mardi 10 janvier 2012

en Rafale, un Mirage ?

Sans doute l'une des plus étonnantes visions de Ronchamp :


Beaucoup de Mystère autour de cette carte postale de l'imprimerie LIDAG. La carte postale porte comme titre : Chapelle de Notre-Dame du Haut (Le Corbusier) Flagrant Délit (sic!)
Mais que veut dire ce flagrant délit ?
A quelle occasion ces avions militaires à réaction ont-ils survolé la Chapelle de Le Corbusier ? Comment la décision, et par qui, fut-elle prise d'en faire cette image incroyable ?
On pourrait inventer cela :
Un pilote de chasse pendant la guerre du Golfe fait un vœu à Marie. S'il revient sain et sauf avec son camarade blessé à l'arrière, il ira survoler le site de Ronchamp, lieu de pèlerinage de sa famille.
Ou encore :
Lors d'une visite officielle du Président de la République, François Mitterrand, en 1982, la base militaire décide pour rendre hommage aux soldats tombés pour la France (et pour faire la promotion de ce nouvel avion devant un parterre d'officiels des pays émergeants) de faire faire des survols à basse altitude par quatre appareils.
Ou aussi :
Au retour de mission combinant un exercice de localisation à une manœuvre de visée, l'un des pilotes de chasse, amateur d'architecture et fin connaisseur de Le Corbusier réalise ce cliché pour sa collection personnelle et cela contre les ordres de son Commandant de base. Le cliché vu par son cousin, éditeur de carte postale devient... une carte postale.
Et si :
Le nouveau curé de Ronchamp ayant été dans sa jeunesse aumônier au troisième Corps de la Marine aéroportée connaissait bien deux des lieutenants de la base voisine. Sur la proposition de l'un deux et pour célébrer une messe en hommage aux pilotes morts pour la France, il est décidé de faire faire son baptême de l'air à ce nouveau curé qui en profitera pour arroser depuis le ciel d'eau bénite la célèbre Chapelle. L'opération échoua car le bon curé un rien malade par la vitesse ne put faire son office. Il fallut nettoyer entièrement le poste de pilotage au retour...

On peut ainsi à l'envi multiplier les conjectures mais nous aimerions bien avoir la bonne réponse. On sait qu'il y a quatre avions puisque nous sommes pour le cliché en altitude au niveau des trois autres. On sait que l'on est en formation serrée, signe d'une mission certainement plus cérémonielle que combative (exercices). Il nous faudrait un spécialiste des peintures de combat sur avion de chasse pour décrypter ceux-ci :




Les avions en tout cas sont français la cocarde bleu blanc rouge le prouve avec son centre bleu. Pour ma part, je trouve que le camouflage des avions fait bien son office, regardez comme les couleurs sur le fond d'automne se mélangent bien.
Sommes-nous en Rafale, en Mystère, en Mirage... un mirage sans aucun doute...

dimanche 8 janvier 2012

La frontalité : Frédéric Lefever


Billy-Montigny (F), 1994, Frédéric Lefever.

Je reçois de la part de Frédéric Lefever, photographe, une série de cartes postales qui reprennent ses photographies. Comme ce dernier me l'indique dans son courrier, il s'agit surtout d'utiliser la carte postale comme moyen de diffusion de ses images et non des lieux eux-mêmes, même si évidemment il est impossible de ne pas y voir l'objet autant que son image...
Ce qui caractérise en partie le travail de Frédéric Lefever c'est un choix d'objets photographiques en déclin, lieux en déshérence dont l'abandon relatif, la suspension temporelle, placent les constructions dans un entre-deux déroutant. Nous sommes avant la ruine, nous sommes devant le chantier sans fin où parfois le store rabattu, le vide, produisent finalement un sentiment étrange que l'on connaît bien depuis l'objectivité des Becher. A trop vouloir raisonner l'objet, lui donner la parole dans sa totalité froide et non-expressive, il semble que cet objet se venge en offrant non plus son esthétique et sa forme seule mais également, en l'absence de ses créateurs, nous livre une peur et un mystère assez terribles.
Il ne faudrait pas non plus dans cette frontalité oublier la référence évidente parfois à une peinture néo-plasticienne, sorte de Mondrian urbain, hommage à l'angle droit qui cale les constructions toujours sur une abscisse et une ordonnée implacables : c'est ce qui est réjouissant aussi.
Il faut dire que Frédéric Lefever cherche bien des "motifs", vise un gibier photographique qui lui permet - du moins dans cet envoi - d'obtenir à l'aide des architectures elles-mêmes et de leurs références modernistes une composition abstraite, point, ligne, plan, tout droit sortie d'un album de ligne claire de Swarte.
On pourrait dire du photographe qu'il est debout, bien campé sur ses pieds, et qu'il se prend en pleine face, de front, les lieux. J'aime.
Mais la nature est ainsi faite que malgré ou à cause de cette frontalité, le ciel passe toujours, la lumière frise toujours, les couleurs racontent encore des histoires de météorologie, de climat.
Le béton ne peut pas s'empêcher de se teinter d'orange, le sable est plein des traces de pas, l'aluminium brille et reflète, et le soleil déjà haut forme des ombres dures qui dessinent des obliques.
La froideur est impossible, l'ennui s'échappe et, comme accompagné par le photographe, on se place à ses côtés pour non plus "viser" mais sentir.
Alors on se régale autant des lieux que de leur image. En quelque sorte, on les dessine.
Ces quatre cartes postales furent éditées par B.P.S.22, espace de création contemporaine de la Province du Hainaut à Charleroi.

Sperlonga (I), 1998, Frédéric Lefever

Hyon (B), 2008, Fédéric Lefever
architectes : MATADOR (Belgique)

Calais (F), 2001, Frédéric Lefever

samedi 7 janvier 2012

Buckminster Fuller à la Montagne

Le centre commercial, les Orres, éditions SMD expédiée en 1990

Les Orres, neige, soleil, et ski, éditions et photo : C. Fortoul

Et si Buckminster Fuller avait pris un forfait remonte-pente et location de skis aux Orres ?
En effet sur ces deux cartes postales des Orres on retrouve cette très belle forme géométrique développée par l'ingénieur (architecte ?) et qui fit son succès : le dôme géodésique.
Si la station des Orres n'a pas de mystère quant à son attribution à l'architecte Legrand qui d'ailleurs y a fait un travail parfaitement étudié, on peut s'interroger sur la présence un rien décalée de cette forme dans son architecture.
Comme atterrie là, posée en opposition, peut-être roulée depuis le sommet des montagnes, la sphère blanche aux ouvertures sombres qui la fait ressembler à un ballon de football abrite une cafétéria, un bar, un snack sur deux niveaux tout de même ce qui en fait une bien belle structure.
Comment ce choix fut-il opéré ? Est-ce là une décision de l'architecte de la station Monsieur Legrand ? Est-ce une construction éphémère ayant obtenu une existence pérenne ? Ou une construction événementielle qui par le hasard des éditions aurait été à juste titre visée par deux fois par les photographes comme suffisamment significative de la modernité de la station de ski des Orres ?
Claude Lothier saura nous dire le nom exact de cette forme et même sans doute saura nous offrir le patron pour réaliser une sphère à partir de triangles...

Il





mardi 3 janvier 2012

mystère et boules de béton...

Voilà un cas bien singulier qui fait aussi la joie des cartes postales. Nous allons trouver deux architectures similaires dans deux endroits différents sans savoir ni pour l'une ni pour l'autre qui en est l'architecte, sans savoir non plus d'ailleurs s'il s'agit d'un hasard formel ou d'un vrai rapprochement d'auteur.
Mystère, mystère !
En plus, vous verrez que ces constructions ne manquent pas de références à des architectes que nous aimons bien ici comme Pascal Häusermann ou Antti Lovag.
Commençons :



Nous sommes à Port Barcarès en 1974 grâce à cette édition et ce cliché de Paul Goudin pour Dino.



Si on sait que Georges Candilis fut l'un des plus importants architectes de cette ville rien ne vient confirmer que ces constructions en forme de demi-sphères soient de l'architecte. Pourtant quelque chose de bien méditerranéen s'en dégage. On notera la différence incroyable entre ce type d'architecture et celle du haut de la carte postale avec des tuiles romanes. Le contraste est saisissant. Regardez également le détail des ouvertures dans les sphères qui sont absolument parfaitement dessinées.
Qui également nous dira quel(le) artiste a réalisé ce qui se rapproche fortement d'une colonne sans fin de Brancusi...
Et là ?

Vous ne voyez pas ?
J'agrandis...



Alors ?
C'est bien la même chose non ? Si on regarde vraiment bien, les ouvertures sont dessinées de la même manière... Nous sommes cette fois au club de La Genèse à Mejannes le Clap. Il s'agit donc encore d'un club de vacances et donc d'une architecture qui pourrait avoir été d'un lieu à l'autre éditée par le même promoteur de centre de vacances, le même client de l'architecte.
On aura compris que ces sphères sont en fait des bungalows ou des "chalets" de vacances. Mais qui a dessiné cela ?
Que sont-ils devenus ?
Je n'en trouve aucune trace sur Google Earth.

dimanche 1 janvier 2012

un modèle du genre

Pour commencer l'année, je vous propose une sorte de modèle du genre.
Une carte postale qui définirait à elle seule la typologie possible pour ce blog.
Il faut :
1 que l'on se demande ce que le photographe de cette carte postale a pu viser...
2 que l'on s'interroge sur la nécessité d'une telle image.
3 que l'on s'interroge sur la nécessité d'une telle architecture.
4 que l'on puisse dans le même moment évoquer Martin Parr, les Becher, la nouvelle objectivité, Nicolas Moulin.
5 que l'on découvre que l'on aime ce morceau de ville, sa fixité, sa modernité et son vide inquiétant.
6 que l'on découvre également que le ou les architectes de ce bâtiment pourraient bien nous apprendre quelque chose de ce goût immodéré des espaces vides comme des décors de films ou de science-fiction abandonnés.
7 que l'on puisse reconnaître aux photographes de cartes postales de cette époque le mérite d'avoir arpenté, aimé, reconnu les valeurs urbaines de tels lieux.
8 que l'on ait l'envie irrépressible d'aller voir si ce point de vue existe toujours et jubiler d'apprendre encore et encore à aimer la ville, les architectes et leurs monstres parfois qui produisent sur nous des images, des images, et encore des images.
Alors comme souhait pour cette nouvelle année, je voudrais bien avoir des nouvelles de Monsieur Ralf Walter, Monsieur J. E. Pinet, de toute personne ayant travaillé pour les éditions de cartes postales Raymon, Lyna ou Chantal.
Qu'ils nous racontent tous l'aventure surprenante et joyeuse d'avoir établi l'air de rien, l'air de tout le plus incroyable fonds documentaire de cette France urbaine.




Paris, la Défense, "les Miroirs"
Abeille-cartes éditeurs
Photographie de Monsieur J.E. Pinet

samedi 31 décembre 2011

le trou des... de... dans la mémoire.

L'année 2011 aura pour moi été avant tout celle de Sens, de l'aboutissement du dossier du centre commercial de Monsieur Parent et de son inscription à la liste supplémentaire des Monuments historiques.
Mais...
C'est aussi l'année de la destruction fatale du forum des halles que rien n'a pu sauver. On ne discutera pas ici encore de l'opportunité d'une telle destruction c'est maintenant trop tard mais nous regarderons au travers de quelques cartes postales devenues aujourd'hui des documents d'archives et des pièces à conviction une architecture qui ne déméritait pas bien au contraire.
L'histoire de Paris est passée dessus et je crois que ce qui se construit aujourd'hui verra dans 20 ans l'histoire de Paris lui passer dessus aussi.
Je suis pour que le trou des halles devienne un chantier permanent. Nous pourrions y tourner encore des westerns.
Je vous propose de voir une bien curieuse carte postale des halles qui résonne aujourd'hui de manière surprenante :



Cette carte postale nous propose en effet en deux vues, un jeu d'avant-après assez étonnant et donc démontre déjà une nostalgie marquée pour les halles de Baltard. Mais ce qui est vraiment étrange c'est que la vue du dessous, du chantier du forum en construction est quasi à l'identique celle de l'état actuel de la démolition...



Au dos de cette carte d'un format un peu plus grand que d'habitude, l'éditeur Procodif parle d'aménagement. La carte postale fait partie d'une série "Rétrospective" et porte le N°2. Verra-t-on des cartes postales fleurir aujourd'hui de la sorte avec en haut le forum des halles et en bas son nouveau chantier ?
Un souvenir....



Cette très belle carte postale du forum qui met bien en avant le pli des coins des tunnels de verre et l'animation dudit forum est de l'éditeur Chantal qui nomme bien les architectes Messieurs Vasconi et Pencreac'h. Mais en haut de l'image je remarque une sorte d'installation colorée, une sculpture (?). Qui pourrait nous dire de quoi il retourne ?



Chez Yvon éditeur :



Nous sommes dans une des galeries et nous regardons à travers la structure très troublée par un jeu d'ombres. Pourtant le photographe réussit à caler l'église Saint-Eustache dans les montants de cette structure et on voit également le beau volume jaune en toile tendue. Le grand mur gris est celui où le peintre Fabio Rieti fera sa belle intervention. Il s'agit là d'une très belle image d'un lieu aujourd'hui disparu.
Chez Chantal éditeur :



Ce plongeon dans le cœur nous montre le très beau traitement des volumes. J'aimais tout particulièrement l'escalier. Le point de vue très serré est assez curieux mais fait sensation ! C'est bien animé, vivant.
Par Albert Monier pour Image In éditions :



Le grand photographe de cartes postales tire son image vers le bleu qui teinte le verre du Forum. Il réussit à replacer la ville sur le dessus de l'édifice rendant mieux compte des niveaux de la construction. On devine bien les "parapluies" que l'on retrouve ici :



Cette carte postale des éditions Bernard par Philippe Varennes est datée par la Poste de 1997 mais l'image est bien plus ancienne. Le cadre bordeaux et doré ainsi que la typo de Paris veulent donner un côté chic à cette photographie qui pourtant n'en avait pas besoin, le photographe s'étant habilement amusé des parasols et des "parapluies". On passera sur le mobilier de la terrasse qui est une horreur totale, imitation épouvantable des chaises de bois Thonet.
Pour finir, la nuit tombe...



Quelle image !
Quel souvenir !
Cette édition OVET de 1985 nous invite à emprunter l'escalier. Regardez comme le prisme blanc lutte contre la dégringolade des marches... Vraiment superbe.
Et la grille rétro-éclairée du forum était encore comme pétillante et joyeuse.
La photographie est de Jacqueline Guillot.
Je vous propose quelques images de la démolition...

Et sur cette bâche blanche tendue par des ouvriers on pourra tout à loisir projeter des souvenirs nostalgiques ou des espoirs constructifs pour l'année 2012.
Bonne année à tous.








mardi 27 décembre 2011

Les Linandes en couleur

J'avais entrepris de rechercher des cartes postales du groupe de logements Les Linandes sur la demande du Pavillon de l'Arsenal.
J'avais trouvé ça et ça :



Les deux cartes postales des éditions Lyna sont des photographies de Ralf Walter, un incontournable de ce blog.
Il choisit de nous montrer la ville nouvelle bien implantée et prise dans son espace vert déterminant toujours au premier plan des espaces libres, de jardins ou de jeux. Finalement il ne fait rien d'autre que de rendre compte de la réalité du lieu, et je m'excuse, mais oui, il arrive à la photographie de dire le réel. Il ne faut pas en avoir honte...
Ce qui saute aux yeux c'est bien évidemment la polychromie de l'ensemble qui travaille le jeu des volumes en soulignant et aussi en même temps en brouillant parfois la lecture des façades. C'est simplement superbe comme travail mais je n'ai pu trouver aucun renseignement sur ce travail fin de peinture sur l'architecture. Pourtant, il semble que cela fut bien une "mode" si on regarde le travail de Jacques Kalisz, Emile Aillaud ou même dernièrement sur ce blog le travail des gradins-jardins de messieurs Andrault et Parat.
La couleur se pose souvent soit comme un mode de liaison au paysage, sorte de passage entre le sol et le ciel, soit comme affirmation d'une réminiscence des volumes. C'est, je crois, le cas ici et les couleurs chaudes de terres de Sienne, d'ocre et d'ombres brûlées peuvent à l'envi jouer de l'architecture de terre ou des façades vénitiennes...
Pourrait-on dire qu'aujourd'hui la couleur revient par l'intermédiaire des sérigraphies sur nos façades contemporaines, sérigraphies parfois cache-misère architecturale et solution un rien Artie pour faire dans le coup...
Mais on préférera ça à cette mode du rose saumon qui monta sur nos ravalements de façade à la fin des années 80 début des années 90...
Reste que cet ensemble des Linandes est très beau, sophistiqué même et que la ville de Cergy possède là un héritage moderne dont elle se doit de préserver l'originalité, la qualité et la polychromie.
Cet ensemble des Linandes serait (pas d'affirmation certaine) du grand architecte Roland Simounet, excusez du peu...
Ironie des images et des mots, au dos de la deuxième carte postale expédiée en 1987, la réponse à un jeu nous dit : " Celui qui aime bien, jamais n'oublie."
Pas de doute que l'ensemble des partenaires municipaux, urbains et patrimoniaux de Cergy aiment les Linandes. (Enfin on espère.)
un collage :