samedi 5 décembre 2009

Sur la route de Louviers

Concordance des temps.
La semaine dernière Natacha me signalait l'exposition de Georges Rousse à Louviers.
Aujourd'hui, j'écoute François Chaslin et dans son émission il reçoit Edouard François qui a, entre autres choses, réalisé un ensemble de logements à ... Louviers.
Il était clair que j'allais prendre la Twingo et me rendre à Louviers.
J'arrive enfin à trouver l'ensemble de logements mais il est difficile d'accès car protégé (enfermé) derrière un digicode bien repoussant. Les photographies seront alors un peu lointaines et ne pourront pas permettre de comprendre le travail de l'architecte. Dommage.






De Monsieur Edouard François, je ne connais finalement que l'immeuble dont les façades sont recouvertes de bambou en pots. Chaque fois que mon train entre en gare de Saint-Lazare j'aime le viser à travers ma vitre et m'amuse toujours de sa présence échevelée.
Puis nous nous rendons au musée de la ville juste à côté et découvrons une superbe et riche exposition de Georges Rousse.
Un très beau choix de ses photographies nous montre bien tous les aspects de son travail et j'ai la joie d'y voir la mancelle 1999 réalisée par l'artiste au Mans et pour laquelle Claude Lothier a tant travaillé.
Les étudiants du Mans se souviennent certainement de ces deux beaux chantiers. Il y a encore peu de temps nous pouvions aller encore voir la mancelle et retrouver le point de vue du photographe.
En plus, il est possible à l'étage du musée de Louviers de voir de visu deux installations de Georges Rousse et de comprendre dans le réel le travail qu'effectue l'artiste sur le point de vue appuyant ici la position de Claude que la perspective est bien une découverte et non une invention. La bibliothèque et l'ancienne salle des mariages sont transformées avec maestria. On jubile de la solidité et aussi de la mouvance du point de vue. Dommage que le ciel normand ne donne pas la lumière toujours nécessaire à la lecture des deux œuvres.
Mais vraiment, vraiment allez voir cette exposition. En plus on est chaleureusement accueilli par le personnel du lieu.







En repartant, je me souvenais d'avoir vu rapidement en passant une architecture intéressante à la sortie de Louviers vers le Neubourg. Il s'agit de l'école Jacques Prévert au système constructif lisible et beau. On sent un meccano de métal rempli de plaques de béton, l'ensemble est bien construit, sobre et respire un goût pour la modularité, la légèreté et l'industrie. Une petite chose certes mais pourquoi se priver de ce plaisir.
Sur la route de Louviers, sur la route de Louviers....
Mais au fait, où est la carte postale ?






Arlequin 2

édition SINET 1975

Magdalena avait enfin réussi à trouver l'hôtel.
Il avait été décidé que la production du film y séjournerait pendant l'ensemble du tournage en laissant l'équipe technique sur place, dans les décors et dans des caravanes bien aménagées.
C'est là d'ailleurs qu'elle avait retrouvé son photographe de plateau au travail.
Sa carrière avait pris un bel élan depuis qu'une publicité pour un hôtel international au Mexique lui avait valu d'être repérée par le réalisateur.
Elle était heureuse.
Sa carrière commençait enfin à s'ouvrir et sa vie amoureuse était parfaitement bien comblée par sa relation avec son photographe.
Les avions, les plateaux, les interviews, elle menait ainsi la vie d'une jeune starlette épanouie qui trouve dans son travail le nécessaire accomplissement à sa vie de femme.
Le groom avait avancé la Mustang noire mise à sa disposition par la concession Ford de Tunis. Son gérant n'avait d'ailleurs pas manqué d'attirer l'œil de l'actrice tout autant que l'automobile. Elle y avait vu là aussi, puissance, élégance et confort...
Le soir tombait et il fallait faire vite car le réalisateur avait prévu pas moins de trois prises cette nuit et le lieu du décor était tout de même à plus d'une heure de route de la baie des Singes.
Jacqueline la coiffeuse s'était déjà assise à sa place et attendait ravie par cette promenade que sa starlette prenne le volant. Elle savait qu'elle conduisait vite en donnant l'impression d'une maîtrise parfaite du véhicule.
Elle préférait bien entendu faire la route dans cette voiture que dans les deux malheureuses 404 de la production.
Un claquement sourd de portière, un coup de volant, l'écrasement de la pédale d'accélérateur et les deux femmes avaient déjà quitté le parking de l'hôtel sous les yeux admiratifs du personnel de l'hôtel et de quelques résidants.
Pourtant l'équipe technique du tournage attendit en vain toute la nuit de voir surgir la Ford Mustang au milieu des décors.



le théâtre vous ouvre l'espace au Mans


éditions yvon expédiée en 1969

Pendant mes deux journées au Mans, j'ai eu le temps avec quelques collègues d'aller voir la démolition du théâtre en plein centre ville.
On peut voir sur cette carte postale multiple ce théâtre et aussi la pendule qui, elle, a bien disparu.
Je ne regrette pas ce théâtre, peu intéressant, avec sa façade un peu terne.
Sa démolition donne lieu à un véritable événement urbain car les démolisseurs ouvrent le théâtre par l'arrière, par la scène donc et on voit apparaître l'ensemble des structures de la bâtisse comme si nous étions le spectacle. On pourrait rêver à un public encore installé dans ses sièges et regardant de l'intérieur la démolition lui ouvrir l'arrière du théâtre.
On aurait ainsi bien compris la communication de la société de démolition, oh pardon, de déconstruction, qui inscrit fièrement sur sa pelleteuse qu'elle nous ouvre l'espace...
Les mots je vous dis, les mots...
A quoi aurons-nous droit à la place de ce théâtre ?
Fabienne m'indique que Monsieur Portzamparc avait fait un projet qu'il avait tenté de défendre sous les huées du public manceau un jour de conférence...
Il semble qu'il ait jeté l'éponge.
Dommage...
Le public du Mans aura donc ce qu'il mérite et sous vos applaudissements !
Quelques clichés pris hier :








mercredi 2 décembre 2009

chlore et bulles

édition SOFER

Il n'avait jamais vu ainsi la piscine d'Elbeuf avant cette carte postale.
Il a fréquenté cette piscine pourtant de manière régulière à une époque.
L'école, le centre aéré de la R.N.U.R.
Il se souvient qu'on disait bien rnur en un seul coup. Parfois la Régie et moins Renault.
Tout petit, il a failli se noyer là, dans cette piscine.
Dans le bassin des petits d'ailleurs, celui qui n'est pas visible sur cette image car à l'intérieur du bâtiment en dur à gauche.
Il avait toujours peur du moment du déshabillage. Heureusement il avait une grande serviette qu'il a toujours sur laquelle était représenté un nageur avec un bonnet de bain et ballon faisant un jet d'eau avec sa bouche. Il peut vous le montrer.
Il aimait la douche très chaude et la vapeur moite et enveloppante. Il rêvait avec en même temps une belle peur du grand bassin parfois extérieur et parfois couvert d'un toit cylindrique gonflable.
Mais d'abord le petit bassin.
Il se souvient que, assis au fond de celui-ci, sur les carreaux bleus il voyait parfaitement les bulles sortir de sa bouche et monter. Il n'avait pas peur.
Pourtant une force soudaine le tira vers le haut. le maître-nageur.
Cette noyade, il a décidé dans faire un bon souvenir, c'est vrai qu'il était vraiment petit.
Enfin apprendre à nager là dans le grand bassin. Les mouvements sur le bord puis dans l'eau. Perdre pied et un jour comprendre la joie de l'eau qui vous porte. Surtout sur le dos.
Mais toujours plus tard détester avec l'école l'obligation de venir là. Pourquoi aimer ça seul et le détester avec l'école ? Les maîtres et la pudeur.
A cette époque la famille et le public pouvaient vous accompagner sur le bord. Il y avait une estrade. Et les mamies tricotaient, les nounous lisaient Clair Foyer.
Et s'il faisait chaud, en sortant de la piscine, là au coin de la rue il y avait une Renault 4 fourgonnette ouverte à l'arrière et une dame qui vendait des glaces. Trouver que c'était le plus beau métier du monde en regardant l'image représentant une inuit avec un col de fourrure pour les glaces Gervais.
Et l'odeur persistante du chlore dans les cheveux malgré le shampooing berlingot Dop.

les billes et les genoux

édition Combier, expédié en 1972 par sa mère.

De l'école Michelet il ne se souvient finalement que de peu de choses.
Un jour de pluie la parfaite démarcation laissée sur le sol entre la zone pluvieuse et la zone sèche, ligne incroyablement marquée.
Il se souvient que, assis devant le bureau de la maîtresse celle-ci lui faisait des frisettes avec son doigt pendant la classe. Il avait, à l'époque une chevelure très frisée qui le faisait toujours passer pour un fille.
Il se souvient d'une plaque d'égout largement ouverte dans lequel des objets divers finissaient toujours par tomber et des efforts incroyables pour aller à la pêche avec ses camarades aux pièces de vingt centimes brillant au fond. Il avait même muni une ficelle d'un aimant puissant de boîte de vitesse Renault que son père avait rapporté de l'usine pour tenter la récupération.
Il se souvient du beau dessin technique au fond du couloir, dessin dans une résine transparente représentant les industries d'Elbeuf dans un goût très sec qui plus tard lui fit comprendre son goût pour le Grand Verre de Marcel Duchamp.
Il se souvient de Crâne d'œuf, il se souvient qu'il en avait peur, il était le surveillant dans la cour de récréation et avait l'un de ces minuscules appareils radio japonais collé à son oreille. Il crut bien plus tard le reconnaître dans l'un des personnages de la Guerre des étoiles.
Il se souvient que, sur le chemin d'aller ou de retour, avec ses frères ils jouaient à faire des pétards avec des paquets de gitanes bleues qu'ils faisaient éclater sur leurs genoux, il se souvient aussi de la jubilation, les jours de pluie (nombreux) de faire des boules de papier et de les voir se coller sur les façades de briques après un lancement bien ordonné.
Il se souvient de la main rassurante de ses deux frères, l'un au milieu, plus responsable, entraînant les deux autres.
Et puis parfois ils allaient prendre en route le fils du boulanger. Ils essayaient toujours de voir si le distributeur de bonbons sur le trottoir devant le café ne pourrait pas tout de même sans argent laisser tomber une boule de gomme. Et parfois, même souvent, oui ça marchait.
Et dans la cour de l'école il se souvient que là, sous la haie de thuyas des parties de billes incroyables avaient lieu, des parties de deux cents ! Héroïsme des joueurs, tremblement de la perte, la boîte jaune de Nesquik revenait à la maison victorieuse et lourde ou vide et triste. Mais quelle partie !
Dans la rue, sur les pavés humides des petits bouts de fil de toutes les couleurs échappés des usines textiles juste derrière jouaient avec le vent.
Il se rappelle aussi cette petite barrière qui fermait la cour en deux dont il ne comprenait pas l'usage. Pourquoi interdire un aussi bel espace ?
Et puis, il apprit à lire dans cette école et, exactement devant ce trottoir, garée là une camionnette de dépannage arborait sur sa carrosserie un "Bendit" marque d'électroménager. Il se souvient de sa jubilation à comprendre qu'il ne s'agissait pas d'une faute d'orthographe mais d'une marque et que ainsi les mots pouvaient jouer de leur son de leur sens. Oui.
Ils se rappelle aussi le jour où ses parents, un samedi, vinrent les chercher, ses frères et lui à l'école pour leur montrer la nouvelle maison en construction.
Le départ.

un impact



Comme un impact de balle sur la tour.
Soleil dedans.
Bring the noise.
La défense.
Vision de l'an 2000.
La banque Crédit Lyonnais.
La vision était juste.
Elle ne tombe pas, même pas vaciller. C'est solide la banque.
Les architectes : Dubuisson et Jausserand.

Mais voyez-vous l'ombre de l'autre tour qui se dessine dans cette façade ?


lundi 30 novembre 2009

Sculptura Panels

édition Combier en Cimcrome

Voici une petite chose, une gourmandise.
Oh, non vraiment pas un grand monument.
Nous sommes à Chalon-sur-Saône devant le syndicat d'initiative.
Et l'architecte nommé sur cette carte postale porte bien son nom puisqu'il s'appelle monsieur Chalons !
Alors vous me direz, si si vous me direz : à quoi bon ?
Eh bien d'abord je l'aime bien ce cylindre de métal ajouré ; je l'aime bien parce que ce motif de moucharabieh je le connaissais aussi à Rouen. Une façade d'immeuble en était recouverte. Et puis si on regarde bien on voit aussi un bel escalier à l'intérieur de notre syndicat d'initiative. Cette modernité affichée là, dans un petit bâtiment prouve aussi certainement ce désir de la ville de dire son époque.
C'est modeste oui. Et alors ?
Et le photographe, l'éditeur ont bien travaillé. Soleil, verdure et brillance de l'aluminium donnent une carte postale bien installée dans son époque.
Dans Architecture d'Aujourd'hui (1967) je trouve deux publicités pour ce qui pourrait bien être le fabricant de ce module de façade, les Sculptura Panels !



On sculpte nos façades !
Décor dehors et lumière dedans !
On carosse les bâtiments comme des automobiles ! Accessoirisés, tunés (comme on dit aujourd'hui) avec l'effet cinétique moderne de ces modules cela devait bien parfois camoufler des architectures un peu faibles.
Mais au Mans par exemple, la belle façade du Monoprix ainsi revêtue d'une blanche tôle "seventies" vient de céder la place au retour néo-rétro faux alibi art déco.
J'aimais mieux la jubilation d'une courbe pure juste vibrante par les décrochements des pointes de métal.
Tout par terre.
Notre époque.