mardi 24 janvier 2012

Eve lève-toi

Je ne sais pas quoi vous dire mais une fois de plus il arrive que les cartes postales soient des œuvres.
Au moins elles brisent l'idée que la carte postale est un cliché et cela sans même la nécessité de la signature de son photographe.
Regardez ça :



Oui c'est une carte postale. Une édition Yvon non datée qui porte la référence N-10/8008. Elle nous donne également les noms des tours de la Défense (EPAD). A gauche Crédit Lyonnais, au centre Tour Eve, à droite Tour Atlantique. Nous sommes dans la série "couleurs et lumière de France" dans la catégorie "Vision de l'An 2000". Oui.
Mais regardons ce petit chef-d'œuvre anonyme.
Dans un canyon de tours, un espace aux ombres rectilignes offre une ouverture centrale et verticale lumineuse. En opposition à la minéralité sombre, se lève dans cet espace la Tour Eve et sa blancheur presque incongrue et salvatrice.



Ce qui sauve ce paysage incroyable d'un sentiment de peur c'est bien l'apparition au premier plan de cette petite table et de ces trois chaises pliantes qui semblent bien fragiles au milieu des tours. Regardez également la cohérence colorée de ce mobilier, rouge, brun noir, blanc, jouant avec le plateau de la table dont le rouge éclatant et brillant reflète la lumière.



On ne sait rien de ce moment, rien de qui et pourquoi ici au centre du vide de la dalle magnifique, cet espace de convivialité fut inventé. Hasard de la promenade du photographe ?
Agencement de quelques personnels des tours pour profiter de "la terrasse" ? Composition humoristique et consciente du photographe voulant s'amuser du contraste ? Car il ne fait pas de doute que cette carte postale est ironique, amusée et même tendre finalement. On pourrait imaginer Mr Hulot s'arrangeant dans un lieu aussi sévère et beau en installant sans même s'en apercevoir un entre-soi amical, une chaleur de trois chaises. Descendues des étages par un ascenseur ultra-rapide faisant des bip et des floutch, les chaises pliées sont retirées de la salle de conférence du 24 ème étage où se déroule un séminaire sur la force de vente et la reconquête du marché européen par la Société Altra. Il fait beau, la climatisation est en panne et les trois représentants de commerce, régions Bourgogne, Normandie et Charente Poitou s'ennuient en attendant le retour du conférencier. On descend trois chaises et une table pour boire un coup et fumer. Qu'importe au fond l'histoire. La narration est ouverte et c'est simplement par le cadrage, le choix d'un temps de pose que cette carte postale verra le jour en passant au travers du filtre de l'éditeur, du distributeur et finalement de l'acheteur... Alors j'insiste à nouveau, si vous êtes le photographe de cette merveille, racontez-nous l'histoire de vous debout ici et maintenant dans ce paysage magnifique.
Pour ne point trop vous dérouter et aussi parce que la carte postale permet de jubiler aussi d'images descriptives et objectives je vous propose une autre carte de la Tour Eve :



Même éditeur, même série et catégorie "vision de l'an 2000" la Tour Eve est ici prise de face, seule, avec son nom sur le haut dans une typo si marquée. L'éditeur Yvon cette fois nous donne les noms des architectes, messieurs Hourlier et Gury qui peuvent être fiers de leur travail. Je suis certain que le photographe de la première carte postale a aussi fait celle-ci dans la même campagne photographique, le même jour. Il aurait ainsi su faire une image et une photographie en seulement quelques mètres de distance. C'est remarquable cette capacité. Mais n'allons pas croire trop vite à une hiérarchie des plaisirs.
Pour ma part, j'aime la première pour l'écart pris avec sa fonction, la deuxième pour son extrême application. Entre froideur descriptive et sensiblité spatiale, je ne saurai jamais jamais choisir...
Eve lève-toi tes enfants ont grandi...



dimanche 22 janvier 2012

La photographie accuse à tort

Voilà, il fallait que ça arrive.
Voici une preuve que la photographie fait tenir aux architectures des propos éloignés de leur réalité.



Les amateurs, les spécialistes auront reconnu ce lieu.
Un couloir sans aucune ouverture fuyant à l'infini d'un mur.



De part et d'autre du couloir des portes éclairées par le haut rythment avec d'étranges boîtes à verrou ce chemin un rien effrayant.





Personne. Rien. Et le silence d'une image finalement fait un bruit étouffant. On pense que seul le cliquetis d'un trousseau de clefs accroché à une ceinture pourrait réveiller ce lieu.
On ne sait pas si derrière nous le couloir à nouveau s'étend à l'infini. On ne sait ni par où on y arrive et encore moins comment en repartir... Et l'égalité permanente de l'ensemble pourrait faire penser à, au mieux un hospice, au pire une prison...
Oui.
Une prison.
Je vous entends mes amis de l'architecture être derrière votre écran horrifiés par ce dernier mot. Vous vous dites comment je peux vous parler ainsi de notre lieu, de celui que nous considérons certainement comme une icône de l'architecture et qui porte comme adjectif : radieuse...
Nous sommes en effet dans l'une des "rues" de la Cité Radieuse de le Corbusier à Marseille. Nous savons que cette image ne rend pas compte de l'espace de ce couloir, de sa polychromie rayonnante et joyeuse, des enfants courant sans crainte de bruits dans cet espace public et collectif voué à la rencontre et à l'échange. Nous savons que les boîtes donnent directement sur la cuisine de l'autre côté des murs. Nous savons que cette machine à habiter alterne lieux conviviaux et publics avec la plus grande discrétion de l'espace privé.
Mais...
Imaginons que nous sommes en 1959, que dans la boîte aux lettres de la famille de Bourgtheroulde cette carte postale tombe et rejoint la table de la cuisine. Que penserons les regardeurs d'une telle image, quelle références auront-ils pour penser et lire cette construction ? Comment ne pas accepter que la logique de projection de l'imaginaire emmène la Cité Radieuse vers des comparaisons ingrates et erronées ?
Nous devons simplement sans peur admettre que c'est possible. L'image de la Cité Radieuse, sa photographie ne dit pas la Cité et même parfois nous leurre.
La photographie est une mécréante, elle n'aime pas le réel, elle aime le photographe qui le lui rend bien en retour.
Alors ?
Alors il ne faut pas oublier que nous construisons autant les images qu'elles nous constituent. Ne pas oublier que nous ajoutons le matériel. Nous remplissons les bords, nous corrigeons les teintes, nous racontons les histoires. Je ne crois pas (suivez mon regard), je ne crois pas que la multiplication des images use les objets, use les images. Je crois simplement que chaque fois, chaque seconde est une réévaluation, une mise au point. L'œil trop mobile aime aussi reconnaître son espace, s'y poser. Il ne se trompe pas, ne se leurre pas. Il sait qu'il lit une image et ce qui est merveilleux (magique j'entends) c'est bien que dans cette illusion il s'amuse à se croire dans le réel simplement parce que c'est aussi un réel une image.
Laissons-nous porter par la comparaison. Ici la Cité Radieuse, sur cette carte postale Ryner est une prison. Oui. C'est une prison. Mais nous savons qu'il n'en est rien. Ne faisons pas semblant de ne pas le voir car alors ce n'est plus l'image qui nous leurrerait mais nous-même, nous interdisant d'être dans le réel de ce qui nous constitue : notre culture de l'image.
On comprend alors facilement le désir des architectes de tenir leurs images, de travailler avec des photographes qui les servent, les comprennent voire les idolâtrent. Car cette image de la Cité Radieuse n'est sans doute pas celle imaginée, prévue dans l'imaginaire du travail de Corbu au moment de la conception. Sans doute pas.
Où est la vérité du lieu ?


Au verso de la carte postale Ryner pour la Société des éditions de France on peut lire tout cela :
Le Carrefour du Monde
8313 Marseille Unité d'Habitation
"la Cité Radieuse"
Le Corbusier (Architecte)
Rue intérieure donnant accès aux Appartements
Voyagence Concessionnaire du Service des Visites, 31 La Canebière, 31 Marseille.

Est-ce que tout cela permet de relativiser l'image ?
Que architecte qui qualifie Le Corbusier soit entre parenthèse signifie-t-il un doute ? Il est architecte entre parenthèses...
L'appellation de rue est celle de Corbu mais comment cette image nous en parle-t-elle ? On remarquera le A majuscule sur Appartements.
Mais il faut relativiser cette carte postale car elle s'inscrit aussi dans une série montrant le reste de l'objet architectural. On sait aussi que l'expéditeur a la possibilité de "compléter" l'image de son commentaire élogieux ou non, on sait aussi qu'une image n'est jamais seule, elle fonctionne avec l'ensemble des autres images, des médias. Cela permet souvent d'ajouter la couleur... et le témoignage au retour du voyage fera entre l'expéditeur et le correspondant la correction de l'image. N'est-ce pas finalement la fonction d'une image ?
Être le point d'appui d'une parole. (en attendant une vérité)

samedi 21 janvier 2012

Melun Moderne Ami 8



C'est vrai, on pourrait envoyer cette carte postale à Martin Parr.
On pourrait.
Mais non.
Pourquoi ?
Parce que cette carte postale n'est pas ennuyeuse, elle est au contraire une histoire, presque une nouvelle.

Il est photographe de cartes postales. Il revient d'un reportage pour constituer une carte postale en multi-vues de Melun. Le patron lui donne toujours ça à faire parce que le jeune collègue, lui, n'est pas encore assez doué pour penser à l'aspect graphique global de la carte postale.
En partant, il savait qu'il pourrait bien passer devant chez Monique. Il l'aime Monique. C'est la nouvelle secrétaire de la maison d'édition Raymon. Elle est douce, tranquille et jolie surtout quand elle rit et elle rit beaucoup.
Alors il est passé au retour prendre Monique avec la Citroën Ami 8 blanche. Un petit break c'est toujours pratique et Citroën c'est solide.
Monique lui parle de Port Barcarès, de l'été qui approche, des vacances. Lui il regarde ses genoux à Monique et parfois l'Ami 8 fait des petits écarts et Monique elle se marre. Et là, elle est jolie Monique.
L'Ami 8 laisse derrière son pare-brise un paysage urbain naissant. Et soudain, sur la déviation, il se dit que ça personne n'a encore eu l'idée d'en faire une carte postale et que le patron sera heureux d'avoir une exclusivité. Un coup de volant à droite, la main en profite pour serrer le genou de Monique, Monique en profite pour se marrer et en un rien de temps le photographe est sur la bande d'arrêt d'urgence, appareil photo en main et il fait le cliché. Pas de doute, elle restera dans l'histoire de la carte postale cette amourette tendre entre lui et Monique. Et si on regarde bien, on voit bien la mise en plis de Monique par le hayon arrière de l'Ami 8.





Mais si on regarde bien encore, on voit bien cela aussi :



L'ami 8 passe à pleine vitesse devant l'immeuble "plein ciel". On le voit mieux comme ça. Alors il repense à sa multi-vues. Il décide encore de passer plus près. Monique en a marre des arrêts. Monique boude. Monique croise les jambes.
Il l'imagine sa multi-vues. Il la verrait bien ainsi :



Un mélange du Melun ancien et de son patrimoine de pierres sculptées avec le Melun moderne, le Melun d'aujourd'hui. En haut de l'image, l'immeuble "Plein Ciel", juste en dessous cette incroyable église paroissiale de la Z.U.P de l'Almont et dessous la Z.U.P elle-même.





Il regarde l'église paroissiale et se demande qui en est l'architecte. En remontant dans l'Ami 8 il demande à Monique qui lui répond :
" un nom d'écrivain... attends voir... ah... euh... Tournier... non... non... Bazin... c'est ça ! Enfin c'est au moins le nom de l'architecte de la Z.U.P, j'en suis certaine maintenant parce que Michel, tu sais Michel, celui qui travaille à la Mairie......"
Il n'écoute plus Monique. Il s'en fiche de Michel. Il veut vite faire rire Monique. Elle est tellement plus jolie quand elle rit Monique.
L'Ami 8 finit par quitter Melun par la déviation.

vendredi 20 janvier 2012

Pompidou embrasse Pompidou

Nous allons regarder deux cartes postales du Centre Pompidou. Deux Cartes postales très différentes mais qui donnent à voir et à comprendre toutes deux la construction emblématique du Paris des années 70.
D'abord...



...cette carte postale Abeilles-cartes pour Lyna par le grand photographe de cartes postales : Rolf Walter.
Une carte postale somme toute qui pourrait dans l'accomplissement de sa tâche ne rien dire de particulier que la présence d'un piéton qui regarde Paris. L'escalator dans sa diagonale semble relier deux morceaux du Vieux Paris mais bien vite deux particularités de cette image excitent l'œil averti. On retrouve en effet un peu caché le diatope de Xénakis dont nous avons parlé ici. Sur cette image, il semble un peu sali, déjà la toile se distend ce qui le rend fragile et réel. La foule est à ses pieds.



Mais dans le ciel de Paris un timbre et un tampon déclarent le centenaire de la naissance de Pompidou. Pour ce centenaire et cette commémoration postale, la Poste choisit de coller la face du Président contre l'établissement qui porte son nom créant une confusion possible entre centenaire de Pompidou et... centenaire du Centre Pompidou car le langage populaire aime à dire "je vais à Pompidou !" ou "les expos sont nulles à Pompidou" ou encore "j'ai adoré Pompidou"...



Ajoutant encore à l'hommage, le tampon oblitérateur reprend le profil du Président un peu à la manière des médailles et pièces de monnaie et la ligne de ce profil vient amoureusement embrasser la construction. Pompidou embrasse Pompidou en quelque sorte !



Mais une autre particularité postale de cette carte vient de la double oblitération. Envoyée une première fois en septembre 1978, cette carte postale fut à nouveau oblitérée en 2011 année du centenaire mais cette fois elle n'a dû rejoindre personne à part le classeur du philatéliste qui le jour de l'oblitération "premier jour" s'est rendu au bureau provisoire de la Poste pour obtenir ce cachet. Pourrai-je à mon tour, le jour du centenaire du Centre Pompidou en 2077 faire une oblitération supplémentaire sur cette carte postale pour encore faire rejoindre Pompidou et Pompidou... J'aurai 90 ans... qui sera à mes côtés ? Qui poussera le fauteuil roulant ?
Puis...



... cette très belle édition Chantal choisit de faire un cadrage serré sur la façade. Quel incroyable réseau de lignes et d'ombres ! Presque une jungle.
Le rouge gagne l'image et la brillance du tube fait vernis. La machine Pompidou fonctionne, le tube délivre des visiteurs que l'on devine et l'un des panneaux manque, remplacé par un plastique flottant.



Devant la beauté d'une telle image on peut s'interroger si la jubilation plastique provient de l'image ou du Centre Pompidou. Il ne fait aucun doute que l'un compose l'autre dans le jeu subtil des désirs d'images des architectes et des réalités iconiques des cartes postales. L'abstraction vient du bâtiment, sa matérialité de la photographie. J'oserai dire ici son existence. Mais Beaubourg (ou Pompidou si l'on veut) est pour moi toujours et encore ce lieu merveilleux ayant dans ma poitrine serré quelque chose d'inaliénable, quelque chose qui me fonde comme un amoureux de l'architecture et des espaces, une surprise indéfiniment renouvelée, des souvenirs d'amitié puissants et le retour triomphant dans une maison Phénix en Province en ayant ce sentiment fort d'avoir vécu son époque, d'être debout au Monde et de raconter raconter raconter Paris, sa modernité vivante, son actualité sans attente d'un futur ambigu et sans cynisme.
Alors les noms des architectes au dos des cartes postales ont pour moi ce mystère étrange d'être ceux de personnes inconnues mais familiers, une petite formule magique qui agite quelques particules : Rogers et Piano. Un instrument de musique un peu italien et une sonorité anglaise de personnage de bande dessinée.



dimanche 15 janvier 2012

Italie rationaliste (fasciste ?)

Catherine Schwartz nous fait encore l'honneur d'une donation.
J'ai décidé cette fois de faire un petit tri et de vous proposer déjà la partie italienne de cette donation. Ce qui est particulier c'est bien que ces quelques cartes postales nous offrent un aspect inattendu de l'Italie, une Italie rationaliste et moderne.
J'aurais aimé être plus précis sur les origines de ces architectures mais il semble difficile de trouver des informations sur ces constructions. Alors nous nous contenterons de leurs beautés plastiques souvent accusées par une photographie en noir et blanc qui durcit les géométries, fait ressortir les volumes purs de ces architectures.
On commence :



Tout est écrit sur la photographie de cette carte postale : nous sommes à la gare Termini de Rome.
Nous avions déjà vu cette construction mais cette vue intérieure est superbe et dit bien le désir de rationalité de l'espace, presque sa froideur mécanique. Une rue intérieure dessert les quais et la ville comme une saignée construite qui relie le mouvement du voyage à la fixité de l'urbain. Et puis l'animation de la photographie nous plonge dans une Italie que nos yeux usés sur Fellini ne peuvent que trouver cinématographique. Il s'agit d'une édition S.A.F.





Partons pour Bari :



Superbe non ?
L'immeuble Motta du Corso Cavour donne toute la définition possible d'une architecture pure, dure et classique. Sa modernité provient de sa sécheresse décorative et seuls les volumes et leurs ombres sont le sujet de cette architecture.







Regardons comment depuis la rue le dessin de la façade se transforme et offre un jeu graphique d'une grande lisibilité. la nuit ajoute au spectacle et nettoie encore l'image et la ville. Une ambiance incroyable.
Toujours à Bari :



Ce qui pourrait se traduire par l'hôtel des nations est une architecture qu'on pourrait bien retrouver un peu partout en Europe mais également dans les colonies françaises à la même époque. Il semble que cette construction daterait des années trente, période où le fascisme italien affichait un goût certain pour des constructions souvent (eh oui...) d'une grande beauté formelle et d'une incroyable modernité comme le quartier Roma EUR. L'architecte de cette "albergo delle Nazioni" serait Alberto Caza Beni. Il semble qu'aujourd'hui l'hôtel comporte un étage supplémentaire dont j'ignore s'il s'agit d'un agrandissement récent où une volonté de l'architecte.
Et Milan ?


Nous voici sur le Corso Sempione devant un gratte-ciel de l'architecte Bottoni. Vous aurez compris combien j'aime cette image et je sais que derrière vos écrans, fidèles lecteurs et lectrices des "Wahou" jaillissent !
Puissance, rigueur, sans concession, ce gratte-ciel offre une image parfaite d'une forme de modernité que j'aime car elle n'offre aucune fantaisie sauf le mouvement des rideaux devant les ouvertures encaissées. Le photographe de cette carte postales fait aussi jouer la masse sombre de l'arbre à droite avec la grille de la façade nous dégageant entre les deux masses le canyon de la rue. Quelle composition !
Même la finesse de la ligne électrique du tramway participe à l'image de l'éditeur Mulio. Quelques détails suivent.
On se doit maintenant de remercier Catherine pour cette promenade dans une Italie un peu particulière. Merci.




samedi 14 janvier 2012

l'église et sa tour

Dans une grande proximité temporelle, deux exemples pourtant bien différents de comment photographier en même temps une église moderne et les tours d'habitations à côté. Comment définir ce paysage, comment au mieux dire sa modernité et aussi sans doute pour l'un comment tenter avec ces formes nouvelles d'urbanisme et d'architecture faire œuvre photographique.
D'abord Epinay et son quartier de la Cité d'Orgemont et sa Chapelle St-Patrice :



A l'horizontale, le cadre de la carte postale Guy essaie et réussit à placer son église et son paysage de logements sociaux en ne donnant ni à l'une ni aux autres une plus grande importance. Le piéton est photographe. Il choisit de loin (pour la hauteur) de regarder ce morceau de ville tranquillement et marque même par un premier plan vide l'espace qui semble généreux de la cité. Il s'agit là, sans doute, exactement ce qu'on attend d'une carte postale : voir sans jugement, pouvoir se situer, s'y reconnaître.
On s'amusera tout de même du pavillon parfaitement rangé dans l'espace du pied de la tour formant un collage dont l'objet reste encore à interroger... Mais les draps blancs sèchent sur le fil.



Il faudra dire tout de même que la tour offre le beau dessin de sa grille alternant ici un noir et blanc avec qualité. Regardez bien la différence de traitement entre ses deux façades. Un beau morceau.



Et l'église Saint-Patrice ! Quelle construction ! Une courbe là aussi brésilienne dont la blancheur immaculée est contrariée par un cercle sombre (noir ?) dont j'ignore s'il a une valeur décorative ou pratique. En contraste et posé sur une ouverture généreuse, un portique rectangulaire accueille les fidèles.
Superbe.
Daniel Michelin serait l'architecte en chef de cette Cité d'Orgemont et de sa Chapelle.
retour sur Mourenx :



On reconnaît Mourenx des architectes Maneval et Douillet et on reconnaît le très beau travail de Claude Roux qui est à la fois l'éditeur et le photographe de cette carte postale. C'est à lui que nous devons la série de Mourenx avec les rondes enfantines vues ici ou ici.
Sur cette incroyable composition Claude Roux réussit à faire jouer admirablement la courbe du toit de l'église et la tour. Quelle photographie ! Le ciel, la lumière, tout est à l'unisson pour composer une image d'un équilibre parfait. Nous sommes sous l'auvent de l'église qui nous passe au-dessus et vient mordre le haut de l'image. On suit sa courbe qui nous entraîne jusqu'au bas de la tour qui par sa verticalité puissante nous fait remonter vers le ciel.



Les deux silhouettes féminines de dos jouent également ce rôle de cheminement et de point d'appui.



Même la porte de l'église et son carré noir agissent en contrepoint et forment comme un écho miniature à la géométrie de la tour.



Une de mes plus belles cartes postales.
Touchante, humble, la signature de Monsieur Roux se pose dans le gazon.
On notera que l'éditeur nous donne le nom de Ph. Douillet comme architecte et oublie (?) Maneval. Mourenx a eu droit sur ce blog à de nombreux articles. Voyez ici ou encore ici.

mardi 10 janvier 2012

Sautier, architecte à Melun

Voici un cas bien intéressant.
D'abord par la carte postale elle-même qui nous montre en son recto une superbe vue du Palais de l'Unesco en chantier.



Les chantiers c'est toujours passionnant, voir les entrailles, les squelettes des édifices, leur intimité. Ici on perçoit bien la transparence encore de la construction. Mais finalement on aperçoit peu d'ouvriers au travail. La moitié de la carte postale offre un ciel blanchi qui doit être lui aussi en construction !
détails :





Mais au dos, figure aussi, imprimé un texte qui fait la publicité de Nelsonite France. On s'amusera de la typo qui laisse croire à une carte postale manuscrite. Je vous laisse vous régaler des données techniques :



Mais comme il s'agit d'une publicité, cette carte postale est adressée à un architecte !
Monsieur P. Sautier architecte à Melun !
On notera que l'adresse est manuscrite, je ne vous raconte pas le travail pour l'expédition de toutes ces cartes vers les plus prestigieux (et les autres...) architectes de France.
Je ne trouve rien sur ce Monsieur Sautier architecte et c'est bien dommage. En tout cas voici une carte postale que je vais avoir du mal à ranger...
Merci à Dominique M. de m'avoir signalé cette carte postale. Quel œil Dominique !