samedi 8 octobre 2011

votre blog au Maroc

Je suis de retour du Maroc, de Marrakech exactement, où j'étais invité par l'artiste Nicolas Moulin qui y est en résidence, pour faire une conférence sur l'architecture contemporaine et les cartes postales.
Je me suis donc essentiellement appuyé sur ce blog pour réaliser cette conférence qui dura... 2 heures !
Et encore, j'ai dû me retenir...
Il est temps maintenant de remercier Nicolas Moulin pour cette invitation exceptionnelle et de remercier également tout le personnel de la Résidence Dar al Ma' mûm pour son accueil, sa gentillesse. Je souhaite une pleine réussite à ce projet de résidences d'artistes au Maroc, projet ambitieux et humaniste.
Mais je sais que vous attendez de ce séjour des images. Je vais donc plus particulièrement vous parler de Casablanca que j'ai pu visiter un peu rapidement un après-midi.
On sait l'importance de cette ville pour l'architecture moderne, pour l'urbanisme et souvent on dit de cette ville qu'elle est un laboratoire. L'association Casamémoire fait d'ailleurs beaucoup pour la lisibilité et la défense de cette héritage superbe et c'est grâce à leur site que j'ai pu en partie découvrir et aimer la ville. Merci à eux.
Je dois dire d'emblée et sans recul que l'impression première de cette ville est pour moi un rien dure.
Je m'explique : La ville offre certes encore ces édifices dans leur globalité mais l'état des constructions est parfois vraiment difficile à concilier avec un rêve d'images qui est mon défaut et ma limite.
Et, même si je sais ma faiblesse à préférer le refuge des images à une réalité vivante et animée, il reste toujours cette incroyable force de sentir son corps mesurer les espaces, les parcourir, et les reconnaître. C'est encore une expérience palpitante et c'est ce qui compte au-delà de tout le reste.
Et le peuple marocain est souriant, accueillant et plein d'une énergie qui s'exprime notamment dans son art contemporain.
L'autre joie du Maroc c'est d'avoir retrouvé un ami : Olivier.
Un ami qui fut étudiant avec moi aux Beaux-Arts de Rouen et qui aujourd'hui vit au Maroc. Il m'a fait visiter en partie Rabat, Marrakech et Casablanca. Je fus très ému de le revoir et cette émotion passe au travers elle aussi des images, des sensations, des espaces car elle les charge d'un regard bien plus pointu et personnel.
J'ai donc levé la tête pour voir des architectures et baissé la tête pour trouver avec Olivier un tas de cartes postales anciennes vendues sur un tapis par un monsieur qui avait nommé son petit stand Casablanca Archives...
Je vous propose quelques-unes de ces cartes postales et quelques-unes de mes photographies.
Vous verrez que parfois ces cartes postales anciennes ont bien vécu et finalement dans leur état un rien passé elles évoquent bien l'état des constructions de Casablanca comme si dans le même temps les images s'étaient usées comme les façades. Figées dans un idéal de l'image mais vivantes et fragiles dans la réalité de la vie.


Casablanca, boulevard de Lorraine et place des Alliés, pas d'éditeur, pas de date.


Casablanca, avenue Jean-Courtin (Maarif) édition la Cigogne, pas de date.


Casablanca, vue vers les Bâtiments Municipaux et le Port, CAP éditeur
On remarque que le bâtiment au premier plan est en construction.


Casablanca, immeuble Liberté vu du Boulevard de Londres,
l'une des icônes de la Casablanca moderne par Morandi architecte.


Casablanca, le carrefour Mers-Sultan, photo Flandrin, pas de date.


Casablanca, entrée de l'avenue du Général Drude, photo Flandrin, pas de date.


Casablanca, rue Galliéni, Real-photo éditeur, pas de date.


Casablanca, cap 187, Place de France et boulevard du 4ème zouaves, Cap éditeur.


Maroc Infini-Casablanca, avenue de l'Armée Royal, Createc éditeur datée de... 1984 !
On voit sur ce détail l'immeuble et le bureau d'Olivier.


Et maintenant une vraie promenade dans le réel de la ville :



Au détour d'une construction en mauvais état, un chef-d'œuvre remarquable, le stade :




Une curiosité digne de Las Vegas !


Autre merveille, le puissant et sculptural tri postal :



Le dôme de Zevaco malheureusement bien triste aujourd'hui sans ses pans de couleur...



La cathédrale de Monsieur Tournon architecte, fermée au moment de ma visite :






Pourquoi se priver du plaisir d'une façade dorée ?






On retrouve presque le point de vue de ces cartes postales :


vendredi 30 septembre 2011

Les rosiers de Marseille : égalité des images

Cette carte postale va me permettre d'établir un argument au sujet des politiques éditoriales des cartes postales sur l'architecture moderne.
C'est une sacrée ambition !
Voilà :


Lorsqu'on regarde et réunit les cartes postales consacrées à la Cité Radieuse de Le Corbusier et que l'on découvre la multitude de cartes produites, on pourrait un peu vite, dire que les éditeurs de cartes postales sont prolixes envers ce bâtiment parce que, d'une certaine manière, il est exceptionnel et que, à ce titre, il mérite d'être en cartes postales. Les éditeurs répondant finalement au désir des clients venant voir et désireux de communiquer cette visite à leur proche.
Sans aucun doute cela est vrai.
Mais...
Au regard de la carte postale Ryner nommée Marseille et sa banlieue, Saint Gabriel-lotissement " les rosiers" on peut tout aussi bien déclarer que La Cité Radieuse existe en carte postale comme n'importe lequel des logements sociaux de l'époque à Marseille et ailleurs, bien plus représentatif d'une carte postale servant à localiser l'expéditeur dans sa ville et son habitat qu'à faire une démonstration de particularité architecturale.
Ce blog le prouve souvent, le logement social entre 1945 et 1980 est représenté de manière récurrente et sans jugement de valeur architecturale en passant du chemin de grue le plus dur aux Cités Radieuses de Le Corbusier (toutes représentées), aux étoiles de Jean Renaudie (toutes représentées) ou encore par les errements géniaux de Bofill (tous représentés !)
Dans la même ville, Marseille ici, les éditeurs de cartes postales ont donc cru bon d'aller vers l'exceptionnel, le remarquable et le médiatiquement évoqué en photographiant la Cité Radieuse sous toutes les coutures mais ils ont aussi promené leurs photographes dans des quartiers bien moins connus du grand public mais au potentiel de clientèle bien plus vaste, c'est le cas des rosiers de Marseille.
Mais... (j'aime bien faire ça)
On découvre aussi finalement et grâce au travail de Monsieur Nicolas Mémain que si cette carte postale des rosiers nous donne une image d'une grande dureté que l'on pourrait bien vite ranger dans une catégorie "Boring Postcard", il suffit d'un regard plus affûté, du désir aussi d'aimer ce lieu au-delà des images, pour comprendre qu'il s'agit bien également là d'une architecture moderne digne d'intérêt.
Nicolas Mémain nous avait fait la joie de cette découverte avec l'édition d'une série de cartes postales mettant en avant ce lieu et son modernisme, lieu aujourd'hui portant le Label Patrimoine du XXe Siècle. Sans lui, je ne serais jamais allé voir ce quartier, sans lui, je n'aurais pas pu écrire cet article.
La grande différence éditoriale entre la Cité Radieuse et les rosiers vient aussi sans doute, de la multitude de cartes postales consacrées à la vie et au fonctionnement de la Cité du Fada alors que seules des cartes postales des façades de la cité des rosiers existent à ma connaissance.
Comme si la curiosité sur un lieu n'avait pas besoin de s'exercer sur un autre, comme si déjà l'un devenait une sorte d'icône dès la fin de son chantier alors que l'autre, malgré une vie riche et intense sombrait rapidement dans une indifférence des images.
Heureusement, un jour, un photographe envoyé par un éditeur de cartes postales est arrivé sur le parking, a choisi un point de vue, a cadré son image et ainsi dans un noir et blanc superbe nous a permis de maintenir les rosiers de Marseille dans leur éclatante et belle vérité architecturale.

Un détail qui permet de mieux comprendre l'existence d'étages ouverts, sorte de plate-forme ou de rue intérieure :


mercredi 28 septembre 2011

Rueil-Malmaison Chapelle


Dans la banlieue de Paris, une petite construction discrète, presque anodine au premier regard.
Pourtant déjà une petite flèche monte doucement sans arrogance et laisse dans son sommet une frêle et fine croix.
La construction pourrait être un garage bien dessiné, un bâtiment communal, une petite société ou une petite manufacture.
C'est une boîte, certes dans ses détails remarquablement moderne, mais une petite boîte un rien aveugle et mystérieuse qui ne se décide pas à poser son toit sur ses murs d'enceinte.
Le métal retient le ciel et la pluie, les murs offrent l'enceinte tranquille avec pour le débordement le signe de l'entrée. Murs et toit en ne se rencontrant pas, laissent la lumière entrer par cet espace qui court tout autour.



Il s'agit de la Chapelle Saint-Jean-Marie-Vianney par les architectes Pierre Sonrel et Jean Duthilleul en 1960.
De cette simplicité apparente se détache en fait un travail d'une grande rigueur et d'une grande attention. C'est souvent la démonstration d'une grande qualité.
On a déjà sur ce blog évoqué ces églises modernes qui refusent l'effet "Ronchamp" pour prendre tranquillement l'espace sans désir de faire un monument, mettant toute leur force dans la présence des fidèles, leur accueil.
Cette Chapelle fait partie de cette école je crois offrant une grande modernité simple et paisible (apaisée même).
Une nouvelle fois, la carte postale permet de voir l'objet architectural, de le comprendre et les enfants animent encore en majorité ce parvis. Et toutes les petites filles portent un foulard sur la tête et les garçons semblent bien endimanchés...



Sommes-nous un dimanche matin ou simplement un jour de semaine avec une bande de gamins curieux et joyeux de la présence de ce type qui vient faire une photo de la modernité de leur vie ?
Les excellentes et passionnantes éditions Raymon sont à l'origine de ce très beau cliché et de cette carte postale qui ne donne aucune date, aucun nom d'architecte.
Une nouvelle fois, si vous avez travaillé pour cette maison d'édition ou pour Lyna édition, merci de nous raconter votre expérience.




lundi 26 septembre 2011

Bureaux, c'est beau.

Disons que pour une fois les cartes postales seront un prétexte pour vous montrer un beau livre.
Et en plus ce "beau" livre est assez étonnant dans son objet puisqu'il évoque les bureaux modernes, leurs installations, les avantages et inconvénients des open space, bref, il fait le tour des nouvelles méthodes d'aménagement du tertiaire. Je le soupçonne d'être un rien partisan mais bon...
Comment un livre de ce type peut-il également être un beau livre ?
Patience...
D'abord un peu de cartes postales !


Cette carte postale, nous la devons à Albert Monier, grand photographe de Paris. Il nous montre la tour Nobel (hauteur 107m) par les architectes De Mailly et Depussé. La carte postale écrit depussee avec un E de trop et ne signale par Jean Prouvé pour la façade. La carte postale est écrite en 1972 et je peux même vous dire qu'elle est écrite dans le métro !
Comment je le sais ? C'est le correspondant qui le dit !
Lisez :


Maintenant, chez Raymon éditeur :



La nuit tombe sur la Défense et le noir se remplit de grilles et de points lumineux. Une belle image dont nous devons la photographie à J.N. Duchateau qui est un photographe de cartes postales que nous avons déjà croisé sur ce blog.
D'ailleurs nous le retrouvons ici :



La carte postale est toujours une édition Raymon expédiée en 1979. l'histoire ne dit pas si Mr Duchateau a fait cette deuxième photographie puis a attendu la tombée de la nuit pour faire la première !
Maintenant le livre...
Ouvrage publié par SARI, le Conseil des Entreprises en Immobilier, il est tiré à 5000 exemplaires et imprimé en 1980. C'est un grand carré de 30 centimètres de côté certainement utilisé comme cadeau d'entreprise.
La création et la superbe mise en page reviennent au Studio André Surer. Les photographies sont créditées mais malheureusement pas attribuées... Voici les noms : Cees de Hond, Jean-Philippe Cyprès, Claude Couillec, Jean Evian, Yan Matton et André Surer.
Je vous laisse regarder et admirer. Cliquez pour agrandir, cela vaut le coup !


on reconnaît la fresque de Fabio Rieti au forum des halles :





certainement une de mes doubles pages préférées. Le collage escalier et Caddie est superbe.

on reconnaît le travail de Andrault et Parat :




à gauche la Tour Totem de Andrault et Parat...

...un détail





Alors ? C'est beau les bureaux non ?