mardi 24 février 2009

Blow Up

Je réponds un peu mieux à Joachim qui dans un commentaire, hier, posait le postulat que les cartes postales le plus souvent affirmaient la présence humaine par au moins une silhouette lointaine.
Je crois pour ma part que les cartes postales ont souvent le goût du vide. Un goût qui m'autorisa à nommer l'un de mes classeurs de rangements de cartes postales du terme "les absents". Il s'agit, c'est vrai, surtout de vues d'hôtels, de restaurants ou de collectivités où il semble que tout le monde ait disparu d'un coup. Les cartes postales de villes vidées existent bien également. Je n'ai eu aucun mal à en trouver dans ma collection. Mais connaissant un tout petit peu Joachim, je suis certain que celui-ci, à l'image de la célèbre séquence de Blow Up d'Antonioni, trouvera à la suite d'agrandissements et de recadrages successifs une présence dans ces images. J'espère qu'il ne s'agira pas comme dans ce film d'un assassinat !

Je commence donc par une carte postale de Sarcelles nous montrant le parc central, éditée chez Leconte. Pas de date et personne...

Voici maintenant le Gratte-Ciel et collectif de Bloux de Macon. Cette carte postale fut expédiée en 1956, c'est une Combier en photographie véritable et il n'y a personne...

Une carte postale de Courrières, les Blocs (sic !) aux éditions de l'Europe en Eurolux. Des automobiles mais toujours personne...

Ici à Argenteuil, la place Diderot chez Lynacolor. Personne quoique... regardez bien... vous voyez ?

Une carte postale de Grand Couronne tout près de chez moi. Encore le Parc Diderot oui !! Carte postale éditée en 1994 par la Société d'Histoire de Grand Couronne, une photographie de Monsieur Boulanger, une photographie sans personne...

On terminera avec ces deux vues que j'adore. La première est une carte postale de Fauville en Caux, le Stade municipal, éditée par La Cigogne en 1951. Un vide sidéral.

L'autre est une carte postale de Millas qui nous présente le terrain de Sport et le Canigou en Romacolor chez Apa expédiée en 1970, le vide ici est sidérant.
Je n'ai effectué aucune recherche sur les architectes concernés. Cela viendra un autre jour.


dimanche 22 février 2009

les petits, ensemble, et les grands ensembles



Je tente un rapprochement.
Voyez ces deux images. Voyez les similitudes de point de vue, de qualité éditoriale, d'époque. Mais voyez aussi comment au milieu et en bas de chaque cliché des enfants viennent se planter là pour être sur la photographie.
J'ai déjà publié celle de Bondy "la Noue Caillet" le dimanche 25 novembre 2007.
Nous sommes encore à Bondy avec cette autre carte mais cette fois rue A. Blanqui. La carte est une édition Raymon en Bromocolor. Je dirais que nous sommes à la fin des années cinquante. Est-ce que ce petit garçon allait à l'école avec ceux-ci ? Se sont-ils raconté la visite du photographe de cartes postales ? Ont-ils exigé que leur maman achète celle-ci chez le marchand de journaux ?
Ont-ils encore cette carte postale dans une boîte à chaussures ?
Je pense toujours à ce moment où le photographe appuie sur le déclencheur et comment il peut percevoir cette présence un peu distante mais droite et franche.
Le regard vers l'objectif, les mains derrière le dos, le gilet tricoté à la main et les genoux éraflés.
la distance...
C'est surtout ça qui m'intéresse. Comment est-elle déterminée ? Par le photographe, l'enfant ?
L'un disant: "si tu veux oui mais pas trop près, c'est ton immeuble que je photographie pas toi"
L'autre muet : "il est rigolo l'appareil du monsieur, je vais me mettre là pour pas le gêner."
On peut à ce point réaliser ce type de collage :



Ou encore celui-ci.

Car je suis certain qu'ils se sont rencontrés ces gamins là.
D'ailleurs il faudra faire l'inventaire des personnes ayant posé ou figurant sur les cartes postales. Ceux qui ont cette chance d'avoir leur trombine sur des présentoirs à cartes postales, ceux qui se souviennent du monsieur venu prendre en photo leur coin de réalité. Si vous avez des témoignages de ce type merci de nous les communiquer.



samedi 21 février 2009

Tapiola pour Monsieur Persitz


Tapiola garden City.
Planner and Builder Housing Foundation Asuntosäätiö. The administrative, cultural and commercial center ; Architect Aarne Ervi


Disons qu'avec mon article d'hier j'ai remis un œil aiguisé sur le "lot Persitz".
Il y a dans ce classeur des cartes postales non-identifiées, sans nom de ville, sans destinataire, sans rien.
Pourtant si je suis la piste de quelques cartes postales bien situées et si je prends le temps dans ma bibliothèque de chercher un peu je trouve.
La piste fut suivie en partant de cartes postales de Tapiola, ville très proche d'Helsinki en Finlande donc. J'ai un moyen mnémotechnique infaillible pour me souvenir des capitales des Pays du Nord : la proximité alphabétique du nom du pays et du nom de la capitale.
Ça donne : Finlande-Helsinki Norvège-Oslo Danemark-Copenhague Suède-Stockholm ! Merci Francis !
Dans un album intitulé Ensembles d'habitations économiques en Europe, publié par Eyrolles (un bel éditeur d'architecture) et écrit par Giulio Segoloni on trouve un long article sur Tapiola. On trouve également de nombreuses photographies et plans et miracle on peut comparer ces images avec mes cartes postales. C'est à ce point confondant qu'une des cartes postales est simplement reproduite telle quelle dans l'ouvrage !
Et encore plus drôle on peut retrouver ainsi le nom de la photographe de cette carte postale : Olkaa Hyvä. Comme sur l'ouvrage on remarque que cette image ne comporte pas de titre, il s'agit bien du cliché original qui fut édité. Pas de retouche ni de découpe visibles.
Je joue au détective...


Je vous balance le texte du livre en direct. (cliquez dessus pour une lecture confortable). C'est toujours plus clair qu'une paraphrase et je sais combien vous aimez les textes longs. Je vous donne aussi en plus des photographies de celui-ci. Ainsi vous saurez tout sur Tapiola, nom qui me fait penser immanquablement à Tintin.
Tout cela me conforte dans l'idée que ce correspondant de Monsieur Persitz était en repérage pour, peut-être un article dans la revue Architecture d'Aujourd'hui soit sur les Pays du Nord de l'Europe soit sur les constructions économiques. Qui aurait ça en magasin ? Qui me fera la joie de me donner le nom du rédacteur de cet article et donc le nom du mystérieux correspondant de Monsieur Persitz ?
Si, parmi vous certains cherchent à se débarrasser d'une collection complète de cette revue qu'ils m'appellent ! (le rêve toujours le rêve...)
N'oublions pas à nouveau de remercier Claude Lothier le dénicheur de ce lot exceptionnel.



En haut une carte postale sur papier photo. Il s'agit d'une carte-photo c'est à dire d'une photographie d'un particulier tirée sur papier au format et indications de carte postale, c'est donc une rareté. En dessous l'image tirée du livre et à nouveau pour finir une autre carte poste dite carte-photo. Il s'agit d'une tour d'habitation et de commerce au centre de Tapiola.



En haut la carte postale du "lot Persitz". Elle nous indique : Tapiola Garden City, Finland ; planner and Builder : Housing Foundation Asuntosäätiö. Shop and bank building. La correspondance avec l'image du livre est confondante ! La photographie est de Olkaa Hyvä.



Nous avons donc en haut la carte postale; Elle nous donne : Tapiola Garden City, Finland ; planner and Builder : Housing Foundation Asuntosäätiö the administrative, cultural and commercial center ; Architect Aarne Ervi. Puis voici trois images tirées du livre ; mais que cache la structure sur le toit ?

vendredi 20 février 2009

force de toute part, de Toulon à Sedan


Un peu au hasard je fouille dans les Boring Postcards.
Et puis je me décide pour une carte postale de Toulon montrant une belle façade. Je me dis que c'est bien dessiné pour être ennuyeux et tente alors de trouver sur le réseau des informations. C'est une carte postale Aris expédiée en 1954 avec un timbre dessiné par Cocteau. La carte est en bromocolor et photographie véritable.
C'est si facile... Nous trouvons une belle page sur le projet de Toulon. L'ensemble est supervisé par Monsieur de Mailly. Il faut absolument que vous alliez là http://www.paca.culture.gouv.fr/dossiers/xxeme_frontale_port_toulon/projet.htm car vous verrez comment on construit à l'échelle 1 un modèle d'appartement et comment ce modèle est meublé par Madame Charlotte Perriand et Monsieur Jean Prouvé.
C'est remarquable. Vraiment allez-y.
Et puis je me souviens avoir publié déjà une carte postale sur la reconstruction de Toulon. Une carte postale incroyable, une véritable pièce de musée, une clef de vôute, une chance : bref une carte postale expédiée, oui rien moins que par André Bloc à Mademoiselle Vallux au sein de A.A pour Architecture d'Aujourd'hui. J'ai publié ça le 16 avril 2007 et cette carte postale fait partie du lot " Persitz", lot déniché par Claude Lothier. Je n'avais pas alors publié le recto que voici :


et donc je vous remets le verso quand c'est rare c'est rare ! Lisez bien le texte.


Une autre carte postale de Toulon nommée le nouveau quai Stalingrad éditée par Aris encore, les bâtiments sont vus de loin mais on reconnaît le petit campanile entre les barres. Souvent je confonds (eh oui...) les vues de Toulon avec celles de Marseille dessiné par Monsieur Pouillon.
J'ai cherché encore un peu dans mes cartes postales et à De Mailly j'ai trouvé une carte de Sedan. Il semble que l'architecte ait également travaillé dans les Ardennes.



Ici nous voyons la Porte Monumentale de la rue Gambette dans une édition La Cigogne expédiée en 1965. Sur celle-ci la devise Undique Robur qui en bon latiniste (oui, ça va...) signifie force de toute part.
Je crois que c'est là une devise que Jean De Mailly aurait pu reprendre à son compte.
A Sedan c'est sévère. Mais c'est beau la reconstruction.

mercredi 18 février 2009

il n'aime pas

Aujourd'hui mercredi c'est Métropolitains.
Sur France Culture j'écoute toujours très attentivement François Chaslin et ses invités nous promener dans l'architecture. Tout cela avec un ton que j'aime beaucoup, critique sarcastique parfois mais aussi passionnant, et c'est l'essentiel un ton qui donne terriblement envie d'aller voir.
Et puis parfois François Chaslin nous donne d'une phrase limpide son avis. Oui, il existe des critiques qui donnent leur avis.
Aujourd'hui j'ai ri derrière mon poste de radio à l'écoute de son dégoût pour Auguste Perret. J'adore sa manière de le dire mais je ne partage pas cet avis et c'est aussi ça que j'aime à l'écoute de ses émissions, sa capacité à nous obliger à revoir notre position et à parfois relativiser la sienne.
C'est vraiment formidable.
Alors, un peu pour me moquer et parce que je sais que de toute manière il y a peu de chances qu'il lise cet article je vais vous donner à voir des images de l'œuvre de Monsieur Perret. Et comme l'actualité nous parle de la place d'Amiens restructurée par Monsieur Vasconi je vous montre des cartes postales de cette place et de la tour qui a eu également droit à une transformation. Voir ici, c'est terrifiant :
http://interdits.net/interdits/index.php?option=com_content&task=view&id=210&Itemid=71


Je commence avec un portrait de l'architecte. C'est rare une carte postale qui représente ainsi l'architecte. C'est même la seule sur les 4000 cartes postales que je possède.  Je sais qu'il en existe une de Guimard au travail, carte postale très très rare. On doit celle de Perret à la Ville du Havre (oui). On nous donne comme titre architectures du Havre 1840/1989 Auguste Perret (1874-1954) Architecte en Chef de la reconstruction du Havre. Photographie de M. Barbaux.


Voici une vue d'Amiens chez Combier datée de 1951, Perret était donc vivant. La carte postale indique au premier plan "la Tour Perret" ce qui signifie que déjà le nom de l'architecte était bien repéré et permettait de nommer le bâtiment. On voit bien devant celle-ci la place que Monsieur Vasconi a redessinée. (là je suis gentil). On peut aller là pour en savoir plus :
http://www.claude-vasconi.fr/findex.htm


Regardons cette place grâce à cette autre carte postale "la Cigogne" expédiée en 1986. Je me rappelle lors de ma visite à Amiens d'avoir la sensation d'être au Havre sur la place de la Mairie...
On parlera de rigueur, de classicisme et de géométrie.



Une autre carte postale "la Cigogne" expédiée en 1964 nous rapproche de la gare du Nord. Ce que j'aime en particulier chez Perret c'est le dessin des ouvertures avec toujours une sorte de bourrelet, d'épaisseur du cadre qui appuie terriblement le dessin fait de grands coups de règle. On entend presque le tubulaire glisser sur le papier en lâchant sa ligne d'encre.
Ziiiiippppp......
Vous ai-je dit que j'avais enfin retrouvé un hachurateur Linex comme celui de Monsieur Ramondot ?
Monsieur Chaslin continuez à descendre les idoles des socles même si ceux-ci sont très beaux mais trop hauts à votre goût. On pourra toujours tenter avec d'autres de les remettre en place. On rigolera bien vous verrez !
A mercredi prochain, sans faute.
www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/metropolitains/index.php?emission_id=76

lundi 16 février 2009

Patrick veut publier ça


Vous connaissez bien Patrick Gaïaudo maintenant chers lecteurs et lectrices et comme il est un grand donateur de ce blog je ne peux lui refuser cette publication.
Il s'agit d'un extrait de l'ouvrage de véronique Fabbri  danse et philosophie : une pensée en construction.
Je crois que ce texte est parfait pour Sens et son supermarché.

très à l'Est recto verso




Un peu parce que je range mon livre ville et révolution d'Anatole Kopp, un peu parce qu'une de nos étudiantes va partir à Leningrad, je vous propose quelques cartes postales de la Russie, et de l'Oural.
Commençons avec une vraie rareté je crois...
Il s'agit d'une carte postale représentant le comité régional du parti communiste de l'Oural et le comité exécutif (?) régional photographiés par Skurikhin.
Cette image date de 1933 !
Le papier est mou et fragile et l'impression comme vous pouvez le voir très étonnante. Une image fortement retouchée et redessinée, l'ensemble en héliogravure. On remarque les calèches devant les bâtiments qui semblent eux d'un modernisme affirmé sans concession malheureuse encore au Réalisme Soviétique qui viendra briser l'élan radical et moderne de l'architecture et de l'ensemble des arts de l'avant-garde russe.
Je vous donne à voir le dos de cette carte postale car souvent les cartes de l'ex-U.R.S.S. sont très organisées et les timbres souvent très beaux.
Nous n'avons pas le nom de l'architecte de ce bâtiment. C'est dommage. On remarquera que le correspondant n'écrit pas en français et j'avoue ne pas reconnaître cette langue. J'ai pourtant bien acheté cette carte en France. (du roumain ?)
Voici maintenant deux images de l'hôtel Rossia ou Rossiya selon...
L'une envoyée en 1974 et l'autre en 1970. Il semble que cet hôtel fut détruit en 2006 si les informations d'internet sont bonnes pour le remplacer par une construction plus "vieux Moscou" ! Walt Disney en Russie !
L'architecte de ce bâtiment est Tchetchoulin que l'on trouve également orthographié Ceciulin. L'hôtel fut bâti entre 1957 et 1967. Sur les deux images on remarquera l'intensité de la circulation sur ces grandes avenues de Moscou...