inauguration de celle-ci le 3 mai 1964.
Formes simples mais bien dessinées, beau béton brut, élégant campanile, l'église se voit de loin dans le paysage car le village est sur une petite butte.
La 2cv du curé devant la porte à moins qu'il ne s'agisse de celle du photographe !


On poursuit avec l'incroyable chevet de l'église qui ressemble à un silo de centrale nucléaire percé de petites ouvertures. C'est avec le rebord du toit et le campanile toute la base sculpturale de l'édifice et c'est superbe.
On retrouve la 2cv du curé à gauche à moins qu'il ne s'agisse de celle du.... photographe ! Bien bien vous suivez !


Approchons-nous encore et la carte devient verticale. L'objectif photographique fatigue un peu au sommet et floute la croix. Admirez l'effet de veinure dans le béton.
Personne ce jour-là pour le voir.
Dirigeons-nous vers l'entrée.


Nous changeons d'éditeur puisque nous devons cette carte postale à un autre éditeur et photographe : Jean Hames.
Ici, on nous donne bien aussi la date d'inauguration, on nous précise que l'ancienne église fut détruite lors des bombardements et on nous donne enfin le nom de l'architecte O. Zavaroni même si on nous le donne avec un N en trop !
Monsieur Zavaroni nous précise-t-on aussi fut grand prix de Rome.
Maintenant deux cartes postales des vitraux chez le même éditeur.



On retrouve bien le jeu du béton et l'enchâssement des vitraux très à la mode de l'époque depuis Le Corbusier.
Une belle simplicité.
Je finirai avec deux cartes postales qui sont dans ma collection depuis longtemps.


Une belle vue de l'extérieur avec cet étonnant moucharabieh vraiment superbe. Regardez comme les volumes fermés alternent avec des volumes ouverts, je dirais même percés.
Puis pour finir vraiment en beauté, ce jeu de lumière à l'intérieur :


Ces deux cartes postales sont de J. Bove.
Il est vraiment incroyable de penser que dans un petit village normand dorme un peu cette merveille.
Tous les amateurs d'églises et d'art sacré du vingtième siècle doivent la visiter.
Le jour où j'y suis allé, elle était ouverte et accueillante comme le village lui-même.

mardi 27 avril 2010

tous les enfants de Brétigny-sur-Orge


La carte postale a été expédiée en 1968, en juin.
Le calme revenu.
Mais les enfants sur la carte ont peut-être été de ceux qui ont manifesté.
En effet, on voit bien qu'ils sont de cette génération.
On voit aussi une incroyable émotion.
Quelle belle image !
Je repense à cette photographie de Hilla Becher avec son mari. Ici.
La cité Pasteur est de monsieur M. Michelin, architecte.
La carte postale est une édition Combier.
Le photographe n'a pas pu passer le barrage de la propriété privée.
Le barrage ?
Une ligne d'enfants protégeant leur domaine.
Où êtes-vous passés les gamins ?
Après le passage du photographe, vous avez repris vos vélos, vous l'avez suivi jusqu'à sa voiture l'assaillant de questions :

C'est quand qu'on pourra voir ?
C'est votre métier ?
Elle roule à combien la Peugeot ?
Pourquoi vous faites ça ?
Ça gagne bien comme métier ?
T'as pas des bonbons ?
On peut aussi faire les autres photos ?
Tu vas où ?
Vous faites toutes les cités ?
Mon frère aussi il fait des photos, c'est pas le même appareil ?
T'en as combien des appareils ?
Waaaa... le matériel ! c'est à vous ou à l'usine de cartes postales ?
On en aura gratis des cartes ?

Puis la Peugeot est repartie.
Et je veux vous les montrer tous ces enfants, tous.
Alors les voici :

Le plus jeune ?

Le plus indifférent ?

C'est quoi ce mélange, bottes en plastique et blouse grise ?

Le soleil dans l'œil.

Une paire de lunettes toute neuve ?

Qui a tricoté ce gilet de laine ?

Sûrement le plus vieux de la bande.

Ces deux là, je n'ai pas eu le cœur de les séparer.

Quelle punition pour le phare cassé sur le vélo ?

Un short de scout ?

la demoiselle bien dubitative...

trop marrant ce type avec son appareil !

Regarde-moi bien toi...

C'est pas tout ça mais je dois aller au pain...

Et rapidement je m'amuse à replacer cette petite troupe dans notre époque :