mardi 7 septembre 2010

ils sont parmi nous

J'en suis certain, ils sont parmi nous.
Il suffit de voir comment ils ont influencé l'architecture, comment ils ont évoqué par la forme des constructions leurs vaisseaux spatiaux, comment ils tentent de nous habituer à voir ces formes pour être convaincu qu'ils sont parmi nous.
D'où viennent-ils ?
Personne ne le sait mais David Vincent les a vus lui.
Regardez par exemple ici :


Vous êtes convaincu ?
Ne me dites pas que vous pensez une seule seconde qu'il s'agit là d'une coïncidence...
Pour moi c'est clair, il s'agit bien là d'un vaisseau, d'une soucoupe volante. Bien évidemment ils sont malins et cachent leurs engins sous des masques architecturaux mais tout de même si on fait une liste, rien que sur ce blog nous avons déjà vu les piscines Tournesol, le palais des sports de Saint Nazaire, le Futuro de Suuronen...
Alors...
Vous ne trouvez pas que cela fait beaucoup de constructions aux allures d'OVNI ?
Ils sont là.
Regardez mieux les petits doigts de vos amis et surtout ceux des architectes. S'ils n'arrivent pas à les plier, il s'agit sans aucun doute d'êtres venus d'ailleurs....
Celui qui a dessiné le Kenyatta Conference Center à Nairobi se fait appeler Karl Henrik Nøstvik.
Et qui nous dit que ce nom étrange d'architecte ne cache pas en langue klingon un code secret ?
Méfions-nous et organisons la résistance.
Il parait qu'ils vont refaire le Forum des halles.... chut.....

La carte postale est une édition Kenya Stationeers et la photographie est de Dino Sassi

lundi 6 septembre 2010

Royan Casino Angelo


Je vous aurais attendu là, sous l'auvent de l'entrée du Casino.
L'ombre m'aurait protégé du soleil un peu dur de ce mois de juillet à Royan.
J'aurais dans ma poche les deux billets pour aller voir Angelo Branduardi qui après une trop longue absence en France aurait redémarré une tournée ici.
J'aurais regardé sur ma gauche le portique coupant la courbe des immeubles de la grande Conche de Royan.
J'aurais, un peu avant, de ce balcon suspendu admiré la vue sur la mer avant de descendre, tradition oblige, manger une sucette chaude à la banane.
Vous auriez un léger retard qui à la fois commencerait à m'agacer et m'inquiéter.
N'aurions-nous pas bien compris notre lieu et heure de rendez-vous ?
J'aurais pour patience la polychromie superbe et joyeuse du plafond du casino à regarder donnant cette sensation de légèreté et de joie à des moments comme celui-là.
Je tenterais également de voir les immatriculations des autos sur le parking pour me conforter sur le fait que oui, on vient de loin pour profiter de cette ville merveilleusement moderne.
Mais vous ne venez toujours pas...
Peut-être simplement parce que vous vous savez et acceptez que cet endroit n'existe plus.
Vous ne cherchez plus le casino depuis longtemps.
Et les rendez-vous dans des images finalement ne sont pas des rendez-vous.
A moins que, dans les airs vous soyez en train de photographier ce casino en essayant en vain de m'appeler et de me faire des signes.
Mais rien n'y fait.
Le casino de Royan sera pour toujours maintenant un rendez-vous manqué.

Dans le grand silence des souvenirs perdus, tu trembles, tu t'agites...
Tu veux ton enfance, ton ombre, ta voix.
Elles ne reviendront pas.

dimanche 5 septembre 2010

le Corbusier dans ses meubles

Voici qui poursuit parfaitement notre réflexion sur les cartes postales de l'intérieur de la Cité Radieuse de Marseille et de ses sœurs :


Sur cette carte postale des éditions de France Ryner en photographie véritable on voit les chambres d'enfants pouvant être séparées par une cloison coulissante.
C'est ainsi que c'est dit au dos de la carte postale.
Ce que l'on devine c'est que nous sommes dans un appartement témoin si on en juge par le vide relatif de vie et aussi par le double cordon sur pied empêchant d'aller s'affaler sur le lit banquette !
On se régalera du mobilier très années cinquante avec pieds triangulaires et pointus et le très beau fauteuil au dossier et à l' assise tressés.
On regardera la minceur du meuble bibliothèque qui doit vouloir se faire tout maigre pour ne pas trop prendre de place dans cette cellule qu'il faut bien dire un rien étroite...
J'aime cette carte postale car ce mobilier et son installation disent bien l'envie d'un modernisme modéré !
La prise de vue rend justice à l'espace et le fait comprendre. On note également la très belle lumière.
Qui visitait ces lieux ? Combien de temps la Cité Radieuse offrit ainsi un appartement disponible aux visites des futurs locataires ?
Qui était chargé de ces visites et comment se procurait-on ces cartes postales ?
Pas un seul meuble de Le Corbusier ni de Charlotte Perriand ici. Peut-être l'armoire au fond...
Pour les retardataires, ils peuvent aller ici ou encore ici pour voir d'autres cartes postales de l'aménagement des appartements de la Cité Radieuse.
Il faudrait savoir si ce service de visite et d'appartement témoin existait à Rezé, Berlin, Briey Firminy. Il me faut mener l'enquête et trouver les cartes postales...
Pour terminer aujourd'hui, je vous offre cette vue d'avion au-dessus de Briey :


Puis au-dessus de Rezé. C'est pareil... pas pareil !

samedi 4 septembre 2010

Cité Universitaire

Je pense franchement que parfois la carte postale offre de vrais plaisirs architecturaux.
Nous allons grâce à ce petit objet imprimé voir deux très belles réalisations d'architectes importants et extrêmement talentueux.
Ces deux réalisations se trouvent au même endroit à Paris sur le campus de la Cité Universitaire.
Voyez :


Il s'agit du Collège Néerlandais que l'on doit à Monsieur Dudok. Tout s'accorde là encore pour faire un beau et rare document.
D'abord l'architecture d'une volumétrie impeccable et tendue aux lignes claires. Pour moi, voici l'exemple type d'une architecture pour bande dessinée belge même si l'architecte est... hollandais !
Le dessin est parfait et chaque détail dans sa légèreté et sa netteté nous donne à voir une construction épurée, fonctionnelle et aussi très sensuelle.
Regardez la justesse des proportions, comment les ouvertures jouent avec les pans aveugles, comment les lignes cernent et bloquent l'ensemble offrant des effets de masse et des fentes en bandeau.
Tellement archétypal !
Le collège fut achevé en 1938. On pourra retourner ici pour voir d'autres merveilles de Monsieur Dudok ou simplement se rendre en gare de triage à droite de cette page.
Une autre merveille :


Nous sommes devant un chef-d'œuvre de Le Corbusier, la Fondation Suisse.
Certainement l'un des bâtiments de l'architecte le plus juste quant à ses doctrines modernistes et aussi l'un des plus radicaux.
Quelle construction ! Quelle image !
J'aime tout particulièrement ici aussi la diversité des traitements des ouvertures passant des fenêtres carrées isolées et très espacées à un pan de mur en pavés de verre, ou encore au rez-de-chaussée à l'ouverture totale par une grande baie.
Comme chez Dudok, la jubilation de formes au service d'une fonction créant le registre spatial et volumétrique, sorte de jeu cubiste.
J'aime aussi les contrepoints : le gros volume parallélépipédique des chambres est posé sur pilotis, la tour des escaliers est posée sur un volume blanc percé d'une fenêtre carrée, le petit hall d'entrée est brisé.
Tout cela contribue à une vibration géométrique très abstraite mais jamais inutile.
Magnifique.
Je m'attarderai aussi un peu sur la qualité de ces cartes postales. Le noir et blanc tiré très doux sans contraste fort et avec un grain visible donne une vision apaisée de ces deux constructions qui pourraient être un peu austères. La lumière est celle dirons-nous d'un jour d'hiver au ciel uniformément gris.
Une sorte de nostalgie bienveillante totalement maîtrisée par le très grand imprimeur d'art Draeger qui fut aussi ici le photographe de la carte postale de la Fondation Suisse. La belle prise de vue du Collège Néerlandais est due à Fréon (?) .
J'aime aussi le couple de messieurs en imperméables lisant un document et qui ajoutent eux aussi dans leur anonymat un rien de mystère, le début d'une histoire.
Par contre difficile de dater ces images. On pourrait être, vu l'automobile, dans les années 40 mais tout aussi bien au début des années cinquante.

vendredi 3 septembre 2010

les tournesols du Pas de Calais

Rien de nouveau sous le soleil du nord de la France, rien sauf des fleurs aquatiques qui s'ouvrent aux humeurs de l'astre solaire.
Deux belles piscines Tournesol situées dans le Pas de Calais et immortalisées toutes deux par le même éditeur, les éditions de l'Europe.
Deux cartes postales ayant également servi à des jeux-concours.
Pour Carvin :


Nicolas vote pour A-HA, merveilleux groupe musical qui a bercé de notes suraiguës mon adolescence faiblement hormonée.
Pour Barlin :


Catherine nous donne la réponse : de toutes les passions la seule vraiment respectable me parait être la gourmandise...
Imaginons soudain que Catherine et Nicolas se rencontrent à la piscine Tournesol de Carlin ou de Barlin et que finalement ils découvrent tous les deux que la passion pour A-HA est la seule vraiment respectable...
Il faut noter que les deux cartes furent expédiées au milieu des années 80 et que Monsieur Schoeller l'architecte n'est nommé sur aucune des deux. On s'amusera de la permanence du lampadaire boule et de l'incroyable rouge de la piscine de Barlin.
On s'amusera moins de la disparition des deux piscines qui semblent bien détruites aujourd'hui...

Jacques Kalisz, évidemment !

Merci à Charles Beuzit de l'association des résidents de Central Parc de nous apporter l'information concernant l'attribution de Central Parc à Nanterre.
Il s'agit de Jacques Kalisz !
Ne manquez pas d'aller voir le site consacré à la vie dans cet ensemble, c'est instructif, joyeux et souvent superbe comme par exemple la très belle série de photographies prise depuis les fenêtres des habitants.

jeudi 2 septembre 2010

petite suite berlinoise

Je vous propose une nouvelle visite du quartier Hansaviertel de Berlin.
Nous l'avons déjà bien parcouru dans le réel et dans les images mais quand des cartes postales superbes de l'époque nous permettent d'y refaire un petit tour pourquoi s'en priver.
Et les nouveaux lecteurs pourront ainsi découvrir cette exposition moderniste d'architectures un rien alignées les unes aux autres, manquant cruellement de liaisons entre elles, formant une sorte de Salon International de l'Habitat Collectif.
On pourrait facilement imaginer des politiques venant y faire leur marché :
"... vous me mettrez deux tours commme ça, et la Barre Niemeyer elle est à quel prix ? Ah... j'en prends deux aussi, on les mettra au fond du terrain, et puis tiens je prends aussi ça là, oui la barre Vago, bon voilà je crois que j'ai tout ce qu'il me faut... je vous dois combien ? "
Mais peut-être que pour faire ce choix, rien ne vaut une maquette mettant sous les yeux l'ensemble des constructions, voici :


La carte postale est une édition Kunst und Bild en véritable photographie sans date ni aucun nom d'architecte.
Elle est confondante de ressemblance avec la vue d'avion, vue, même point de vue légèrement plus haut et constructions bien à leur place !
Manque le pneu de l'avion !
Je vous la redonne tout de même :


Toujours d'un peu haut :


Je pense que la prise de vue est réalisée depuis l'une des tours. On remarquera le léger flou du premier plan qui donne étrangement une impression de maquette à l'ensemble. Je vous laisse reconnaître successivement les architectes.
Toujours en hauteur et déjà publiée en couleur :


Au premier plan, la barre de Gropius, certainement l'une des plus réussies avec celles de Niemeyer et de Vago (ma préférée) juste derrière.
Revenons au sol :


Cette tour bien de son temps est des architectes Müller-Rehm et Siegmann. La carte postale est d'une très grande qualité éditoriale que l'on doit à l'éditeur Industrie-Fotografen Klinke and Co.
Une autre belle tour :


Quelle ambiance !
Au premier plan cette sculpture très Style Atomium bruxellois sorte de compromis entre un Spoutnik et un Calder est de Hans Uhlmann, puis sur le banc derrière la maman et sa petite fille profitent du jardin en faisant des tours de patinette à pneus ballons !
Vu les ombres il est midi. Vraiment là aussi une belle carte postale de chez Kunst und Bild. L'architecte de cette tour est Luciano Baldessari.
On retrouve encore cette tour sur cette dernière carte postale :


Le paysage urbain est un peu le modèle du genre rêvé dans ces années-là. Au pied des tours et des barres modernes, un parc parfaitement entretenu offrant espace, lumière et air frais sans automobile. Dans un jardin aux œuvres d'art mesurées, l'habitant jouit d'un cadre idyllique à son épanouissement trouvant au pied de son appartement le luxe d'une vie calme et bien dessinée.
Enfin c'était le programme...
Une nouvelle fois la carte postale se fait l'écho de ce désir, l'anticipe en publiant maquette et projet et l'immortalise dans une suite éditoriale qui aujourd'hui au-delà des questions de la représentation de l'architecture demeure un document à la fois sur les objets architecturaux eux-mêmes mais bien évidemment sur la manière dont on les montre.
Bref, un voyage.