samedi 10 octobre 2009

(presque) tout Guillaume Gillet, 2

Bon, j'ai certainement eu la dent dure.
Monsieur Delorme, attaché de conservation à la Cité de l'Architecture et commissaire de l'exposition Guillaume Gillet a raison.
Le travail effectué par son équipe et la qualité des documents ne méritent pas une aussi grande déception de ma part. J'y retournerai.
Alors, allez voir leur travail et apprenez tout ce que vous pourrez des documents présentés. Il y a de quoi faire.
L'exposition Guillaume Gillet est visible jusqu'au 13 décembre.

Je vous propose pour aujourd'hui quelques images de son église de Royan :



C'est beau non ?
Cette très belle carte du chantier nous propose une vue de l'entrée de l'église, le côté ouest. Les architectes sont nommés, Guillaume Gillet et Monsieur Hébrard en architecte d'opération. René Sarger est nommé en tant qu' ingénieur. Par contre pas de citation de Monsieur Laffaille. Cette carte postale affiche Tito comme éditeur mais au dos est inscrit Berjaud et la petite phrase : véritable photographie au bromure. Elle est datée, au stylo-bille bleu de septembre 1958.
Regardons bien.
Un très léger échafaudage est encore visible le long de l'escalier, escalier qui n'est pas terminé.


Des fers à béton dépassent encore et les verres ne sont pas posés.



Pourtant, l'église est bien ouverte et les gens y entrent et en sortent.
On remarque un ouvrier penché sur le bas du bâtiment à droite.



Mais ce qui saute aux yeux c'est la beauté de l'auvent et la masse de l'église ici aussi par ce point vue bien réduite de moitié !
A nouveau je pose la question de l'absence du clocher. Claude émettait l'hypothèse que de ce point de vue, il est possible qu'il disparaisse derrière la courbe. Oui.
Mais je continue à penser que si le photographe fait autant monter la courbe ouest et se prive ainsi sur son image du clocher de l'église c'est simplement qu'il n'est pas encore achevé.
En tout cas, la lumière est parfaite, les ombres dessinent bien. L'ensemble est d'une qualité documentaire rare. Il s'agit d'un très beau document sur une construction si emblématique.
Et encore...

Une carte postale Cap en Réal-photo expédiée en 1961 avec, d'ailleurs un beau tampon de la poste représentant le Palais des Congrès.
L'éditeur nomme bien Monsieur Guillaume Gillet et le photographe réalise là aussi un cliché d 'une grande qualité.
Admirons l'effet de ciel !
Dégradé tombant doucement et s'ouvrant sur la flèche. A la loupe, je remarque encore quelques fers à béton qui en dépassent et au pied des reliquats du chantier finissant.



Certainement qu'il y a encore quelques finitions à réaliser, des fils électriques circulent de dehors en dedans.
Le photographe s'est aussi attaché à ne pas trop serrer son sujet et nous laisse bien de gauche et de droite de quoi comprendre l'emprise de l'église sur le sol.
La nuit :



Chez Théojac on nomme tout le monde et c'est réjouissant.
Architecte : Guillaume Gillet, Ingénieur-conseil B. Laffaille, Ingénieur René Sarger et architecte d'opérations M. Hébrard.
La netteté de l'image est centrée sur la flèche. En bas les phares des autos filent en tubes néon.
La nuit bleue nous dit où le soleil se couche. Un peu de biais, l'église révèle ses flancs sous un éclairage dur. De loin, sur son promontoire, Notre-Dame devait agir un peu comme un phare.


mercredi 7 octobre 2009

Jean-Paul Viguier et les rouennais


Nous venons enfin de découvrir le projet final de Monsieur Viguier pour le remplacement du Palais des Congrès de Rouen, placé (malheur à lui) juste à côté de la cathédrale de Rouen.
Le moins que l'on puisse dire c'est que Monsieur Viguier a de l'humour !
Emmerdé, il n'y a pas d'autre mot, par une opposition en son temps qui ne savait que s'opposer, des rouennais qui détestent l'art et l'architecture contemporaine et ne rêvent que de campagnes peintes par Claude Monet sur lequel ils crachaient en son temps, bref Monsieur Viguier avait dû revoir sa première copie.
On (devinez qui...) On rêvait d'un jardin !
Il faut croire qu'une fois de plus les méchants promoteurs ont refusé un si simple cadeau aux rouennais et devant la bouderie, Monsieur Viguier a su se jouer d'eux.
On reprend donc sa planche à dessin.
Puisque les rouennais ne veulent pas de métal et de verre on va leur fourguer ce qu'ils adorent : de la pierre de taille !
Miracle ça passe !
Mais, et c'est là que Monsieur Viguier a de l'humour c'est que d'un brutalisme de béton parfaitement bien dessiné par Monsieur Dusseaux, Monsieur Viguier dessine un bâtiment aux volumes et aux espaces encore plus fermés plus durs !
Mais voyez-vous, il suffit d'un mot pour que la population d'une ville qui n'a de désir autre que de revenir si ce n'est aux colombages d'antan au moins à la tabula rasa d'après-guerre se trouve rassurée. Et tous en cœur de pousser un Ouf ! Et Madame, Monsieur, il y aura un jardin sur le toit ! Ooooohhhh !!!
Ils ont eu le méchant architecte !
Merci les referendum et autres appels démagogiques à la population...
Alors je dirai adieu au beau Palais des Congrès de Monsieur Dusseaux au début 2010. Et je rirai de voir comment les tours de passe-passe démagogiques et architecturaux font encore leurs œuvres dans une ville qui aura connu plusieurs bombardements : celui des alliés, celui des promoteurs et celui des maires successifs seulement capables d'inventer la poutre qui dort sous le torchis !
Le Comité Français de Vigilance Brutaliste.

Voici une carte postale ( la seule ?) éditée par Estel.
L'orthographe du nom de l'architecte de cette merveille est très fluctuante. Ici la carte postale nous présente J.P. Dussault. Je crois qu'il s'agit de J.P. Dusseaux. En tout cas, son Palais des Congrès ne mérite pas une telle hargne, il est moderne, ouvert, rythmé. Il ne dénature en rien la cathédrale, il ne fait qu'ajouter à celle-ci, elle-même collage incroyable d'époques (parfois 400 ans d'écart), une belle présence.

Voyez ici ce qui part et ce qui arrive...


mardi 6 octobre 2009

Monsieur Ursault architecte, père et fils

Dans le message précédent j'évoque le nom de Monsieur Ursault architecte.
Ce nom résonnait à mon oreille.
Je savais que cela avait à voir avec Royan...
Eh bien je n'avais pas tort car c'est l'architecte de ce qui fut l'une des plus belles Postes de France.
Mais petit retour en arrière:



Je retrouve cette carte postale des chalets de Brigueil-le-Chantre chez Combier bien rangée dans les classeurs !
Cette fois, l'architecte est nommé: Pierre Ursault. Mais ce Pierre est le fils d'André... l'architecte de la poste de Royan !
Vous me suivez ?
Revenons à Royan :



Vue du ciel, en photographie véritable chez Flor éditeur. Carte postale expédiée en 1959 qui permet d'apprécier pleinement l'implantation de la Poste dans le plan d'urbanisme et de constater qu'elle était stratégiquement placée pour faire spectacle. A la pointe des bâtiments du front de mer, elle s'y colle, dégageant le trottoir et offrant un passage couvert serpentant et guidant les clients. C'est elle, en quelque sorte qui dit : la mer ou la ville.
Je me souviens bien, enfant, passant là dans la voiture, j'espérais toujours qu'un coup de volant nous fasse aller à gauche pour remonter la ville, oui, par la mer... Mais trop souvent nous filions droit et longions les beaux bâtiments par l'arrière. Il y avait toujours une course à faire. Je me souviens également d'une boîte aux lettres disposée de façon à ce que le conducteur sans descendre de l'auto puisse jeter son courrier par la vitre ouverte. Je savais donc que lorsqu'il y avait une lettre nous avions un espoir de filer... par le front de mer !
Je vous propose un petit film de deux images seulement :



Environ une minute trente sépare ces deux images. Pourtant l'une est en couleur et l'autre en noir et blanc. Mais pas de doute, il s'agit bien du même moment. Le policier est là, le vélo contre la poste aussi, le linge qui sèche, l'arbrisseau au premier plan.
Avons-nous un cliché couleur tiré en noir et blanc ou deux prises de vue avec deux appareils différents ?
En tout cas la pendule situe dans le temps ce micro-film (?) et j'aime beaucoup la dame, foulard sur la tête, assise sur la capote du cabriolet américain. Je laisse les amoureux de voitures anciennes se régaler de ces Simca, Renault et Peugeot.
La poste, elle est là encore dans sa légèreté, sa transparence. On voit bien comment sa forme utilise la ville, presque crée le dessin du carrefour.
La carte postale couleur est une édition Cap envoyée par Claude en 2002 ! Elle est bien sûr beaucoup plus ancienne...
La carte en noir et blanc est une édition Cap envoyée par... Claude le 2 aôut en 2002 et écrite ce jour à dix-huit heures quarante cinq c'est lui qui précise ! Elle est bien sûr beaucoup plus ancienne !
Celle-ci :


Carte postale Iris- Théojac nous offre des couleurs lumineuses. Il y a encore au loin un policier qui fait la circulation mais nous ne sommes pas au même moment. Plus de linge, de vélo...
La Simca Aronde vient se payer l'arbre au premier plan que le photographe n'a pas su évacuer à moins qu'il ne se soit placé là pour profiter d'un premier plan ombrageux.
On devine en tout cas les volumes de la Poste de Monsieur Ursault qui n'est pas nommé ici.
Pour finir la catastrophe, l'horreur, le dégoût :



Cette carte postale sans honte nous propose "la nouvelle poste".
Qui a osé ?
Qui ?
Coller ainsi un camembert stupide sur l'un des plus beaux bâtiments de Royan.
Qui ?
Je veux un nom.
Qui ?
Mais que s'est-il passé dans notre beau pays pour qu'à ce point on soit aveuglé.
Je sauverais peut-être la pendule genre O.R.T.F mais vite cassons cela et remontons notre belle Poste. Et le Casino. Et chassons les restos épouvantables sous le front de mer. Et remontons le portique. Et ré-ouvrons la façade du palais des Congrès. Et arrêtons d'outrager Royan.
Bon...
Une énigme maintenant :



Cette carte postale du marché de Royan chez Artaud Frères nous indique sur son verso Monsieur Ursault comme architecte...
Je pense qu'il y a méprise car les architectes sont messieurs Simon, Morisseau, Sarger et Laffaille.
Si c'est bien le cas, c'est une des rares cartes postales de ma collection avec une telle erreur d'attribution !






double pente

Dans le dernier message j'évoquais le toit double pente comme une double peine. Laideur et inutilité.
Mais en même temps, j'entends s'élever les voix majestueuses des montagnards du cru me moquer et me dire que dans les beaux pays enneigés, il ne faut pas accumuler le poids de la neige, son humidité et le froid.
Oui.
Mais il est alors possible parfois, c'est tenté au moins, de faire de cette pente un élément soit constructif, soit esthétique.
De, en quelque sorte, le justifier autrement que par un attachement traditionnel qui peut avoir ses raisons.
Comme nous étions à Super-Besse restons-y encore un peu :



Voici le centre d'accueil permanent du centre de Vacances de la ville de Besse, Chalet du C.U.C.
Une édition du Lys qui ne mentionne pas d'architecte.
C'est spectaculaire non ? Ce toit métallique bien glaçant presque effrayant. Les ouvertures très petites et comme découpées dans les plaques d'acier (?) sur un volume gigantesque donnent à l'ensemble un air un rien défensif. J'aime assez d'ailleurs que ces ouvertures semblent un peu posées au hasard et rythment bien et étrangement ce toit.
C'est presque dommage l'édicule qui vient se coller contre et brise ainsi le volume. Petit édicule, lui bien ouvert. La neige, le ciel bouché, tout cela me fait un peu peur.
On quitte un peu la montagne pour se retrouver en Lozère aux portes des gorges du Tarn, dans un relais hôtel du col de Montmirat.



Là le toit descend, descend, descend...
Il ne s'arrête qu'au sol venu et forme un beau triangle qui se veut très dynamique et certainement moderne. Ce qu'il réussit assez bien grâce à des détails comme la façade en retrait, des ouvertures généreuses et parfaitement bien ordonnées, des matériaux francs et bien traités.
Bref, s'il n'y a pas ici de désir de faire un coup architectural, l'ensemble est bien dessiné. La prise de vue, un peu en contrebas accentue ce jeu du toit qui fait à lui seul le bâtiment. Il s'agit d'une carte postale Apa, en Apacolor !
Un peu plus original et ambitieux :



Nous sommes à Saint-Gervais au Logis Savoyard. Ici aussi le toit fait l'architecture et les décalages successifs forment des balcons. On les a décrochés en lignes comme si le toit venait en écho régulier sur la façade. C'est bien tenté. On peut percevoir que le bâtiment se colle à la pente et joue aussi de niveaux avec elle. Tentative de suivre le paysage, de descendre avec lui. Bien.
L'architecte pose même ainsi une terrasse offrant certainement une belle vue dans la cime des arbres. Ce n'est pas si mal.


Ce qui est étrange c'est que, malgré les pentes bien accentuées, le toit est finalement... plat recevant des panneaux solaires !
Et puis j'aime bien cette image car on peut presque la lire dans les deux sens nous donnant là aussi une architecture bien amusante :



Voici deux modèles semblant jouer d'un autre principe de construction. Une charpente qui descend là aussi jusqu'au sol et en appui direct sur des petites culées de béton recevant le poids de l'ensemble.
On voit bien ici :



Nous sommes à nouveau dans le Tarn aux grottes de l'Avenn Armand, devant le bar et souvenirs. Encore une édition Apa en Apacolor expédiée en 1976.
J'aime bien.
Cette manière de dire ouvertement et clairement le procédé de construction, de le jouer presque comme un décor, la base libre formant un espace autour de la bâtisse bien rythmé, espace ni dedans ni dehors. Il doit s'agir là d'un procédé d'entreprise, charpente en lamellé-collé montée sur place. On observera les fenêtres très hautes, debout.
Exactement pareil :



Ici nous sommes à Brigueil-Le-Chantre dans la Vienne. Étape verte, Le "Club House" du village Vacances. On retrouve bien le procédé et il semble au loin décliné à d'autres constructions. Ici la structure est également dégagée à l'étage et un balcon s'y loge dans le creux du toit. On admirera le toit rose... Et le fait que le toit ne descende pas de la même manière à gauche et à droite, offrant d'un côté un raccord de nivellement et formant la terrasse. C'est un rien pataud, le pignon est peut-être un peu trop fermé et sa surface toute de bois est un peu triste. Il semble que cela soit une œuvre de Monsieur Pierre Ursault architecte qui n'est pas un inconnu.
Nous finirons avec un chalet moderne enfin... neuf !



C'est le Châlet Sunset (!) à La Clusaz. District de la région de Paluel, Cany-Barville. Cliché photo Fix pour Combier édition.
Il s'agit certainement là aussi d'un lieu de vacances pour la Ville de Cany-Barville.
Peu de choses à dire...
Du bois, du bois, du bois en enrobage. Je crains que cela ne camoufle une structure bien plus pauvre en béton. Les fenêtres encaissées comme prises dans l'enrobage dans des huisseries blanches bien dissonantes font un peu pitié.
C'est une image de chalet. Regardez la prise au sol et la juxtaposition à l'envi des matériaux qui arrivent, semble-t-il les uns après les autres. Tout est écrasé sur le sol, comme si on appuyait sur le toit en permanence. Pourtant, là, la neige n'est pas encore tombée...

dimanche 4 octobre 2009

comité français de vigilance brutaliste



Je vais devoir encore faire intervenir le Comité Français de Vigilance Brutaliste.
En effet cette très belle brasserie des Grands Horizons à Super-Besse a subi des transformations qui ne peuvent pas être ainsi acceptées.
Voyez la carte postale:


Voyez les beaux décrochements, les blocs traités en pure géométrie, les ouvertures généreuses.
Voyez le béton brut de décoffrage qui jouait de sa rudesse contre la rudesse de la montagne.
Gris et sans camouflage, comme la roche.
C'est à la fois simple dans sa construction et rythmé. Bref, c'était beau.
L'intérieur, lui, hésitait un peu entre confort moderne et tradition des nappes basques. Mais on lit bien le paysage au travers des vitres.
Et puis...
On ne sait pas qui, on ne sait pas pourquoi tout cela fut bouché, bardé de bois marron. On échappe à la double pente ajoutée sur le toit mais de justesse, trop cher certainement...
Google Earth nous permet de voir cet état affreux.



Alors le Comité Français de Vigilance Brutaliste passera à Super-Besse et remettra les choses en ordre.
On fera un feu de joie de ce placage de bois (en plastique ?), on chassera le pittoresque de pacotille.
On ouvrira à nouveaux les baies sur la vie de la montagne sur les Grands Horizons.
Monsieur Percillier étiez-vous bien l'architecte de ce bâtiment superbe en son temps ?
La carte postale est une édition Combier en Cimcolor, offset.
Le téléphone de la Brasserie est le : 57 !



pour cause d'inventaire

Claude s'inquiète du possible épuisement de ma collection pour alimenter ce blog.
Alors je compte pour voir où nous en sommes.
Voici quelques chiffres :

Architectes référencés (ayant au moins une carte postale identifiée) 428
Cartes postales ayant un ou plusieurs architectes référencés 1572
(rangées dans 5 classeurs )
Cartes postales dites "boring postcards" 1336
(rangées dans 6 classeurs )
Cartes postales de Royan 528
(uniquement après-guerre)
Cartes postales du génie civil et de l'industrie 360
Cartes postales "expositions et foires internationales" 96
Cartes postales dites situées 256
(avec croix, flèches et tout autre mode)
Cartes postales Vatican 2, art sacré contemporain 248

Ce qui nous fait un total de 4402 cartes postales parfaitement rangées. Parfois, sous l'impulsion d'une découverte et selon le type de l'image, elles peuvent passer d'un thème à l'autre. Dois-je ranger une carte postale de l'église de Royan avec une croix dans Vatican 2, Guillaume Gillet ou cartes postales situées ?
Je ne vous mentionne ici que les classeurs ayant un rapport avec l'architecture. Il reste encore un classeur pour l'Art, le cinéma, les belles images, les stéréoscopiques, les John Inde, les U.S.A, la guerre 14-18, le régionalisme, les hôtels et campings et les... inclassables.
J'oublie également la vingtaine de cartes postales de la Donation Lothier sur Monsieur Persitz et la trentaine de cartes postales de la Donation Gaïaudo sur Arc-en-Rêve.
Puis il reste bien 150 à 200 cartes en vrac qui attendent dans des boîtes Ikea.
Donc, Claude, avec celles que je ne manquerai pas d'acheter et de trouver bientôt et ce fonds j'ai disons à raison de 2 cartes par article encore 2201 articles à publier... Soit à raison de 4 articles par semaine 550 semaines et à raison de 56 semaines par an : 9 années de blog !

samedi 3 octobre 2009

des archétypes de la carte postale de banlieue

Voici trois cartes postales de Montreuil et tout particulièrement du quartier du Bel-Air.
Trois cartes postales chez le même éditeur Raymon qui publia énormément de cartes postales de la banlieue.
Ces cartes postales sont typiques de ce genre de production. On y voit les nouveaux quartiers photographiés simplement, à hauteur d'homme mettant au service des futurs acheteurs une image dans laquelle ils se retrouveront.
Descriptives oui mais aussi j'ai envie de dire amicales.
Le point de vue n'accuse pas l'ampleur des bâtiments mais se met un peu en recul, pour ne pas sentir d'écrasement et aussi, très pratiquement pour avoir le bâtiment dans sa totalité. Ainsi on remarque les espaces souvent très vastes au pied des immeubles mis en valeur, espaces qui créent des perspectives et des ouvertures généreuses.
Par exemple, si nous regardons cela :



Au premier plan le photographe cale un immeuble à sa gauche, nous offrant ainsi des détails de la façade nous permettant de lire sa fabrication. Il laisse au centre une trouée, un canyon dans lequel va venir se loger la succession des opérations immobilières jusqu'à la très haute tour au fond apparaissant ici d'une échelle bien tranquille. Puis à droite à nouveau un immeuble plus bas et rappelant celui de gauche. Cela constitue un cheminement visuel qui permet de penser que l'on peut ici se promener, déambuler sans obstacle. Pas de voiture, juste une silhouette féminine un peu loin. Un panneau de propriété privée nous invite à rester à l'extérieur alors que l'espace est totalement ouvert...
Voyez :


Cette vue de l'église Notre-Dame des Foyers à l'identique nous met d'abord devant l'espace vide du jardin. Puis l'église et enfin en fond comme un écran l'immeuble-barre qui doit être celui que nous venons de voir. Là aussi, le photographe choisit de situer l'église dans son quartier, ne serrant pas son sujet et le laissant ainsi respirer dans son espace. Pourtant l'église n'est pas totalement une réussite et seul son campanile encore vide de cloche nous indique la destination de l'édifice posé sur une estrade d'escaliers certainement pour signaler son caractère particulier et aussi peut-être pour dégager au sous-sol un espace utile. (utile à quoi ?)
Le landau abandonné là attend sans crainte la mère ou le père parti dans l'église.



J'aime la solitude de cet objet dans une ville là encore bien vide. Personne...
J'arrive à la loupe à saisir pourtant sur deux balcons deux silhouettes qui se parlent et aussi l'encombrement des pots de fleurs et des sèche-linge.


Mais je ne sais pourquoi je m'attache aussi sur cette parcelle de terre fraîchement retournée. J'aime toujours cela quand en ville, à cause de travaux par exemple, la terre remonte à nos yeux, parfois si proche, brutale et primitive.


Sur la dernière carte postale de la série, il se passe ce pourquoi finalement ce type de carte est fabriquée.
La situation.
Dans la grille pourvoir dire où nous vivons à ceux qui reçoivent l'image. Ici c'est simplement un coup de stylo bille désireux de montrer mais aussi, prudent ne voulant pas trop avec l'inscription abîmer l'image.
Le compromis est toujours difficile et entre discrétion et visibilité le signe choisi prend alors un sens particulier.


Là, dans ce cas, deux points bleus parfaitement émouvants et sensibles. Au dos, une maman fait semblant que sa fille écrit à sa marraine et de sa belle écriture signale que la petite fille au moment des récréations, sous la surveillance de Chantal peut apercevoir sa maman sur le balcon.
Renversement des positions et de la fiction, la mère se place comme sa fille en bas de l'immeuble et se regarde regardant sa fille.
Cela me pousse une nouvelle fois à glisser œil sous la loupe et, là , soudain je perçois bien un groupe d'enfants jouant au pied de l'immeuble. Vérité.



On peut aussi parler de la forme de ces cartes postales.
Il s'agit de clichés en noir et blanc colorisés à renfort de trames en tons pastels qui ont du mal à recouvrir le gris.
Mais ce n'est pas triste cette manière, juste un peu étrange. Personne n'était à l'époque, je crois, dupe et savait bien qu'il s'agissait d'un faux-semblant de couleur mais on jouait avec. Les pochoirs décalés et les tons se mêlant les uns les autres ne pouvaient entamer l'enthousiasme d'une joie de vivre dans du neuf, du pratique, du moderne. Alors même si l'image ment un peu, ce qui compte finalement c'est que Pépé et Mémé soient tranquilles.
Les enfants habitent bel et bien quelque part et ce lieu mérite une image.
Tous le monde est rassuré et les enfants grandiront là.

les architectes sont messieurs Leroy et Faure.