samedi 10 septembre 2011

à l'est, allez vers l'est : 1

Je reviens d'un périple court mais dense dans l'est de la France que je connaissais mal finalement à part pour des raisons militaires anciennes et peu... glorieuses.
Pourtant la région comporte quelques rares beautés et même oui, quelques chefs-d'œuvre vus sur ce blog en cartes postales.
Une nouvelle fois il faut parler de ce moment incroyable où la récurrence d'une image d'architecture rejoint la réalité d'une présence.
Ce moment de la découverte qui dure une fraction de seconde, ce moment de la reconnaissance est toujours incroyable et jubilatoire. Parfois il entraîne des étonnements d'échelle (c'est plus grand, c'est plus petit) des étonnements d'environnements ou, et c'est triste, tout simplement soudain la compréhension que l'objet n'existe plus !
Mais cette fois les objets architecturaux sont bien là et même pour certains, j'ai dormi dedans !
Alors comme il y a beaucoup de choses et beaucoup d'images, je vous propose de voir les images actuelles avec un retour sur un article déjà posté car sinon cela risque d'être un rien indigeste.
Je rappelle aussi que c'est avec le guide de Monsieur Amouroux que ces bâtiments furent découverts, visés et visités.
Commençons....

La chapelle de Saint Rouin est un petit chef-d'œuvre et je pèse mes mots. Tout est à l'unisson pour faire de ce lieu un endroit que vous devez visiter.
L'environnement, la qualité architecturale, la puissance décorative de Monsieur Székely et les vitraux superbes. Le lieu était ouvert. Une chance donc !
Voici quelques images.

Inscription dans le site remarquable :



l'arbre comme un pilier possible :


beauté du béton et de ses incisions :


La porte ouverte vers l'extérieur et le bénitier, tous dessins de Monsieur Székely :







lundi 5 septembre 2011

le Plessis-Bouchard ou Franconville ?

Hier matin, je trouve un petit lot intéressant sur le Plessis-Bouchard et Franconville.
On y voit la France des années 50 et 60, celle de la petite banlieue aux immeubles simples et aux églises modernes que l'on aime bien sur ce blog.
Et puis, les multi-vues offrent ce fond très graphique si caractéristique de l'époque fait de triangles, de pointes et de zébrures...
On y voit donc les petits immeubles, la vieille église, le groupe scolaire et même la station-service avec sa pompe à essence.
Rien de bien particulier si ce n'est qu'il s'agit presque du modèle parfait d'une vision de la ville par les éditeurs de cartes postales (ici Combier), mélange de modernité et de village français, tentant ici non pas une réconciliation mais simplement un témoignage des changements de la ville.
Regardez :



Mais soyons plus attentifs à cette station-essence...


On remarque que nous sommes au même endroit, à la même pompe mais que la voiture a changé et que la ville aussi !
L'une des cartes postales nous dit que nous sommes à Franconville, l'autre au Plessis-Bouchard !
On remarque l'identique posture de la cliente et de la pompiste ainsi que la même 403 à l'arrière de l'image !
Sans doute, il s'agit du même moment photographique. C'est toujours étonnant ces moments révélés ainsi par les cartes postales. On imagine le photographe demandant poliment l'autorisation, la cliente un peu gênée et ravie finalement.
On se dit aussi que c'était encore une époque où une station-service et son activité faisait signe urbain, disait quelque chose de moderne, de l'époque. La voiture, la route, la liberté de déplacement associées à la ville neuve juste naissante semblaient être une image à faire, à propager, à envoyer et qu'importe si les deux villes proches pouvaient bien avoir... la même station-service !

dimanche 4 septembre 2011

Le Corbusier : 2 dedans, 2 dehors


Voici une carte postale multiple de la Cité Radieuse de Rezé-lès-Nantes.
Vous noterez que la carte nous affiche "maison radieuse".
On va regarder attentivement cette carte postale Artaud expédiée en 1966.
D'abord les deux vues prises d'avion. On est un peu loin mais on tourne bien autour de la construction. Le photographe et l'éditeur choisissent finalement une vue globale mettant bien l'architecture dans son paysage. Il s'agit à l'évidence de placer la construction bien plus que de la décrire. D'ailleurs cela accentue son isolement et sa particularité dans cet environnement : pas d'autre construction de ce type à l'horizon.
Puis nous entrons à l'intérieur:

Les fidèles auront reconnu le cliché de la carte postale vue ici. Il y a donc peu de choses à ajouter sauf que dans ce choix d'images l'éditeur fait le pari que la chambre d'enfants sera une image bien intéressante et explicite de la révolution du lieu. A moins que, n'ayant que ce cliché valable sous le coude...
Enfin :

On remarque que l'éditeur dans son cartel parle de salle de séjour et non de cuisine. Bien cadrée la salle de séjour donne un sentiment de grandeur et de profondeur.


On remarque au fond le bloc cuisine ouvert et à gauche l'escalier un rien direct qui monte (ou descend !)
Mais...
Mais surtout, il faut bien l'avouer, notre œil est arrêté par le mobilier. Regardons de nouveau cette table et ces chaises :

Curieuse non cette table au plateau épais et coupé de biais ?
Regardez bien les pieds également...
Ne dirait-on pas une table de Charlotte Perriand ? Cela y ressemble beaucoup mais rien ne permet d'être catégorique. Et les belles chaises ? Qui les attribuera à leur designer ?
En tout cas, des nombreuses cartes postales des intérieurs des Cités Radieuses, c'est la seule de ma collection qui nous offre une vision plus moderne du mobilier. Même le plafonnier est à l'unisson.
Et puis, au verso de la carte postale on peut lire : " Meilleurs souvenirs. Christophe bien habitué -déjà- dans sa nouvelle école installée sur la terrasse du bâtiment."
Et là, c'est la première fois dans ma collection qu'une carte postale d'une cité radieuse nous offre par l'intermédiaire du correspondant d'entendre un peu son fonctionnement.
Ce qui est amusant c'est que la carte est adressée à une directrice d'école maternelle !
Sans doute une manière de lui dire que la modernité est en marche !

vendredi 2 septembre 2011

Niemeyer : l'homme de Rio, euh... Brasilia

Des images, des images, des images.
Parce que vous ne me ferez pas changer d'avis sur Brasilia. C'est la plus belle ville du Monde (avec Royan).
Et j'ai ce privilège, ne l'ayant jamais visitée, elle reste pour moi identique aux images des cartes postales. Brasilia est suspendue dans l'éternité de ces images parfaites.
Et puis Belmondo, léger, aérien, continue toujours de virevolter dans le chantier.
J'aurais aimé vivre les villes de cette manière, j'aimerai vivre Brasilia de cette manière.
Alors faisons un tour sous le ciel parfaitement bleu avec parfois le soleil dans l'œil.
Vous venez ?





Toutes les cartes postales sont des éditions Parana-Card.

Le campanile de la Cathédrale :

La cathédrale :




Le Congrès National :






Le Palais des Sports qui ne semble pas de Niemeyer :

Le sanctuaire de Notre-Dame de Fatima, Niemeyer est-il bien l'architecte, c'est peu certain ?

jeudi 1 septembre 2011

à la télé, Bons Souvenirs de Sens.



Si vous avez loupé le journal de 13h sur France 2 pour voir le reportage consacré à l'inscription à la liste supplémentaire des Monuments Historiques du centre commercial de Sens de Monsieur Parent, vous pouvez vous rendre là :

C'est un rien court mais c'est déjà bien.
Et puis le tourniquet de cartes postales de Sens est un charmant clin d'œil à votre blog qui a tant travaillé pour ce classement. Le reportage est visible vers la 23e minute.
Merci au directeur du supermarché pour sa fidèle description du fonctionnement des obliques.
Vous pouvez aussi pour vous rappeler cette histoire incroyable mais vraie aller ici ou ici ou bien ici.




Voici donc maintenant, la seule authentique carte postale de Sens :






mardi 30 août 2011

adoration des monstres

Continuons notre promenade dans l'un des décors les plus hallucinés des années 80.
Nous retournons à Noisy-le-Grand au milieu des arènes de Picasso.
Je me pose, je ne sais pas bien pourquoi aujourd'hui, je me pose donc la question de la patrimonialisation de ce lieu.
A quel moment cet espace aimé-détesté dans le même temps par l'histoire de l'architecture et par les habitants passera un cap étrange et bienveillant en devenant un Monument Historique.
Verra-t-on là un changement d'image, une propulsion vers le curieux et l'étrange qui feront venir les touristes ici comme on va à Arc-et-Senans ?
Je crois bien que c'est fait et même je crois que la particularité et la force de ce lieu c'est d'avoir été ainsi accepté comme tel dès le lendemain de sa livraison !
La sidération est souvent (et je sais de quoi je parle) l'objet d'un intérêt voire d'un culte pour des constructions, une adoration des monstres.
Mais Noisy est beau. Sorte de mélange, d'hybridation pour parler arty entre un Ricardo Porro, un Gaudí et un Ledoux, entre le théâtre et les insectes.
Comme pour Bofill au moins, ici, on habite quelque part même si habiter un signe, une légende, un rêve fou ne fait pas forcément un habitat idéal.
Alors j'aime ces images comme j'aime les frontispices de Piranèse y trouvant à la fois l'exactitude d'un architecte qui décrit les ruines qui l'entourent et une imagination pour les recomposer.
Alors n'attendons pas que Noisy-le-Grand soit en ruine pour l'aimer.
Rappelons que l'architecte de ces merveilles est Monsieur Manuel Nunez-Yanowsky.
Cette première carte postale appartient à la collection images de France par La Cigogne éditeur. La Photographie est du Studio Mandarine. L'architecte n'est pas nommé. La carte fut expédiée en 1992 :

Cette deuxième carte postale est des excellentes éditions Raymon. La photographie est de J. N. Duchâteau que nous connaissons déjà. Pas de date, pas de nom d'architecte :

Cette troisième carte postale est également une édition Raymon du même Monsieur Duchâteau.
Prise le même jour ?
La carte fut expédié en 2002 !

Alors même si j'ai été critique avec Monsieur Nunez-Yanowsky, je dois dire que pour les arènes de Picasso je n'éprouve que de la jubilation.

lundi 29 août 2011

Florian hésite... et du coup moi aussi...




Florian Viel est un brillant étudiant à l'école des beaux-arts de Paris.
Brillant ? Oui !
Et l'une des manière de briller c'est d'envoyer de temps en temps à son ancien professeur des cartes postales de ses voyages.
Oui ! (ça vous fait rire je sais...)
En voici une :



Au dos de celle-ci il écrit : " Je suis partagé entre les beaux bâtiments modernes de Barcelone et les architectures de Gaudí."
On comprend tous son hésitation.
Sur le recto de cette carte postale des éditions Lidiarte, Florian a entouré au stylo bille le pavillon de Mies à Barcelone. On voit que la carte est ainsi composée d'une collection de vignettes représentant les œuvres de l'architecte si célèbre.



Mon traducteur automatique m'indique que Entwürfe voudrait dire quelque chose comme projets.
Or en haut de la carte postale, je crois reconnaître le Club ZUEV vu ici. Que vient faire ce club dans la liste des projets et constructions de Mies ?
Mais il semble bien après un très fort agrandissement que je me trompe lourdement...
Voyez à votre tour :



Mais ne trouvez-vous pas que finalement avec une image si petite j'aie droit à cette confusion ?
En regardant toutes ces constructions, je m'aperçois que je connais bien mal les œuvres de Mies. Le seul bâtiment que j'aie arpenté est la nouvelle galerie nationale de Berlin que j'ai trouvée fort belle mais un rien... glaçante. La voici sur la carte de Florian :


Je vous propose cette carte postale qui, elle, fait partie de ma collection :



Ne vous y trompez pas, la photographie de Reinhard Friedrich est ancienne mais la carte est contemporaine !
C'est superbe c'est vrai. Et ici l'image met en avant les deux niveaux dont le supérieur joue la transparence et l'autre plus secret nous fait croire qu'il sert de dalle au premier. Ainsi le niveau supérieur semble indépendant et relativise en quelque sorte l'importance de la construction.
Mais revenons à l'hésitation de Florian. Dans les mots qu'il utilise on pourrait deviner une position un peu spéciale. Il utilise les mots "bâtiments modernes" pour Mies et "architecture" pour Gaudí. Pourquoi diable Gaudi ne serait pas moderne et Mies ne serait pas de l'architecture ?
Mais je comprends bien ce qu'il veut dire. Mies offre une réflexion structurelle qui se définit au regard (enfin donne l'impression) alors que Gaudí, dans une folie décorative puissante semble mettre cette question en second plan. Mais pourtant on sait (et on ne voit pas forcément) que Gaudí a fait des recherches extraordinaires sur cette question de la structure et on peut aussi, tout à loisir, voir dans le pavillon de Barcelone de Mies, des jeux décoratifs très poussés (voir les matériaux).
Alors il est difficile devant deux objets si différents, deux postulats aboutis et extrêmes comme Mies et Gaudí de faire un choix.
Je crois que l'architecture ne nous y oblige pas...
Et l'hésitation de Florian est celle d'un désir de position, signe de son âge.
Pour ma part, j'aime l'un et l'autre et je peux détester l'un et l'autre !
Mais toujours, finalement je préfère aimer ! Et pour cela, il faut aller voir...
Un jour prochain, j'en suis certain, Florian m'enverra une carte postale sur laquelle il aura entouré toutes les constructions de Mies...