mardi 8 mai 2012

Columbo, sa femme, son chien à Royan

Parce que quelque chose de certainement incroyable va avoir lieu* j'étais ce matin en plein classement de mes cartes postales de Royan et notamment ces deux cartes postales aux éditions Marcou :









































Comme vous, et comme souvent, j'ai cru avoir cette carte postale en double et je pensais que l'éditeur s'était contenté de recadrer un peu son image.
Mais voyez-vous un détail curieux ?
Saurez-vous voir qu'entre ces deux clichés nous montrant notre belle église de Royan quelques secondes se sont écoulées...
Regardez bien...
Oui, comme vous j'ai bien vu que le bleu du ciel avait changé mais ce n'est pas cela... Alors ?



Non, la dame en cuir noir et aux cheveux d'un blond superbe n'a pas bougé. Mais ce qu'elle surveille oui !
Son chien !
Regardons ensemble le clébard en question :






On voit bien que ce chien a changé de position ! Il s'agit d'un basset hound popularisé par l'inspecteur Columbo !
Alors j'imagine que cette carte postale est une grande rareté. Nous avons sous les yeux la première photographie où l'on peut reconnaître la femme de Columbo et son chien en visite à Royan ! Peut-être que l'inspecteur est sur une enquête dans le coin...
Il faudrait trouver une carte postale de Royan avec une 403 Peugeot cabriolet et là nous serions certain de tenir un scoop !



Une fois de plus, ce micro-film nous montre un photographe au travail faisant deux clichés au moins du bâtiment visé puis, revenant sur ces deux images à deux périodes différentes, publie les deux versions. On note en effet une différence notable de temps entre les deux impressions. Peut-être que l'éditeur Marcou n'a même pas vu qu'il avait choisi un nouveau cliché...
Mais, je ne sais pas pourquoi, j'ai le sentiment que cette femme, ce chien sont des familiers du photographe.
Je sais qu'à ce point vous vous dites que c'est vraiment une bien drôle de manière d'évoquer l'architecture superbe de cette église mais voyez-vous on est ainsi fait : on projette ce que l'on peut... Et l'imaginaire ouvre bien des tiroirs parfois étrangement étiquetés !

* Pour ce qui est de l'aventure à venir... certains savent, d'autres non... mais soyez attentifs à ce blog cette semaine et la semaine prochaine ! Les rêves parfois se réalisent.

dimanche 6 mai 2012

Charlety business


Ce que ne savent pas les éditeurs de cartes postales (du moins ce dont ils se moquent) c'est bien que l'objet visé par leurs éditions et leurs cartes postales peut permettre d'en voir d'autres souvent plus importants pour nous.
Dans l'image, dans le cadre, mais non en son centre, un détail nous fait sursauter et fait du rendez-vous avec l'image bien plus une rencontre fortuite et amicale comme de tomber sur un ami vu depuis longtemps au coin d'une rue inconnue.
Voici :
















Cette carte postale qui ne donne pas de nom d'éditeur mais seulement le nom de son photographe, Stéphane Renauld, veut nous montrer le Stade Charlety à Paris. N'ayant pour ma part aucune fascination pour le football, mais alors vraiment aucune, je pourrais bien me satisfaire de ce beau stade comme architecture. Il le mérite assez. Mais voyez-vous, ce n'est pas lui que je regarde. Je ne regarde pas plus le cimetière et l'étrangeté de l'urbanisme sur cette image découpée en trois zones : cimetière, stade, îlot d'immeubles...
Non, mon goût me porte dans le fouillis de la ville au fond de l'image. Je regarde ça...
















Je retrouve bien là la Fondation Avicenne, Maison de l'Iran de Monsieur Claude Parent son architecte.
Et j'avoue que la cité universitaire dans son ensemble devrait bien me satisfaire mais, que voulez-vous, je vise surtout ce bâtiment pour des raisons que vous connaissez bien.
Je vous laisse le plaisir de trouver à quel pays appartiennent ces Maisons. Pour vous aider, vous pouvez aller sur ce beau site.




mardi 1 mai 2012

J.N. Duchâteaux, photographe

Me revient l'envie d'évoquer ceux qui cadrent nos cartes postales : les photographes.
Il reste pour moi difficile de saisir ce qui, dans nos cartes postales, appartient réellement à leur travail, leurs idées d'un lieu et ce qui est une demande, une commande ou encore une forme d'école, d'habitude du genre.
Même si tout au long des articles de ce blog, je tente de démontrer que la photographie de cartes postales est bien plus libre que ne le laisse croire le cliché que l'on peut en avoir, il n'en reste pas moins que je n'ai aucune preuve directe de ce fait si ce n'est les images elles-mêmes. Je n'ai, en fait, aucun témoignage direct de photographe de cartes postales.
Voyons ces deux cartes postales de Créteil et des "choux" de Monsieur Grandval :
















Toutes deux aux éditions Raymon, elles nous montrent bien ce morceau de ville de manières très différentes. L'une depuis la hauteur vise l'implantation des tours, leur intégration à un plan d'urbanisme et nous offre une vue aérienne dont il faudra se demander si elle est prise d'avion ou prise depuis un autre immeuble. On remarquera d'ailleurs la qualité du traitement de ce paysage, sa cohérence.
L'autre, prise depuis le sol, range les tours dans un paysage à hauteur d'homme, indique un premier plan "champêtre" et place les constructions à l'horizon indiquant ainsi en quelque sorte un espace libre et vaste. L'eau est toujours un élément important pour alléger une image d'architecture offrant un caractère naturel, bucolique avec le jeu des reflets : c'est la ville à la campagne.
Rien dans ces deux images ne s'oppose réellement, aucune des deux images n'est accusatrice bien au contraire on sent une attention à vouloir simplement montrer les lieux. Mais cette neutralité pourrait bien être non pas le hasard d'une photographie de passage mais bien un "objectif" de ce genre.
Nous avons de la chance : ces deux cartes postales sont signées du même photographe Monsieur J.N Duchâteaux.
Lui seul pourrait nous dire le contenu exact de la demande de l'éditeur et sa marge de manœuvre vis-à-vis des espaces qu'il devait ainsi immortaliser et offrir à la reconnaissance des habitants et des visiteurs. On remarque aussi que l'éditeur a bien retravaillé le ciel sur l'une des deux et pas sur l'autre. Comme si parfois, la réalité du moment rejoignait la réalité du genre photographique. Il doit faire beau sur les cartes postales. Il me faudra inventer une maison d'édition de cartes postales de lieux pris sous la pluie... Facile en Normandie : "les éditions de l'averse, les éditions de la pluie !"
J'en profite pour signaler que les cartes postales, à part la neige tombée (et non tombante) ne parlent que peu des phénomènes météorologiques. Il y a bien quelques cartes postales de tempêtes en bord de mer mais ce sont les vagues se brisant sur les jetées qui sont visées.
Revenons à Monsieur Duchâteau, photographe des éditions Raymon. Posons-lui les questions directement et attendons que la magie d'internet nous permette d'avoir ses réponses :
Quelle formation de photographe aviez-vous ? Faisiez-vous d'autres types de photographies en même temps (journalisme, portrait, art) ? Aviez-vous un travail personnel ? Etait-il lié directement à votre travail pour les cartes postales ? Aviez-vous des photographes comme références ? Choisissiez-vous les lieux, aviez-vous une sorte de cahier des charges ? Discutiez-vous des points de vue avant de les viser ? Travaillez-vous avec des cartes, des plans ? Etiez-vous indépendant des éditeurs ? Quel contrat professionnel aviez-vous ? Quelle exclusivité ? Quel rapport aviez-vous avec les architectes, les urbanistes ? Avez-vous photographié sous leurs ordres, leur regard ? Participiez-vous à la retouche ? Aviez-vous un "droit" de retrait ? Avez-vous gardé des archives ? Pensez-vous que la photographie du monde contemporain soit différente des vues de patrimoine ? Quel place accordiez-vous à l'animation des vues ? Etiez-vous un utilisateur (habitant) de ce type de lieu ? Veniez-vous là en "safari" ? Aimez-vous vos images ? Ces architectures ? 
Nul doute que Monsieur J. N. Duchâteau va nous répondre... 


lundi 30 avril 2012

Frank Gehry même les Simpson

La culture populaire finalement s'empare peu de l'architecture contemporaine et le désert de l'édition de cartes postales représentant nos belles constructions contemporaines est égal à l'absence de visibilité des architectes dans les films, les chansons, la musique et même le cinéma.
La figure héroïque de l'architecte au moins a disparu.
Aujourd'hui, on ne cite même plus les noms des architectes à la télévision lorsqu'on parle en bien ou mal d'une nouvelle construction, du feu dans les banlieues, du réaménagement des quartiers. Il faut entendre comme par exemple France 3 Haute Normandie n'ose plus nommer les immeubles des hauts de Rouen "les Lods" comme il était courant de le faire il y a encore peu.
Maintenant on a droit au lénifiant "verre et acier". Pourtant "les Lods" sont bien de Marcel Lods... A moins que les ayants-droit en ait marre de l'assimilation de l'architecte avec les incendies.
"Dé-nommer" c'est aussi éviter de rappeler le nom de l'un de nos plus éminents architectes et d'éteindre sans doute, si ce n'est le feu, les velléités de patrimonialisation...
Enfin...
Regardons ces deux cartes postales du restaurant "la Perle de Prague" à... Prague par Franck Gehry :




La première est une édition Nakladatelstvi Artfoto et la suivante une édition Vydavatelstvi Julius Puffer datée de 2004. On notera que les deux éditeurs nomment l'ensemble "les maisons dansantes" et l'architecte.
On pourrait dire qu'il s'agit là finalement de cartes postales bien normales, bien faites, bien... postales ! Pourtant elles ont par le fait même d'exister et de signaler la présence d'une construction de Gehry à Prague quelque chose d'exceptionnel aujourd'hui. Elles disent que cette ville s'est reconnue dans cette construction, qu'elle y a sans doute vu l'image de la modernité, du changement sur son territoire. Prague est redevenue internationale. Combien de constructions contemporaines similaires croyez-vous pouvoir trouver en cartes postales à Paris ? (à part la pyramide du Louvre...) Essayez, tiens, de trouver l'Institut du Monde Arabe de Nouvel ou pour rester avec Gehry, essayez de trouver une carte postale de la Cinémathèque...
Bon courage...
Cette absence fait écho à une présence tout aussi inattendue de Gehry.
Alors que je me délectais des Simpson en un après-midi un rien vide, je tombe sur un épisode où l'architecte américain apparaît et joue son propre rôle avec toute l'acidité possible de ce dessin animé !
Il faut voir comment les auteurs se moquent de l'effet Bilbao !
Marge Simpson écrit une lettre au célèbre architecte pour lui demander de réaliser à Springfield, la ville des Simpson, un Opéra (auditorium) qui fera venir les touristes dans la ville et redorera le blason de la petite cité américaine. Gehry accepte mais c'est un échec et sa construction est transformée en... prison ! Si l'épisode perd un peu de sa causticité vis-à-vis de l'architecte dans sa deuxième moitié, le début est hilarant et d'une justesse...
Je vous propose d'en voir un extrait même si c'est en italien, vous verrez, vous allez comprendre !
Alors à quand Rudy Ricciotti dans "Plus belle la vie" ou Jean Nouvel dans un épisode de "Joséphine Ange Gardien" ?




dimanche 29 avril 2012

la chemise rose

































- Tu crois que ça va être bien avec cette ombre en premier plan ? Et toutes ces bagnoles ?
- Il me faut du recul... et c'est le meilleur point de vue non ?
- J'sais pas... ouais... Il aurait fallu un zoom pour le détail du décor, je t'avais dit de prendre le zoom...
- Trop lourd, j'en ai un peu marre de porter les appareils et puis bon ce n'est pas non plus un chef-d'œuvre cet immeuble non ? 
- Ça c'est sûr mais j'aime bien les trucs comme ça, c'est un rien prétentieux et minable en même temps, c'est touchant.
- Faut pas traîner, allez hop ! Voilà, j'en ai fait deux, y en aura bien une de bonne, on verra ça au retour.
- Ouais, vivement demain, la Grande Motte....
















- C'est vraiment un cliché ton point de vue !
- Trop drôle, on dira au prof que je voulais faire une carte postale ! Les bateaux, le port et les pyramides au fond sur un ciel bleu ! T'as raison c'est vraiment trop cliché !
- Si seulement on pouvait prendre un de ces bateaux et faire une virée en mer...
- T'as déjà mal au cœur à l'arrière des DS...  je t'imagine vachement mal sur une coquille de noix !
- Au lieu de te foutre de moi, avançons pour voir la ville, il faut que l'on travaille tout de même...
- T'es bien le seul à croire encore que l'on est là pour le boulot !...
...















- Faut reconnaître que ces archis français, ils ont tout de même une sorte de chic non ?
- C'est clair mais en même temps y a toujours un truc qui cloche, là c'est la vue sur les bâtiments du fond...
- Bah... oui mais c'est tout de même pas la faute de Balladur, s'il y a des machins moches sur les horizons !
- C'est tout de même bien dessiné non ce point zéro. Les petites fleurs m'emmerdent mais l'ensemble est vachement bien dessiné, surtout les circulations. Fait trop chaud... pour parler urbanisme, si on allait se baigner ?
- T'exagères pas un peu non ? On en revient de la plage ! Mes espadrilles sont encore humides !... Mais t'as raison, filons à la plage ! Qu'est-ce que j'ai fait de mon carnet de notes ? Tu l'as pas vu ? Ah non il est là... ouf....















- Quelle grosse blague ce truc tout de même !
- Ouais... une belle blague ! Tu crois que les gens qui viennent là sont conscients de la tromperie ? Faut pas qu'on oublie de faire quelques interviews tout de même, tu sais que ça compte vachement pour le Mémoire la parole des habitants...
- Il arrête pas de nous baratiner avec ça le prof... parler aux gens, demander l'avis aux gens, que pensent les gens qui vivent là, pourquoi ils vivent là, comment ils vivent ensemble les gens... les gens, les gens, les gens... Au bout d'un moment moi j'en ai un peu marre de ce truc de la parole aux habitants...
- Tout de même, faut bien savoir si ça marche l'architecture non ? Tu crois pas que c'est ceux qui y habitent qui peuvent mieux le dire....
-Ah, j'en sais rien, des fois, je me demande... Habiter un décor comme ça, c'est possible ? Tiens demande à la dame qui passe... Madame ! Madame ! Partez pas... Mada... elle en a rien à foutre de notre demande tu vois !
-Bah... ouais... je mettrai ça dans le Mémoire !
-T'es trop un marrant toi !
















- Alors là, ça, j'adore !
- Je te l'avais dit que ça valait le coup de venir là !
- La vache, quel ensemble ! Et pas de compromis ! Ça fait du bien de voir ça ! Mais comment t'as connu ces tours ?
- Je suis venu avec mes parents dans le coin pour faire du ski... je me suis emmerdé sauf quand on est venu là... tu sais, c'est certainement ces tours qui m'ont donné envie de faire de l'archi, au fond maintenant j'en suis certain.
- T'es émouvant des fois avec tes souvenirs ! Mais bon, je reconnais, c'est chouette ! Tu crois qu'on pourrait visiter un appartement ?
- On a rien à perdre à essayer ! Et puis, même si ça ne fait pas partie de notre boulot sur les aménagements récents du bord de mer français, leurs implications dans le paysage et les relations avec l'architecture traditionnelle et gnagnagna on fera plaisir au prof d'avoir débordé un peu, il dira qu'on a de quoi déjà ? de... des....
- De l'Initiative, avec un grand I comme Idée qu'il dit toujours le prof !
- Ouais... initiative comme le syndicat !
- Arrête ! t'es trop marrant, j'en peux plus !
- I...ni...tia...tive...
- On devrait monter un groupe d'archis qui s'appelerait comme ça ! 
- Bon, dis, t'as pas envie d'une bière ?
- Si mais où j'ai foutu mon carnet de notes ?
- Je te dirais bien où il est mais ça ne te fera pas rire !
- Ah il est là, j'ai trop peur de perdre tout le boulot ! 
- On a les cassettes aussi, tu sais.
















-Dis donc t'es vachement chic avec ta chemise rose...
- Je savais que ça te plairait.
- T'as dégotté ça où ?
- Hier, quand j'ai fait le tour de la ville pendant que tu prenais encore le soleil !
- Bah, j'ai vachement avancé hier, crois pas que je fous rien quand je suis sur la plage ! J'ai écrit deux chapitres...
- Eh bien... je demande à lire ça ! Ça doit sentir bon l'Ambre Solaire ! T'as pas trop de mal à écrire avec du sable sous la pointe Bic ?
- Et toi ? Tu t'y mets quand à la rédaction de ton Mémoire ?
- J'en sais rien... au retour... tranquille... on a le temps...
- Eh bien tu vois ! Moi aussi je profite ! En attendant, elle est vachement bien ta chemise...
- Tu veux aller voir la boutique, c'est à côté ?
- Tu me tentes, allez ! Oui ! C'est pas chez moi que je trouverai une chemise comme ça !
- Ah ça c'est sûr ! Mais t'achètes pas la même ! Y a plein d'autres couleurs sympas....
- Vert. Il y a de beaux verts ? J'ai toujours rêvé d'une chemise vert pomme...
- Bah là, tu vas être servi !
- T'as pas vu mon carnet de notes ? 

 


Merci à Claude pour cette donation (ici partielle).
Dans l'ordre d'apparition à l'écran :


La Grande Motte, la Grande Pyramide et l'Eden, éditions d'Art Yvon, 1979

La Grande Motte, le "Point Zéro", les 5 toits et moi, Architecte : Balladur, Combier éditeur.

Port-Grimaud, Cité lacustre, la nouvelle église œcuménique, Architecte : Spoerry D.P.L.G


Alicante, Paseo Maritimo, Seix Barral

mercredi 25 avril 2012

un moine à l'équerre

















Sur cette carte postale du couvent des dominicains d'Eveux, on ne voit pas le couvent.
Non.
On voit sa maquette.
Cette maquette fut réalisée par le Père Sage et fut photographiée par Recamier de Lyon. On s'y croirait.
La carte postale servait en fait de moyen de communcation pour réaliser les travaux et demander des fonds au public.
On y trouve même le nom du Père Provincial pour lui envoyer les dons.
Entièrement calculées sur le Modulor, nous avions eu l'occasion de voir un cliché mettant en avant les... dispositions spatiales des cellules des dominicains et notamment leur largeur. Je vous propose un nouveau cliché pris dans la foulée (c'est le cas de le dire !) par le photographe de l'agence Lynx :




















La démonstration est frappante, la pose du dominicain incroyable ! Il serait bien le Modulor en personne, touchant ainsi, bras écartés et levés, le plafond et le mur de sa cellule. A-t-il été choisi pour cela ? Car, Diable, il devait bien y avoir parmi ces moines des plus grands et des plus petits. Il y a eu, j'imagine, en quelque sorte, casting de Modulor, casting de moine par le photographe.
On pourra ainsi constater qu'entre la carte postale d'un projet (imaginaire) qui ne dit rien des échelles des espaces et une photographie (réalité) de ce même espace confronté à un vrai corps, les représentations de l'architecture soient bien différentes.
Il ne fait pour moi aucun doute que les images du moine de dos mesurant son lieu de vie, sont des images accusatrices. D'ailleurs le plus frappant c'est bien ce dos... On aurait tout aussi bien pu mesurer cet espace avec un moine de face, souriant, heureux de ce lieu. Certes, les bras ainsi écartés auraient sans doute ajouté une image christique un peu forte à ces clichés.
Dans toute ma collection de cartes postales sur Eveux, il n'y en a qu'une seule où un moine est présent et il l'est également de dos et de loin. Finalement il est réduit à un signe comme la maquette du couvent,  ce moine fait office de preuve qu'il s'agit bien d'un lieu religieux comme un "habitant", un utilisateur de cette machine à prières. Sans doute également que le règlement de vie des moines ne pousse pas à la démonstration mais pourtant on trouve facilement des clichés sur lesquels la vie au Monastère d'Eveux ou d'ailleurs n'a pas de secret... Mais aussi, les photographies de Lucien Hervé pour ce même couvent de la Tourette et publiées dans Architecture d'Aujourd'hui (juin 1961) nous montrent également très peu  (et de loin) les moines. Comme si l'architecture et son fonctionnement pouvaient par la représentation seule de ses murs être comprises. Comment se fait-il que dès lors que l'on perçoive ainsi un moine dans son espace, nous ayons cette sensation étrange qu'il s'agit de le dénoncer ?
Le Corbusier aurait-il eu peur de la réalité figurée des proportions de son Modulor ?

mardi 24 avril 2012

Gaston Jaubert par Claude Parent

Les fidèles parmi les fidèles doivent se rappeler.
Une vigie, un port tout neuf, un béton expressif, une sculpture utile, bref un chef-d'œuvre de l'architecture française par Gaston Jaubert à Fos-sur-Mer...
Non ?
Vous ne vous rappelez pas... ah... alors :



Et là, cela vous dit quelque chose ?
Oui, je sais... Magnifique... Reprenez votre respiration... asseyez-vous... vous voulez un verre d'eau ?
Alors je vous offre un second choc avec cette autre carte postale :



Cette carte Combier nous donne bien toutes les informations : l'architecte est bien Mr Gaston Jaubert et nous sommes en 1974.
Ce point de vue, certes moins spectaculaire que le premier, nous permet d'admirer le reste du traitement du programme. Regardez la franchise du long bâtiment presque aveugle dont seulement une fente noire brise la monotonie. Regardez l'étalonnage des hauteurs, la gestion des vides entre les constructions, et l'utilisation des ombres comme seul motif... Perfection.
Pour compléter cette belle carte postale, je vous offre l'occasion de voir également quelques extraits du livre consacré à Gaston Jaubert et qui est une pure merveille éditoriale. Dans Gaston Jaubert, rythmes et volumes, la reproduction des clichés, la mise en page, servent le travail de l'architecte d'une manière remarquable et juste. Cela permet de découvrir ce travail peut-être un peu oublié aujourd'hui, du moins par un public moins averti comme moi. Et puis, comme ça, l'air de rien, Claude Parent avait en son temps, dans cet ouvrage écrit un article sur Gaston Jaubert.
Alors ne nous privons pas de cet écho entre les deux grands architectes. Bonne lecture.
(je sais, je sais, vous jalousez déjà ce livre...)

Gaston Jaubert, rythmes et volumes
éditeur inconnu
1976
Azur-Offset


cliquez pour lire :





couverture photo Tabourdeau-Bossut















 
Gaston Jaubert et sa vigie photo Marc Garanger



































habitat collectif économique, le plateau, Casablanca,  avec Paul Coldefy, photos Marc Lacroix




















terrasse 28, Paris 16ème, avec Novarina, photo Etienne Hubert





















résidence Guynemer, photo Tabourdeau-Bossut











immeubles pyramides, photos Tabourdeau-Bossut