mardi 5 octobre 2010

Mallet-Stevens à la rue

Deux cartes postales très différentes n'ayant comme point commun que l'architecte à l'origine de la construction.
Deux approches donc pour les collectionneurs, ceux à l'affût d'un réel saisi dans son époque et ceux embusqués à la recherche d'un jeu postal, fabrication d'un objet de collection précieux.
Dans les deux cas, deux beaux documents, deux belles constructions, un architecte passionnant.
On y va....


Les automobiles hideuses des années 80 encombrent la rue Mallet-Stevens.
On devine tout de même un coupé Peugeot Pininfarina. La voiture de Monsieur Claude Piéplu ?
Finalement on voit peu de choses et le timbre est plus clair et laisse mieux par son dessin comprendre celui très beau de l'architecte.
Certainement aussi que cette difficulté à lire les bâtiments est due en partie à ce gros sapin qu'il faudrait d'un geste peu amical... tronçonner à la base !
On s'amusera également que la rue Mallet-Stevens soit une voie... sans issue, un cul de sac architectural ?
C'est un bel endroit dans Paris.
La carte est donc une édition Empire Philatélique photographie de F. Perol en 1987.

1925 !

Je publie bien moins souvent des cartes postales aussi anciennes !
Tout est dit sur l'image : Paris Exposition des arts décoratifs.
Il s'agit donc du pavillon "renseignements et tourisme".
le nom de Rob. Mallet-Stevens est bien écrit.
On comprend la jubilation de l'architecte à venir poser ainsi un totem moderniste contre des envolées décoratives finalement pas si anciennes que cela.
Ce signal est beau comme une axonométrie d'avant-garde avec aussi ici finalement un décoratif très particulier, celui d'une géométrie pure.
La succession des angles droits, le chevauchement des aplats, l'étirement des lignes sont autant d'éléments faisant moderne. Ils ne sont pas plus utiles à la construction que les sabots des chevaux sur le toit du Grand Palais.
Mais c'est moderne, cela se veut ainsi.
Et finalement le plaisir de cette image vient aussi de ce contraste entre les deux constructions.
On ne parlera pas de l'incroyable chantilly de métal du pavillon de l'Intransigeant...

dimanche 3 octobre 2010

Stuttgart 21, eine deutsche Schande

Aujourd'hui c'est dimanche.
Une journée de repos, vous avez donc quelques minutes à accorder au patrimoine architectural moderne et contemporain.
Et, alors que vous surfez de site en site, de blog en blog, de facebook en twitter, vous ne savez plus exactement ce que vous cherchez.
Vous cherchez ça :
Vous essayez de comprendre pourquoi le projet Stuttgart 21 est un mauvais projet soutenu par une violence policière sans précédent en Allemagne depuis...
Alors vous vous dites que l'Allemagne c'est loin, vous sentez bien votre petit cœur porté à soutenir les opposants à la destruction d'un des chefs-d'œuvre de la ville mais comment faire, oui, comment faire ?
Allez là :
Vous pouvez aussi si vous parlez allemand aller sur ce site pour voir ce qui se passe :

La carte postale est une édition Iris française donc ?
Nous avions déjà vu cette beauté allemande ici.


samedi 2 octobre 2010

Lucien Hervé par le Corbusier





Une belle série de cartes postales de Ronchamp qui ont toutes en commun d'être des photographies de Lucien Hervé dont on sait l'importance pour l'architecture moderne.
Nous avons déjà évoqué son travail sur ce blog.
Il est aisé de trouver toutes informations nécessaires sur la relation exceptionnelle que les deux artistes entretenaient.
Je vous propose donc surtout de voir et mieux de regarder.
On s'attachera à l'unité lumineuse de l'ensemble de la série au ciel gris léger, aux ombres peu marquées.
On remarque aussi qu'il y a peu d'effets abstraits, de cadrages audacieux mais une mise au service du bâti, une forme de discrétion photographique.
Lucien Hervé ne fait pas une œuvre photographique mais il est au service d'une œuvre architecturale. C'est une approche modeste, voire timide.
Seule une carte postale propose ici un risque.
Genou à terre, butte de terre fraîche à gauche, la plongée fait monter la pointe du bâtiment et étire ainsi dans une image assez évocatrice (oui oui regardez bien) les courbes du toit.
Suis-je le seul à voir ce que je vois...
ici :


Les cartes postales sont des éditions de la Société Immobilière de Notre-Dame du Haut. L'architecte Le Corbusier est nommé tout comme le photographe Lucien Hervé. On trouve également une nomenclature qui fait rêver à une multitude d'images E.III.129, E.III.122, E.III.132...
Peut-on raisonnablement penser qu'il exista au moins 129 références ?
Cela serait aussi le signe de l'impossibilité de réduction de Ronchamp à une image et prouverait l'incroyable complexité formelle de l'ensemble obligeant à chaque instant à croire qu'on tient là dans le cadre de son objectif l'image de la chapelle.
Je vous donne le texte au verso de cette carte postale expédiée en 1955 :
"Cher Vieux,
Je m'attendais à trouver "Ronchamp" bien, mais j'ai vraiment été soufflé par la réussite d'ambiance et la foule d'astuces. Tout est vraiment baisant (sic!) et j'espère que tu ne tarderas pas trop à venir juger sur pièces, car aucune carte ou illustration n'est à la hauteur. Je rentre à Paris le 15 septembre après un petit voyage en Alsace.
B. Michaud."

C'est adressé à Ivry sur Seine à un certain Peillien.
Des architectes ? Des séminaristes ?
En tout cas, on peut à la fois lui donner raison sur le fait qu'aucune image ne puisse rendre compte mais je crois que Lucien Hervé peut lui au moins inventer une manière de regarder.
On peut aussi dire que la carte postale peut ainsi permettre d'accéder à la fois au travail d'un immense photographe et d'un immense architecte.
Un rêve modeste.

Monsieur Haüsermann à Orléans

Il est vraiment bien Julien Donada.
Il suffit de lui poser la question et il vous donne la réponse.
En plus il est précis et généreux.
Lisez et voyez :

C'est une maison qui a été construite à Orléans pour un salon. Elle avait gagné le prix des maisons individuelles Marie Claire.
Aujourd'hui, elle n'existe plus. Les photos datent de 1966.











vendredi 1 octobre 2010

Melnikoff contre (tout contre) Häusermann...

Parfois le hasard des réceptions et découvertes de cartes postales met des architectes très différents par leur époque et leur pensée l'un contre l'autre, tout serrés.
c'est le cas aujourd'hui avec cette réunion improbable dans une enveloppe d'une carte postale représentant le pavillon de la Républiques Soviétique par Konstantin Melnikoff (Melnikov) et une photographie un peu abîmée d'une maison de Monsieur Häusermann.
Commençons par Monsieur Melnikoff :


Cette superbe carte postale est due aux éditions Papeghin, Paris. L'architecte est nommé mais nous n'avons pas de date.
Nous retrouvons le point de vue sur ce splendide et moderne pavillon que nous avions déjà vu ici.
La carte est en héliogravure dans un état de fraîcheur incroyable et dans un beau ton sépia très chaud superbe.
Quel document !
On devine le très beau jeu formel de l'escalier qui monte le long de la construction sous des auvents brisés et le logo de L'U.R.S.S.

Puis Monsieur Häusermann :


Il ne s'agit certes pas d'une carte postale mais comment résister à un tel document ? Il s'agit là d'une petite photographie, mal développée d'ailleurs dans laquelle on devine sur une butte une maison coque de l'architecte, enfin je ne crois pas me tromper...
Julien tu en penses quoi ?
Mais où sommes-nous ?
On devine un chemin bien neuf, une sorte de foire exposition. Les jeunes gens sont bien des années soixante et je devine même la silhouette familière d'un Araucaria.
La coque est encore en construction et une bâche plastique tente de protéger l'intérieur.
Cette maison bulle existe-t-elle encore ou bien fut-elle détruite après la démonstration du talent de notre architecte sur cette manifestation ?
Entre les deux architectures je ne saurais choisir.
J'aime chacune pour la réponse exacte à leur époque, leur programme. Chacune aussi propose une certaine économie.
Oui.
Incapable de choisir, alors juste souhaiter toujours entre deux proposition se réjouir des richesses et ne pas regretter aimer. Jamais.

jeudi 30 septembre 2010

Jean Prouvé entre Grenoble et Lille

J'ai découvert récemment sur ce blog la fonction statistique. Celle-ci me permet de voir d'où viennent mes lecteurs, quel mot de recherche ils ont utilisé et par quel site ils sont passés.
Je m'aperçois que l'article sur Jean Prouvé à Royan reçoit un accueil incroyable surtout depuis ce site internet fort beau d'ailleurs : http://ateliernet.blogspot.com/
Alors...
Je vais tenter une expérience de fréquentation !
Voici trois cartes postales pour deux lieux qui concernent Jean Prouvé : à Lille le Palais de la Foire et à Grenoble le Palais des expositions nommé également Alpexpo.
J'ai peu de cartes postales de bâtiments de Jean Prouvé mais il va me falloir y être plus attentif.
On commence :


Cette carte postale de Lille en vue aérienne chez Combier nous montre bien la Foire internationale. On voit d'ailleurs comment la partie construite par Jean Prouvé est ajoutée, greffée à une construction.
Le bâtiment depuis cette vue n'a rien d' extraordinaire même si des yeux exercés et équipés de loupe y trouveront tout de même le jeu de métal sur la façade principale.


On pourra d'ailleurs regarder sur cette carte postale de Lille beaucoup d'autres choses comme les quatre belles barres d'immeubles, le bâtiment en cercle au fond de l'image qui pourrait bien être une gare de triage S.N.C.F ou encore le bâtiment en construction au premier plan. On remarquera aussi une trame urbaine bien lâche avec beaucoup d'espace entre les constructions.
Aujourd'hui il semble que ce morceau de ville fut remplacé par le beau Euralille.


Cette autre carte postale chez Yvon cette fois, nous place au niveau du sol. On devine là aussi bien plus qu'on ne voit le travail de façade de Jean Prouvé.
Mais une fois de plus le collage est évident avec l'ancienne construction. La carte postale est datée de 1970.
On s'étonnera de l'absence de ce projet dans notre guide vénéré qui par contre consacre un article à Alpexpo de Grenoble que la carte postale Iris pour La cigogne nous montre ici :


Carte postale très précise d'ailleurs, car elle nous indique bien les noms de Jean Prouvé et aussi de Claude Prouvé comme architectes.
La sculpture Germinal 1968 est de Claude Viseux.


On peut regarder de près cette construction et s'étonner de la transparence de l'ensemble ainsi que des pare-soleil qui semblent internes à la structure. On questionnera également la justification de l'alternance des panneaux blancs et des panneaux de verre. Qu'est-ce qui décide de leur place ?
Je vous donne dans sa totalité l'article du guide d'architecture contemporaine en France de Monsieur Amouroux. Quoi ajouter de plus ?



mercredi 29 septembre 2010

un studio, une architecture, un ermitage

Trois cartes postales suffisent-elles pour rendre compte d'une architecture ?
Certes non.
Par contre, il est certain qu'elles permettent de s'assurer que quelque chose se passe là. La photographie laisse passer les détails, des petites choses qui font sentir le lieu et nous invite à en construire les manques, en deviner les ambitions. C'est un exercice à la fois difficile mais en même temps inévitable cette manie qu'à notre cerveau de compléter, ajouter et parfois... occulter.
Mais ce qui manque est souvent aussi rattrapé par la réputation des architectes et certains noms vous assurent de certaines formes, certaines réflexions et certaines qualités.
Voyez :




Ces trois cartes postales nous montrent l'Ermitage de Clamart construit en 1975 . Nous le montrent surtout pris dans son parc avec pour les deux vues extérieures une bonne moitié de la surface de l'image prise par la verdure.
C'est logique vu la fonction du bâtiment, on ne peut le reprocher au photographe des éditions France Publicité. Mais on peut aussi penser que cette verdure est le fruit de l'implication du bâtiment dans son terrain et là c'est bien le travail des architectes qui en est la cause.
Les architectes ? L'agence Architecture Studio. (Merci Archiguide)
On peut maintenant regarder.
La forme : des arêtes vives, une géométrie stricte, des imbrications, des débordements, des retraits, des percées régulières, des décrochements, des pilotis. Une certaine massivité.
Des matériaux : du béton gris et blanc, du gravier sur les terrasses, des huisseries blanches sur des ouvertures généreuses, du jaune et surtout le rouge puissant d'une céramique en petits rectangles.
On remarque que l'intérieur joue du même vocabulaire.
Tous cela sent le brutalisme tempéré, la franchise des formes en regard du programme, une volonté de suivre l'héritage moderne autant de le Corbusier que de Henri Sauvage.
C'est beau.
Mais j'aime aussi comment ce lieu d'une expression moderne se voit doucement atténué par les habitudes, les détails de vie.
A l'extérieur une petite table de fer et deux fauteuils de paille et de rotin au rouge adéquat.
Des vasques de fonte du siècle passé avec des pétunias... rouges.
A l'intérieur un vase de céramique avec des glaïeuls posés là, on ne sait pourquoi, comme une attention délicate, le désir de réchauffer un peu.
D'ailleurs je n'aime pas les lampes boules qui débordent des jardinières, trop hautes sur leur piquet.
Mais mon œil glisse sur la droite de la carte postale. Il est attiré je ne sais pourquoi par un détail, la ligne rouge d'un radiateur.
Rouge encore.
Et cette attention à la couleur dans ce lieu de repos me dit une attention des architectes.
Exactement comme la diffusion douce mais présente de la lumière venant de la gauche.
En fait, simplement de l'architecture.