samedi 13 mars 2010

la machine à inciser la ville

L'année dernière Monsieur Parent m'a envoyé une carte de vœux sur laquelle, dans un rêve palpitant, il imaginait par le dessin une machine terrible capable d'inciser la ville pour y retrouver des failles et des canyons gigantesques mais surtout libérateurs.
Cet engin monstrueux mais nécessaire, comme toutes les utopies d'ailleurs, j'avais eu envie immédiatement d'en réaliser une maquette.
Ce que je fis et je l'offris bien évidemment à... Monsieur Parent qui la conserve jalousement pour que, le jour venu nous puissions la montrer aux ingénieurs et aux politiques qui devront bien se résoudre à la fabriquer, cette fois à l'échelle 1.
Voyez :






Mais comme Monsieur Parent est un homme poli, lorsque des visiteurs viennent le voir, il a la gentillesse de montrer cette réalisation afin de bien faire passer le message.
Et le voilà photographié par une visiteuse, la machine à la main et les dessins à proximité, faisant ainsi vibrer un peu plus l'utopie et le réel.



Et comme c'est lui qui me le demande, je ne peux lui refuser de vous montrer cette photographie.
Vous comprendrez ma joie, j'en suis certain. Ce photomontage est de Marie Cerbin.

Ivry, des briques

Pendant une de mes promenades à Ivry-sur-Seine il y a un an, j'avais vu de très beaux immeubles en briques.
Gardant ce souvenir bien inscrit, à mon retour j'avais jubilé de reconnaître dans l'une de mes cartes postales ces immeubles, toujours et encore surpris de cette résistance de la mémoire et aussi de l'incroyable coïncidence d'avoir une carte postale de ce lieu.
Je me demande même si finalement ce n'est pas, à rebours, le souvenir de la carte postale qui me fit regarder les immeubles bien plus que le contraire. Enfin... Vous me suivez ?
Bref, sachant que j'allais séjourner à nouveau quelques jours à Charenton, je m'étais promis carte postale en main de retrouver les immeubles et dans un jeu que vous connaissez bien, surtout Julien Donada, de reposer l'image contre le réel.
Mais voilà, alors que je chante mes capacités de mémoire, il se trouve que... j'ai oublié la carte postale !
Donc sur les lieux j'ai dû tenter de me remémorer la carte postale pour retrouver le point de vue.
1 la carte postale :



Celle-ci nous indique qu'il s'agit d'habitations H.L.M, du groupe Robespierre. L'éditeur est "Guy" en exclusivité pour Lyna-Paris.
Pas de date.
Le point de vue est superbe et dans mon souvenir je voyais très bien ce chemin plaçant l'œil au dessus mais j'avais complètement oublié la cheminée pourtant si présente et le vide avant les immeubles.
J'ai donc placé mon point de vue entre les immeubles :



2 les photos :





Il semble que l'architecte soit Monsieur Chevallier qui a construit beaucoup de logements sociaux à Ivry.
Ce groupe appartient bien à cette architecture de la fin des années trente qui perdurera parfois jusqu'aux années cinquante, la guerre agissant comme un creux stylistique évident.
En tout cas, il s'agit d'un très bel ensemble aux détails remarquables et à la qualité de construction superbe. Un bel espace aussi offrant une rue intérieure créant ainsi de l'espace urbain ouvert et aéré.
Il ne faut pas manquer d'aller les voir lorsque l'on va à Ivry voir les étoiles de Monsieur Renaudie ou les beaux ensembles de Madame Gailhoustet.

l'expérience de Janvier

Lors de mes derniers messages, je faisais appel à vous pour résoudre un problème de portée sur une charpente en lamellé-collé à Offoy.
Un lecteur du nom de Janvier nous donne toutes les précisions nécessaires. C'est vraiment très clair et limpide.
Je me suis pris au jeu et j'ai tenté l'expérience décrite.
J'espère que c'est bien cela.
En tout cas, c'est évident. La tige de métal courbée tient en effet toute seule en équilibre lorsque la courbe est dirigée vers le bas et demande un pincement des doigts lorsqu'elle est dans l'autre sens.
On comprend donc la logique constructive qui pousse à suivre le sens de la force au lieu de la contrarier.
Je me souviens des fils tendus par des petits sacs pour une maquette de la Sagrada Familia de Gaudi.
Voyez donc et faites aussi l'expérience !
Merci encore Janvier !



mercredi 10 mars 2010

portée ? L'autre sens

Bon.
je retrouve ça :


Cette carte postale me tient à cœur car elle me fut envoyée par Capucine qui me fit au dos un beau dessin.
Mais regardez bien .
Vous voyez que là la poutre en lamellé-collé est dans le sens inverse de celle d'Offoy et on devine bien à droite la colonne (c'est un peu fort), le pilier sur lequel elle repose.
D'ailleurs c'est étonnant comme les deux courbes bien qu'inversées se ressemblent non ?
Ainsi que le goût pour une décoration euh... design !
Tout cela ne me donne pas de réponse pour Offoy !
Alors si parmi mes lecteurs certains sont d'habiles architectes qui peuvent nous expliquer comment ça tient...
Nul doute qu'ils auraient la reconnaissance de tous ici...
Tenez en prime je vous donne l'ange dessiné par Capucine au verso de cette carte.
Du talent non ?
Au fait nous sommes dans le bar de la Maison Familiale de Vacances P.T.T du Cap d'Agde.
Une édition SL expédiée en 2010 mais la carte est bien plus ancienne !

portée ?



Voici une carte postale que j'aurais bien pu regarder un peu vite et ranger dans les cartes postales Boring ou un peu mieux, dans le classeur réservé aux cartes postales d'intérieurs de restaurants vides.
Car, oui ce grand vide, cet ennui profond qui jaillit de cet alignement de chaises de paille rustiques d'habitude me plongent dans un état de jubilation morbide et de désespoir esthétique. Enfin, je vous rassure quelques secondes seulement ensuite j'en souris et m'en amuse.
Mais...
J'ai toujours un regard plus ouvert quand je perçois comme ici un travail de charpente intéressant.
J'aime les structures en lamellé-collé et là je suis servi. Regardez les belles courbes tombant étrangement à l'intérieur de la salle.
C'est assez beau non ?
Elles offrent une idée de mollesse et d'abandon en dégageant totalement l'espace de cette pièce.
Mais ce qui me questionne encore plus c'est bien sur quoi ces poutres reposent ?
Car enfin c'est certain, c'est impossible que la baie vitrée retienne à elle seule ce poids !
Aucun pilier et aucun renfort dans la façade, avouez que c'est mystérieux... Est-ce que quelqu'un d'entre vous comprend comment cela tient ?
Un tirant sur le toit retenant aux extrémités les poutres par l'extérieur ?
En tout cas, pour moi il s'agit bien d'une prouesse constructive et structurelle. Du coup cet espace immense dégagé complètement de tout pilier devient bien alléchant.
Même si la sensation que les poutres se plient au dessus de nos têtes est aussi bien curieuse.
Nous sommes à Offoy dans la Somme au domaines des îles. C'est une carte Combier sans date et sans nom d'architecte...

mardi 9 mars 2010

The Prud

Je recois ce matin de Concord :
Voyez ce que nous dit l'éditeur de la carte postale :
Completed in 1964 and design by architect Charles Luckman, The Prudential Tower is Boston's second tallest building with 52 floors thta reach 750 feet. It was the tallest buiding in the world outside New-York on competition. Today, it is no longer even among the fifty tallest buildings in the U.S.A. A 50th floor observation deck, called the Prudential Skywalk, is the highest observation deck in New England.
Ouf !
Le cliché est de Patrick Ruth et semble bien accuser la belle grille de la tour, dans un jeu bien abstrait.
En même temps ce point de vue raccourcit énormément la tour au point que je me demande si la photographie n'a pas été soit prise d'un étage (?) soit prise au téléobjectif afin de ramener l'œil au plus près de la grille.
On admirera la délicatesse de la Poste qui colle sur l'image cette pièce de papier offrant au cinétisme de l'architecture, le code secret d'un jeu de lignes orange très... troublantes !
Puis-je (dois-je ?) tenter de retirer cette intervention qui finalement dans son hermétisme me ravit ?
La carte nous dit aussi que les habitants de Boston appellent la tour "the Pru" car c'est ainsi que c'est imprimé dans le cadre blanc de la carte postale.
Claude Lothier est l'expéditeur de cette carte postale. Merci Claude.

ça grignote le patrimoine moderne

le Comité Français de Vigilance Brutaliste est au regret de vous annoncer la destruction commencée du magnifique Palais des Congrès de Rouen, oeuvre de Monsieur Dusseaux.
Voyez :






Comme le cœur des rouennais doit aujourd'hui battre d'un sentiment de renouveau devant les attaques des grignoteuses.
Ils l'ont eu le Palais des Congrès...
Il faudra être très vigilant ces jours-ci car on pourrait bien voir la grignoteuse traverser la Seine et attaquer le tout neuf bâtiment de Monsieur Ricciotti...
Avec un peu de chance, des fouilles archéologiques mettront un beau bordel dans le futur chantier et la ville de Rouen se retrouvera avec un beau trou au pied de la Cathédrale.
J'ai hâte maintenant de voir la tête stupéfaite des heureux du jour, quand ils verront que finalement le Palais des Congrès à côté du projet de Monsieur Viguier était bien gentil !
Vive l'absence de culture architecturale française !
Vive la République des idées bien pensantes !
Vive le conformisme idéologique !
Mais ce qui est rassurant avec Rouen c'est que vous verrez dans vingt ans on cassera à nouveau, parce que vraiment le moderne...