dimanche 4 mars 2012

la donation de Mr De Barbarin, volume 2

La suite de la donation de Monsieur de Barbarin est constituée de fiches qui ont presque tout pour être des cartes postales. Ne manquent que le trait médian et la place du timbre !
Mais il s'agit à n'en pas douter d'une belle série.
Le photographe Jean-Michel Landecy nous propose la sélection officielle 2009 du Grand Prix d'Architecture, d'Urbanisme et des Paysages des Bouches-du-Rhône. L'ensemble est imprimé ici aussi avec soin. Les photographies sont serties dans un cadre blanc mat rappelant bien plus les pages d'un livre que les habitudes des cartes postales. Cela renforce les images mais réduit aussi un peu leur taille ! On sait où mettre le pouce !
Ne connaissant aucun des bâtiments représentés, je ne peux rien dire du rapport de cette architecture et de ce photographe. Il semble pourtant que là aussi il y ait un angle abstrait mettant plus en valeur des détails formels que les programmes des constructions. Les photographies, à part de rares exceptions, sont vides des utilisateurs ce qui parfois perturbe l'échelle. Mais le photographe nous replace bien les architectures dans leur paysage et même sait faire de celles-ci le paysage. Il semble toujours difficile de faire fonctionner à la fois une objectivité descriptive et un regard personnel. Jean-Michel Landecy réussit à construire une série, à tirer parti des bâtiments pour former un ensemble cohérent pourtant constitué de particularités. Et c'est souvent très beau...
On notera que chacune des cartes postales est numérotée et donne le lieu, l'architecte et le programme de la construction. C'est donc aussi sérieux.
On regarde ? Dans le désordre...


Collège Louis Armand, Marseille 2008, Jean-Marc Chancel et José Morales Architecte
Conseil Général des Bouches-du-Rhône


Restaurant scolaire Honoré Daumier, Marseille 2008, Jean-Michel Chancel et Raphaëlle Segond
Conseil Général des Bouches-du-Rhône


Les Annexes du Château, Saint-Andiol, 2008, Atelier Mosségimmig
Commune de Saint-Andiol


Villa B, Marseille, 2007, Bonte et Migozzi
Maître d'ouvrage privé


Maison Diot, Puyloubier, 2007, Didier Gautier
M et Mme Diot


Maison D, Marseille, 2009, Atelier HRT
Maître d'ouvrage privé


Vestiaires Cosec Carpentier, Vitrolles, 2009, Atelier HRT
Commune de Vitrolles

La Moustiquaire, les Saintes-Marie-de-la-Mer, 2008, Stuc Archi
Conseil général des Bouches-du-Rhône


Maison de l'enfance, Peyrolles-en-Provence, 2008, Adrien Champsaur
Commune de Peyrolles-en-Provence


Ecole Marie Mauron, Gréasque, 2008, Adrien Champsaur
Commune de Gréasque


Réfectoire Lei Cigaloun, Lançon-Provence, 2008, Adrien Champsaur
Commune de Lançon-Provence

La donation de Mr De Barbarin, volume 1

D'abord Monsieur de Barbarin m'avait envoyé sur Le Corbusier à Marseille et sur les cartes postales ce témoignage passionnant :

" Monsieur l'archicartophile bonjour...

...Je connais ces photographies car j'ai réalisé il y a quelques années un
travail de restitution avant-après à partir de telles photos.
Certaines photos anciennes étaient des constructions faites avec des modèles
mais d'autres (dont celle de la cuisine) étaient faites avec les premiers
habitants en situation réelle.
Je vous confirme donc que c'est bien un appartement descendant, qu'il sont
bien dans leur appartement, qu'ils habitent, et que c'est bien la même
famille sur vos deux photos.
En 2006 lorsque j'ai fait ma campagne, le père de famille y vivait toujours
et j'ai pu refaire les photos avec lui et sa fille. Sa femme étant décédée
c'est lui qui a posé dans la cuisine...
Ce fut pour moi la série la plus émouvante à reconstituer.
L'assiette au mur y est sur ma photo aussi, mais il me semble me souvenir
que nous l'avions sortie du placard pour l'occasion, à la demande émue de la
fille (à moins que ce ne fût pour le dessous de plat sur l'autre photo de
cuisine)...
La carte postale recadre bien la photo originale qui est carrée mais sur le
côté droit et pas en dessous.
Voilà pour les radieux et radieuses.
Par ailleurs nous éditons parfois des cartes postales d'architecture et des
"Fichaffiches" sur quelques éléments du patrimoine XX des Bouches-du-Rhône.
Si vous me communiquez votre adresse je me ferai un plaisir de vous en
envoyer.
Bien cordialement "

Et Monsieur de Barbarin a tenu parole en m'envoyant ces deux superbes séries. La première est constituée de photographies d' Adrien Champsaur et s'appelle "quelque part à Châteauneuf-lès-Martigues" et s'inscrit dans une collection Portraits de communes. Adrien Champsaur est nommé architecte conseil du CAUE. L'ensemble est imprimé par CCI en 2011.
C'est donc tout frais !
J'ai opéré un choix parmi les 16 (!) cartes postales, m'attachant aux plus abstraites. Mais cela ne reflète pas l'ensemble qui pourrait être une sorte de balancier entre le dernier travail de Raymond Depardon, une collection de Boring Postcards, un sens pictorialiste, voire même une objectivité de photographie industrielle. L'ensemble est d'une grande qualité et forme d'image en image une vision à la fois parcellaire et précise de cette localité que je ne connais pas, tentant je crois de ne pas constituer d'échelle de valeur entre les lieux et démontrant ainsi les qualités esthétiques d'éléments pourtant très hétérogènes. Le choix du papier et la qualité éditoriale sont superbes.
Voyez :






samedi 3 mars 2012

comme si...

Vous avez eu peur.
Moi aussi. Je suis trop accro à ce travail et à vos avis pour vous laisser plus longtemps.
Je suis revenu des profondeurs du côté obscur de la Force. La colère est parfois nécessaire mais elle est une mauvaise compagne.
Je cherche donc une solution pour maintenir entre mes images (au sens de collection) et internet un moyen de liaison. Si vous avez des idées...
Merci et pardon pour votre inquiétude.

Pour reprendre le fil quoi de mieux qu'une icône. Je vous propose donc une carte postale représentant l'un des plus éminents monuments modernes du siècle passé : la Maison du Peuple à Clichy :



Cette carte postale Abeille en véritable photographie au bromure (sic) nous montre surtout le Boulevard du Général Leclerc, le véritable libérateur de Paris (et pas l'usurpateur habituel).
Sur la gauche, très discrète finalement, la Maison du Peuple affiche sa façade régulière. Presque comme si... de rien n'était.
Pourtant on sait aujourd'hui l'importance de cette construction dans la modernité architecturale.
Je ne vous ferai pas un cours (j'en suis hélas incapable) sur cette construction et ses avancées mais l'on peut une fois de plus remarquer que la photographie de cette carte postale tout en jouant sa fonction habituelle de témoin piétonnier et de localisation (objet pour voir) ici ne peut s'empêcher de caser dans un coin la modernité presque en s'en excusant. Il n'y a pas de fierté moderne dans cette image, la Maison du Peuple est là un peu par hasard, juste sans doute un peu plus visée que le camion. On remarque que l'arbrisseau est bien plus dans le cadre ! Mais sans doute que le photographe dans cette fenêtre n'a pas su (voulu) se refuser à cet élément qui ajoute un peu de piquant à cette vue de Clichy qui sans lui pourrait bien ressembler à n'importe quel boulevard d'une ville moyenne en France.
Ici l'architecture moderne vient comme signer le lieu, le différencier, c'est bien souvent le seul argument de sa présence. Mais vous me direz que finalement, dans sa discrétion, l'architecture joue son rôle n'ayant pas à faire autre chose que de remplir son programme. Souvent la carte postale offre l'opportunité aux constructions modernes d'éteindre le néon qui vibre sur leur fronton " I am a monument" pour juste faire de la ville, celle que l'on arpente, que l'on utilise, un lieu de collage et de vie des espaces.
Il est certain que Messieurs Beaudouin, Lods, et Jean Prouvé n'auraient rien demandé d'autre. Et je suis aussi certain que le "ça" de cette carte postale pourrait bien être pour d'autres le camion ou les persiennes fermées du second étage...
Finalement chacun vise son image, chacun vise ses lieux.
Et j'entends aussi gronder au loin les chenilles des chars Leclerc...
détails :




Je trouve dans le numéro 5 d'Architecture d'Aujourd'hui de 1939 un article (Pierre Vago) consacré à la Maison du Peuple, en voici quelques extraits. On remarquera que Pierre Vago oublie Jean Prouvé !





On trouve dans le même numéro une publicité pour les Ateliers Jean Prouvé qui oppose les échafaudages du béton et la pose des façades métalliques... Étonnant !



mardi 28 février 2012

un bouquet de Tournesol

Elles sont de retour avec le printemps qui arrive.
Les Belles Tournesol(s) de Monsieur Schoeller, architecte, reviennent dans ma collection en force ce mois-ci.
Que pourrions-nous dire encore que nous n'avons pas dit sur ces belles piscines ?
Que malgré leur nombre, il semble urgent d'en conserver quelques-unes dans leur état d'origine ?
Que la blancheur des quatre exemples ci-dessous prouve tout de même que c'est la couleur la plus répandue, que les photographes de cartes postales hésitent encore entre piscine ouverte ou fermée ne sachant comment rendre compte sur un même cliché de cette possibilité. Qu'il est bien difficile de savoir dans quelle ville nous sommes si le photographe ne se recule pas un peu pour voir la ville autour et que, parfois il vaut mieux faire une multi-vues...
On commence fort avec celle de Nangis qui est le prototype si je ne me trompe et qui est aujourd'hui détruite...



On retrouve cette piscine dans notre guide d'architecture contemporaine ici.
On remarquera la cheminée de la chaufferie qui est bien proche de l'entrée. Ce qui n'est pas très élégant. Reste une belle soucoupe volante posée sur la pelouse.
Et nous voici à Ambérieu en Bugey :



C'est le cliché parfait ! Merci les éditions La Cigogne pour ce bel exemple de carte postale objective. Trois zones : un ciel bleu, la piscine Tournesol et une prairie verte. Tout à l'horizontal sauf un bien frêle arbuste qui monte.
Et maintenant, la piscine Tournesol de Bar-sur-Aube :



Là aussi quel paysage ! La composition du photographe de chez Combier lui permet de mettre dans la même image deux signes de la ville : sa piscine et ses silos. Étrangement les deux architectures s'entendent bien et même se répondent. Regardez comme le bleu de l'intérieur de la piscine Tournesol contrebalance parfaitement la blancheur et la verdure du reste de l'image, comme si le ciel y était entré...
On devine aussi très bien les cabines jaunes à l'intérieur. Vraiment quelle belle carte postale !
Elle n'est pas datée mais l'éditeur est sérieux et nomme Monsieur Schoeller l'architecte.
Et pour finir...



Nous sommes à Mauguio et les éditions du Vieux Port nous offrent les aspects modernes de la ville. On retrouve bien notre piscine Tournesol qui semble donc apparaître souvent comme un signe de modernité dans les petites villes françaises. Mais ici, elle est en concurrence avec la Caisse d'Epargne, le Centre administratif et l'école Mixte Albert Camus !





dimanche 26 février 2012

Royan, les rumeurs de la Ville

Oh là !
Mais c'est que les cartes sur Royan s'accumulent sans que je vous les fasse partager ! Vite une petite (grande) cession de rattrapage !
Toujours à la recherche d'une vue de la maison Jean Prouvé à Royan, il semble que seules les cartes postales aériennes permettent de la deviner, voyez ici :



Notre ville aimée est un peu loin mais on aperçoit un peu la maison ici :



Encore une vue aérienne un peu particulière puisqu'il s'agit de la maquette de la ville :



Le Front de Mer est en place et l'Avenue Aristide Briand se perd dans le gris indéterminé ! Il s'agit d'une édition Berjaud dont nous avons déjà vu des exemples ici ou ici ou encore ici.



De la maquette on passe au chantier :



Cette belle carte postale Gaby pour Artaud est un cliché de Raymond Delvert, Pilote Photographe. La ville est vraiment en construction, le Casino n'existe pas, Notre-Dame non plus et le marché est également absent... Même le portique est en montage !









Alors regardons-les terminés !
Le marché :



Cette très belle carte postale Tito chez Berjaud nous montre le marché et son remblais en montage. On peut admirer aussi sa transparence car la lumière traverse les courbes de béton. Regardez bien la finesse de la coquille ! Les architectes Simon et Morisseau ne sont pas nommés.



Voici une vue rare du Casino :



Nous sommes à l'intérieur de sa rotonde. Nous devons ce très beau cliché à L. Chatagneau pour Elcé. L, C... L comme L. et C comme Chatagneau !
On admire l'audace du plafond et les luminaires de Mouille (?). On s'amuse du mobilier de jardin et des nappes blanches qui veulent apporter de la dignité à ce mobilier.





Quel espace, quelle lumière et encore ici la polychromie n'est pas rendue... Heureusement la reconstruction de ce chef-d'œuvre est programmée pour 2015. L'architecte Monsieur Ferret n'est pas nommé.
Vous voulez acheter un parasol ?
Alors...


Faites votre choix à la Galerie Botton ! Toujours par Elcé, ce lieu parmi les plus "brésiliens" de Royan devra à son tour retrouver toute sa dignité, tellement aujourd'hui son état est triste ! Regardez comme à l'époque les courbes de son dessin, les circulations en faisaient l'une des plus touchantes et belles réalisations du Royan 1950 par Messieurs Maillard et Jourdain, architectes. Allez nettoyons tout cela ! Vite !
Il faut dormir...



L'Hôtel Terminus est parfait ! Moderne, spacieux, accueillant, il reçoit le visiteur dans un grand confort pour des prix modérés ! Cette très rare carte postale promotionnelle est une photographie de Rondeaux. Vous ne trouvez pas que vraiment l'articulation des deux blocs avec la cage d'escalier est superbe ? L'architecte Marmouget n'est pourtant pas nommé. Malheureusement cet hôtel a subi un agrandissement dans sa partie supérieure qui brise sa belle casquette brésilienne. Les hôtels ont besoin d'eau sous pression...



Voici le très beau château d'eau de Royan par Elcé éditeur. Vous aviez cru que les Becher avaient réalisé ce cliché ?
Ils auraient par souci d'objectivité coupé les arbres, détruit le cabanon, attendu que les ombres disparaissent, que le temps tourne au triste et surtout auraient fait la photographie depuis l'autre côté pour échapper à l'antenne ! L'architecte de cette belle forme de vase est Mr Dartenuc.