Billy-Montigny (F), 1994, Frédéric Lefever.
Je reçois de la part de Frédéric Lefever, photographe, une série de cartes postales qui reprennent ses photographies. Comme ce dernier me l'indique dans son courrier, il s'agit surtout d'utiliser la carte postale comme moyen de diffusion de ses images et non des lieux eux-mêmes, même si évidemment il est impossible de ne pas y voir l'objet autant que son image...
Je reçois de la part de Frédéric Lefever, photographe, une série de cartes postales qui reprennent ses photographies. Comme ce dernier me l'indique dans son courrier, il s'agit surtout d'utiliser la carte postale comme moyen de diffusion de ses images et non des lieux eux-mêmes, même si évidemment il est impossible de ne pas y voir l'objet autant que son image...
Ce qui caractérise en partie le travail de Frédéric Lefever c'est un choix d'objets photographiques en déclin, lieux en déshérence dont l'abandon relatif, la suspension temporelle, placent les constructions dans un entre-deux déroutant. Nous sommes avant la ruine, nous sommes devant le chantier sans fin où parfois le store rabattu, le vide, produisent finalement un sentiment étrange que l'on connaît bien depuis l'objectivité des Becher. A trop vouloir raisonner l'objet, lui donner la parole dans sa totalité froide et non-expressive, il semble que cet objet se venge en offrant non plus son esthétique et sa forme seule mais également, en l'absence de ses créateurs, nous livre une peur et un mystère assez terribles.
Il ne faudrait pas non plus dans cette frontalité oublier la référence évidente parfois à une peinture néo-plasticienne, sorte de Mondrian urbain, hommage à l'angle droit qui cale les constructions toujours sur une abscisse et une ordonnée implacables : c'est ce qui est réjouissant aussi.
Il faut dire que Frédéric Lefever cherche bien des "motifs", vise un gibier photographique qui lui permet - du moins dans cet envoi - d'obtenir à l'aide des architectures elles-mêmes et de leurs références modernistes une composition abstraite, point, ligne, plan, tout droit sortie d'un album de ligne claire de Swarte.
On pourrait dire du photographe qu'il est debout, bien campé sur ses pieds, et qu'il se prend en pleine face, de front, les lieux. J'aime.
Mais la nature est ainsi faite que malgré ou à cause de cette frontalité, le ciel passe toujours, la lumière frise toujours, les couleurs racontent encore des histoires de météorologie, de climat.
Le béton ne peut pas s'empêcher de se teinter d'orange, le sable est plein des traces de pas, l'aluminium brille et reflète, et le soleil déjà haut forme des ombres dures qui dessinent des obliques.
La froideur est impossible, l'ennui s'échappe et, comme accompagné par le photographe, on se place à ses côtés pour non plus "viser" mais sentir.
Alors on se régale autant des lieux que de leur image. En quelque sorte, on les dessine.
Ces quatre cartes postales furent éditées par B.P.S.22, espace de création contemporaine de la Province du Hainaut à Charleroi.
architectes : MATADOR (Belgique)
Calais (F), 2001, Frédéric Lefever
1 commentaire:
Great post!
Thank you for your work.
Happy new year to you!
Cheers!
Rafael
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