mercredi 11 août 2010

une case sur quatre

Et si je ménageais le suspens...
Si, avant de vous donner l'objet du désir architectural publié sur une carte postale multiple, je vous faisais attendre avec les vues inutiles, celles qui ne semblent pas, a priori, avoir d'intérêt architectural ?
Cela donnerait ce qui suit et vous attendrez jusqu'à demain pour savoir ce qui accompagne (de si passionnant pour nous) ces vues champêtres.
Les plus fidèles (et chanceux ?) d'entre vous trouveront.
Un indice : plastique...
A vous de jouer !




mardi 10 août 2010

la Sainte, le voile et le béton

Hier nous avons vu que parfois entre la maquette et la réalisation, il pouvait bien y avoir quelques écarts.
Grâce aux commentaires de Janvier nous avons eu des explications sur ces différences dues semble-t-il a des questions financières. Mais nous avons aussi lu la radicalité de Le Corbusier et son intransigeance.
Reste qu'il y a des constructions qui passent l'examen de la maquette avec succès. Du moins c'est ce que les cartes postales pour le moment laissent croire.
Vous allez être bluffés par les cartes postales qui suivent. C'est impossible autrement.
Elles nous présentent une église (oui encore...) moderne mais surtout elles nous montrent comment cet enjeu programmatique a su jouer d'une question technique : le voile de béton.
Nous sommes à Belfort et l'église est pour Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus.
Voici deux magnifiques cartes postales de la maquette :


Déjà...
Étrangeté de ces images aux contrastes très durs où la présence du noir fait une nuit permanente sur le futur projet d'église. Nuit qui pourtant n'arrive pas à éteindre la lumière sur le campanile isolé et surtout sur la coquille du toit. La maquette est peu précieuse, on la sent un rien pauvre.
Mais c'est vrai qu'il est difficile de lire avec ce noir. Ici en tout cas pas de tentative de représenter le réel dans ces images, pas d'effet de modéliste de chemin de fer, pas de faux ciel.
Une sorte d'expressivité de la forme de la future construction, une radicalité de l'éclairage qui construit un jeu de cartes postales extrêmement fort et presque inquiétant.
Nous n'avons malheureusement aucune information d'éditeur, de photographe, d'architecte. Je peux seulement vous dire qu'il s'agit de papier photographique et non d'une image tramée. le dos est bien divisé comme une carte postale et l'ensemble est bien nommé.
Et alors...


Comment vous allez ? Je vous avais prévenu...
Magnifique image, magnifique carte postale qui rassemble plein de belles choses. D'abord l'objet architectural tout entier dans la suspension de ce voile de béton semblant flotter dans les airs et disparaissant sous le trop blanc du ciel. Le voile est comme tendu par les bords mêmes de la carte postale. Cette fois nous avons un éditeur : Lapie. Et nous avons le nom de l'architecte Pierre Dumas.
Le voile mince se fond donc au ciel et les traces du coffrage strient sa surface interne. On devine à peine les deux points d'appui.
La grille des ouvertures au fond offre en contre-jour les silhouettes des constructeurs. Le moment du chantier est toujours un moment beau et rare dans les cartes postales et que les éditeurs aient pensé que cet état ici à Belfort méritait une édition prouve que la beauté du geste technique pouvait être aussi d'un intérêt fort pour les visiteurs.
C'est tellement vrai que sur les deux cartes postales Lapie il est bien indiqué : le voile de béton après décoffrage. J'aurais beaucoup aimé voir le coffrage !
Voici la deuxième :


Oui.
Je sais. Inouï.
La grande surface noire et sombre du voile de béton sert déjà d'abri, sous sa visière le curé et un constructeur regardent le photographe.


Au pied toutes les chutes de bois du coffrage finissent entassées contre le mur.
On lit sur ce cliché un peu mieux l'épaisseur du voile. Celui-ci semble déborder énormément du socle et partir bien en avant. Illusion d'optique, déformation de l'objectif photographique. En fait, la vue depuis le satellite nous montre bien que l'église Sainte Thérèse n'est pas symétrique. Nous sommes donc devant l'auvent le plus grand.
Ce genre d'architecture mise tout sur l'expressivité technique et j'aime beaucoup ça.
Pour finir une vue de la maquette à nouveau nous montrant cette fois l'intérieur et ses aménagements.


On devine bien l'autel et les orgues. Et on comprend que la messe a lieu devant le pan de verre ouvrant l'église à la vie extérieure. On voit aussi que finalement la coque n'est qu'un des éléments de l'ensemble architectural, on devine un grand mur faisant étrangement une limite et occultant un rien le pan de verre mais on devine aussi à gauche des pièces et une chapelle plus petite dans un plan carré.
N'oublions pas le beau campanile qui ne manque pas de grâce.
Ne me reste plus qu'a dénicher une carte postale de l'église Saint Thérèse de l'Enfant jésus de Belfort mais nous montrant celle-ci terminée.

lundi 9 août 2010

une question d'échelle

Depuis deux cartes postales on peut s'amuser au jeu des erreurs.
Pour cela il vous faut une carte postale de la maquette d'un bâtiment puis la carte postale du bâtiment construit.
Comme dans le cas qui suit je ne sais pas qui a suivi l'autre, je ne sais pas s'il s'agit d'un manque d'attention au plan ou un manque d'attention au réel !
Mais...
Certains détails de la maquette me font pencher pour un réalisme de la maquette et des erreurs du réel !
Comment les modifications ont eu lieu, je ne sais.
Les Aficionados du Corbu nous le diront certainement.
Mais voyez, d'abord la maquette :


Nous la connaissons bien mais pas sous cet angle. Je vous entoure ici des détails qui diffèrent de la réalisation.


Si vous en voyez d'autres...
La carte postale de cette maquette est une carte postale de soutien à la construction et on nous donne l'adresse pour envoyer des dons. Cela pourrait signifier une sorte de concordance temporelle entre l'objet et le bâtiment. La maquette était-elle visible sur le chantier ?
On a aussi le nom du Père Sage qui réalisa la maquette, du photographe de la carte postale Monsieur Récamier et le nom de l'imprimeur M. Lescuyer.
Mais pour ce couvent dominicain d' Eveux pas de date ni de réalisation ni d'envoi. On admirera le dégagement du ciel totalement blanchi par retouche, le bord du plateau soutenant la maquette maintenu dans le cadre !
le réel :


Passionnant !
Regardez bien, le couvent est encore en construction.


On voit également que le blanc de Meudon est encore sur les vitres !


Quelle image !
L'angle de prise vue permet de bien saisir le travail de l'architecte sur la prise de pente du terrain. Le coin de sol au devant de l'image à droite dit bien cela. La lumière vient de la droite, de l'est. (le matin ?)
Monsieur A. Caillon le photographe de cette carte postale auto-éditée par le couvent des dominicains a bien travaillé. Il a su dire la masse et la puissance de cette architecture. On rêverait bien de voir les autres clichés sur la pellicule...
Là aussi, il s'agit d'une carte postale de soutien à la construction ici bien avancée. Malheureusement, là aussi pas de date d'envoi.
En tout cas pour moi, l'un des sommets du brutalisme architectural.
Pour retrouver cette maquette et cette construction vous pouvez aller à rebours ici, ou ici, ou encore et puis .

dimanche 8 août 2010

légèrement flou, tremblant

Je reçois parfois de mes lecteurs de belles surprises que j'aime à vous faire partager.
Le généreux donateur aujourd'hui est Monsieur Perreaudin de la Bibliothèque de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine.
(oui).
Et je reçois pour commencer cela :


Cette carte postale Iris pour Théojac nous montre ce qui est encore un chef-d'œuvre de la ville la plus belle du Monde : Royan.
Non, je ne me lasserai pas de le dire, oui vous devrez donc encore l'entendre, Royan est la plus belle ville du Monde avec sa grande sœur latino-américaine Brasilia.
Et c'est grâce à ce type de construction qu'elle porte ce titre.
Le Palais des Congrès offrait une volumétrie superbe jouant totalement de la lecture de son plan et de sa projection en façade.
Un parfait parallélépipède, une boîte ouverte sur le devant, se creusant, se sculptant en suivant les utilités de ses fonctions et dégageant ainsi un espace ne sachant s'il est interne ou externe.
Aujourd'hui occulté par un an de verre qui enferme ce trésor spatial, nous espérons tous, dans un rêve fou de considération architecturalle qu'on rouvre cette façade. Mais c'est une autre histoire.
Ici, le photographe fait fuir dans une perspective accélérant la construction. On peut tout de même saisir le jeu de claustra percée de la salle oblongue avec son alternance de panneaux bleus et blancs.
J'aime aussi les beaux drapeaux, les deux personnages qui donnent l'échelle. On peut aussi remarquer que le bâtiment n'est pas posé sur le sol mais dégagé par le bas. La boîte est ainsi comme flottante et l'ombre sur son socle dit bien comment l'architecte a su ainsi alléger la masse.
On admirera la gémellité des 4cv Renault.
La carte postale fut envoyée en 1960. Les architectes sont messieurs Ferret, Bruneau, Courtois et Marmouget.
Autre merveille :


Ici deux grands personnages se retrouvent. Le premier c'est facile c'est l'architecte Le Corbusier.
Le second c'est moins facile...
Le photographe... alors... cherchez bien... on en a déjà parlé...
Il s'agit de Lucien Hervé.
Effectivement le grand photographe a aussi été publié en carte postale. Au moins pour ce qui est de Ronchamp. Je n'ai effectivement pas encore trouvé de cartes postales signées du photographe représentant d'autres bâtiments.
Pris à ras du sol pour faire monter le bâtiment, l'élancer, le photographe sert la construction dans son cadre et laisse ainsi le dessin parler tout seul, sans effet photographique, sans finalement tirer l'architecture vers la photographie plus personnelle. Lucien Hervé se met directement au service de l'objet et tente, réussit simplement, à le donner à voir. On remarquera le choix de l'éclairage doux mais tout de même accentué qui détermine des valeurs de gris et d'ombres sculptant la construction.
Il faut aussi l'avouer c'est légèrement flou, tremblant.

Merci Monsieur Perreaudin.

samedi 7 août 2010

Beaucoup de vent à Boulogne-sur-Mer.

Il avait fallu reconstruire.
Et Pierre Vivien a bien fait.
Voici deux cartes postales d'une partie de son œuvre à Boulogne-sur-Mer.


Vu du ciel, ce paysage du port laisse ces buildings (c'est comme ça qu'on les nomme) de Pierre Vivien sur la gauche. Ils sont en quinconce pour gagner de la place sur la parcelle. Ils semblent vouloir offrir à la fois une vue imprenable sur l'activité du port mais aussi ramasser au maximum la lumière, la piéger.
Bien dans les principes de la Charte d'Athènes, ils sont sans doute moins complexes que les cités radieuses de Le Corbusier.
Mais de leur masse parfaitement dessinée naît bel et bien une présence forte. Ils sont là, machines urbaines pensées suivant les règles d'un nouvel art de construire et, on l'espère, de vivre.
Cette édition Sofer fut expédiée en 1967. Elle ne nous donne ni le nom de l'architecte ni le nom du photographe.
ici :

Nous sommes descendus. Le photographe, Monsieur Derenne, coupe l'image en deux et place moitié port moitié ville les belles barres de Monsieur Pierre Vivien sur une ligne droite.
Les filets des bateaux de pêche jouent les courbes audacieuses contre la rigueur des droites des immeubles.
Une image bien composée mettant en évidence aussi l'autre architecture de Monsieur Vivien : les espaces entre les immeubles.
Et comme le dit la correspondante, cet espace est celui de l'air, de la lumière et du vent...
Décidément, oui, c'est beau la reconstruction.

vendredi 6 août 2010

Sainte Bernadette de Dijon, de Joseph Belmont



Reprise avec détails.
Voici à nouveau l'église Sainte Bernadette de Dijon que l'on doit à Monsieur Joseph Belmont architecte.
Et voici quelques nouvelles images de ce que je considère comme un chef-d'œuvre de l'architecture religieuse du XXème siècle.
Tout ici concorde pour un tel titre.
D'abord la révolution du plan et l'application des désirs de Vatican 2 fondant dans ce lieu les bases d'un nouveau rapport à la liturgie.
Mais aussi la projection externe de cette révolution avec l'image d'un édifice qui tout en gardant les caractéristiques de l'objet église (isolement et dégagement, croix visible, campanile...) sait le dépasser dans une forme étrange et originale.

édition Lyna, photographie de R. Moisy

Bien étrange objet en effet que ce cube à facettes posé sur un socle tenant un peu de la pagode chinoise.
Mais ici le cheminement du fidèle est organisé (je dirais épousé) par ce mouvement de l'auvent venant ainsi chercher sur le parvis les visiteurs. Ce mouvement un rien tendre (!) et accueillant ramène à une échelle humaine ce cube clos et sévère. C'est aussi une manière de préparation à l'espace essentiel celui finalement de la nef.
Cette progressivité est un traitement toujours important dans un lieu de culte mais j'aime aussi la brutalité des églises romanes offrant d'un coup fraîcheur et pénombre le temps de l'épaisseur d'un mur.
La modernité des matériaux et notamment ici de ces modules à facettes donne toute l'image à l'église, cette radicalité, ce désir impétueux de dire l'époque à grands renforts de matériaux et de solutions industrielles disent bien la position de l'architecte sur ce que doit être la réponse à un tel programme.
Pas de faux-semblant, pas de regard mensonger du décoratif mais une manière de puiser dans le catalogue des matériaux industriels, de les faire chanter autrement en dévoilant leur qualité sobrement certes, mais aussi avec audace.
Regardez l'intérieur, mais regardez !


Superbe...
Le dessin magnifique des colonnes et des points d'appui en métal forment une colonnade moderne et légère. C'est une forme utile et d'une grande beauté.
La simplicité de fonction est ici magnifiée par sa servitude : du métal coupé, plié et ajouré fait le motif.
Quelle invention formelle pour des colonnes internes !
Et le photographe de cette carte postale a bien travaillé. Son nom ? Monsieur Tibislawsky. C'est écrit au dos, merci les éditions Combier !
On peut ainsi voir l'effet de transparence des pointes-diamants et la lumière qui passe sous le toit courbe à droite de l'image.
On admire le dépouillement du décor qui tient tout entier dans le jeu des formes, dans l'expression de l'architecture.
Vraiment superbe...
Pour finir voici le baptistère :


Toujours chez Combier éditeur.
Ce baptistère est l'alliance d'une forme simple composée d'un cercle dessiné dans le sol et circonscrit de deux petites marches qui dessinent son espace et les fonds baptismaux qui eux-mêmes d'une grande simplicité sont exprimés au travers de cette large vasque ouverte et pour finir la céramique au-dessus dans sa rusticité artisanale est accrochée par des cordelettes.
Toute l'émotion du moment provient sans doute de cette eau comme venue du puits voisin (Puits de Moïse pas si loin) coulant sur le front et retenue ici dans ce bassin généreux.
Les glaïeuls posés là, presque abandonnés, laissent la cérémonie entièrement à ses symboles sans ostentation et dans un moment radical et serein où les formes servent une fonction.
Oui.

mardi 3 août 2010

par l'horizon et les nuages, New York

Imaginons qu'un maire de New York extrêmement conservateur décide pour maintenir une certaine cohérence urbaine que dorénavant, toute nouvelle construction devra être la copie d'une construction déjà existante.
Imaginons que, ainsi, les architectes et surtout les promoteurs décident de prendre comme modèle le plus célèbre des gratte-ciel de la ville : l'Empire State Building.
Nous pourrions alors comme skyline de la Big Apple avoir ce genre de chose :


Collées à l'ancienne par des rubans adhésifs sans utilisation de Photoshop que je maîtrise trop mal voici un paysage de cartes postales réunies par le hasard de leurs horizons et de leurs nuages étrangement compatibles.



Je suis assez content de moi !
Il faut remercier les imprimeurs de cartes postales new-yorkaises pour l'excellent maintien de leur bleu du ciel et leur goût pour les nuages.
De gauche à droite nous avons :
une édition Nester's Map and Guilde Corp expédiée en 1973. L'Empire State Building est encore nommé le plus haut immeuble du monde avec ses 1472 feet.
une édition Manhattan Post Card and Co expédiée en 1966. On a un peu plus d'informations comme le nombre de fenêtres : 6500 ! nettoyées deux fois par mois, le nombre d'ascenseur : 74, le nombre d'utilisations quotidiennes : 50.000 ! La hauteur est constante...
Puis une édition Dexter Press pour Manhattan and Co. Expédiée en 1979, l'Empire State n'est plus appelé le plus haut du monde.
Un petit trait indiqué par Laurence l'expéditrice montre l'étage de l'observation.
Oui c'est haut, haut si haut, j'ai vu New York U.S.A, j'ai vu New York U.S.A, haut c'est haut, j'ai jamais rien, j'ai jamais rien vu d'haut si haut, oh c'est haut....