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samedi 10 janvier 2009
Claude Parent, Paris douzième
Je rentre du Mans et dans ma boîte aux lettres je trouve un livre en écriture oblique et une carte postale des années quatre-vingt.
L'ensemble est envoyé par Monsieur Parent.
Notre histoire se poursuit.
Le livre en japonais superbement édité est la traduction de "Vivre à l'oblique" de l'architecte. On se régale de l'incroyable rapprochement de la calligraphie japonaise et des dessins de l'architecte. Je vous propose ici quelques pages. Ce qui est drôle, toujours également c'est la lecture inversée. Il s'agit d'une édition Jo TODA.
La carte postale nous montre un collège dans le 12ème arrondissement de Paris. Je ne connais pas ce bâtiment. L'image nous montre une construction alliant un jeu plastique de formes simples mais subtilement agencées. Cubes, cercles, diagonales en un certain ordre assemblés donnent à voir une belle composition rigoureuse de ces éléments essentiels.
En même temps que j'écris ces mots je me pose la question de la validité d'un tel exercice. Comment parler d'une architecture seulement par le biais d'une image ?
Doit-on forcément parcourir pour lire ?
Maintenant internet avec des logiciels comme Google Earth et la fonction Street-view que je viens d'installer nous proposent des visites de la ville avec une incroyable sensation de présence. Mais on reste à l'extérieur et surtout on ne peut évoluer que sur les pas des photographes ayant effectué les prises de vues. Cela reste saisissant. J'ai donc pu voir d'abord une vue satellite du collège me donnant un peu plus d'informations sur le plan. On peut également découvrir une coupole sur le toit qui doit procurer une lumière à l'intérieur de la bâtisse. J'imagine une sorte de place interne, point nodal de distribution des salles de classes et donnant lecture des niveaux. Mais j'imagine seulement. J'ai pu faire le tour de la construction en suivant les rues et apercevoir au travers des arbres le collège un peu comme un piéton. Mais on reste loin, rien qui puisse valoir le cheminement réel. Tout de même, je me répète c'est assez incroyable.
Alors je peux, toujours les yeux ancrés sur ma carte postale, me réjouir des formes, couleurs, proportions, matières qui constituent le morceau cadré par le photographe (ici A. Gielly). C'est déjà ça. Je peux y voir facilement un traitement du béton très lisse dessinant parfaitement les arêtes des formes cubiques et laissant les joints vides ce qui accentue encore le dessin structurel. Je peux voir des formes imbriquées symétriquement les unes dans les autres offrant un cheminement vers une entrée à hublots. Le jeu de striage entre le rez-de-chaussée (diagonales) et l'étage (verticales) soulignent la brisure du corps principal et le premier étage percé lui aussi de hublots offre les reflets d'un bâtiment de briques.
Mais que puis-je au-delà ?
Tout.
Oui, finalement tout, car mon objectif dans ce blog n'est pas la formulation d'une critique architecturale mais une approche bien plus modeste qui serait celle de l'expérience de l'image. Rien n'oppose l'un à l'autre, je crois même que la première à besoin de la seconde mais mon aventure n'est pas là. Mes visions sont mes positions.
Je mets tout dans l'œil devant les images et je mets le corps entier dans les promenades. Ce qui est certain c'est que j'aime très souvent des images de bâtiments avant même de les avoir pratiqués. C'est comme ça que j'ai aimé Sainte Bernadette du Banlay.
Et on peut voir aujourd'hui encore plus qu'hier, des bâtiments que l'on pourrait penser construits pour les images qu'ils vont produire (Gehry à Bilbao) et j'avoue que j'aime ça !
Alors parfois il y a des rudesses et certaines constructions peuvent apparaître pauvres dans leurs images. C'est pour cette raison qu'il faut toujours en dernier ressort aller voir, marcher, sonner, sentir l'architecture.
La carte postale est une édition du Pavillon de l'Arsenal, imprimée par Image'in.
Cette carte nous informe du Maître d'ouvrage : la Ville de Paris, de l'architecte : Claude Parent, de l'entreprise : Fougerolle.
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